#93 NaEun
SYML | Where's My Love (Accoustic version)
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Alors qu'au-dessus de ma tête, le soleil ne cessait plus d'illuminer les terres privées de l'île, je m'étais contentée de plisser les yeux pour contempler un peu mieux les façades de cette maison que je n'aurai pu rencontrer qu'en rêve. Les pieds nus et enfoncés dans le sable chaud, j'avais soupiré, savourant l'air d'un matin accueillant.
En arrivant la veille et après des heures à courir pour tenter de ne pas rater le dernier bateau, je n'avais pas pris la peine de choisir la chambre que j'allais occuper le temps de quelques semaines ici. Mon corps n'avait plus tenu et même si Jimin avait insisté pour me porter sur son dos, j'étais tombée de sommeil juste après m'être allongée sur le premier canapé du grand salon.
C'est les mèches secouées par la brise et les yeux à demi-clos que j'avais avancé vers la plage, l'esprit un peu plus reposé et les membres plus légers que les jours précédents. Je m'étais levée tôt ce matin, sortant du lit sur lequel j'avais dû atterrir pendant la nuit en prenant soin de ne réveiller personne. Et allongée un peu plus loin, j'avais aperçu Euna dans la pénombre, le corps recroquevillé et le visage enfoui dans les oreillers.
Devant moi, les clôtures en bois me faisaient prendre conscience que j'avais enfin, l'opportunité de me reposer. Que les jours passés à l'hôpital ne se répéteraient plus si j'avais la force de lutter. Alors dans ma tête et sans rien mélanger, j'avais décidé de m'y mettre.
- Je pensais que t'en profiterais pour rester au lit.
L'esprit ailleurs, je m'étais retournée, les pieds frottant le sable et les cheveux encore noués dans un chignon que je n'avais pas pris la peine d'arranger. Et lorsque mes yeux avaient croisé la silhouette de Taehyung, un sourire avait lentement décoré mes lèvres encore abîmées par les traitements. Puis en observant ses cheveux noirs et brillants sous les rayons du soleil, je m'étais rappelée que les garçons se les étaient teints à nouveau, pour passer inaperçus juste au cas où.
- J'ai l'impression de passer mes jours à dormir.
Après ma sortie d'hôpital, je m'étais reposée quelques jours sans jamais quitter ma chambre. Comme si le sommeil que j'avais accumulé s'était manifesté d'un seul et même coup. Comme si mon corps avait eu ce besoin de reprendre des forces à ce moment-là. Alors je n'avais pas cherché à lutter, parce que ça n'aurait servi à rien.
Taehyung n'avait pas attendu avant de s'avancer un peu plus vers moi, le visage éclairé par la lumière de l'astre au-dessus de nos têtes. Et dans un sourire que j'avais rarement vu ces derniers temps, il avait déposé ses lèvres sur ma joue en même temps que ses doigts s'étaient enroulés autour de mon poignet. Puis naturellement, nos pas s'étaient accordés, et le silence de la plage nous avait accueillis.
Et comme ça, alors que nous marchions vers le sable humide et les vagues fuyantes, nous avions fini par poser les fesses au sol, préférant le calme de l'aurore plutôt que le silence de nos chambres. Taehyung me disait souvent qu'il se levait tôt, qu'observer les nuages d'un matin avait toujours su l'apaiser lorsque le stress du travail lui devenait insupportable.
Les yeux cherchant une fin à l'horizon, je l'avais entendu murmurer, presque incertaine de la signification de sa phrase et pourtant vite rattrapée par la réalité. Le décor m'empêchait de pleinement me concentrer.
- Ma tante est morte la semaine dernière.
Et comme si le monde s'était arrêté, je n'avais plus bougé, victime de mon incapacité à le réconforter malgré mon entière compréhension.
- On a pas vraiment tardé avec les funérailles.
Dans son regard, j'avais tenté d'y lire une tristesse ou une douleur que je pourrai tenter d'attraper au vol, ou au moins, atténuer. J'avais tenté d'y trouver une étincelle de regret, une culpabilité apparente, mais plus je cherchais, et plus je comprenais que Taehyung, ne semblait pas ressentir quoi que se soit.
- J'ai cru que j'allais pleurer, ou au moins hurler pour évacuer. En même temps, il avait passé une main sur sa nuque, et j'avais imaginé qu'il était sûrement embarrassé. Mais j'ai encore rien lâché. J'y arrive pas.
Ses mots, je les comprenais. Pour les avoir déjà avoués lorsque ça m'était arrivée. Alors j'avais murmuré à mon tour, les jambes ramenées à ma poitrine et les bras entourant mes genoux dans un position réconfortante.
- Tu vas finir par le faire. 'Faut juste attendre le déclencheur.
- J'ai un poids dans la poitrine que j'arrive pas à retirer, et j'ai vraiment, vraiment besoin de m'en débarrasser.
- Taehyung... Il avait tourné des yeux larmoyants vers moi, et là, je l'avais attrapé, cette étincelle de regret.
- Elle m'a toujours ignoré. Toujours fait mal quand je ne demandais qu'une étreinte. On se voyait trop rarement pour que mes souvenirs ne soient nets. J'ai beau y penser, chaque fois j'en reviens à la même conclusion. Elle a causé du tord à mes grands-parent et—
- Alors tu ne ressens rien. Et parce que je comprenais, je m'étais approchée de lui, glissant mes doigts dans ses cheveux sombres et emmêlés. 'Je suis un monstre, parce que je n'ai ni chagrin ni peine'.
Après ça, j'avais reposé mes mains sur mes genoux, à présent assise en tailleur et les mèches obstruant ma vue par moment. Taehyung avait pris la peine de me parler d'une chose qui semblait lui peser. Et même si j'étais persuadée que les membres étaient déjà sûrement au courant, il était venu m'en parler à moi.
Alors j'avais fermé les yeux, trop fort pour ne pas avoir mal. Mon cœur étouffait sous ses couches de douleurs et ma tête me hurlait de parler à mon tour.
- Ma petite sœur est morte il y a trois ans.
Les rôles avaient semblé s'inverser le temps d'une seconde. Juste assez pour que Taehyung ne prenne conscience que j'étais sans doute dans le même cas que lui.
- On lui a diagnostiquée la maladie des os de verre. Et cette fois, j'étais celle à qui les yeux ne cessaient plus de briller. Autant dire qu'elle a pas eu d'enfance.
- Qu'est-ce qui s'est passé?
- On a déménagé en s'accrochant aux belles promesses de mon père. Il nous avait dit avoir trouvé du travail sur Mokpo et j'crois qu'on était trop désespérées pour le contredire. Ma mère ne travaillait plus et—
- Et vous l'avez suivi.
- On a emménagé dans un appartement d'un quartier mal-famé. Je dormais sur un matelas humide, sale et déchiré tout en écoutant les gouttes d'eau du plafond tomber au sol. Puis comme pour trouver un soutien, je m'étais tournée vers lui, les lèvres pincées et la tête plongée dans mes souvenirs; les mêmes que j'avais raconté au médecin, quelques semaines plus tôt. On avait rien, Taehyung. Pas de meubles, pas de télé ni de lit. On se lavait en chauffant l'eau de la bouilloire et parfois, l'un de nous passait son tour.
Cette époque avait certainement été celle dont j'avais voulu me détacher le plus vite possible. Celle que j'avais voulu effacer jusqu'à ma mort.
- On avait pas de chauffage, et à force, les insectes ne m'effrayaient plus. Je crois que j'ai fini par m'y faire parce que les odeurs ne me répugnaient plus. Le bruit de l'eau ne me dérangeait plus. Mais ma sœur... Et les larmes n'avaient pas tardé à sillonner mes joues. NaEun ne supportait pas le froid. Elle tremblait tous les soirs, les ongles et les lèvres bleus, le teint trop pâle pour que ma mère ne finisse pas par péter un câble.
Il m'écoutait, et c'est tout ce dont j'avais besoin. Par moment, je sentais ses doigts balayer mes larmes, essuyer mon visage. Et les quelques sourires qu'il m'offrait me réchauffaient le cœur si fort...
- On a tenu un peu plus d'un an dans cette situation.
- T'avais quel âge?
- Seize ans, peut-être dix-sept. Je sais plus.
- Et ta sœur?
- Six.
Je l'avais vu fermer les yeux, comme pour tenter d'assimiler la nouvelle. Le temps pour lui de comprendre que NaEun, n'avait qu'un an de plus que Soo Min.
- Elle allait à l'école avec des poux et revenait avec des bleus. Son corps subissait la mal-nutrition et personne ne semblait décidé à nous aider alors qu'ils voyaient tout. C'est à cette période qu'on a compris que NaEun était malade. C'est aussi à ce moment que mon père est redevenu violent. Lentement, mais pas assez pour que je ne m'en rende pas compte. Alors je prenais les coups, les miens et ceux de NaEun, parce qu'il lui suffisait d'une fois pour qu'elle ne me laisse.
J'avais continué à lui raconter combien il m'avait fait mal. Combien j'avais souffert de l'absence de ma famille qui, à l'autre bout de la Corée, nous suppliait de revenir. Je lui avais raconté comment nous nous étions enfuies, NaEun, ma mère et moi. Et comment il nous avait retrouvées après que nous ayons réussi à remonter la pente.
- Je me battais souvent au lycée. Ma sœur ne quittait plus sa chambre d'hôpital, parce qu'elle ne parvenait pas à récupérer de ses séquelles. Elle mangeait peu, toussait beaucoup et le moindre de ses gestes lui coûtaient des douleurs insupportables. Au point où elle me gardait près d'elle en me répétant de ne pas la laisser. A l'école, on appuyait sur ça pour me faire mal, alors je rentrais dans le tas pour la leur fermer.
Le soleil s'était levé depuis, décorant le monde de sa lumière moins discrète. Quelques personnes marchaient déjà sur la plage, une tasse de café à la main pour certain, un appareil photo pour d'autre.
- La maladie des os est connue parce que même une petite chute, peut coûter la vie. Les os se fracturent trop facilement même avec une simple glissade. J'avais dégluti, consciente que j'étais sur le point d'aborder le moment que je tentais d'éradiquer depuis des années. Un jour, le médecin l'a autorisé à sortir quelques heures, le temps de lui faire prendre l'air. J'étais celle qui en étais responsable. J'étais celle censée m'occuper d'elle.
- Mais ton père t'a appelé.
Je l'avais regardé, sans comprendre comment il avait pu deviner la suite.
- On était sur la terrasse à Deajeon ce jour-là.
Et tout en hochant de la tête, j'avais passé une main dans mes cheveux.
- Je sais plus pourquoi il m'avait appelé. On avait plus aucun contact avec lui, mais je me souviens que c'était stupide. J'ai laissé NaEun avec ma mère, en lui promettant de revenir le plus vite possible. Je n'avais pas été capable de retenir mes sanglots, le cœur lourd et les yeux noyés dans mes larmes. Mais elle est tombée e-et—
Mais je n'avais pas été capable de terminer et Taehyung l'avait compris. Il m'avait pris dans ses bras, une main calée sur ma tête et l'autre sur ma nuque, la voix douce et le souffle rassurant. Il m'avait murmuré plusieurs fois que je n'étais pas la fautive, que je ne devais pas m'en vouloir.
A ce moment-là je ne le savais pas, mais les morceaux de puzzle qui lui manquaient avait semblé se recoller.
- T-Tout ça pour te dire, Taehyung... J'avais reniflé, sans me soucier d'avoir tâché son haut ou non. Tout ça pour te dire que j'ai pas pleuré tout de suite ce jour-là. Alors... En même temps, j'avais encadré son visage de mes mains, la tête baissée mais les idées claires. Alors ne t'en veux pas pour ça.
***
je crois que c'est un des chapitres que j'ai le plus aimé écrire depuis mes débuts sur wattpad.
mais j'ai très peur des retours parce que j'ai l'impression que ça a été trop vite. j'ai aussi envie de vous dire qu'on est quand même au chapitre 93 et qu'il est temps d'apprendre la vérité sur Seo alors je crois que c'est le bon moment.
j'ai besoin de savoir ce que vous avez pensé de cette partie. est-ce que vous avez aimé, est-ce que c'était trop rapide? n'hésitez pas surtout.
et qu'avez-vous pensé de l'histoire de NaSeo?
je mettrais sûrement plus de temps à publier le chap94 parce que je n'ai plus que 2 chapitres d'avance mais je vais faire de mon mieux pour ne pas vous faire attendre trop longtemps, promis!
désolée d'avance pour les fautes.
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