#81 Complètement timbré

Elle avait quitté les cabines quelques courtes minutes plus tard, juste le temps de s'asperger le visage d'eau et de reprendre contenance.

Seo n'avait pas l'air de pouvoir supporter tout ce monde. Et son corps trop faible ne l'avantageait pas dans sa lutte. Ça n'avait pas changé par la suite. Les fans n'avaient pas manqué mon changement de direction soudain un peu plus tôt; ils nous avaient suivi.

C'est comme ça qu'on s'était retrouvés à marcher rapidement. Ma main dans le bas de son dos et le pas précipité, je tentais difficilement de ne pas laisser échapper mon cri. La vérité, c'est que j'étais à bout. Elle était beaucoup trop faible pour pouvoir tenir tête à toutes ces personnes. Et à chaque bousculades, c'était comme si elle était projetée d'un endroit à un autre.

- Jimin... Elle avait murmuré, ses yeux dans les miens.

- J'vais pas tenir longtemps. Et moi, j'avais ajusté son masque un peu mieux sur son nez.

Un énième accrochage envers elle m'avait fait soudainement tourner la tête; dans le fond, j'avais été prêt à rétorquer. A cracher quelque chose que j'aurai certainement regretté si elle ne m'en avait pas empêché.

Le gémissement de douleur qu'elle avait malencontreusement laissé échapper m'avait fait tourner de l'œil. J'étais épuisé. A bout. Après quatorze heures d'avion, la seule chose que j'avais daigné demander, c'était du repos, rien qu'un peu. Alors pourquoi merde est-ce que je me retrouvais à fuir ceux qui prétendaient ne vouloir que mon bien.

Des fans.

C'est lorsqu'une d'entre elles avait agrippé la manche de Seo que j'avais cru devenir fou. Et dans une pauvre tentative, je l'avais attrapé par le bras, espérant ne pas lui faire mal. Puis j'avais été prêt. Prêt à ouvrir la bouche. Prêt à hurler.

Parce que ce comportement de leur part n'était plus acceptable.

- Vous-

- Jimin!

Elle avait crié, avant que je n'atteigne le point de non retour. Avant que je ne finisse par tout détruire. Là, elle me regardait, de ses yeux clairs et larmoyants. Elle avait hoché la tête, de droite à gauche.

Peut-être qu'à ce moment là, ses doigts accrochés à ma manche avaient fini par me dissuader. Peut-être que son regard éteint, m'avait convaincu.

Alors j'avais empoigné sa main, avant de me mettre à courir. J'avais emporté son corps dans une course qui forcément, finirait pas ressortir. Demain, ou même dans les heures à venir. Et certainement comme elle un peu plus tôt, j'avais commencé à m'imaginer les titres des futurs articles.

Parce qu'en plus de me mettre en danger, je venais de creuser la tombe de mes six camarades. Et sans doute celle de Na Seo.

- T'es complètement malade!

Elle avait fini par hurler, une fois loin des regards. Moi, j'étais plaqué contre un mur, dans un des couloirs de l'immense aéroport. Mon sac au sol et mes iris scrutant les siennes désespérées.

- T'aurais jamais dû faire ça! Tu te rends compte de ce que ça va impliquer?!

Ses mains amaigries s'agitaient, ici et là. Et par moment, je pouvais apercevoir son bandage, couvrant sa brûlure toujours négligée. Je le voyais... Elle était paniquée. Pas pour elle, mais bel et bien pour moi.

- T'as risqué ta carrière! Tu risques celle des autres!

Et je buvais chacune de ses paroles. Chacun de ses gestes. Chacune de ses expressions.

Mais j'avais fini par focaliser mon attention sur un hématome que je n'avais jusque là, pas remarqué. Une blessure située entre le cou et la clavicule.

- Regarde toi... Mon murmure l'avait pris de court. J'avais doucement retiré les bords de son gros pull, découvrant sa peau bleuie. Tu es blessée.

Elle était si fragile et si pâle, que sa peau marquait trop vite. La bousculade lui avait laissé des séquelles, contrairement à moi qui avais su supporter.

- Est ce que c'est important?! Elle était résignée, perdue et démunie. Je te parle d'un enjeux capital, et tu me sors que je suis blessée?!

- Il faudrait que tu apprennes à t'occuper de toi, Seo. Les autres ne peuvent pas passer constamment avant toi.

- Les réseaux sont déjà envahis de commentaires tous plus farfelus et absurdes les uns que les autres, Jimin. Alors ne me dis pas que mon bleu passe avant ça. Elle s'était approchée de moi, un peu plus. Qu'est ce que tu comptes leur dire, hm? A ses filles en chaleur? Et elle pointait mon torse de son index. C'est quoi l'excuse cette fois, hm? Qu'est ce qui les convaincra que je ne suis qu'une maquilleuse sans importance et incapable de gérer ses problèmes?! Bordel est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de faire?!

Ses cris me faisaient fermer les yeux par moment. Parce qu'elle avait raison, comme souvent. Je n'étais pas d'accord avec elle toutefois.

- T'es pas une maquilleuse sans importance, Seo. Une fois encore, j'avais murmuré.

- Essaie de comprendre ce que j'te dis, merde! Tu peux pas-

- T'es plus que ça, d'accord?! Moi aussi, j'avais élevé la voix. Je m'étais décollé du mur, aussi.

Là, mon visage n'était plus très loin du sien.

- Je sais parfaitement ce que je risque, d'accord? Lentement, j'avais marché vers; elle avait reculé, chaque fois un peu plus, jusqu'à se retrouver le dos calé contre le mur opposé. Je sais parfaitement que je me suis mis dans une belle merde. Pas seulement moi, mais aussi les six autres. Et toi aussi. Nos iris ne se lâchaient plus, elle ne détournait pas le regard. Sauf que là, tu vois, c'est pas ma première préoccupation.

- Ça devrait.

- C'est pas le premier scandale que le groupe provoque. Et ce sera pas le dernier. Ma taille surplombait la sienne. Alors t'as raison, je suis dans une belle merde, mais là, j'ai une tourné. C'est pas forcément le truc qui m'inquiète.

- T'es complètement fou. Son souffle avait effleuré mes lèvres, et malgré moi, j'avais observé les siennes. Complètement timbré.

- Et si c'était à refaire, alors je n'aurai pas à réfléchir, Seo. Parce que t'es pas une incapable. Et je m'étais approché, jusqu'à ce que nos corps se touchent. Jusqu'à ce que nos visages se frôlent. T'es sans doute la fille la plus forte que j'ai connu jusqu'à présent.

- Tu-

Je ne l'avais pas laissé poursuivre, cependant.

A la place, j'avais entouré sa taille de mes bras, lui offrant une étreinte qu'elle avait semblé demander silencieusement. Et elle n'avait pas attendu avant de se laisser aller.

Avant d'attraper le haut de mon gilet entre ses doigts. Avant d'enfouir son nez dans mon cou et de commencer à - silencieusement - pleurer.

Je l'avais serré dans mes bras, aussi fort que son corps me l'avait permis. Parce que je ne l'oubliais pas, elle était fragile. Mes lèvres avaient effleuré sa joue, dans un geste doux et sans précipitation.

- Y a une question que j'me pose depuis quelques semaines... J'avais soufflé, mon menton sur sa tête et le corps balançant.

- C'est pas le moment... Et sa voix masquée par les sanglots m'avait fait sourire.

- Tu ne veux pas savoir?

- Si...

Alors je m'étais penché vers elle, pour déposer un baiser dans son cou. Elle s'était collée à moi, un peu plus. Et j'avais murmuré.

- Pourquoi il n'y a qu'avec toi que j'me sens bien?



***

/après 80 chap, il y a ENFIN un rapprochement. mon dieu mimi mais qu'est ce que tu fou?! on veut un bisous sur la bouche nous bordel!
JE SAIS!
mais quand ça va trop vite c'est pas drôle alors chut!
bref, ce chapitre est mon préféré, j'espère que vous l'avez aimé!

Pour les intéressés du jikook, g posté une nouvelle fiction que g appelé Le Reflet De Son Âme si vous voulez y jeter un œil!/

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