#77 C'était beau
Parfois, lorsque j'y repensais ― doucement ― je me revoyais, moi, il y a quelques années. Parfois, lorsque j'y repensais, je me disais que, sans doute, avais-je trop changé. Que je n'étais plus la même et que, plus jamais, il n'y aurait de retour en arrière.
Parfois, lorsque j'y pensais ― rapidement ― je me revoyais, moi, et mon sourire, aussi. J'entendais les rires enfantins de cette petite que j'avais tant chérie. J'entendais ses cris de surprise lorsque, de derrière une porte, je surgissais... Pour l'effrayer, rien qu'un peu. Je revoyais l'air serein de ma mère, et la légèreté de mon être.
Puis aujourd'hui, lorsque je me voyais, je n'y décelais rien.
Juste une façade indomptable et ce visage neutre. Ces yeux éteints et le teint pâle...
Sans doute avais-je oublié, ces moments que je n'avais pas eu le temps de savourer. Sans doute n'avais-je plus su rire sans devoir me forcer... Sans avoir à pleurer, l'instant d'après.
Et c'était dur, d'y penser... Parce que chaque fois que ces images revenaient habiter mon âme, je savais que ces choses uniques, n'étaient désormais plus vivables. Ce n'était que souvenirs... Quelque chose après quoi, je ne savais plus courir.
Et c'était dur... D'y penser.
Puis par ces pensées incertaines, je justifiais mon comportement... La respiration erratique et le cœur en morceau... Mes jambes en mouvement et ce poids dans mon dos...
Je pouvais le justifier, à présent.
Certainement, que les personnes autour de moi ne me comprenaient pas. Ils ne savaient pas ce que je redoutais... Ce que jamais, je ne pourrai oublier. Ils ignoraient la raison de mes larmes, de mon corps violemment secoué par cette hargne. Et j'avais peur.
Peur de la perdre à son tour. Peur de lui nuire ou encore, de la voir mourir...
Soo Min lui ressemblait... Elle lui ressemblait bien trop pour que la haine que j'éprouvais à son égard ne s'estompe. Ma petite sœur n'était plus là... Mais une autre venait la remplacer. Ce n'était pas acceptable.
Il fallait la laisser, là où elle était. Parce que de là, enfin, elle était en paix.
- Na Seo!
Et j'ignorai ces voix. J'ignorai les cris et reniai les ordres.
Parce que je ne trouvais pas cette petite. Et je devais l'avoir près de moi, pour me rassurer... Pour me dire que, non, elle ne s'en irait pas.
Et j'avais craqué... En la voyant là, installée entre les jambes de cet homme aux cheveux blonds... Elle était là, souriant à celui qui avait prit sa défense le jour où je n'avais su me contrôler.
- Puis Chouchou l'a mangé! Soo Min s'agitait, soudainement heureuse de pouvoir parler à quelqu'un. Mais tu sais, Minie... Elle avait penché sa tête sur le côté, aussi. Je crois que ça piquait vraiment beaucoup!
Je n'avais que très rarement vu cette expression sur le visage désormais scintillant de cette petite. Le sourire de Jimin aussi, était somptueux.
- Ah oui? Et contrairement à moi, il semblait l'adorer, cette petite.
- Bah oui... Ses cheveux fins suivaient le rythme des mouvements de ses bras agités. C'était beau... Tu sais, les chats, ça mangent pas le piquant!
- Tu es bien sûre de ça? Les yeux de ce garçon l'observaient avec une lueur que je n'avais plus connu. De l'amour peut être... De la fierté, aussi...
- Papa mange beaucoup de piquant! Mais Chouchou aime vraiment pas ça...
Et c'était beau...
C'était beau, alors je n'avais pas réellement compris la raison des larmes dévalant mes joues... Ni la présence de ces hoquets secouant mon corps à présent au sol.
J'étais pitoyable. Sans doute que fut là, la raison pour laquelle je m'étais éclipsée dans un des nombreux couloirs... Mon corps n'avait plus supporté, et lamentablement je m'étais laissé glisser sur le parterre, le dos frottant le mur derrière moi.
C'est comme ça, que je m'étais retrouvée assise sur cette surface froide, les jambes repliées contre ma poitrine et le visage enfouit tout contre mes genoux.
J'avais pleuré, après ça... Longtemps.
Et parfois, lorsque j'y repensais ― vaguement ― je me revoyais, moi... Et mes larmes aussi. J'entendais mes cris de rage et ceux de peine. Mes pleurs de hargne et ceux de haine.
Lorsque j'y repensais, je revoyais ma sœur, inerte et sans vie... Allongée dans ce petit cercueil et l'air endormi.
Et lorsque j'y repensais ― encore et encore ― je me disais, que sans doute avais-je changé à ce moment là.
Parce qu'elle n'était plus là, à présent.
***
/ce chap fait 724 mots. c'est le plus court il me semble mais je ne voyais pas quoi rajouter.
j'espère que vous ne décrochez pas et que ça vous plait toujours/
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