#56 Et moi non plus

Dans les couloirs de l'agence, le bruit de mes pas raisonnait, tel un écho. J'étais seule, à longer les murs tantôt blancs, tantôt gris. Des couleurs que je trouvais ternes et moroses... Sans réel éclat ni lumière. Parfois, en y songeant, je me disais que l'agence était à l'image de son PDG.

 Froid, insensible et sans vie.

Les lustres accrochés aux plafonds, me donnaient l'impression qu'ils voulaient offrir cette chaleur aux différents lieux. Mais je n'y trouvais que de la tristesse. Les bureaux dont la porte était ouverte, me semblaient vides. De présence comme de meubles.

Pourtant, tout était décoré. Tout était comblé, mais je n'y voyais aucune beauté. Aucune gaieté.

Peut être parce que les occupants ne l'étaient pas plus que le président lui même, si?

Aussi, je ne tardai pas à me retrouver, là, debout devant la porte du bureau du chef de cette entreprise. Mais je me demandai surtout, pourquoi ma main refusait d'exercer une pression sur la clenche que je tenais fermement entre mes doigts.

Mais la réponse me vint plus vite, que je ne l'aurai voulu.

Parce qu'au final, j'aurai préféré ne pas savoir.

J'avais entendu. Tout.

Du début, jusqu'à la fin. Je n'avais même pas eu besoin d'ouvrir cette surface de bois, pour reconnaître les voix qui s'agitaient à l'intérieur de la pièce, de l'autre côté de cette porte que je haïssais de plus en plus.

En fait, je pense que j'avais fini par haïr tout ce qui m'entourait.

- Elle ne va pas bien...

C'est ce que j'avais retenu.

- Je pense que nous devrions la rapatrier ici.

Je n'avais plus aucun doute sur le sujet, ni même sur la personne évoquée depuis que j'avais mis le pied ici. J'aurai voulu ne jamais entendre cette discussion. J'aurai voulu me rebeller au moins une fois, afin de rester innocente et dépourvue de savoir quant à la situation qui me faisait désormais face.

C'était toujours comme ça.

Je ne voulais jamais rien savoir. Survoler toutes les informations, parce que je me disais toujours, que moins j'en savais, mieux je vivais.

Mais bordel, pourquoi est ce que les informations venaient à moi, d'elles mêmes? Avais je demandé à ce que mes oreilles ne reçoivent ces paroles pour me les encrer au plus profond de mon être?

- Je pense que son état empire... De jour en jour, Hyuk...

Et je dû me résigner parce qu'une fois de plus, j'avais vu juste depuis le départ.

Lourdement, je m'adossai au mur derrière moi, et ma tête rencontra la surface froide de celui ci, pendant que je me laissai pauvrement tomber au sol.

Ils n'avaient pas le droit de faire ça. Ils ne pouvaient pas me cacher ce genre de chose.

La dernière fois que j'avais appelé ma mère, ce n'était pas plus tard que ce matin... Et elle avait l'air en bonne santé. Son état ne pouvait pas empirer, comme ça, du jour au lendemain.

- Qu'est ce que tu fais?

Je ravalai mes larmes pendant que, difficilement, je tentai de déglutir afin de me libérer la gorge. Et c'est dans un mouvement las et désespéré, que je tournai la tête vers l'homme qui me faisait à présent face.

A ce moment, je pense que mes yeux larmoyants, ne lui avaient pas vraiment échappé, puisqu'il sembla changer d'expression lorsque son regard croisa le mien.

Alors, comme si je n'avais jamais rien entendu, je me relevai, mes mains prenant appui sur le sol froid et dur des couloirs comblés de notre présence. Puis comme à chaque fois, je détournai la question.

- Et toi? Je clignai plusieurs fois des paupières, sentant mes larmes monter alors que le moment n'était absolument pas le bon. Et toi, qu'est ce que tu fais là?

- Le président Bang m'a demandé de passer quelques minutes. Alors j'y vais.

Passant ma manche de pull sous mon nez dans l'espoir de faire disparaître une éventuelle trace de liquide qui y logerait, je me décalai légèrement afin de lui céder le passage et lui laisser accès à la clenche que j'avais fini par lâcher.

- Alors vas-y... Je murmurai en le contournant.

- Tu ne venais pas pour le voir? Il demanda en prenant mon bras entre ses doigts.

- Non... J'articulai en même temps que je détournai le regard, incapable d'affronter le sien. Non, je... Puis j'humidifiai mes lèvres. Je reviendrai, plus tard.

- Mais... Jimin resserra sa prise sur mon poignet. Tu vas bien?

- Je vais bien, Jimin. Je... Mes yeux observaient sa main sur mon corps. J'ai simplement besoin de dormir, je suppose.

Ce n'était pas vraiment un mensonge. Mais je ne me voyais pas lui dire en détail, ce que je venais d'entendre.

Puis la conversation me revint soudainement en mémoire, me rappelant brusquement que ma mère n'était certainement pas dans le meilleur des états. Je devais absolument l'appeler. M'assurer qu'elle allait bien.

- Je dois-

- Ah! Na Seo! La porte du bureau s'ouvrit à ce moment là, sur deux hommes que je commençais à connaître, mais surtout à détester. Je te cherchais!

Park Young Jae me faisait face, alors que la main de Jimin demeurait toujours sur mon poignet. Bang Shi Hyuk n'avait pas encore ouvert la bouche, mais j'avais parfaitement vu son regard sur mon bras.

- Je... Je tentai à nouveau, pour m'éclipser. Je dois m'en aller.

- Tu t'en iras lorsque je t'aurai parlé. Entre. Il dit en tendant sa main, m'incitant à pénétrer la grande pièce derrière lui. Jimin, ton président veut te voir également.

C'est ainsi, que nous nous étions, tous les deux, retrouvés devant le bureau de monsieur Bang. Moi, je me tenais droite, les bras le long de mon corps et pour seule compagnie, cette envie terrible de passer un coup de fil qui pourra enfin me rassurer, ou m'achever. Tout dépendait de la réponse de ma mère. Puis à ma droite, le blond ne bougeait pas. Ses pieds étaient joints, ses mains liées l'unes dans l'autre dans son dos, et sa tête restait baissée.

- Est ce que tu es à jour dans tes papiers, Seo?

- Mes papiers? Je répétai sans comprendre.

- Passeport, carte d'identité, autorisation à quitter le territoire.

- Oui... Je murmurai dans un souffle.

- Ji Eun également?

- Oui.

- Et... Ta sœur?

Ce mot me faisait toujours aussi mal. Comme si ces quelques lettres ne parvenaient toujours pas à passer.

- Je... Je ne sais pas. Je dois en parler à son père.

- Son père? Il répéta à son tour. Tu veux dire, ton père?

- Non. "Son" père.

- Mais-

- Si vous avez terminé, je vais m'en aller. Je demanderai à ma mère si les papiers de Soo Min sont à jour. Sinon, je m'arrangerai pour que ce soit fait.

- Est ce que tu es au courant que nous partons dans une semaine pour une tournée internationale? Bang Shi Hyuk prit la parole.

- Je le sais.

- Si ta sœur n'a pas les papiers, comment tu compte t'y prendre?

- Je ferai en sorte qu'ils soient prêts.

- Commence à préparer tes affaires, Seo. Rentre chez toi pour te reposer le reste de la semaine. Déclara Park Young Jae. Dans sept jours, tu décolle avec les membres. La tournée dure environ un mois, si tout se passe bien. Sinon, prévois pour plus.

- Oui.

- Jimin, tu reste là. Le président avait ouvert la bouche envers "son jouet". Je dois te parler.

***

" Allô?
- Maman?
- C'est moi, chérie...
- Tu vas bien?
- Je suis un peu fatiguée... Mais tout va bien.
- Ta voix est-
- Nous avons marché toute la journée aujourd'hui Seo. Alors ma voix est tout aussi fatiguée que moi. Mes oreilles accueillirent son rire, mais il sonnait tout, sauf vrai.
- Tu es à l'hôpital. "

Ce n'était pas une question, mais une affirmation.

Le blanc qui suivit, ne fit que confirmer mes dires. Ma mère n'avait même pas cherché à me contredire, sans doute était elle sur le point de pleurer, elle aussi.

Quant à moi, mes larmes ne se privèrent pas cette fois. J'avais pris l'habitude de tout canaliser à l'intérieur, sans jamais me plaindre. Sans jamais rien extérioriser. Mais je pense, que tout être, ne pouvait résister à la seule personne qui avait su lui donner la vie.

Alors, sans me demander si quelqu'un pouvait s'apercevoir de mon état, je laissai mes larmes parcourir mes joues, jusqu'à les sentir s'échouer sur le carrelage froid.

Je n'avais soufflé que ces quelques mots, en guise de réponse.

- Tu ne vas pas bien, maman. Et moi non plus...

En prononçant ces deux phrases qui n'avaient été que de pauvres murmures, je ne m'étais pas doutée, qu'un des sept membres m'observait de loin, depuis le début.

Puis installée à même le sol, dans un des nombreux halls de l'agence, j'avais craqué.

Mes barrières venaient de se briser. Parce que face à ma mère, je ne pouvais me résigner à faire semblant.

***

/2eme update. J'attend vos avis!/

kdo!!!

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