#16 Pardonner n'est pas un problème
- Maman ne me regarde pas comme ça s'il te plaît. Je dis en levant les yeux vers son si beau visage.
- Je suis désolée. Elle me répondit tout en continuant à panser mes blessures. Je suis désolée chérie. Tellement désolée...
- Mais enfin pourquoi tu t'excuse? Et ne pleure pas je t'en prie!
Encore... encore une fois je l'a faisait pleurer...
Elle renifla un petit coup avant de me regarder. Elle me caressa la joue, ce qui me fis fermer les yeux. Voilà longtemps que je n'avais plus eu droit à cette douceur.
- Qu'est ce qui s'est passé Seo? Elle m'interrogea, l'air inquiète.
Devant mon silence, elle me prit dans ses bras, me caressant les cheveux.
- Dis moi ce qui s'est passé chérie. J'ai besoin de savoir.
- Je... J'hésitais. Maman était malade. Devais je lui rajouter un problème en plus?
- Dis moi Seo. Tu dois me le dire. Je veux que tu me le dise.
- J'étais à l'hôpital. Je lâchais.
- Quoi?!
- Ne t'inquiète pas. Ce n'était rien de grave.
- Tu t'es encore évanouie?!!
Elle savait tout. J'avais beau essayer de lui cacher des choses, elle savait tout. Elle sentait tout. Elle voyait tout. Je crois que c'est ce qu'on appelle le sixième sens. L'instinct maternelle.
- Pourquoi tu ne m'as pas dit que papa était revenu?
J'avais lâché la bombe. Le sujet sensible. Le mot interdit.
- Tu savais qu'il était revenu. Il est venu te voir. Il est venu te voir, et tu ne m'as rien dit.
- Tu m'en veux? demanda-t-elle inquiète.
C'était quoi cette question? Je lui en voulais? Jamais je ne pourrai lui en vouloir. Jamais je ne pourrai la détester.
- Non.
- Oh Seo je suis désolée! J'aurai dû te le dire!
- C'est rien...
Elle me regardait. Guettant ma réaction.
- Comment tu vas? Je demandais.
- Ça va...
- Je veux dire... tu as vu la-
- J'ai vu la petite. Elle m'interrompit.
- Et?
- Et quoi Seo? Ton père a décidé de refaire sa vie. Que pouvais je bien y faire?
- Il a refait sa vie en t'abandonnant. En nous abandonnant. Et il se pointe comme ça, du jour au lendemain, et tu l'accueilles les bras ouverts.
Je sentais les nerfs qui se stimulaient tout doucement.
- Il est parti, sans rien nous laisser. Il fallait que je reste calme. Ni mot, ni argent. La seule chose qu'il nous a laissé, c'est ses dettes interminables. La seule chose qu'il nous a laissé, c'est ces marques sur mon corps! La seule chose qu'il nous a laissé, c'est un vide, un manque et un désespoir qu'on ne pourra jamais combler!!!
J'avais crié. Sur ma mère, j'avais crié. Je ne devais pas déverser cette colère sur elle. Mais pourquoi? Pourquoi parvenait elle à lui pardonner?Ce comportement mesquin et égoïste, comment arrivait elle à le tolérer?
- Il est partit. Et il nous a abandonné. Il est partit. Et il nous a quitté. Il est partit. Et il nous a laissé. Nous léguant, toutes les choses qu'il ne pourra jamais accomplir. Alors comment? Comment peux tu trouver la force, le courage, la gentillesse de lui pardonner? N'y a-t-il pas un problème quelque part?!
- Seo... Elle marqua un court arrêt. Pardonner n'est pas un problème, c'est une qualité.
- Et blesser, battre, maltraiter et abandonner sa famille en est une aussi. J'avais enchaîné. Parce que frapper sa femme et ses enfants, pour ensuite les abandonner et refaire sa vie, il faut vraiment être sans coeur.
- Comprend moi Seo...
- Justement j'essaie!!! Je levais le ton une fois de plus. J'essaie maman! Mais pourquoi je n'y arrive pas? Pourquoi je n'arrive pas à te comprendre? Ça a commencé avec un amour parfait, puis il a pété les plombs, a commencé à te battre, puis battre Chin, puis moi! Il s'en est fallu de peu pour que Na Eun y passe aussi! Alors oui excuse moi, mais je ne te comprend pas et-
- JE L'AIME!
Elle avait hurlé, et j'avais sursauté. Je m'arrêtais de respirer, assimilant ses dernières paroles. J'étais immobile, essayant de me convaincre que j'avais tout, sauf bien entendu. Mais ses paroles tournaient en boucle dans ma tête. Elles raisonnaient.
- Je l'aime Seo... Elle murmurait. Je le déteste. Je l'aime tellement que je le déteste. Je sais ce que tu penses. Je sais que c'est horrible. Je sais que je suis immonde et que-
- Ne redis jamais ça! Je criais en lui empoignant les mains. Ne redis jamais ça! Tu es tout, sauf immonde! Tu es tout, sauf un monstre! Tu es ma mère! Et jamais je ne t'en voudrai! Tu aura beau me faire tout le mal du monde, que je ne pourrai jamais te haïr!
- Seo...
- La seule personne immonde ici, c'est l'homme qui me sert de père! C'est lui le monstre! Cet homme qui t'a fait les pires crasses, mais que tu aimes profondément. Cet homme qui ne mérite pas une femme aussi extraordinaire que toi! Cet homme qui ne mérite tout simplement pas ton amour!
Elle me regardait, les yeux écarquillés. Un mélange de surprise et de honte. Un mélange de tristesse et de reconnaissance.
Je savais. Elle n'avait pas voulu me prévenir du retour de mon père, parce qu'elle avait honte.
Je soupirai longuement. Fermant les yeux et passant mes mains dans mes cheveux. Je ne savais pas quoi faire. Je ne savais plus quoi faire. Elle cassa finalement le silence.
- Pourquoi étais tu à l'hôpital chérie?
- Je... Je bloquais.
- Dis moi. Elle m'intima. Nous ne sommes plus à ça près.
- Il m'a demandé un service. Cet enfoiré m'a demandé de jouer la nounou. Il voulait que je garde sa fille pendant qu'il partirait sagement en voyage.
- En fait... ce n'est pas exactement ça.
- Quoi?
- Il veut partir en voyage, mais avec moi.
Mon sang ne fit qu'un tour. Ce n'était décidément pas ma journée.
- Il veut quoi? Je demandais dans l'espoir qu'elle ne répète pas ce qu'elle venait de dire.
- Seo... je n'ai plus beaucoup à vivre. Je veux des vacances...
- Et tu ne peux pas attendre que moi je t'y emmène?!!
J'étais hors de moi. Laisser ma mère, avec ce cinglé? Hors de question!
- Tu es occupée avec le travail chérie...
- C'est ton excuse?
- Je-
- Tu n'as absolument pas peur qu'il retente quelque chose?!!
- Il a l'air d'avoir changé.
Je me levais. Je me levais du lit sur lequel elle soignait mes blessures depuis le début. Je marchais. Me rongeant les ongles, me mordant la lèvre.
- Je ne serai pas seule avec lui Seo.
- Ah oui? Et tu seras avec qui? Hein?
- J'ai demandé à une amie de m'accompagner.
- Donc si je résume bien, cet enfoiré est venu me voir après six ans d'absences, pour me demander de garder sa fille qu'il prétend être ma sœur, pour partir en voyage avec toi?! Et son autre femme? Il en fait quoi?
- Sa femme l'a quitté il y a quelques mois...
- Ahhh il fallait le dire avant! Tout est clair maintenant! Voilà pourquoi il est revenu! Monsieur a besoin d'argent!
- Non. L'argent n'est pas le problème. D'ailleurs, il en a tellement, qu'il pourrait rembourser toutes ses dettes passées.
- Ne me fais pas croire qu'il revient par amour maman.
- Dans ce cas, je te demande à sa place. Je t'en prie Seo, parce que n'ai jamais eu l'occasion de partir et que je veux le faire avant de mourir, rend moi ce service et garde la petite pendant quelques semaines.
- Quelques semaines?!!
- Quinze jours...
- C'est une blague?
- Non...
- Où?
- Hein?
- Où est ce que vous partez?
- Sur une petite île en Thaïlande.
- Ben voyons.
- Je t'en prie Seo...
- Mais enfin maman! Tu sais très bien que je ferai tout ce que tu me demande! Mais garder cette fille c'est... Je bloquais une fois encore, sentant les larmes.
- Je sais Seo. Je sais que lorsque tu poses les yeux sur cette fille, tu vois Na Eun. Je sais. Mais je vois bien qu'en ce moment tu ne vas pas bien et je me dis que passer du temps avec elle, te fera du bien.
- Je ne peux pas blairer cette petite maman. Quand je la vois, trop de choses me passe par la tête. Et son insouciance m'insupporte.
- Chérie... A-t-elle demandé à vivre? A-t-elle choisi ses parents? Elle n'a que cinq ans. Elle ne connait rien de la vie. Elle vit encore dans son monde.
Je regardais par la fenêtre, me touchant le front. Mon cerveau réfléchissait à toute vitesse. Ma mère n'attendait que mon autorisation pour partir. Mais avec cet homme? Serai je vraiment prête à laisser la seule personne qui me restait avec lui? Mais d'un autre côté, je ne pourrai jamais lui offrir un voyage de qualité. J'ai trop peu de revenus pour ça. C'était beaucoup trop risqué. Mais je ne pouvais pas me permettre de faire l'égoïste. Elle avait toujours tout fait pour moi. Je ne pouvais pas lui refuser une de ses seules demandes.
Je ne savais pas. Je ne savais plus.
Que devais je faire...
***
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