#14 Courir
Lorsque j'avais ouvert les yeux, la première chose que je vis, fut ce plafond blanc. Ce blanc que je détestais. Je détestais le blanc. Ce blanc qui, au même titre que le noir, vous faisait sentir aussi vide qu'une coque. Ce blanc qui vous donnait l'impression de sortir d'un rêve horrible. Je détestais cette teinte.
Je ne voyais que du blanc. En haut, à droite, à gauche. Partout. J'étais emprisonné dans cette couleur qui n'en était pas vraiment une. Pourquoi? Étais je destinée à être enfermé toute ma vie? Mon existence était elle limitée à l'emprisonnement? Pourquoi ne parvenais je pas à me délivrer?
J'en avais assez. Assez de cette vie. Assez de continuer de me battre pour un monde comme le miens. Assez de lutter pour parvenir à un bonheur inexistant. Qu'avais je fait de mal pour me retrouver dans ce monde?
J'étais fatiguée. Fatiguée de faire semblant. Fatiguée de dire "je vais bien" alors que rien n'allait. Fatiguée de vivre. Fatiguée de me réveiller en me disant que cette journée serait finalement pire que les autres. Fatiguée d'ouvrir les yeux en sachant que j'ère encore et toujours sans but précis.
Je fermais les yeux, me remémorant le pourquoi du comment je m'étais finalement retrouvée dans un hôpital. Ma mère. Mon père. Sa fille. Ma sœur. Euna.
Je me souvenais qu'il avait eu le culot de se présenter devant moi avec cette fille. Cette fille qui m'avait regardé avec ce regard emplit de joie. Ce regard plein d'innocence. Cette fille qui m'avait regardé avec ses yeux si francs. Cette franchise qui m'avait quitté depuis je ne sais combien de temps. Ces yeux qui m'avaient transpercé à la seconde où ils avaient croisé les miens. Ces yeux qui m'avaient remémoré des souvenirs que je tentais vainement d'enfouir et d'oublier. Des souvenirs tous aussi douloureux les uns que les autres.
Je me souvenais qu'il avait évoqué ma mère. Ma mère qui n'allait bientôt plus faire partir de ma vie. Cette vie déjà désastreuse mais qui le sera encore plus lorsqu'elle me quittera. Elle était ma vie. Elle était mon soleil. Elle était ma lumière. Elle était mon espoir. Elle était moi et j'étais elle. Elle était ma mère. Et vivre sans elle ne m'était pas envisageable.
Mais cet homme avait osé la rencontrer. Il avait osé lui présenter cette fille qui n'était pas la leur. Cette fille qui n'était pas ma sœur.
J'ouvrais brusquement les yeux. Mais bordel pourquoi n'avais je pas pensé à ça tout de suite? Pourquoi n'avais je pas pensé à aller voir ma mère? Comment devait elle se sentir en ce moment? Comment avait elle réagit lorsqu'elle avait vu cette gamine? Était elle en bonne santé? Allait elle bien? Bordel quelle mauvaise fille j'étais. A ne même pas penser à la seule chose qui me restait encore.
Sans faire attention à quoi que ce soit, je courus hors de cette chambre où le blanc était roi. Je n'avais qu'une chose en tête, voir ma vie. Je ne voulais qu'une chose, m'assurer de son état.
Je bousculais quelqu'un sur mon passage mais je me fichais de savoir qui ça pouvait être. Cette personne ne m'aiderait pas à sauver ma mère.
J'entendis la voix d'Euna crier mon nom mais j'en avais rien à foutre.
Je voulais la voir. Et rien ne me fera changer d'avis. Non. Rien. Rien ni personne ne m'en empêchera. Pas même mes pieds nus qui claquaient lourdement sur le sol. Pas même ma tenue d'hôpital que j'avais encore sur moi. Pas même ma perfusion que j'avais brutalement retirer et qui me laisser doucement un hématome. Non. Rien de tout ça ne m'empêchera de voir la seule chose qui me permettait de vivre. La seule chose qui me permettait de tenir.
Je la verrai, coûte que coûte...
***
/PDV Jungkook/
J'avais supplié Namjoon hyung de me laisser sortir. Nous avions fini notre séance photo et je lui demandais un délai d'une heure. Une heure qu'il m'avait accordé. Une heure durant laquelle, il ne savait pas où j'allais.
Je ne lui avais pas dit où j'allais. Je n'avais pas besoin de le dire. C'était inutile. Seul Jimin hyung était au courant. Il m'attendait dans sa voiture. Il était le seul à me comprendre.
J'avais acheté des fleurs, mon masque sur le visage, mes lunettes sur le nez et ma capuche sur la tête. J'avais acheté des fleurs et m'étais dirigé vers l'endroit qui avait hanté ma nuit dernière.
Je devais m'assurer de son état. Voir si elle s'en était sorti. Voir si elle était toujours en vie.
Mais que demander à l'accueil lorsque je ne connais même pas le nom de cette fille. Que demander lorsque la seule chose que j'avais retenu était ce surnom: Euna
Je n'allais évidemment pas aller loin. C'est lorsque j'aperçus cette fille que je retrouvais petit à petit espoir. Cette fille qui avait croisé mon regard, mais qui m'avait ignoré. Cette fille qui m'avait vu mais qui avait préféré secourir son amie.
Mais qu'allais je lui dire lorsque je me retrouverai devant elle? Qu'allais je lui dire? Je n'étais même pas un proche, même pas un parent, pas même un ami. J'étais juste un étranger.
Et elle s'en alla. Elle prit l'ascenseur et attendit qu'il se referme. Mais je ne laissais pas ça se produire. Je mis ma main en guise de barrage et entra à mon tour. Me plaçant derrière elle.
Elle me jeta un rapide coup d'œil, et comme la veille, ne me porta pas plus d'attention. M'avait elle reconnue? Savait elle qui j'étais? Et si elle savait, pourquoi ne me sautait elle pas dessus comme beaucoup l'aurait fait?
Elle sortit de l'appareil. Quatrième étage.
Alors, je descendis aussi et je me mis à la suivre, m'assurant de laisser une certaine distance.
Elle s'arrêta devant une chambre. Je voyais qu'elle hésitait à ouvrir. Elle avait sa petite main tremblante sur le métal froid.
Elle rebroussa finalement chemin. Pourquoi? Avait elle peur? Mais de quoi?
Alors, je m'avançais. Et lorsque je fus assez proche, la porte s'ouvrit brusquement et on me bouscula. Le bouquet tomba au sol, et la seule chose que je pus voir, c'était cette fille qui courrait. Elle courrait comme si sa vie en dépendait. Elle courait comme pour empêcher son destin de la poursuivre. Elle courrait, les larmes aux yeux.
Comme si courir, l'aiderait d'une quelconque manière...
***
J'attendais Jungkook dans ma voiture. Je l'attendais depuis maintenant dix minutes.
Lorsqu'il m'avait demandé de l'accompagner malgré mon emploi du temps, je n'avais pas pu refuser. Je le comprenais. Et je ne pouvais pas lui dire non. Je ne pouvais pas lui refuser une telle chose. Je ne pouvais pas ignorer cette détresse dans ses yeux. Ce besoin qu'il avait de s'assurer de l'état de cette fille, je l'avais vu.
Je relevais la tête lorsque j'avais entendu des cris. Les mêmes cris que la veille. La même souffrance dans cette voix que je commençais désormais à connaître.
Cette fille qui courrait désespéramment. Sans ses chaussures. Sans veste. Elle courrait alors que ses pieds commençaient à prendre une teinte noire. Elle courrait alors que ses yeux étaient imbibés d'eau. Les larmes roulaient sur son visage. Ses mêmes larmes que j'avais vu au restaurant la veille. Pourquoi pleurait elle au juste? Pourquoi courrait elle au juste?
Lorsque son amie et le médecin avaient tenté de la retenir de partir, elle avait hurlé. Elle avait hurlé à s'en détruire ses cordes vocales. Elle se débattait tel un animal. Mais elle était faible et sa force était invisible.
J'ouvris la fenêtre de quelques centimètres, en baissant légèrement mes lunettes. Et ce que j'entendis ne me laissa pas indifférent. Elle disait ce que je n'oserai jamais dire. Elle disait ce que je ne pourrai jamais dire. Elle disait ce qu'elle pensait.
Elle disait la vérité...
***
/ Hello! chapitre 14 en ligne! Ca va? C'est assez cohérent? Ce n'est pas trop rapide? J'ai besoin de savoir donc n'hésitez pas!/
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