Les derniers jours d'août avaient emporté leur chaleur et avec eux, des souvenirs aux allures nostalgiques et déjà transparents. Des choses que tous, s'étaient faits la promesse de chérir jusqu'à la fin. Le réveil avait été difficile ce matin, pour moi comme pour les autres. Le soleil n'avait pas comblé l'horizon de ses lumières et le ciel encore noir avait été un obstacle à une motivation que nous avions eu beaucoup de mal à surmonter.

Sans doute qu'aucun d'entre nous ne souhaitait s'en aller. Pas dans ces circonstances en tout cas. Pas déprimé et déçu. Pas effrayé par la suite et l'appréhension d'un futur incertain. Non personne n'avait voulu quitter cette maison qui, le temps de deux mois, avait été le refuge d'âmes tourmentées.

D'une manière que j'avais espéré tendre, j'avais murmuré le nom de ma petite sœur encore endormie. Ses yeux gonflés avaient été témoins de la fatigue qu'elle traînerait sûrement pendant quelques jours encore. Pendant la nuit, Jimin l'avait doucement porté entre ses bras — les gestes assurés et pourtant si attentionnés — pour la déposer dans le lit que Ji Eun et Jungkook avaient une dernière fois occupé.

J'avais souri à ce moment-là, parce que mon amie avait serré Soo Min tout contre elle pendant son sommeil et j'avais été rassurée de savoir que quelqu'un veillait sur elle.

C'est aux alentours de sept heures du matin, lorsque la lune avait laissé sa place aux nuages discrets dans le ciel déjà éclairé, que l'émotion avait commencé à m'envahir. Parce que les garçons ne prenaient pas le même vol que nous et que j'avais refusé le moindre risque. Parce que de retour au pays, les garçons devraient à nouveau faire face à leur vie tandis que je devrais affronter mes problèmes.

Quelques jours plus tôt, ma mère avait été transférée à l'hôpital de Séoul sous autorisation du médecin. Et sûrement parce que la suite m'effrayait, j'avais été bien incapable d'en parler à qui que ce soit.

- Tu as ta trousse de toilette? J'avais demandé à Soo Min qui, debout et immobile devant moi, n'avait cessé de m'observer.

Et elle avait hoché la tête, les yeux fatigués mais le visage heureux. Elle allait retrouver son père après tout, sa mère aussi. Alors le bonheur avait illuminé ses traits enfantins.

C'est au moment où j'avais mis un pied dans le salon — après avoir pris soin de me brosser les dents au réveil — que j'avais constaté l'atmosphère étrange. Une ambiance froide, comme le temps au dehors et l'heure matinale que certain des garçons n'avaient pas l'air de pouvoir encaisser.

- Prête? Hoseok s'était penché vers moi pour embrasser l'une de mes joues -- ce qu'il n'avait cessé de faire depuis notre arrivée ici.

- Pas vraiment.

Son sourire m'avait détendu, avait réchauffé mon cœur comme le soleil réchauffait le sable d'une matinée. Il avait été de bonne humeur, Hoseok, dégageant cette lumière attirante et éblouissante. Quelque chose d'agréable.

Non personne ne souhaitait s'en aller et pourtant dans la maison, régnait ce début de bonne humeur. Comme le soleil qui depuis peu, nous avait comblés, comme un renouveau, un départ appréciable. Les pièces se laissaient submerger par les faisceaux lumineux de l'extérieur et si chacun s'était mis à vérifier une dernière fois qu'ils n'avaient rien oublié, moi, je m'étais contentée de faire rouler ma valise sur le carrelage du couloir.

- T'as rien oublié? La respiration tremblante et le corps fébrile, j'avais tourné la tête vers Jimin à la bouche occupée par une barre de céréales au chocolat, derrière l'îlot central de la cuisine.

Aussi, il s'était approché de moi et les yeux scintillants, m'avait tendu ce qu'il mangeait, le sourire au bout des lèvres.

- Je crois pas. Et j'avais goûté à son petit déjeuner qu'il s'occuperait sûrement de compléter dans une épicerie de l'aéroport.

Il avait pris le soin de se faire couler un café toutefois, incapable d'affronter ses journée sans sa dose d'Espresso. Namjoon et Yoongi nous avaient rejoint dans la cuisine, installés sur les chaises hautes devant le plan de travail. Le silence était là mais n'avait pas été lourd. Tout le monde était épuisé et les conversations — j'en étais certaine — ne tarderaient pas à courir de tous les côtés lorsqu'ils monteraient dans le taxi.

J'avais une dernière fois vérifié les pièces de la maison, sans oublier l'intérieur de la machine à laver et les meubles des salles de bain. Les lits avaient été faits et les chambres aérées, et alors que j'avais été sur le point de quitter la chambre de Taehyung et Hoseok, j'avais cru mourir sous le courant d'air que le corps de Jungkook frôlant le mien dans une course effrénée avait provoqué.

Puis Jin avait suivi, à ses trousses et le visage couvert de sa mousse à raser.

- YAH! Il avait hurlé derrière Jungkook et j'avais compris que le plus jeune n'était pas resté sage très longtemps.

Le rasoir de Jin entre les doigts et le sourire au bout des lèvres, nous avions entendu les rires répétés du jeune chanteur et le bruit de ses chaussons râclant le sol.

- Jungkook je te jure que je serai celui qui me chargerai de tes prochaines lessives espèce de malade empaillé!

Ils avaient continué, plus en forme que les autres et j'avais été soulagée de constater que leur déception de partir n'avait pas affecté l'ambiance du voyage. Et j'avais ri, parce que Jungkook n'avait eu d'autre choix que de s'arrêter net face au mécontentement de Ji Eun devant lui. Il avait détourné le regard tel un enfant pris sur le fait et après l'avoir attrapé par une oreille, mon amie s'était chargée de l'emmener à la case départ que j'imaginais être la chambre. Ou la salle de bain. Ou Jin.

Au choix.

- Min-ah! Taehyung avait appelé la petite, à peine entrée dans la cuisine ouverte. Il reste des céréales, tu en veux?!

Les garçons avaient essayé de terminer le peu de nourriture resté dans le frigo ou placards pour ne pas s'encombrer; les valises et les sacs-à-dos suffisaient amplement.

Evidemment, j'étais stressée par le voyage, envahie par cette peur éternelle de me perdre ou de ne pas bien faire les choses. L'allée avait été différent parce que nous avions été ensemble mais cette fois, seules Ji Eun et Soo Min m'accompagneraient. Jimin avait longuement insisté pour prendre notre vol mais j'avais refusé, préférant éviter toutes les rumeurs qui ces derniers mois, n'avaient plus cessé.

Bang Shi Hyuk nous avait informés des messages des fans des garçons après leur longue absence et nous avait assurés qu'il s'en était chargé mais cette appréhension au fond de moi ne se dissipait pas.

Alors j'avais suggéré des vols différents, juste au cas où, au grand malheur de Ji Eun et Jungkook qui avaient sûrement prévu de roucouler ensemble dans l'avion.

C'est comme ça, après avoir fait une dernière vérification des chambres, une fois les valises définitivement bouclées et les sacs sur le dos, que nous avions quitté la maison, le cœur retourné mais l'esprit heureux de reprendre le train de vie qu'ils avaient adopté. Namjoon avait déverrouillé son portable pour s'assurer de l'heure, Jin à ses côtés et les sourcils froncés sous la lumière du soleil.

J'avais compris que la réalité était bien là, devant nous lorsqu'à l'autre bout du trottoir, deux taxis et un van noir avaient semblé nous attendre, le moteur toujours en marche et les fenêtres pour la plupart ouvertes. Et comme brusquement nostalgique, j'avais observé le ciel, puis ses nuages aussi, certaine que ce rêve ne se reproduirait sûrement pas avant un long — très long — moment. J'avais soupiré, lourdement et les yeux détaillant les garçons devant moi, je m'étais une fois de plus dit que tout irait bien.

La brise du matin effleurait mon visage, balayait mes cheveux d'un vent agréable et ma petite valise dans une main et celle de Soo Min dans l'autre, j'avais observé Ji Eun qui, le sourire aux lèvres, avait salué l'un des chauffeurs; il lui avait répondu, la bonne humeur dessinant ses traits.

Puis une main s'était posée sur ma hanche et j'avais reconnu la douceur de Jimin, sa présence et son odeur naturelle. Ses vêtements étaient simples aujourd'hui, confortables pour un autre voyage de plus de trois heures.

- On y va?

Il avait soufflé, les yeux voilés par les vitres fumées de ses lunettes de soleil et le teint plus mat qu'à notre arrivée ici. Je l'avais trouvé magnifique ainsi. Avec ses cheveux noirs désormais plus longs — ils traçaient sa mâchoire — et la peau plus détendue, dénuée d'imperfections qu'il avait du supporter lors de ces moments de stress. Il était beau, Jimin. Elégant et joyeux. Presque changé, différent.

Les minutes avaient défilé et alors que Jimin s'était doucement emparé de mes valises pour les mettre dans la voiture, je n'avais pas eu la force de bouger. Parce que je savourais les derniers instants de ces jeunes hommes au quotidien parfois perturbé. Les voir comme ça, souriants et heureux me réchauffait de cette façon enivrante.

Ils s'étaient hâtés de ranger leurs affaires dans les coffres et après s'être assuré que tout rentrait bel et bien sans que rien ne bloque, ils s'étaient installés dans le van pendant que les autres avaient pris place dans le taxi.

Namjoon et Yoongi s'arrangeaient avec les chauffeurs, les informant sur notre destination. Et tout s'était accéléré par la suite.

Le chemin vers le port s'était fait dans les cris, les rires et surtout, la joie de voyager. Il n'était que huit heures du matin et la plupart étaient encore épuisés de leur sommeil trop court mais rien, n'avait été suffisant pour éteindre cette flamme de bonheur qu'ils étaient parvenus à créer et surtout à conserver, ces derniers mois. Dans la voiture aux côtés de Ji Eun et Soo Min, la petite s'était endormie sur mes cuisses tandis que mon amie m'avait tendrement souri, certainement fière de moi.

C'est au bout d'un peu moins de quinze minutes qu'on nous avait informés notre arrivée au port. La navette que nous devions attraper pour ne pas être en retard à l'aéroport m'avait fait de l'œil au moment où j'avais quitté la voiture, Soo Min dans mes bras et Ji Eun encombrée par les valises; j'avais ri sans même me cacher lorsqu'elle avait manqué de se prendre l'une d'elles dans les pieds.

La journée avait continué son chemin pendant que nous tentions de nous en sortir, nous et nos bagages aussi. On avait embarqué sur la navette qui, en chevauchant les vagues des eaux encerclant l'île, nous avait à nouveau offert ses merveilleux paysages tout droit sorti des photos de carte postale. Soo Min s'était émerveillée devant les immenses rochers que le bateau frôlait par moment, et installée sur les genoux de Taehyung, elle s'était laissée porter par les découvertes qu'elle n'avait pas osé s'offrir à notre arrivée.

- Taehyungie! Elle s'était exclamée, les yeux pétillants et le corps excité par les poissons dans l'eau. J'ai vu un requin!

Là aussi, j'avais ri, parce que son innocence parvenait parfois à m'attendrir.

Nous avions passé près d'une heure sur le bateau et à peine avions-nous eu le temps de poser un pied au sol que nous nous étions dépêchés d'attraper le premier bus jusqu'au Terminal Nord. Là-bas et une dernière fois, on s'était hâtés pour rejoindre l'aéroport à deux heures de route. C'est en entendant une voix dans le micro de l'aéroport qu'on s'était enfin permis de soupirer lourdement, soulagés d'y être parvenu après plus de cinq heures de course.

Dans un sens, j'avais souri parce que tout me rappelait les péripéties auxquelles on avait dû faire face à l'allée, et j'avais explosé dans un rire que les garçons avaient savouré, comprenant sûrement mes souvenirs.

On s'était installés à une table dans une boulangerie où l'espace pour les clients prenant leur petit-déjeuner sur place était assez vaste. Epuisés, on s'était affalés sur les chaises, laissant tomber nos affaires sans le moindre remord.

Jimin et Hoseok s'étaient absentés le temps d'aller chercher des cafés et pour certain, des croissants ou encore des nouilles. Après tout, midi était passé et j'avais compris l'intensité du voyage lorsque Soo Min avait réclamé son tour de pipi. Alors je l'y avais emmenée, sans oublier de prévenir Ji Eun de garder un œil sur les valises.

- Seo? Soo Min avait lancé, le regard habillé d'une innocence que j'apprenais à aimer.

- Hm? Et j'avais penché la tête sur le côté, curieuse.

- Tu vas faire pipi avec moi? Une fois dans la cabine, je l'avais aidée à retirer son pantalon souple et avais relevé les yeux vers elle.

- Après toi, oui.

Elle avait souri, certainement heureuse de me découvrir d'une manière différente. Je l'avais sentie un peu moins réticente à l'idée de me parler, de me conter ses rêves et ses histoires.

On avait fini par quitter les toilettes, non sans une bonne séance d'hygiène durant laquelle, je lui avais expliquée l'importance de bien se laver les mains dans des endroits comme celui-ci. Puis on avait regagné nos chaises, moi sans réelle motivation et elle, dans une course effrénée, impatiente à l'idée de monter sur les épaules de Jungkook qui avait tendu les bras vers elle en la voyant.

Le temps avait défilé après ça. Après que nous ayons enregistré nos bagages et passé les douanes. Après que Soo Min ait plusieurs fois supplié de monter dans le même avion qu'eux. Après que les larmes me soient montées aux yeux et que Jimin ne se soit empressé de les effacer.

Et on avait fini par l'entendre, cette voix dans le micro, encore. Celle qui nous avait fait comprendre qu'un retour en arrière ne serait plus possible une fois assis dans l'avion. Celle qui avait nourri ma peur alors que j'étais parvenue à l'éteindre.

- On atterrit à Incheon à dix-sept heures. Jimin avait murmuré, le visage près du mien mais assez loin; je lui avais dit la veille que nous devions faire attention et j'avais l'impression qu'il respectait sa promesse. Tu m'envoies un message dès que vous êtes arrivées, hm?

Sa main avait caressé mes cheveux et en hochant la tête, il avait vu dans mes yeux que j'avais voulu l'embrasser, mais que je m'étais brusquement arrêtée.

Parce que nous n'avions pas voulu plus de problèmes et qu'avec Bang Shi Hyuk, nous avions convenu de prendre des avions différents. Et si les garçons étaient sur le point d'embarquer, Ji Eun, Soo Min et moi, ne prendrions la route que deux heures plus tard pour atterrir à l'aéroport de Daegu.

C'est comme ça que discrètement j'avais soufflé à Jimin que je l'aimais, qu'on se retrouverait le lendemain ou même dans la soirée. Puis pas si loin de nous, Jungkook n'avait pas su comment agir devant Ji Eun, un peu maladroit mais surtout frustré de ne pas pouvoir l'enlacer, l'embrasser comme il en avait pris l'habitude.

C'est comme ça, qu'à la porte d'embarquement, j'avais agité ma main dans un aurevoir et les garçons, le sourire décorant leur visage détendu, avaient envoyé quelques baisers volants. Dans un dernier soupir, j'avais ri en apercevant Jin qui comme chaque fois, s'était fait un plaisir d'exagérer ses gestes. Sa marque de fabrication, les bisous volants.

Et je l'avais secrètement remercié, parce que le temps d'un instant, j'avais tout oublié.

***

après une absence interminable je publie enfin ce chapitre qui marque la fin du voyage de nos chéris. je ne sais pas s'il reste encore des lecteurs sur ce livre et je ne pense pas mais peu importe. je fais de mon mieux pour le continuer même si je ne pense pas la terminer un jour mais j'avance à mon rythme.
j'espère que ce chapitre vous a plu.
sur ce, je vous dis à bientôt.