1# Accoutumance
- Eh! Kang Na Seo!
J'avais soudainement repris contact avec la réalité, perdue dans mes pensées, comme souvent. A force, sans doute était-ce devenu une habitude... me réveiller en sursaut. Puis difficilement, j'avais ouvert les yeux pour tomber sur ceux de mon amie; elle m'avait doucement tapoté l'épaule de sa main.
- Euna... Et d'un souffle que j'aurais voulu un peu plus assuré, j'avais murmuré.
La vérité, c'est que je n'étais plus capable de supporter la fatigue que j'accumulais ces derniers mois. J'étais épuisée, et me relever me semblait réellement impossible. J'avais une fois de plus, passé une nuit désastreuse.
Alors sans même une once de force, j'avais redressé la tête pour observer mon amie face à moi. Le soleil au-dessus de nos têtes témoignait de l'heure de cette journée déjà bien avancée. Et là, installées sur les chaises d'une des nombreuses terrasses de Séoul, j'avais savouré la brise agréable de cette fin d'après-midi.
- Seo! Mon amie avait crié, encore.
Je n'allais pas cacher le fait que j'étais encore dans mon monde. Parce que les effluves de mon sommeil ne m'avaient pas encore quitté. J'avais fini par lui donner mon attention, consciente qu'elle essayait probablement de me dire quelque chose depuis un certain moment. Ma tête me lançait constamment alors j'avais lancé dans une plainte désagréable.
- J'ai l'impression que mon crâne va exploser. Ma voix était faible, sans doute trop pour que mon amie ne le remarque pas.
- Je te parle depuis quelques minutes déjà. J'ai pas l'impression que tu m'ais entendu.
- Je t'entend parfaitement. Et j'avais soupiré, une fois de plus.
- Alors tu acceptes?
J'avais tenté de me souvenir d'une discussion que j'avais pu avoir avec elle ces dernières minutes, mais rien ne m'était vraiment revenu. En fait, je ne me souvenais d'aucun son. Aucune parole ni image.
Là, j'avais simplement le besoin urgent de me reposer. Elle ne semblait pas le voir toutefois.
- De quoi tu parles? J'avais demandé, tout en passant lourdement une main sur mon visage déformé par cette fatigue trop présente.
- T'as vraiment pas écouté. Et elle avait soupiré à son tour, les coudes posés sur la table en verre de la terrasse.
Pour sûr, j'y avais senti une pointe d'agacement, dans sa voix.
- J'crois que je me suis assoupie.
- Tu devrais penser à te reposer, Seo. T'es vraiment pâle.
- Je passe pas les meilleures nuits de ma vie ces derniers temps. Mais, j'avais repris, l'esprit un peu moins embrumé, de quoi est-ce que tu me parlais?
- Ma cousine se marie dans une semaine, et je me demandais si tu pouvais te charger de la maquiller.
- Ta cousine est déjà très belle.
- Un mariage sans maquillage, sérieux? Sa tête s'était penchée sur le côté et j'avais souri.
- C'est quand?
- Mardi prochain.
Mes yeux épuisés s'étaient fermés sous la luminosité du soleil et d'une main dans les cheveux, j'avais pensé que ce jour là, je n'avais pas grand chose de prévu. En fait, c'était sans doute le seul jour de repos que mon patron avait pu m'accorder. Un des seuls jours que j'aurais pu savourer, pour me reposer rien qu'un peu.
Mais cette fille en face de moi m'était bien plus importante et je ne pouvais pas refuser. Parce qu'elle ne me demandait jamais rien. Alors rien qu'une fois...
- Ok, j'avais soufflé alors que j'avais essayé d'ouvrir les yeux.
C'est sous une brise un peu plus accentuée que j'avais légèrement tourné la tête de biais. Et j'avais rapidement regretté mon geste, victime des coups de marteaux résonnant dans mes tempes et dont je ne savais pas me défaire. Au fil du temps, j'étais devenue plus sensible au bruit, aux cris, puis à la lumière aussi, trouvant mon réconfort dans le silence d'une nuit calme.
Abattue par le poids d'une vie que j'encaissais difficilement, j'avais depuis longtemps réalisé le fossé qui me séparait de Ji Eun. Parce qu'à mesure que le temps avait défilé, j'avais appris à supporter sa joie de vivre et sa positivité constante. J'avais appris à contempler son sourire. Celui qui chaque jour, animait son visage d'une lueur trop profonde pour que je ne puisse l'égaler.
Et je l'avais souvent enviée, admirée.
Parce qu'elle était capable de se contenter d'un rien, pour en faire un tout. Sa simplicité étonnante et le bonheur contagieux qui enveloppait son corps dessinait parfois ce sourire aux coins de mes lèvres.
J'avais fini par comprendre qu'elle était ce genre de personne. Une âme dont la soif de l'inconnu ne s'effritait pas malgré les années. Une jeune femme à la volonté écrasante de tenter n'importe quoi, n'importe où.
Et sous son petit mètre soixante, se cachait une force que j'avais abandonné au fil du temps. L'étincelle dans ses yeux que je ne possédais plus et cette sociabilité que j'avais toujours redouté faisaient d'elle ce qu'elle était aujourd'hui. Un cœur aux rires lumineux, aux sourires attirants.
En l'observant, je m'étais souvent interrogée sur les raisons qui m'avaient poussé à en arriver là. Et certainement, j'avais fini par comprendre qu'embellir les visages de quelques coups de pinceaux, n'avait été que signe de faiblesse. Que les palettes et les éponges n'étaient devenus que les instruments d'une mélodie berçant ma vie.
- Essaie de pas trop t'arracher, Seo... T'as l'air épuisé.
Je le savais ça.
J'en avais conscience et pourtant, du haut de mes vingt-et-un ans et si petite dans ce monde si vaste, que pouvais-je bien faire d'autre lorsqu'on me payait si peu.
C'est un peu plus tard dans la journée — après avoir quitté Euna et les terrasses bondées des quartiers de Séoul — que j'avais emprunté le chemin du retour. Et je ne l'avais pas avoué de vive voix, mais j'avais détesté rentrer chez moi.
Et si l'atmosphère de mon petit appartement demeurait si glauque, c'est parce que je n'étais pas en mesure de le changer.
Alors pour oublier, pour ne plus penser, je m'étais réfugiée derrière mon bureau. Et installée sur mon siège à roulettes, j'avais attrapé un crayon pour à nouveau, revoir les comptes du petit magasin dans lequel je travaillais. J'avais gratté la feuille durant un long moment pour, le temps d'un instant, ne pas laisser mes idées sombres me rattraper.
***
Alors que les premiers rayons du soleil annonçaient l'arrivée d'un jour nouveau, j'avais enfoncé mes écouteurs dans mes oreilles tout en attendant patiemment sous le porche de l'arrêt de bus -- non loin de chez moi. Les cernes sous mes yeux témoignaient de l'état de fatigue extrême dans lequel je me trouvais et ainsi, je n'avais pas même su me concentrer sur les personnes autour de moi.
A la place, j'avais accordé mon attention à ces paroles tristes et profondes. Un parfait reflet de ma faiblesse interminable. Et tout en m'accrochant au rythme des notes de musique, j'avais jeté un œil à mon téléphone, soupirant sous l'heure trop matinale de ce lundi.
Cinq heures trente six...
Ayant sauté mon petit déjeuné comme souvent — peut-être que je n'avais rien avalé depuis des jours — je n'avais pas cherché à passer plus de temps dans mon appartement. Je l'avais quitté un peu plus tôt.
Et là, l'écran géant devant moi — celui accroché au grand building de la ville déjà en mouvement — avait su attirer mon regard. Les BTS semblaient déjà en mouvement à cette heure. C'était bien malheureux. Parce que le monde de la K-pop est un monde qui devrait disparaître.
C'est lorsque le bus annonça son arrivée que j'avais détaché mes yeux de ce tableau de pixels. Ma fatigue reprenant vite le dessus sur ma lutte, j'avais retrouvé mon siège habituel au fond du véhicule et de la plus douce des manières, ma tête trouva appuis contre la vitre froide.
Et j'avais fermé les yeux, bercée par les notes incessantes de la musique dansant dans mes oreilles...
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petit message avant que quelqu'un ne fasse l'erreur que je ne peux plus accepter. je sais que la plupart des lectrices/lecteurs sur ce livre ont en moyenne entre 13 et 16 ans. donc je vous préviens d'avance.
je créé des personnages en essayant de leur forger un caractère que je pourrai développer au fur et à mesure. je suis en train de faire une réécriture de cette fiction et plus je regarde les com's, plus j'ai envie de la dépublier. c'est pourquoi je vous préviens dès le premier chapitre: si quelqu'un tient des propos insultants, dégradants envers mes personnages, le compte se verra signaler et je supprimerai le commentaire.
si quelqu'un commente en laissant des mots déplacés envers mon travail, je le signalerai également. je peux comprendre que certain commentaire sont parfois à prendre à la rigolade mais s'il vous plait, abstenez-vous.
je vous dis ça parce que j'ai déjà reçu quelques insultes sur le personnage de JiEun et je ne peux pas le tolérer. Comprenez qu'un personnage a son caractère et que comme vous, il a le droit à l'erreur, mais surtout, c'est mes efforts que vous dénigrez en ayant ce genre de propos.
merci à vous et bonne lecture!
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