Partie 4 ~ Réalisations
PDV de Keith
J'étais assis sur le siège de mon Lion, et je fixais l'horizon par l'intermédiaire de la fenêtre transparente d'un regard vide.
L'entraînement que j'avais suivi avec Shiro, puis avec Lance (si on pouvait tout du moins parler d'un entraînement pour ce dernier cas) m'avait totalement épuisé, et j'avais du mal à garder les yeux ouverts.
Le soleil se couchait au loin, illuminant les falaises d'une lueur orange. C'était le genre de spectacle auquel je n'avais pas assisté depuis bien longtemps. Depuis mon départ de la Terre, en fait.
La Terre... cela faisait longtemps que je n'avais pas eu à y penser. Les souvenirs qui s'y reliaient n'étaient pas bons. Elle me faisait penser à mon père, aux flashbacks que j'avais eus grâce à Krolia sur la planète des radiations, à la vie qui nous avait été volée. Que nous aurions pu vivre tranquillement.
L'inquiétude me submergea, comme elle le faisait souvent ces derniers temps.
Qu'est-ce que j'allais faire une fois rentré sur Terre ?
Le plan était d'aller récupérer les plans du père de Pidge, mais il ne faisait aucun doute que les Paladins allaient vouloir retrouver leur famille.
Mais moi, je n'avais plus nulle part où aller. Ma maison devait avoir été complètement détruite. Qu'allait-il donc advenir de moi et de Krolia ?
Ma place n'était plus sur Terre, je le savais. Je n'avais plus personne, là-bas.
Mais en même temps, les Paladins étaient devenus ma famille, et je ne voulais pas les quitter. Ils allaient peut-être vouloir rester avec leurs proches, au lieu de repartir à l'aventure, et je me retrouverais alors de nouveau tout seul, comme lors des deux années passées sur la planète qui changeait le cours du temps.
Tout était confus dans mon esprit. Je pris ma tête entre mes mains, et je fermais les yeux pour me reposer quelques instants.
J'entendis le Lion Nour vibrer, comme s'il sentait la douleur et cherchais à me réconforter.
« Ne t'inquiète pas. Je vais bien. Ça finira par aller mieux. Tout va s'arranger. »
Je l'espère...
Mon dialogue silencieux avec moi-même (et mon Lion par extension) fut interrompu par une voix qui m'appelait de l'extérieur.
« Keith ? Keith ! Le dîner est prêt ! Tu veux nous rejoindre ? »
Allura. Sa voix retentit dans ma tête pendant que je procédais ses paroles lentement. Je restais silencieux quelques instants avant de me rendre compte qu'elle attendait une réponse.
« Oui, Princesse. Je... j'arrive. »
Je me levais avec difficulté et me dirigeais vers la terre ferme, sortant du Lion en m'appuyant sur la paroi pour éviter de tomber.
Allura m'attendait dehors, un air inquiet sur le visage.
« Keith, tout va bien ? Tu ne sembles pas très en forme. »
Je hochais la tête faiblement.
« J'ai juste besoin de m'assoir. Je suis assez fatigué. »
Elle proposa de m'aider à marcher, mais je refusais son offre. La dernière chose dont j'avais besoin maintenant était de paraître faible et brisé aux yeux des autres.
J'arrivais en titubant à côté d'un cercle de pierres sur lequel les Paladins, Shiro, Coran, Krolia et Romelle étaient assis en rond. Je m'installais à côté de ma mère en tremblant à cause de l'effort.
Elle me jeta un regard interrogateur et concerné, et je secouais la tête pour lui faire comprendre que j'allais bien.
Hunk s'était débrouillé pour préparer à manger avec des plantes trouvées sur place. Il faisait passer des bols à tout le monde, mais je n'avais pas faim.
Mes coéquipiers discutaient en petits groupes avec entrain, mais je n'étais pas de cœur de me joindre à eux.
Je balayais mon regard sur l'assemblée. Je remarquais que Lance me regardait d'un air préoccupé en se mordillant la lèvre, installé pile en face de moi dans le cercle.
J'essayais de regarder ailleurs, mais mes yeux revenaient toujours à l'endroit où il était assis. Il me regardait toujours, comme s'il voulait me faire passer un message sans prononcer de mots.
Bientôt, il me fut impossible de soutenir son regard, et je me levais lentement. Je m'adressais à Krolia.
« Je vais... m'assoir là-bas. J'ai besoin d'être seul. »
Elle hocha la tête silencieusement, ayant l'air de comprendre ce que je ressentais. Je lui en fus reconnaissant.
Je m'éloignais de l'assemblée pour marcher le long de la falaise jusqu'à ce que je trouve un endroit assez éloigné pour que je puisse m'assoir sans être vu.
Je m'appuyais donc contre un rocher, rejetais ma tête en arrière, et fermais les yeux.
Je savais à présent pourquoi j'étais troublé, pourquoi je sentais que quelque chose manquait.
C'était à cause de Lance. A cause de ce qui se passait chez lui. A cause de ce qui s'était passé plus tôt dans la journée.
La tristesse insondable qui était présente en lui semblait m'envahir petit à petit, comme si je partageais ses émotions.
Au cours de notre combat, quand j'étais tombé sur lui et que je l'avais regardé dans les yeux, des yeux si bleus, que j'avais vus de si près, j'avais réussi à percevoir les émotions qu'il ressentait, comme si je pouvais lire dans ses pensées. C'était peut-être à cause de mon côté Galra.
J'avais vu dans ses yeux océan de la tristesse, de la confusion. Lance était en manque d'attention, et avait cruellement besoin de quelqu'un.
Quelqu'un qu'il puisse aimer sans souffrir, et qui l'aime en retour sans rien attendre de lui. Il avait envie d'être heureux. Il n'avait plus envie de se cacher derrière une façade souriante, il voulait être aidé sans paraître faible. Il avait besoin de cette personne, comme si sa vie en dépendait.
Et, quand nos regards s'étaient croisés, quand j'avais sondé celui de Lance, j'avais vu pendant une fraction de seconde que Lance pensait que j'étais cette personne. Qu'il avait besoin de moi pour l'aider. Pas de quelqu'un d'autre.
Ce moment s'était arrêté aussi vite qu'il avait commencé, mais j'étais sûr de ce que j'avais ressenti. J'avais également vu en Lance la personne que je cherchais depuis si longtemps, celle qui pouvait me comprendre et m'aider à aimer la vie comme il se doit.
Depuis que nous nous étions rencontrés, notre relation avait toujours été étrange.
A certains moments, j'avais envie de le faire taire, qu'il arrête d'afficher ce sourire arrogant sur ses lèvres, ce sourire qui n'était pas le sien. Il était exaspérant et avait le don d'appuyer sur les boutons qui me faisaient exploser.
Mais à plusieurs reprises, j'avais vu d'autres faces de sa personnalité, qui m'avaient plues. Il était courageux, attentif et compréhensif, quand il ne se cachait pas derrière l'humour pour masquer ses sentiments. Il avait un bon fond, et c'est pourquoi ses amis l'aimaient tant. C'est pourquoi je ne pouvais pas le détester, quoi qu'il fasse.
Je n'avais jamais pu le détester.
J'avais réussi à étouffer les sentiments que j'éprouvais pour lui en affichant un masque d'indifférence.
Quand j'étais parti avec les Lames de Marmora, bien que cela me brisa le cœur, le fait d'être éloigné de lui m'aida à reprendre le contrôle de mes émotions. Les deux ans passés sans le voir avaient été de la torture, mais j'avais survécu, et je pensais alors mes sentiments pour lui définitivement éteints.
Mais depuis que j'étais revenu et que j'étais obligé de le côtoyer tous les jours, je me rendais compte que ce n'était pas le cas. Bien au contraire. Je semblais attiré par lui d'une manière inévitable, comme un satellite par une planète.
Cette situation me tuait. J'avais envie d'être en permanence à ses côtés, de parler avec lui, de rire avec lui. J'avais envie qu'il éprouve la même chose pour moi. Et je m'étais rendu compte que c'était peut-être le cas aujourd'hui.
Je fus tiré de mes pensées par un bruit qui retentit à côté de moi. Je sentis quelque chose de doux se frotter contre ma main, et je relevais vivement la tête, pris par surprise.
Je souris en voyant le loup de l'espace trouvé sur la planète qui m'observait, roulé en boule sur le sol en couinant.
J'avais décidé de l'appeler Cosmos en raison de sa couleur (et du fait que je l'avais trouvé dans l'espace, bien évidemment).
Je passais ma main dans sa fourrure en hochant la tête distraitement.
« Tout ça est bien compliqué. »
Je refermais les yeux, avec la ferme intention de m'endormir, quand soudain...
« Tu parles à ton chien ? »
Je me redressais en sursaut, reconnaissant parfaitement cette voix.
« Lance ! Qu'est-ce que tu fais ici ? »
Il haussa les épaules.
« Tu semblais un peu seul, et j'avais besoin d'espace. Je me suis dit que j'allais te rejoindre. »
Il indiqua le sol à côté de moi.
« Je peux ?
- Ou-oui, vas-y... »
Il s'assit à son tour contre le rocher, les jambes repliées contre son torse. Nos épaules se touchaient, et je sentais presque sa peau contre la mienne malgré nos vêtements.
Lance regarda Cosmos, qui s'était endormi sous mes caresses.
« Il a un nom, votre chien ?
- C'est pas un chien, c'est un loup. Il s'appelle Cosmos. »
Lance me sourit.
« C'est joli. »
Comme toi.
« J'avais une question à te poser. »
Je tournais la tête dans sa direction, attendant qu'il continue. Il fit une petite pause, comme s'il hésitait sur la façon dont il allait formuler la suite.
« Maintenant qu'on rentre sur Terre, et que Shiro va mieux, qu'est-ce que tu comptes faire ? Je veux dire, tu restes avec nous, en tant que Paladin, ou tu repars chez les Lames ? Parce que vu qu'Allura est là, maintenant, il manque un Lion... »
Cette dernière remarque me fit l'effet d'un coup dans le ventre. Il voulait donc que je parte ?
Lance eut l'air de constater l'impact de ses paroles, car sa voix s'adoucit.
« Je te demande ça pour savoir si tu comptes repartir. Parce que je n'en ai pas envie. »
Je redressais la tête en ouvrant de grands yeux.
« Tu... c'est vrai ? »
Il hocha la tête en me souriant timidement.
J'observais mes mains pendant quelques instants avant de prendre la parole.
« Je n'ai pas envie de partir non-plus. Mais je ne suis pas sûr d'avoir le choix.
- On a toujours le choix, Keith. Reste avec les gens qui tiennent à toi. Quand on aura récupéré un autre vaisseau, il y aura de la place pour tout le monde... »
Il avait l'air inquiet.
« S'il te plaît ?
- Je... je verrai, Lance. La décision ne repose pas uniquement sur moi. »
Il baissa les yeux au sol.
« Je te laisse le temps de réfléchir. Mais je veux que tu saches que tu seras toujours le bienvenu. »
Je ne pus m'empêcher de sourire, et je lui donnais un petit coup d'épaule.
« Merci, Lance. »
Il me regarda dans les yeux. Encore une fois, je me perdis dans cette couleur bleue, qui envahissait toute ma vision.
Mais cette fois-ci, c'était différent. J'y voyais une lueur d'espoir, et beaucoup d'affection.
Avant que j'aie pu réfléchir à ce que je voulais dire, les mots sortirent de ma bouche.
« Lance, je-
- LES GARS ! VENEZ-ICI, ON A UNE TROP BONNE NOUVELLE ! »
Je détournais la tête en entendant la voix de Pidge qui retentissait. On aurait dit une mauvaise blague.
Aucun de nous deux ne parla pendant quelques instants, puis je pris la parole.
« On ferait mieux d'y aller.
- Ouais. Ouais. Allons-y. »
Je me levais en même temps que lui, et on se dirigea sans un mot vers le campement, les mains dans les poches, Cosmos sur nos talons.
Pourquoi tout devait être si compliqué ?
~~~~
Je me rends compte que j'écris beaucoup plus les pensées et les émotions que ressentent les personnages plutôt que des dialogues et des interactions.
J'espère que ce mode d'écriture vous plait quand même.
La suite arrive bientôt !
Bisous !
Bye.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top