Chapitre 12 : Jessica
Je me retournai pour faire face à un garçon inconnu, enfin celui de tout à l'heure, qui ne pouvait qu'attirer l'attention : beau blond, yeux clairs, le stereotype du jeune adulte parfait à l'exception de ses tatouages visibles sur les bras, lui donnant un air beaucoup moins sage. Non pas que je l'observais attentivement, je ne faisais que lui rendre le regard qu'il me donnait. J'avais son prénom sur le bout de la langue sans pour autant pouvoir en être sûre.
- J'ai l'air d'être une princesse ? lui demandais-je en laissant transparaitre mon agacement sur mon visage.
- Pas vraiment, dit-il en baissant son regard sans gêne sur moi. Puis tu serais une princesse bien trop bagarreuse.
Je fronçai les sourcils, je ne voyais pas dans quelle occasion il aurait pu me voir en train de me battre. A la salle de sport peut-être ?
- Je t'ai vu a la salle. Tu te bat bien, qui t'as appris ? Ton père ?
Rien qu'à ce mot - "père" - je sentis mon sang ne faire qu'un tour dans mon corps.
- Non. J'ai appris toute seule.
- Ah d'accord, moi c'est Logan d'ailleurs.
Voilà , Logan ! Je le savais ...
- Et moi Jessica.
- Je sais, tout le monde le sait.
J'haussai de nouveau les sourcils. Sympa.
- On va dire que ton arrivée n'est pas vraiment passée inaperçu. C'est pas tous les jours que ce genre de choses arrivent.
- Ah...
J'avais l'impression qu'ils exagéraient tous pour me faire une grosse blague. Non mais ça n'avait ni queue ni tête.
- Et puis surtout une fille aussi jolie que toi.
Et c'est reparti
Ce petit moment regrettable avec Thomas m'avait donné ma dose, je n'étais pas d'humeur à me laisser charmer par ce garçon qui n'était pas vraiment mon style malgré sa carrure imposante.
- Oh ... heu merci
Je déteste toujours autant les compliments, qu'est-ce que je peux bien répondre à ça. Je n'ai même pas envie de dire merci, j'aimerais pouvoir ne pas répondre tout simplement.
- Mais de ...
- Jess !
Thomas apparu derrière Logan soudainement, et vint se poster à côté de moi. Son bras gauche se retrouva autour de mes épaules si vite que je ne le vis même pas faire de gestes. Son regard n'était pas du tout chaleureux envers Logan, et j'avais bien peur d'assister à un combat de coq.
- Oui ? dis-je innocemment , comme si je n'avais pas remarquer les regards qu'ils se lançaient
- Manon te cherche, viens avec moi.
Ce n'était pas une question bien sûr. Il m'emmena, presque de force hors de la pièce. Alors j'étais réduite à ça ? Me faire mener à la baguette par monsieur Thomas, ne pas pouvoir parler à un autre garçon que lui ? J'extirpai mon bras de sa poigne en montant les escaliers pour arriver à mon salon.
- Mais pour qui tu te prend ? dis-je quand il ferma la porte du sous-sol
Il soupira. Comme si c'était à lui d'être énervé. Quel culot celui-là.
- Qu'est-ce qu'il te prend ? retentais-je bêtement
- Je te l'ai dit Manon te cherchais!
- Et c'est une raison pour me tirer comme ça ? Puis elle est où là Manon ?
- Je sais pas moi, c'est ta pote, pas la mienne !
- Ouais, c'est ça. Et bien je vais la chercher en bas alors ...
Je tentai de passer pour ouvrir la porte, mais il s'interposa entre la porte et moi pour m'en empêcher.
- Quoi encore ?
- Rien , t'est juste très jolie , dit-il en me regardant de haut en bas en se mordant la lèvre inférieur.
- Non mais je rêve, tu te prend pour qui ? T'es qu'un dégénéré, en plus d'être imbu de toi-même ! Tu penses pouvoir me traiter comme ça, comme si j'étais ta chose, me trainer jusqu'ici sans aucune foutue raison ? T'es complétement con ! Ne m'approche plus comme ça, je ne veux rien avoir à faire avec toi, je ne suis ni ton amie, ni ta copine alors lâche moi les baskets d'accord ?
Alors que je pensais voir son sourire s'effacer de son visage, ou au moins observer son regard perdre sa lueur d'amusement, ce ne fut pas le cas. Bien au contraire. Qu'est-ce que je venais de dire qui avait l'air drôle ? Je n'étais pas du tout en train de rire, bien au contraire. Ce cliché ambulant n'avait rien pour plaire, son attitude était en sa défaveur.
Il s'approcha de moi, mais je campai sur mes positions en le repoussant. Je pensais y avoir mit un minimum de force, mais il ne vacilla que très légèrement. Je n'arrivais pas à croire à ce qu'il était en train de faire, il me sortait son petit numéro de mec possessif et malgré tout ce que j'essayais de faire croire ça marchait du feu de dieu : je n'avais jamais eut autant envie d'embrasser quelqu'un. J'évitai le contact visuel à tout prix, après le speech que je venais de tenir je ne pouvais pas me permettre de tomber dans ses bras malgré que ce soit la seule chose dont j'avais réellement envie à l'instanté.
- Arrête Thomas
Ma voix n'avait rien de convaincante, je devais ressembler à un petit agneau avec un masque de loup, pas croyable. Je n'arrivais pas à contrôler ma respiration, j'étais perturbée par notre proximité. Ma tête me disait que c'était normal à mon âge, les hormones et tout ce qu'on voit en cours ou à la télé, et que je ne devais pas y céder et encore moins avec lui, mais tout mon corps me criait de lui sauter dessus.
- Quoi ? Je ne vois pas de quoi tu veux parler ...
Il s'approcha encore plus, doucement, il devait peut-être s'attendre à ce que je le repousse mais je n'en avais ni la force ni l'envie. J'avais envie de sortir de mon corps pour me gifler une bonne fois pour toutes pour rassembler mes esprits. Ma poitrine était contre la sienne. J'avais l'impression que mon cœur battait si vite et fort que j'avais peur qu'il le sente ou l'entende. Et merde.
- Thomas... je ...
Moi, Jessica, je bégayais. Je bégayais devant Thomas, comme une prépubère en chaleur, pas comme une adulte non. Je voulais sortir de mon corps pour me gifler deux fois plus. Mes jambres auraient clairement pu me lâcher, et tomber dans ses bras n'aurait pas été déplaisant. Il posa ses mains sur mes hanches et son visage se retrouva dans mon cou. J'avais l'impression de dérailler complètement, il venait de faire disjoncter mon système interne. Je fermai les yeux un instant parce-que la situation était trop plaisante, je n'avais jamais ressentis autant de plaisir et c'était dur à admettre. Je me retenais de gémir, ou d'emmètre le moindre son qui pourrait me trahir, moi et ma fierté. C'était déjà beaucoup trop ce qui était en train d'arriver
- Arrête , je ...
- Tu ? dit-il près de mon oreille.
Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas te laisser faire ça.
Il releva ma tête, comme pour admirer son oeuvre. Mes yeux rencontrèrent les siens, et je devais bien admettre qu'ils valaient le détour.
- Pourquoi tu ne veux pas que je sois proche de toi si je te fais tant d'effet ?
- Hé oh! Y'a un truc qui bloque la porte ! Y'A QUELQU'UN ? cria la voix féminine , que je reconnu instantanément être celle de Manon.
Je la remerciais et la maudissais en même temps.
- Tu es sauvée pour cette fois.
Sauvée de quoi, avais-je envie de lui répondre, mais j'avais perdu ma langue.
Je le poussai légèrement et me redressai. Mon corps entier était en alerte, mes jambes me paraissaient fébriles et je n'étais pas à l'aise du tout. J'avais envie de fuir, de me cacher. A peine ais-je déplacé mon corps que Manon entra dans un fracas dans la pièce accompagnée de Cameron.
- Bah alors ? Elle a quoi la porte ? me demanda Manon.
-Aucune idée. Je vais me coucher.
J'avais repris un air distant, froid, détaché, semblable à moi-même, mais la vraie raison était que si je parlais plus je risquais d'encore perdre ma voix. J'avais une boule dans la gorge, comme une sorte d'appréhension. J'étais étonnée de moi-même, je ne pensais pas être capable de ça, de laisser faire ça.
Je me jetai rapidement dans mon lit après avoir enfilé un pyjama. Je ne pouvais penser qu'à ça, qu'à ce qu'il venait de se passer. Ce n'était pas tous les jours que je laissais un garçon s'approcher de moi comme ça, et puis je ne pensais pas pouvoir ressentir autant de choses avec un bisous et quelques morsures dans le cou.
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