𝐕𝐈𝐈. WARNING
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La « Sister Location » est généralement calme, du soir jusqu'au petit matin.
La maintenance s'effectue rarement de nuit ; les techniciens ne mettent les pieds ici que de jour... et aucun nightguard n'a encore été recruté par le Fazbear's pour assurer la ronde nocturne.
Les volontaires pour ce poste manquent encore à l'appel.
Il me semble que son salaire minable y est y est pour quelque chose... Bizarrement.
Cette absence de monde transforme le bâtiment en un véritable havre de paix pour insomniaques, travailleurs acharnés, ou individus suffisamment étranges pour y rôder à 4 heures du matin.
Ça tombe bien. J'entre dans ces trois catégories.
Je n'ai pas bougé de l'auditorium de Circus Baby depuis mon arrivée sur les lieux.
Là, au milieu de l'estrade, à quelques centimètres d'elle. Ma plus belle et dernière création...
Elle ne cessera de rayonner parmi ses compagnons Funtime. Sa beauté, sa voix suave et ses nombreuses fonctionnalités raviront petits et grands... J'en suis convaincu.
Mais encore faut-il qu'elle convienne à l'équipe en charge du bâtiment. Entre ajustements, révisions et réglages de dernière minute, autant dire que je suis loin de m'ennuyer ce soir...
En temps normal, je serai passé du côté de la galerie de Ballora, pour contempler sa danse et ses pas gracieux ; puis dans l'auditorium des Funtime, où Freddy, Bon-Bon et Foxy attendent patiemment de nouveaux visiteurs...
Ma présence ne les dérangerait pas le moins du monde.
Hélas, l'échange que j'ai eu avec Helphys, au Fazbear's, m'a fait prendre bien plus de retard que prévu.
Je n'imaginais pas que cet ours métallique soit aussi dérangé et surprenant à la fois...
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« - Glitch... trap... ? »
Un murmure.
C'était la seule chose qu'il fut capable de prononcer, ébahi, les yeux rivés sur cette chose qui venait d'apparaître devant eux. Ce lapin aux yeux violets. Cette créature irréelle au sourire atrocement grand, à l'expression malicieuse et imprévisible.
Un cauchemar ambulant.
L'ombre autour d'Helphys réagit immédiatement, en s'épaississant brusquement autour de son protégé. Un screamer déchirant secoua la pièce entière, qui en quelques secondes seulement, ne fut plus que ténèbres.
Helphys, le bureau, l'horloge... Tout disparut de mon champ de vision.
Pas la moindre lumière ne transperçait cette enveloppe noire. Pas le moindre indice n'y figurait pour m'en extirper. Je pouvais juste ressentir le mouvement de plus en plus oppressant d'une lourde masse, d'un corps étranger me frôlant dangereusement.
L'obscurité était telle qu'il m'était impossible de distinguer la forme de mon agresseur. Seul Glitchtrap était parfaitement visible, debout au beau milieu des ténèbres, en suivant du regard la progression de la créature rôdant si près de moi.
J'étais incapable de l'apercevoir : Glitchtrap, par contre, la remarquait aussi facilement que si nous étions en plein jour.
« - ₵Ø₥₥Ɇ ₵'Ɇ₴₮ ₥ł₲₦Ø₦... ~ »
Il ricanait, amusé par la tournure des évènements, tandis que je restais scotché à mon siège, sans un mot.
« ₵ɆⱠɄł-₵ł ĐɆVⱤ₳ł₮ ₮Ɇ ₱Ⱡ₳łⱤɆ, ₩łⱠⱠł₳₥. »
Ma mâchoire se crispa en sentant quelque chose de tranchant, aussi affiné qu'une lame de rasoir, m'effleurer de quelques centimètres la joue gauche.
Pas le moindre cri ne sortit de ma bouche.
Pas la moindre frayeur ne déforma mon visage.
Je me contentais de fermer les yeux, en écoutant la mélodie délicate d'une boîte à musique s'élevant à travers l'ombre.
Il m'a semblé sourire, en sentant les griffes tranchantes de cette chose approcher de mon cou.
« - Shadow, Shadow... Qu'est-ce qui te prend ? Tu es encore plus stressé que je le pensais ! »
La voix artificielle d'Helphys eut un effet conséquent sur l'attitude du dénommé Shadow. En sentant la partie aiguisée de ses griffes quitter ma gorge, j'eus l'audace d'ouvrir les yeux afin de découvrir son apparence, que l'obscurité dissipée ne pouvait plus masquer.
Je ne saurais décrire l'impression que j'ai ressenti en le voyant pour la première fois.
Je m'attendais à tout sauf à un spectacle d'une telle horreur.
J'avais devant moi un être hors-norme ; une créature au corps sombre, toujours plus sombre, barbouillé de (ce que j'aurai juré être du) sang.
Ses griffes aiguisées et ses yeux différents l'un de l'autre...
Cet énigmatique collier pendouillant à son large cou métallique...
Son allure repoussante, macabre, similaire à celle d'un meurtrier sorti tout droit de l'enfer...
Ça ne pouvait qu'être lui, la source de toutes ces rumeurs horrifiques du service de nuit !
N'importe qui, en voyant son apparence, l'aurait pris pour la dernière des abominations.
Ce n'était pas un fantôme. Même si, au premier regard, on le confondrait volontiers avec un spectre.
Il n'éveillait en moi aucune crainte, aucune haine.
Rien de tout ça...
Il me captivait.
Je découvrais la plus belle et la terrifiante machine jamais élaborée en ce monde.
Quelque chose d'affreux, de vil, d'incontrôlable. Et plus passionnant encore...
...Quelque chose d'inhumain.
Un être parfait, sous toutes ses coutures. L'idéal de ma conception de la robotique.
Comment un tel prototype a-t-il pu rôder librement dans le Fazbear's, pendant tout ce temps ?!
Et surtout, qu'est-ce qu'est-il, au juste ?
Quel inventeur suffisamment fêlé irait créer quelque chose comme ce... « Shadow » ?
J'avais le pressentiment qu'Helphys avait déjà toutes ces réponses en main.
Il agissait avec un calme déroutant ; c'était peut-être à ce moment précis qu'il ressemblait le plus à un véritable robot. Joyeux et perturbant, comme tout automate docile qui se respecte.
Quelle ironie de mauvais goût...
« - Mon frère, il n'y a pas de quoi paniquer ! » assura Helphys à son lugubre camarade, en riant aux éclats. « Laissons William aller travailler ! Ce qu'il nous a montré ce soir est très intéressant, tu ne trouves pas ? C'est si drôle... Tu ne trouves pas qu'il nous ressemble ? »
Shadow, toujours muet, resta inerte avant de reculer de quelques pas. Il se stoppa lorsqu'il atteignit le bureau de la cabine de surveillance. Helphys en profita pour s'avancer et reprendre la parole :
« - Mes excuses, mes excuses ! Hé hé... Shadow est irrécupérable. J'ai compris ta technique ! Tu peux partir sans crainte, William. Nous avons fait un marché : alors, je me charge de surveiller la pizzeria en ton absence ☆ »
Il tourna sur lui-même, visiblement content, tandis que son soi-disant frère ténébreux le regardait silencieusement. Je crus entendre un « Désolé » triste, prononcé trop bas pour être parfaitement audible, lorsque l'horrible automate s'en alla par le couloir Ouest.
Je ne me fis pas prier pour partir à mon tour ; une fois levé de mon siège, j'empoignais ma veste violette tout en empruntant la sortie Est de la cabine de surveillance.
Direction l'entrée principale.
Je n'ai même pas le souvenir d'avoir salué Helphys en partant. Glitchtrap me suivit sans broncher, en se téléportant du part et d'autre du restaurant, au fil de ma progression.
« - Je ne saurai dire lequel est le plus dangereux. » pensai-je, distraitement, en accélérant le pas.
« Ⱡ₳ Ɽé₱Ø₦₴Ɇ Ɇ₴₮ ÉVłĐɆ₦₮Ɇ, ₮Ʉ ⱠɆ ₴₳ł₴ » commenta le lapin moqueur, avant de disparaître.
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« - MONSIEUR AFTOOOOOOOOOOON !! »
Une voix stridente résonne subitement dans l'auditorium de Baby, en même temps que des bruits de pas robotisés.
Cette interruption m'arrache un sursaut ; je n'ai aucun mal à reconnaître Funtime Freddy, qui se dépêche de rejoindre le bas de l'estrade. Il ne se gêne pas pour rire de ma réaction :
« - Tu as vu ça Bon-bon ?! J'ai réussi à l'effrayer ! S-S-Sans le vouloir, en plus ! »
L'ours lève alors son bras droit, où est fixé son inséparable compagnon de jeu, pour le laisser s'exprimer :
« - Du premier coup, du premier coup ! » renchérit Bon-Bon, en levant les bras dans ma direction. « Bravo Freddy ! Tu─ »
« - On peut savoir ce que vous fichez hors de l'auditorium des Funtime ? »
Le ton employé est suffisamment froid pour faire passer toute envie de rire à Freddy et Bon-bon.
Je tourne la tête dans leur direction, quitte à interrompre mes travaux sur Baby :
« - Il faudra vous le répéter combien de fois ? Vous ne devez PAS quitter l'auditorium où l'on vous a placé, même en pleine nuit.
Retournez là-bas avant que les caméras vous filment ici, à traîner comme des idiots ! »
« - Mais on s-s-s-s'ennuiiiiie... » dramatise Freddy, dans le vain espoir de m'attendrir.
« - C'est pas mon problème. Foutez-moi le camp, et plus vite que ça. »
« - Méchant ! Méchant Mr. Afton ! » répète Bon-bon, en se balançant de gauche à droite.
Il pousse alors la chansonnette, inlassablement, sous les protestations de son ami l'ours métallique. Sa voix stridente retentit dans la pièce comme un écho, avec un volume suffisamment élevé pour me faire perdre patience en un éclair.
Je tape brusquement du pied :
« - SILENCE ! »
Les deux animatronics clandestins se taisent net, les yeux rivés sur ma personne. Je soupire, en me redressant pour approcher du bord de la scène de Baby ; je scrute le duo de toute ma hauteur.
« - Recommence à chanter ici, Bon-bon, et je te JURE que tu vas finir en pièces détachées... »
J'ajoute aussitôt, en laissant entrevoir un sourire diabolique :
« - Oh my...? Ça tombe bien. Il me manquait quelques boulons pour CB ~ »
« - NON non non ! Pas mes boulons !! » s'écrie Bon-bon, horrifié, avant d'aussitôt réguler le son de sa voix. « Pardon, pardon, pardon Mr. Afton... »
« - Pff. Tu vois quand tu veux... »
Freddy retient tant bien que mal ses rires, tandis que son ami bleu croise les bras d'un air boudeur. J'élève à nouveau la voix ; avec plus de sérieux, tout en empruntant la plateforme auto-élévatrice pour les rejoindre en bas de la scène...
« - La dernière maintenance ne vous a pas suffit, ou quoi ?
Dès que quelqu'un sera affecté au poste de nuit, il aura libre accès aux commandes de la salle de contrôle... Y compris aux électrochocs. »
« - Mais il n'y a p-p-p-personne pour nous surveiller ! » rétorque Funtime Freddy, en suivant ma descente du regard. « Et aujourd'hui, c'était pour la bonne cause Mr. Afton ! »
« - What the... ? »
La plateforme achève enfin sa descente, après quelques minutes ; j'atteins en un saut la terre ferme, pour ensuite m'approcher de Funtime Freddy.
La réalité à propos de notre différence de taille me rattrape vite : du haut de ses 1m82, le robot baisse légèrement la tête pour mieux me voir, avant de m'adresser un sourire toujours aussi égayé.
« - Donne-le lui, Bon-bon ! »
L'ours blanc tend son bras droit, pour mieux me présenter le lapin-marionnette au nœud papillon rouge. Bon-bon semble pris d'une sorte d'hésitation, avant de se décider à obéir.
Son corps automatisé pivote à 90°C, comme pour chercher quelque chose caché derrière son dos ; lorsqu'il se tourne à nouveau vers moi, c'est pour me tendre un objet de petite taille, long et ne cessant de vibrer.
Ces vibrations sont suffisamment fortes pour secouer Bon-bon, tel un shaker de barman remué dans tous les sens.
Il vient de me rapporter... Huh ?
Un téléphone mobile ?
L'appareil est replié sur lui-même ; il vibre sans doute à cause de la réception d'un appel vocal.
C'est étrange.
Il y a un porte-clé accroché à l'extrémité de l'appareil, il me rappelle mon...
...
...
Est-ce que─ ?
Est-ce que ces deux idiots ont VRAIMENT réussi à mettre la main sur MON téléphone ?
« - Hé, comment tu as fais pour- »
« - On l'a trouvé dans le Parts and Service ! » explique fièrement Bon-bon ; en profitant de quelques secondes de répit, sans la moindre vibration, pour m'adresser la parole. « C'est urgent, urgent ! Il n'arrête pas de trembler ! Brrr, brrr ! »
Je récupère le téléphone des mains de Bon-bon, en lui épargnant au passage une énième série de vibrations incessantes.
Freddy suit chacun de mes gestes du regard, attentif, sûrement curieux de connaître la raison de cet appel si « urgent ».
J'ouvre l'objet, d'un vif mouvement de main donné vers l'arrière. L'affichage s'allume aussitôt, d'une lumière vive.
Je ne peux m'empêcher de plisser les yeux ; non seulement à cause de la luminosité trop élevée, mais surtout en découvrant l'écran d'accueil.
24 appels manqués...
Dont 10 de Michael.
Qu'est-ce qu'il fabrique à une heure pareille ?
« - Merci... » je prononce, à l'intention de Freddy et Bon-bon, tout en recomposant rapidement le numéro.
J'amène l'objet contre ma tempe, dans l'attente d'une réponse, sous les regards indiscrets (et décidément très oppressants) de mes deux compagnons de nuit.
« - C'est le Birthday Boy !? » me questionne gentiment Freddy, tout d'un coup bien plus intéressé.
J'ignore sa question, trop perplexe pour pouvoir y accorder la moindre attention. Le concerné décroche, presque instantanément :
« - Construire des robots, c'est sympa, vieillard... Mais faudrait peut-être apprendre à décrocher plus vite, non ? » débute Michael, sarcastique, en parlant à mi-voix derrière le haut-parleur.
« - ... »
« - ... »
« - ... »
« - Pardon. C'était trop tentant. »
(tu viens de frôler une punition d'un an au lieu de quelques jours, sale gamin)
« - C'est un peu tôt pour chercher à se faire punir une deuxième fois, tu ne penses pas Michael ? »
« - OH ! OOOH ! ✨ J'avais raison ! C'est le─ » Freddy se fait aussitôt couper par Bon-bon, qui place ses petites mains mécaniques contre son imposante mâchoire, dans l'espoir de le faire taire.
« - Erm... Désolé. Et j'suis au courant : pourquoi tu crois que je chuchote, depuis tout à l'heure ? Liz dort toujours, je l'entends ronfler de sa chambre ! »
« - Et Evan ? »
Mon fils aîné ne dit rien, un court instant, avant de marmonner :
« - Il a fait un cauchemar.
Cette mauviette arrêtait pas de pleurer à côté de ma chambre. Parce qu'il était mort de trouille et que t'étais pas là pour venir à sa rescousse. Pour une fois... »
« - Encore un cauchemar ? » je réponds, préoccupé par l'état d'Evan. « Est-ce qu'il va mieux ? »
« - Ouais. Il dort maintenant. »
J'ai arqué un sourcil :
« - Il... dort ? »
« - Enfin, il s'est endormi dans ma chambre, après que je sois venu le chercher.
J'lui ai prêté mon lit, en montant la garde devant la porte comme un débile, pour qu'il pense à autre chose. Ce gros bébé me gâche la soirée, mais bon... »
Michael râle un peu, avant de retomber dans son silence. Ce geste de sa part me surprend un peu, je dois bien l'avouer ; c'était inespéré de le voir un jour se comporter ainsi avec son petit frère. Un tel élan de gentillesse...
Je souris en y songeant.
Au final, cela lui ressemble beaucoup plus d'agir de cette façon ; rien à voir avec son attitude de sale gosse, qu'il ne lâche pas ces temps-ci.
« - Tu vois quand tu veux... » je réponds, provoquant chez lui un grognement de mécontentement.
« - C'est juste parce que j'ai pas envie de me faire encore plus punir quand tu rentres ! C'est tout. »
« - Mentir, c'est bien Mikey... Mais il faudrait peut-être apprendre à inventer des excuses plus crédibles que ça, non ? »
« - Hé ! C-C'est... » il s'interrompt lui-même, pour éviter de faire davantage de bruit. « C'est pas vrai, je mens pas en disant ça. Et arrête de me voler mes phrases, c'est même plus de ton âge ces trucs-là ! »
Je ricane, en laissant Michael exagérer sur les circonstances de ma victoire, avant que mon téléphone ne se mette une nouvelle fois à vibrer.
J'ai retenu de justesse une injure : fallait-il vraiment que quelqu'un d'AUTRE soit debout à (bientôt) 5 heures du matin, et suffisamment bête pour m'appeler alors que je passe un moment appréciable avec mon fils ?
J'inspecte discrètement le nom affiché sur l'écran de l'appareil...
...
Qu- ?
« - Michael... Est-ce que Logan est avec toi ? »
« - Hein ? Non, je l'ai entendu partir vers 23h. Ah et !- il m'avait dit de te dire que Mr. Fitzgerald avait besoin de lui au Freddy's Fazbear Pizza.
Heh... Je le plains. J'suis sûr que Fitz' est pire qu'Evan, vu comment il a peur de son ombre. Tu crois que Logan avait oublié son propre tour de garde avec lui ? »
Freddy's Fazbear Pizza.
Le nom est trompeur ; mais ce n'est pas du tout le même bâtiment que celui où j'ai croisé Helphys, il y a quelques heures.
C'est un autre restaurant situé au sud de la ville.
Un bâtiment encore fermé, qui accueillera des animatronics neufs dans quelques temps.
Le service de sécurité est assuré chaque soir, pour éviter toute intrusion et les vols de matériel.
Mais c'est tout de même étrange...
Étrange que Jeremy ait demandé à Logan de venir en urgence là-bas, sans raison apparente.
Et encore plus étrange que ce dernier utilise son téléphone en plein service...
Après tout, l'horloge n'affiche toujours pas 6 AM ; il est encore interdit d'y toucher.
Alors qu'est-ce qui lui arrive ?
« - Tu m'excuseras, Mikey... Il va falloir que je raccroche.
Merci pour ton frère ; on en reparlera dès mon retour. Essaie de dormir ! »
« - Hé, attends ! Pourquoi tu─ »
Trop tard.
Je stoppe notre appel, sans lui laisser le temps de parler davantage, pour finalement pouvoir répondre à celui de Logan. La conversation est lancée, in extremis.
Pas un son n'est, dans un premier temps, audible à travers le micro.
J'attends quelques minutes, en indiquant furtivement à mes deux spectateurs toujours présents de retourner à leur stage.
Je fais le premier pas, sans vraiment réfléchir :
« - Hey, love ~ Navré du retard. Michael m'a tout raconté et... »
« - Salut Afton. »
(Qu'est-ce que...)
Un frisson me parcourt, sous le coup de la stupeur.
Cette voix grave et rauque...
C'est pas celle de mon amant.
J'arrive même, sans grande difficulté, à en reconnaître le propriétaire :
« - Mike. C'est quoi ce bordel. T'étais pas censé avoir pris ta soirée ? »
« - Y a eu un changement de dernière minute, William... Un... très gros changement... »
Le ton de sa voix est tremblant.
Plus invraisemblable encore : il m'appelle par mon prénom.
Aucune insulte, aucune rancœur comme son post-it de la tablette le laissait entrevoir.
Ce n'est pas habituel.
Serait-ce un défi, une blague ou une saloperie du même genre ?
« - Où est Logan ? » je demande, pressé d'entendre la voix de ce dernier.
Mike ravale sa salive, soudainement muet. Je répète aussitôt la question :
« - Mike, où est Logan ? »
« - ...Mec, je... »
« - Tu comprends pas ? Réponds. Maintenant. Où est Lo─ »
« - J-Je suis désolé... T'ENTENDS ABRUTI ?! Désolé !! »
Mon regard se fige.
Un sanglot se laisse entendre à travers le micro du haut-parleur.
Mike n'arrive même plus à parler correctement, après son espèce de cri de cœur.
Sa voix est complètement troublée.
Perturbée par ses propres larmes.
« - Je sais pas... ! Je sais pas comment toute cette merde a pu arriver... Je t'assure, putain ! »
Je n'ose plus bouger.
Une sorte de paralysie.
Mon corps entier refuse de m'obéir.
« - J... Jeremy a tout vu sur les caméras... Il a pas pu empêcher Logan d'entrer dans ce local du backstage... Personne ne savait... P... Personne ne pouvait imaginer un truc pareil... »
Ma main tremble.
J'arrive à peine à maintenir correctement le téléphone.
Je ne parviens même plus à distinguer l'environnement autour de moi.
Tout... a disparu.
« - On l'a retrouvé dans la pièce─ devant le vieux prototype de Fazbear... Le Golden, là... »
Plus rien ne compte.
Plus rien ne me monte au cerveau.
Excepté la voix sanglotante de Mike. Le sens de ses paroles, qui me lacère déjà l'âme.
Et cet horrible sifflement qui commence à résonner dans mes oreilles, m'écartant peu à peu de cette réalité.
« - Il y avait du sang partout, c'était... c'était une catastrophe... »
(Serait-ce un cauchemar ?)
« - Sa tête était coincée dedans... il... il respirait plus... J'ai pas réussi à le sortir à temps ! J'ai rien pu faire, William ! Pardon, pardon, je... Tout... Tout est de ma faute...!! »
(Mais si c'est bien un rêve... )
(Qu'est-ce que j'attends pour me réveiller ?)
« - Jeremy a appelé les secours... Ils ont embarqué Logan avec eux... Faut que tu viennes, je t'assure que c'est tout sauf une foutue blague... »
(Ça ne peut pas être réel...)
« - Pardonne-nous... Pardonne-nous de ne rien avoir pu faire... C'était un accident... ! »
C... C'est impossible...
C'est une plaisanterie, pas vrai ?
Dis quelque chose, allez... ! N'importe quoi...
Révèle le jeu d'acteur de Mike, en dévoilant que tout ça n'était qu'une putain de farce...
Bon sang, arrête, ça suffit !
Ce n'est plus drôle, ça ne prend plus !...
L-Les choses ne vont pas tourner de cette façon, hein... ?!
Pas ça...
Tout sauf ÇA ...
Je t'en supplie, Logan !!
« - William... »
« - ...Je crois pas qu'il s'en sortira... »
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