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Le temps s'enchaîne.

La vie se poursuit.

Pourtant, depuis un moment, j'ai l'impression de ne plus rien suivre.

Comme si tout s'était arrêté.

...Ou est-ce seulement moi qui ait perdu le fil ?

Plus rien ne m'anime. Plus rien n'a de goût.
J'ai l'impression de gaspiller mon temps à espérer...
Espérer trouver la force.
Au moins celle de regarder ma famille en face, après cette nuit d'horreur.

Cette nuit... Cette foutue nuit...

Il me faut un autre verre.
M'en rappeler me défonce le crâne.

« - William ? »

La voix de Henry me fit reprendre contact avec la réalité.

Je l'entendais avancer derrière moi, pour me rejoindre au salon.

Il avait insisté pour s'inviter à la maison. Par inquiétude, disait-il.

Je m'en moquais un peu ; je n'avais pas la tête à discuter avec lui...

Les enfants l'apprécient, lui et sa fille : c'est la seule chose qui me retenait de le mettre à la porte.

« - Qu'est-ce que tu veux, Henry... »

« - Oh, rien de spécial. Enfin... Je devais te parler. Par rapport à ce qu'il s'est passé... »

Cette dernière phrase eut le don de me refroidir.

Il avait le chic de parler des mauvaises choses au mauvais moment, ou cherchait-il juste à m'énerver ?

« - J'ai rien à te dire, Henry. J'espère pour toi que t'as pas cherché à en reparler aux enfants... »

« - Quoi ? Pourquoi ? Eux aussi étaient proches de Logan, non... ? Pour quelles raisons ne pourraient-ils pas- »

« - JE T'INTERDIS DE PRONONCER CE NOM ! »

La stupeur se lisait sur son visage, au moment où j'eus haussé la voix. Je me redressais, la tête lourde, exaspéré par ces questions que je n'avais plus la patience d'entendre.

« - De quel droit tu te permets de me parler de tout ça ? T'es bien mal placé pour me faire la morale ou parler de lui... »

« - William je... je ne voulais pas te... »

« - Qu'est-ce qu'il foutait dans une ronde nocturne, à 2h du matin ? Et qu'est-ce que fichait cet animatronic dans le restaurant, tu peux m'expliquer ?

Dans une pièce à la porte déglinguée, et si facile d'accès...
Ces modèles ont pas été retiré de la vente pour rien.
Toi-même les jugeais trop dangereux pour qu'on puisse les approcher, hein Henry ? »

« - Ce n'est pas... »

« - T'avais quoi en tête ? Nous faire une surprise !?
Ressortir un tas de ferrailles dangereux en laissant le premier venu se faire mordre ?
Hah ! C'est pas vraiment l'idée que je me faisais de ce que nous avi... »

« - Il n'y a plus de NOUS ! »

Henry se releva, visiblement à cran. Je le fixais froidement, retombé dans mon silence, alors que son poing serré tremblotait à chacune de ses paroles.

« - Rien n'est plus pareil... » prononça-t-il, à bout de nerfs. « Tout a changé. Tu as changé !
J'aurai dû écouter Clara quand elle essayait de m'avertir... Quoi que je dise, quoi que je fasse, tu ne feras que ce qui t'arrange ! »

« - Quel rapport avec Clara ? » rétorquais-je, agacé. « Les faits sont là. Assume-les. »

« - Tu n'as rien compris... » fit-il, le regard haineux. « Je n'ai jamais caché l'un de ces prototypes...

...et je n'en suis pas non plus le créateur, enfoiré. »

Un silence. Avant même que je ne réponde, Henry s'empressait de tourner les talons vers l'entrée.

« - J'en ai assez entendu. » souffla-t-il, en empoignant sa veste. « Reste auprès de ta famille. Reviens au Fazbear's quand tu auras les idées bien en place...
Ça vaut mieux pour tout le monde, je pense. »

Je crus l'entendre marmonner un « Bonne soirée » dédaigneux, avant de claquer la porte en partant.

Un soupir m'échappa.

Cette conversation n'avait servi à rien d'autre qu'à me mettre les nerfs à vif.

Je me rasseyais sur le canapé du salon, lassé, avec cette migraine me tiraillant le crâne.

L'idée de prendre un autre verre m'effleura l'esprit.
Je chassais aussitôt cette idée, en fermant les yeux, dans l'espoir de penser à autre chose.

C'est le moment que la silhouette dissimulée derrière la porte choisi pour sortir de sa cachette.

Evan se rendit à pas feutrés jusqu'au canapé. Hésitant.

Son ours en peluche jaune était fermement serré contre lui ; les yeux moites, il n'osait pas parler.
Sans doute avait-il assisté à cette violente discussion.

J'entrouvris un œil. Nos regards se croisèrent.

« - ... »

Je relevais l'un de mes bras, sans un mot ; Evan ne se fit pas prier pour me rejoindre, en blottissant sa tête contre mon épaule. Ma main lui caressa la tête, alors qu'il sanglotait, apeuré.

« - Oncle Henry est vraiment bruyant, quant il veut, hein ?... » j'ai marmonné, d'une voix se voulant plus douce, alors qu'il hochait frénétiquement la tête.

Il lui fallut quelques minutes avant de ravaler quelques larmes, et parler à travers ses sanglots, sans décoller sa tête.

« - Logan... i-il me manque... »

Suite à ses mots, ses pleurs redoublèrent.

J'ai continué mon geste, en silence, trop concentré sur lui pour apercevoir l'ombre nous scrutant depuis cette même porte.

Michael nous fixait, silencieux.

Avant de s'enfoncer dans les ténèbres du couloir, pour se rendre jusqu'à sa chambre, sans un mot.

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