𝐈𝐈. HIS BELOVED

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« - Hé oh ?... Will, tu m'écoutes ? »



Je cligne des yeux, aussitôt tiré de mes pensées ; en levant la tête, je réalise que je n'ai pas bougé de la cabine de surveillance.
Depuis un petit moment déjà.


Il fait noir.
Seules les images confuses des caméras de sécurité, ainsi qu'une insignifiante LED accrochée au plafond, éclairent légèrement la cabine.

Des posters à l'effigie des mascottes du Freddy Fazbear's Pizza sont accrochés aux murs sombres et sales de cette pièce ridicule.

L'horloge numérique indique 5h du matin. Depuis combien de temps je suis planté là, à ressasser ces conneries d'enfance ?


« - Hé. Réponds-moi quand je te parle, idiot... »

Une main familière vient me pincer la joue, avec mécontentement, pour m'obliger à redescendre sur Terre. Le geste n'est pas douloureux ou méchant : plutôt soucieux, même.

Je le reconnais entre mille, avec l'« idiot » significatif qui accompagne sa phrase.


Un sourire se trace sur mes lèvres :

« - Bonsoir Logan. »


« - À quoi tu penses ? » m'interroge-t-il, l'air blasé, en relâchant ma joue. « Tu es resté muet pendant plus de deux heures... Ça te ressemble pas. »

« - Woah. Deux heures, vraiment ? »


Mon collègue préféré hoche la tête, insatisfait.

« - Ouais...
Qu'est-ce que tu es en train de lire ? »



Il zieute sur cette page jaunie tirée d'un vieux carnet, que je tiens toujours dans les mains. Hélas pour lui, je la froisse immédiatement, en la compressant entre mes doigts.

« - Rien d'important. De quoi on parlait, déjà ? »

« - Mais ?! » s'exclame Logan, surpris, avant de soupirer. « Idiot. Tu m'obliges à me répéter, mais bon... »



Sur cette réprimande, nos regard se croisent.

Un silence.

Nous sommes à quelques centimètres l'un de l'autre.


Logan remarque vite cette proximité entre nous deux. Un peu comme un déclic.

Mon homme rougit violemment, en s'empressant de tourner la tête vers l'écran des caméras de sécurité, pour essayer de se reprendre.


Pff. J'apprécie sa façon maladroite d'être embarrassé...

Ça le rend encore plus irrésistible.

« - Tu disais, sweety ? » ricanais-je, en passant mon bras par dessus son épaule.

« - Je... enfin, je disais que... »


Logan déglutit, avant de baisser le menton.

« - J'ai accepté l'offre du patron. Je vais être de poste pour le week-end. » admet-il, sans relever la tête, la voix perturbée par quelques tremblements.

« - Hein ? Attends... c'est une blague ?- Encore cette semaine ? »


Logan ne me répond pas, aussi immobile et silencieux qu'un animatronic sans batterie.

Ma réaction ne l'encourage visiblement pas à continuer... Évidemment.


C'est la quatrième─ non, cinquième fois qu'il accepte de faire des heures supplémentaires dans ce restaurant ; soi-disant parce que "le boss" réclame sa présence.

Aussi dingue que ça puisse paraître... J'ai plutôt l'impression qu'il s'arrange pour passer les trois quarts de ses nuits ici.


Pas sûr qu'il soit aussi obsédé par les animatronics que Fitz...

Je suis curieux de savoir pourquoi il persiste à vouloir revenir. Chaque soir. Dans ce fichu restaurant.


Je retire mon bras, sans un mot. Cette initiative n'a pas l'air d'étonner Logan ; il devait s'attendre à ce que cet énième « imprévu » me déplaise. Comme presque chaque semaine.


Je l'entends murmurer, d'un ton étrangement peiné :

« - Désolé, Will. »

« - Tu le fais exprès, hein ? » je soupire, avec frustration. « Je vais finir par croire que tu m'évites. »

« - N'insiste pas, idiot. J'ai pas le choix, arrête de te faire des idées... »



Le plus aberrant, c'est qu'il continuera sur cette lancée. Inutile de continuer à le harceler de questions: comme chaque semaine, Logan ne crachera pas le morceau.

Oh. Oui bien sûr, j'ai déjà essayé de le faire parler, en insistant lourdement sur le sujet. Ça s'est produit la troisième fois qu'il m'a fait le coup, je crois bien...

(et ça m'aura valu absolument rien, hormis une belle baffe)



...Tss. Tant pis.
Ça m'obsède, mais il va falloir faire avec. Une fois de plus.

Logan reste muet, perdu dans ses pensées. J'opte pour l'originalité, en tournant à nouveau mon siège vers l'écran des caméras de surveillance.


Là, il me suffit d'attendre sagement, en faisant mine de travailler.
Sans accorder la moindre attention à mon collègue.

Tout simplement.

Du grand art.


Derrière ses quelques mèches de cheveux bruns, j'aperçois déjà son regard d'émeraude me fixer.

Mh... C'est encore plus facile que je le croyais.


5...

4...

3...



2...






1... ~



« - ...Tu... m'en veux, juste pour ça ? » finit-il par demander, embêté.

« - Peut-être. »






« - C'est pas drôle, Will ! »

« - J'ai jamais dis pas le contraire. »






« - Arrête de bouder, on dirait un gamin de cinq ans... »

« - Nope. »









« - ...William Afton. »

« - Logan Brown ? »



« - Tu vas m'ignorer encore longtemps ? » grogne-t-il, avant de sursauter. « C'est... HÉ. TE FAIS PAS D'IDÉES BIZARRES.
C'est pas comme si je voulais que tu t'intéresses à moi... ou un truc du genre. Moi aussi, je peux très bien t'ignorer !? J'en suis capable, crétin ! C'est juste que... »

« - Je n'en doute pas, darling. »

« - Qu...? Tu oses te moquer en plus ?! »


Un rire m'échappe, attendri. Cette soirée prenait enfin une tournure amusante.

Mais à peine Tsundere boy saisit-il le dossier de ma chaise -pour me forcer à lui faire face- que l'horloge numérique sonne les coups des 6 heures.

(accompagnée de cette sonnerie étrange d'enfants joyeux, dont je ne saisis toujours pas le concept)



...
F*ck.


Pris au dépourvu, nous nous fixons bêtement tous les deux, d'un air de dire : « Ah, c'est déjà le matin ? ».

La sonnerie bizarre passée, Logan est le premier à se ressaisir.


Il relâche mon siège en grommelant, frustré, pour ensuite se redresser et saisir sa veste. Je le regarde innocemment, affalé sur ma chaise, alors qu'il s'apprête à sortir de la cabine :

« - Bref... Je dois y aller, Liam.
On se voit plus tard. » déclare mon petit ami, en retrouvant son calme habituel. Il m'adresse un sourire discret, tout en s'éloignant.



« - Hey, Logan...? » l'interpelle-je, sans le quitter des yeux.

« - Oui ? »












« - Tu me maaaanques... Embrasse-moi ? ♡ »

« - ?! D... Dans tes rêves, abruti ! » lance-t-il, les joues rougies, en empruntant précipitamment le couloir de droite.

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