J'aimerais te parler. De tout de rien, peu importe.  Je veux juste te voir et t'entendre pour de vrai. Ne plus avoir besoin de regarder des vieilles photos pour me rappeler de la couleur de tes yeux. Ne plus me balader la nuit jusqu'à l'épuisement pour pouvoir dormir. D'un sommeil sans rêves.

Parfois je me dis que tu es là, à nous regarder vivre. Tu regardes tes enfants, tes petits-enfants, tes amis. Suis-je fou de penser ça ? A être encore dans le déni, des années après ? Ou juste désespéré ?

J'étais ton petit héros, ton petit garçon adoré.  Mais me voilà adulte, quatorze ans après a être encore hanté par le souvenir de son père. 

J'aimerais tant te parler. Te demander pourquoi tu m'a caché tout ça ? Au fond de moi j'ai la réponse.  Mais j'aurais voulu que tu attendes quelques dizaines d'années pour mourir. Des centaines si possible.

Je suis lâche. Egoïste. Tu es sûrement mieux maintenant. Je ne le saurais jamais.

Parle moi. S'il te plaît. Dis moi que ce n'est qu'une mauvaise blague.

 J'aimerais tellement te parler.

Et te voir.