Chapitre 2

À vingt heures, alors que les derniers élèves s'en allaient, Harry décida de rester attablé, voyant que Malefoy ne bougeait pas malgré les insistances de ses amis.

Les professeurs vinrent lui démontrer leur amitié en quittant la Grande Salle et quand enfin, le blond fut seul – ne restait que McGonagall assise à la table de professeurs, en train de lire –, le Gryffondor rejoignit le Serpentard et s'assit en face de lui, de l'autre côté de la table.

— Tu vas à St-Mangouste ce soir ? demanda-t-il.
— Bien obligé, fit le blond d'une voix enrouée.

Il se racla la gorge et Harry soupira. Il attrapa la main du blond et croisa leurs doigts. Malefoy resserra ses doigts sur ceux du brun et soupira profondément.

— Est-ce que tu veux que je vienne avec toi ? demanda-t-il alors doucement.
— Pourquoi est-ce que je voudrais une telle chose ? Nous ne sommes pas amis, Potter, il me semble... répondit le Serpentard en fronçant les sourcils.
— Oui, tu as raison. Je te laisse en paix alors...

Harry retira sa main et quitta la table. Il regarda McGonagall qui les fixait tous deux sans sourciller.

— Sois fort, Malefoy, fit alors le brun en se détournant.

Il quitta la Grande Salle, mais resta dans l'entrée. Il s'adossa alors à l'une des portes en or massif et entendit les pas de McGonagall se rapprocher.

— Tout d'abord, je tiens à vous présenter mes condoléances, Monsieur Malefoy, dit la sorcière. Vous vivez-là une bien dure épreuve, mais vous vous en sortirez, vous êtes quelqu'un de fort.
— Merci, professeur, répondit Malefoy.

Un silence passa. Une chaise remua puis la voix de McGonagall reprit :

— Drago, je sais que vous et Monsieur Potter ne vous supportez pas l'un l'autre, mais il vous offre son soutient dans cette épreuve qui vous affligé, dit-elle. Qui d'autre en a fait autant ? Monsieur Zabini ? Miss Parkinson ? Non, hein...

Harry déglutit. Il savait les Serpentards sans cœur, mais pas à ce point-là... Retenant son souffle, il tendit l'oreille à nouveau.

— Drago, j'ai entendu l'offre qu'il vous a faite, dit McGonagall. Et pour avoir vécu plusieurs situations similaires au cours de ma carrière, je vous conseille d'accepter qu'il vous accompagne à St-Mangouste. Ne serait-ce que pour ne pas être seul.

Harry entendit le blond déglutir bruyamment et McGonagall acheva sa tirade.

— À cette heure-ci je pense que vous le trouverez dans les jardins... dit-elle avec un sourire dans la voix, un peu plus fort que d'habitude.

Comprenant que cette phrase lui était destinée, le Gryffondor prit ses jambes à son cou et fila ventre à terre en direction des jardins en s'efforçant de ne faire aucun bruit.

.

Harry était assis sur une grosse pierre non loin des serres. Il croisa ses bras sous sa cape et leva la tête vers la lune à moitié mangée. Il était la depuis plusieurs minutes et il commençait à avoir froid. Soudain, il entendit un froissement et soupira.

— Je sais que tu es là, Malefoy... dit-il. Approche, je ne vais pas te manger...
— Comment tu m'as reconnu ?
— Tu as une façon de marcher qui est unique, fit le brun en se tournant vers le blond. Que se passe-t-il ?

Malefoy se mordit la lèvre inférieure et resserra les pans de sa cape sur ses épaules.

— Je vais partir pour St-Mangouste dans quelques minutes et... et je me demandais si... enfin...

Harry eut un petit sourire. Il se leva de son rocher et s'approcha du Serpentard.

— Oui, je vais t'accompagner, dit-il.

Malefoy déglutit et ferma les yeux. Harry repoussa alors une mèche blonde sur le front du blond qui détourna la tête.

— Arrête... Ce n'est pas le moment... dit-il.
— Je ne fais rien de mal, dit Harry.

Il attira alors le blond à lui. Celui-ci résista un peu mais finalement se laissa faire et soupira.

— Tu profites de ma faiblesse... dit-il. Du fait que je ne suis pas en mesure de réfléchir correctement...
— Oui, avoua Harry. Mais ça te fais du bien... et c'est l'essentiel.

Le blond grogna et Harry l'attira dans ses bras. Ils se cramponnèrent l'un à l'autre en silence et restèrent sans bouger de longues secondes.

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Depuis la fenêtre de la tour de Gryffondor, Hermione pinça les lèvres. Elle se tourna vers Ron et croisa les bras.

— Il est avec lui en bas dans le parc... dit-elle. Je le sens mal... Harry ne devrait pas profiter de la faiblesse de Malefoy comme ça pour assouvir ses envies...
— Envies, envies, le mot est un peu fort, dit Ron, plongé dans un livre.
— Peut-être, mais quand Malefoy aura repris ses esprits, Harry va tomber de haut...
— Peut-être pas.
— Et c'est toi qui dis ça ?

Ron ferma son livre.

— Écoute Mione, Harry est un grand garçon, dit-il. Nous avons accepté son attirance pour les hommes depuis de longues semaines, et s'il veut profiter du fait que Malefoy soit accablé par le chagrin et donc qu'il ne peut pas se défendre, tant mieux pour lui. Malefoy ne doit pas rester seul, tout le monde le dit...

Hermione fronça les sourcils et s'assit près de lui en tirant son livre de devoirs.

— Tu es bien philosophe ce soir, toi... C'est la lune qui te rend comme ça ? Quoi qu'il en soit, je maintiens que ce n'est pas bien de profiter du malheur d'autrui pour arranger son bonheur.
— Harry a une montagne d'amour à donner, dit alors Ginny en s'approchant. Autant que ce soit quelqu'un qui en a réellement besoin qui en profite, vous ne croyez pas ? Malefoy va puiser dans ces sentiments à volonté pour se remonter parce qu'il ne faut pas compter sur les Serpentards pour soutenir leur Leader...

Ron hocha la tête, mais Hermione pinça les lèvres. Elle retourna alors vers la fenêtre, mais les deux garçons avaient disparus. Elle soupira alors puis annonça qu'elle montait se coucher.

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Dans le bureau de Dumbledore cependant, on attendait l'arrivée imminente via le réseau des cheminées, d'un Medicomage venu chercher Malefoy.

Celui-ci se tenait prostré sur une chaise, les mains agrippées au rebord. Harry, debout face à McGonagall, un peu plus loin dans la pièce circulaire, le regardait tristement.

— C'est très gentil à vous de lui avoir proposé votre soutient, Potter, fit la vieille femme en posant une main sur l'épaule du brun. Quand on sait que vous ne vous supportez pas, c'est très courageux. D'autant plus que les prochains jours vont être supportables, mais les vacances de Noël et là, cela va être très dur.

Harry tourna alors la tête vers Dumbledore.

— Si tu veux une autorisation pour aller avec lui pendant les vacances, je dois en référer au Ministre... fit-il.
— Je pensais plutôt à rester ici avec lui... Qu'il ne retourne pas au Manoir tout seul... dit Harry.
— Cela revient au même, je dois demander l'autorisation, fit Dumbledore.

Le feu de la cheminée s'énerva soudain puis un sorcier tout sec habillé d'une robe blanche à col montant, sortit du foyer.

— Medicomage Albret Farm, je viens chercher Monsieur Malefoy Junior.
— Je... fit le blond d'une voix qui partit en vrille. Je suis là, dit-il ensuite après s'être raclé la gorge, se levant de sa chaise, droit comme son éducation le lui avait appris.
— Je peux l'accompagner ? demanda Harry au Medicomage.
— Ha... Harry Potter, dit-il avec un demi-sourire. Bien entendu, vous pouvez venir...

Les trois sorciers se dirigèrent alors vers le foyer, y entrèrent et, la seconde d'après, ils étaient dans le hall de St-Mangouste où régnait un calme déroutant. L'heure était tardive, c'était relativement normal, mais perturbant.

— Suivez-moi, fit le sorcier médecin.

Les deux garçons le suivirent en silence. Ils prirent un ascenseur, puis des escaliers à n'en plus finir, et enfin un long et large couloir à peine éclairé.

Harry reconnu aussitôt la double-porte qui se présenta devant eux : grise, avec deux petits hublots et une grosse poignée en métal : c'était sans aucun doute l'entrée de la Morgue.

Comme le Medicomage s'arrêtait devant ladite porte, Malefoy pila. Harry posa ses mains sur ses épaules.

— Je vais rester dans le couloir... dit-il doucement.

Le blond secoua frénétiquement la tête et se retourna.

— Non... Non, viens avec moi, souffla-t-il. S'il te plait...
— Très bien...

Le Gryffondor laissa glisser ses mains dans le dos du Serpentard puis il saisit la main du blond et le Medicomage les regarda fixement quelques secondes avant de pincer les lèvres puis de se détourner.

Harry sourit légèrement. Il croisa ses doigts à ceux du blond puis ils suivirent tous deux le médecin dans la grande pièce froide aux murs carrelés de blanc.

— Par ici, fit le Medicomage à voix basse.

Leurs pas résonnèrent contre les murs stériles et Harry senti la main du blond se resserrer violemment sur la sienne comme le Medicomage se glissait entre deux longues tables recouvertes d'un drap blanc sous lequel on pouvait deviner la forme d'un corps masculin et celle d'un corps féminin.

— Je vous demande simplement de me dire si oui ou non ce sont des personnes que vous connaissez, fit le Medicomage en prenant un coin du drap qui recouvrait la silhouette masculine. Si c'est trop dur, Monsieur Potter pourra répondre à votre place ?

Malefoy hocha lentement la tête puis déglutit. Il soupira ensuite et regarda le médecin qui replia le drap blanc sur la poitrine de l'homme, de façon à ne montrer que sa tête et le haut de ses épaules.

Harry sentit alors quelque chose en lui s'envoler et quand Malefoy tituba, il me retint par le bras.

— Ce n'est pas Monsieur Malefoy... dit-il alors.

Le Medicomage hocha la tête. Il se tourna vers l'autre table et replia aussi le drap et là, le Serpentard s'effondra, ses jambes ne le portant plus.

— Pas Madame Malefoy, dit Harry comme le blond s'appuyait contre ses jambes en se mettant à pleurer de soulagement.
— Merlin merci... dit-il alors.

Harry se pencha vers lui, le prit par les bras et le remit sur ses jambes. Le Medicomage les conduisit alors dans son bureau et les fit asseoir. Il leur servit un verre d'alcool et Harry se tourna vers lui.

— Qui sont ces personnes ?
— Nous pensions qu'ils étaient Monsieur et Madame Malefoy, jusqu'à maintenant...
— Ils leur ressemblent il est vrai, dit Harry. Mais ce ne sont pas eux...

Malefoy déglutit, son verre à la main. Il le vida d'un coup et se frotta le visage.

— Où sont mes parents alors ? demanda-t-il.
— Nous ne savons pas... fit le Medicomage. Il y a une semaine, quelqu'un nous a envoyé un hibou en nous signalant qu'il y avait eu bagarre dans un manoir du Wiltshire. Quand nous nous y sommes rendus, nous avons trouvé ces deux personnes mortes dans le salon. Apparemment, elles s'étaient bel et bien battues, la femme porte des marques de coup de poings et elle a la nuque brisée, probablement suite à une gifle ou une chute. L'homme, quant à lui, à des marques de griffures sur le visage et le torse. J'imagine que la femme aura du vouloir se défendre pendant que l'homme la battait. Il l'aura bousculée, elle sera tombée et se sera brisé la nuque...
— Comment est-il mort alors ?
— Là est le mystère. Il n'a aucune marque sur le corps autre que les griffures. Nous pensons à du poison, mais les résultats ne sont pas encore revenus du laboratoire.
— C'est ce que mon père aurait fait s'il avait accidentellement fait du mal à ma mère... fit Malefoy en regardant fixement son verre d'alcool vide.
— Vos parents se disputent souvent ? demanda le Medicomage.
— Pas souvent non, mais il arrive à mon père d'entrer dans de violentes colères et de frapper ma mère, mais pas au point de la tuer. Cependant, je sais mon père porter une dose de poison dans sa chevalière, au cas où.

Le blond retira alors la chevalière qu'il portait à l'annulaire droit et la tendit au Medicomage qui haussa les sourcils.

— Analysez celui qui se trouve dans la mienne...

Harry ouvrit de grands yeux, surpris.

— Tu... Tu te balades depuis tout ce temps avec du poison dans ta bague ? dit-il, choqué.

Le blond ne répondit rien. Le Medicomage ouvrit alors le compartiment de la bague situé sous l'émeraude et vida le poison dans une petite fiole. Il rendit ensuite la bague au blond, mais Harry la saisit au vol et la mit dans sa poche. Le Serpentard ne protesta pas.

— Pouvons-nous y aller ? demanda alors le Gryffondor.

Le Medicomage hocha la tête et les deux garçons s'en allèrent rapidement.

.

Lorsqu'ils furent dans les rues de Londres, Harry fut à peine surpris quand Malefoy se rua vers un tas de poubelles pour vomir.

— Ça va mieux ? demanda-t-il quand le blond revint en s'essuyant la bouche avec sa manche.
— Tu ne peux pas savoir à quel point...

Un silence passa puis Harry regarda fixement de l'autre côté de la rue.

— Est-ce... Est-ce que tout va redevenir comme avant maintenant ? demanda-t-il alors, les mains dans les poches de son pantalon.
— Pourquoi en serait-il autrement ? fit le blond sur un ton rude en s'éloignant. Tu m'as offert ton soutien, je t'en suis reconnaissant, mais je n'ai pas de dette envers toi, Potter. Rentrons à Poudlard maintenant.

Harry déglutit. Il s'attendait bien à ce que le blond, d'une façon ou d'une autre, le repousse, mais il ne put empêcher une énorme boule de se former dans sa gorge puis il soupira longuement et suivit le blond vers le Chaudron Baveur qui se trouvait non loin, restant à plusieurs pas derrière lui.

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