7. Standing next to you

Nous survivrons à l'épreuve du temps
Je promets de rester ici

À côté de toi
À côté de toi devant le feu, oh
Tu sais que c'est plus profond que la pluie
C'est plus intense que la douleur
Quand c'est profond comme l'ADN
Quelque chose qu'ils ne peuvent pas nous enlever
Nous enlever-enlever-enlever-enlever- enlever-enlever

Juste à tes côtés

Standing next to you - Jung Kook

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Le grand requin blanc, féroce et grand prédateur solitaire au sommet de la chaîne alimentaire de l'océan, est la seule espèce de requin à sortir la tête de l'eau pour observer ses proies potentielles, guidé par son instinct. Seo Chang Bin, star populaire de mon lycée, meilleur meneur de jeu de notre équipe de basket et féroce prédateur attrape-filles, guidé par son instinct.
La grue du Japon, qui lorsqu'elle est bébé est d'une couleur insignifiante et maladroite mais dès qu'elle grandit déploie ses magnifiques ailes et sa couleur blanche dans l'élégance incarnée, son apparence extrêmement gracieuse lui donnant l'apparence d'une danseuse de ballet. Choi Eun-Byol, en pleine adolescence malaisante avec ses lunettes et son acné, mais qui à la rentrée de première année de lycée a déployé ses ailes et pris son envol, ce qui n'a pas échappé aux mâles alphas de notre espèce.
Le paon, qui lors de la parade nuptiale, exhibe son plumage remarquable et coloré en le déployant, secoue ses plumes pour provoquer un bruit de cliquetis destiné à attirer la femelle et impressionner les autres mâles lors de combats singuliers. On sait depuis peu qu'il est capable de faire vibrer à distance la crête située sur la tête de la femelle. Hwang Hyunjin, lui, exhibe toutes ses magnifiques couleurs et ses atouts devant autant de filles que de garçons, dans le but d'attirer de l'attention sur lui...Enfin vous saisissez dans quel but.

En ce qui concerne l'accouplement, je ne sais pas vraiment à quelle espèce je pourrais appartenir. Bon, il est vrai que je n'ai jamais fait l'amour. Je n'ai rien contre, c'est juste que je n'ai pas rencontré la personne idéale, ni vraiment cherché non plus. Et puis c'est quand même, enfin je veux dire....assez spécial ces échanges de fluides divers et variés, de la salive en passant par...enfin vous voyez aussi.

Je ne sais pas trop à quel mammifère je pourrais me comparer, mais en attendant, j'observe. Je ne peux plus le faire avec mes camarades du lycée, lesquels jouaient parfaitement leurs rôles. Eun-Byol est avec moi ici à Seoul, je la rejoins d'ailleurs ce soir après les cours pour aller à l'académie de danse, mais je ne la vois plus la journée en classe. Elle est ma meilleure amie et elle avait même essayé une fois de m'embrasser en première année de collège. Je lui avais alors dit gentiment que ça ne se faisait pas entre meilleurs amis! Enfin je suppose que vous êtes d'accord avec moi? Depuis, je pense qu'elle a compris, on en a jamais reparlé en tout cas.

Ici, j'ai trouvé d'autres sujets d'observation. Les garçons de ma colocation, surtout les jumeaux qui parlent ouvertement de leurs aventures sans la moindre pudeur. Ils s'autoproclament bêtes de sexe et Seo-Joon est souvent obligé de les arrêter dans leur description graphique lorsqu'ils en parlent.
Mes deux copains séoulites que j'ai connu petit à Seoul dans un groupe de discussion Asperger et que je dois revoir dans quelques jours : Ji-Wan qui adorait les momies et l'histoire et Kang-Dae un féru des chiffres et maintenant de la programmation de jeux vidéos. J'ai vraiment hâte de les retrouver.

Et puis ici à la faculté, il y a aussi bon nombre de sujets à observer et il y en aura à coup sûr dans mes prochaines années d'études et le métier. Pas seulement lorsqu'entre internes ou médecins on copule dans un vestiaire ou une chambre de repos entre deux urgences. Même ici dans les couloirs d'étudiants.

Ça discute, ça se fait des accolades, ça parle fort, ça interpelle et ça s'embrasse même.....c'est bizarre d'ailleurs, comment la fille sort sa langue de cette façon pour la remettre dans sa bouche à lui, avec des bruits que j'entends même d'où je suis. Je crois que je penche la tête pour essayer de comprendre le fonctionnement.

- Qu'est-ce que tu fous Taehyung? Arrête de les mater comme ça. Ils sont dégueu en plus.

Et je me retrouve ici, dans la jungle de cette université. Remplie de futurs médecins ou jeunes désœuvrés et qui s'occupent comme ils peuvent en étudiant leur anatomie, qui redoubleront leur année ou traîneront dans les couloirs en cherchant un but à leur vie ou leur carrière ratée. Combien déjà de pourcentage de réussite dans cette université prestigieuse de l'élite?

- Pourquoi ils sont dégueu? Je fais innocemment, alors qu'il me pousse pour avancer, et moi en ayant toujours un œil sur eux.

J'ai déjà fait le curieux, je le suis de nature, et Kang-Dae qui est assez calé en sexe, enfin plutôt en porno, m'a suggéré de regarder des vidéos sur YouTube pour savoir embrasser - je précise que je n'avais rien demandé, mais que pour ma "survie étudiante" je le cite, il m'avait fortement recommandé de le faire. Mon père et Jimin avaient déjà évoqué le sujet avec moi, ainsi que le sexe en général, mais j'avoue avoir été un peu plus gêné d'en parler avec eux.

- Tae, tu as vu? C'est même plus s'embrasser ça, à ce rythme-là elle va lui bouffer le visage et même l'œsophage. C'est pas comme ça qu'on embrasse, bordel. Là c'est carrément une mante religieuse!

Jeongguk a l'air calé lui aussi dans le comportement sexuel animal, alors que je ne lui ai même pas partagé mes pensées immédiates. J'essaie de visualiser les deux insectes de ce couple devant moi : la mante religieuse dévore le mâle durant l'accouplement, elle dévore la tête de son partenaire d'un coup, et le mâle continue même de copuler et de transmettre ses spermatozoïdes après cela en elle.

Je me retourne en avançant, visualisant et imaginant la scène, la fille en pleine transformation comme dans un film d'horreur, du sang partout coulant de sa bouche, un sourire démoniaque avec son corps tout vert qui frétille, alors que son mâle décapité au corps d'insecte et aux mains humaines bouge tout seul en elle.

Ce n'est définitivement pas une façon d'embrasser. Jeongguk a raison.

Oui forcément, lui, il doit être connaisseur en baisers. Toutes les filles lui sourient à notre passage, et lui, habillé toujours de noir et de ses piercings - mais cette fois-ci avec un débardeur blanc et une chemise kaki par dessus, avec son large baggy sombre - et qui dénote dans ce paysage d'étudiants impeccables et de bonne famille, répond par des clins d'œil et un grand sourire. Un vrai coq dans une basse-cour, auprès duquel je trottine avec mes yeux perdus, parce qu'il avance trop vite dans ce dédale de couloirs sans fin. Nous formons un duo de choc lui et moi, même si pour l'instant, je n'en prends pas vraiment conscience.

- Au fait, vous parliez de quoi avec Eunwoo? me fait-il d'une voix sceptique en tournant son visage vers moi, même si sa casquette bien enfoncée sur son crâne ne me laisse entrevoir que le bas de son visage.

Jeongguk est venu me chercher après mon premier cours de l'après-midi. Un cours de Chimie organique en Enseignements Dirigés, donc en petit groupe.

Je me suis retrouvé dans cette salle avec un professeur plutôt agréable et très intéressant, à lever la main régulièrement pour répondre aux questions qu'il posait. Mon voisin de table, celui que j'ai reconnu et qui m'avait tenu la porte à mon arrivée dans la fac, se pencha vers moi pour me dire :

- Heureusement que je repique ma première année et que je comprends, sinon j'aurais du mal à vous suivre!

Il me sourit, sa voix est une nouvelle fois agréable, je le remercie sans vraiment m'intéresser à lui, en continuant à suivre le cours avec intérêt. Je prends mes notes sur mon ipad et il en fait de même. À la fin du cours, le professeur nous donne un travail de recherches à effectuer en binôme et tout naturellement mon voisin se penche de nouveau vers moi pour me demander si j'accepterais de le faire avec lui. Il me semble agréable, sans rien d'antipathique, et je ne ressens pas le besoin de décoder si son attitude est malsaine ou non, alors j'accepte de façon sereine. J'espère ne pas le regretter, j'ai toujours été assez solitaire, mais en essayant de m'adapter, surtout lors de travaux à plusieurs. Je me souviens encore d'exposés au collège ou au lycée que je faisais pratiquement seul, "tu gères Taehyung, tu es le meilleur!" car ceux de mon groupe se reposaient beaucoup sur moi et mes connaissances. Combien de fois mon père m'a demandé de prendre en compte les autres et leur laisser faire leur part de travail car on profitait de moi. J'avais toujours les meilleures notes de la classe et certains savaient qu'en se mettant dans mon groupe, ils auraient un A.

Les choses sont bien différentes ici en faculté, c'est un peu chacun pour soi et personne ne me connaît encore. Je sais que les classements apparaîtront bien assez tôt quand ils seront affichés en fin de semestre, et il me tarde de savoir où je me positionnerai, me doutant que la concurrence ici est des plus rudes. Je ne veux juste pas perdre ma bourse au mérite, comme Jeongguk.

Eunwoo et moi sortons de la salle en fin de cours et il m'accompagne sur quelques mètres avant que je ne m'arrête.

- Donne-moi ton téléphone pour que j'inscrive mon numéro. Comme ça on pourra commencer à s'organiser si on doit se rejoindre à la BU ou dans un café pour commencer à bosser ensemble. Ça te va?

Je hoche la tête en lui donnant mon portable que je déverrouille. Il s'en saisit et tape son numéro pendant que j'enduis mes mains par habitude de gel hydroalcoolique. Il me le rend en me demandant de l'appeler pour enregistrer mon numéro sur le sien.

- Je dois absolument avoir toutes mes UE cette année et je vais bosser comme un dingue, même si je ne dois plus dormir. Un fils de médecins qui foire de nouveau son année de médecine, ça ne va pas le faire!

Il sourit en relevant la tête quand il finit sa manipulation. Je comprends son dilemme et sa vie "mise en jeu", surtout ici dans cet établissement si sélectif. Nous sommes tous là pour nos excellents résultats mais certains aussi pour leur nom et le privilège relationnel, cela ne sert à rien de le nier. Les pots-de-vin existent, nous sommes en Corée du Sud, ne l'oublions pas.

- Oh je comprends, je fais en serrant mes livres et mon ordi contre mon torse. Mon sac de danse que je me trimballe depuis la fin de matinée me scie l'épaule. Ton père est médecin alors?

J'essaie d'être intéressé même si je n'y vois pas beaucoup d'intérêt, mais je dois me forcer pour m'intégrer. Un regard furtif vers ses yeux avant que je le laisse traîner sur le mur derrière, c'est déjà beaucoup pour moi, et je pourrais mettre cela sur le compte d'une petite victoire personnelle du jour.

- Mes deux parents en fait, mon père travaille pour Médecins sans Frontière, ma mère est gynéco-obstétricienne et mon frère aîné finit bientôt son internat. Je dois assurer cette année, je n'aurais pas le droit à une seconde chance. J'ai peut-être un peu trop fait la fête l'année dernière? finit-il par me dire un sourire honnête en coin. Et toi?

- Oh mon père gère des agences dans l'immobilier de prestige, il connaît toutes les propriétés de luxe de Jeju. Mais personne n'est dans la médecine dans ma famille, ma mère est décédée d'une anomalie cardiaque quand j'étais petit et depuis la cardiologie n'a cessé de m'attirer, alors....

- Oh je comprends, je te présente toutes mes condoléances, me dit-il en enveloppant sa paume chaude sur mon épaule, avec un air contrit.

Je couine de gêne sans le vouloir, je sais qu'il n'y peut rien et ne peut pas savoir que son contact direct m'envoie comme de l'électricité. À côté de moi, il fait très grand et élancé, même si moi-même je fais 1m80, il en impose à mes côtés avec ses centimètres en plus. Ou alors c'est ce charisme qui émane de lui.

- Ne le touche pas Eunwoo! ordonne une voix forte et directive.

Sa main tatouée vient enlever celle de l'autre pour la repousser vivement. Je ne l'avais pas vu arriver, mes sens s'éveillent de sa présence, son parfum emplit le couloir même si certainement seules mes narines le sentent et mon cerveau fait le cheminement. Jeongguk. Mon accompagnant, mon assistant, mon aide humaine, mon tuteur de fac, mon mentor, qu'est-il réellement? Il devait venir me chercher et je devais l'attendre. C'est ce que j'ai fait d'ailleurs, j'ai obéi.

- Oh Jeongguk? répond Eunwoo, ses yeux étonnés faisant des va-et-vient entre nous deux. C'est quoi le problème? Vous vous connaissez?

- Je....il est.....

Mes mots se perdent alors que je trifouille ce que j'ai dans les bras, je ne peux même pas jouer avec la lanière de mon sac, mes deux mains sont prises avec mes livres et mon ordi que je n'ai pas rangés. J'en déduis à nouveau qu'ils se connaissent, mais pas forcément dans une entente cordiale. Que s'est-il passé entre eux?

- On est....de la même famille, genre cousins éloignés....donc enlève tes pattes de là. Il n'aime pas qu'on le touche.

Pour avoir des pattes, Eunwoo est-il lui aussi un prédateur?

Je regarde mon "protecteur", je ne l'ai pas encore nominé ainsi, avec mes yeux si grands ouverts que ma bouche s'ouvre elle aussi d'étonnement. Il me scrute, confiant je crois d'un sourire fier, c'est ce que je pense décoder sur son visage, même si son mensonge va trop loin et qu'il n'y voit aucune incidence pour le futur. Moi, je les imagine déjà, les ennuis. Moi, je hais le mensonge. J'ai un fort sens de la justice sociale, du respect des règles, et je n'aime pas les complications.

Je n'arrive pas à sortir le moindre mot, même si j'ai envie de tout démentir, de m'offusquer, de m'énerver et de lui crier que je peux m'en sortir tout seul. Alors que je sais au fond de moi, de cette voix que je n'ai pas encore envie d'écouter, qu'il l'a fait pour moi, et pour plusieurs raisons : il préfère parler d'un lien familial plutôt que de son job auprès de moi et surtout ne pas évoquer mon trouble à ma place.

- Ok Gguk pas de soucis, répond Eunwoo en levant ses mains, t'inquiète, je suis content de faire sa connaissance en tout cas.

- Ouais, c'est ça, allez Tae, on y va.

Jeongguk souffle en se retournant sans plus lui prêter la moindre attention, et le plus grand me fait un signe de la main en me murmurant un "à plus tard, je t'écris!", alors que je m'éloigne.

- C'est un mensonge!! 0n ne peut pas...on.....je ne suis pas de ta famille! Je murmure tout bas à mon accompagnant.

- Ça suffit maintenant Taehyung! Avance.

Je ne sais pas quel effet il a sur moi, mais à chaque fois qu'il me parle ainsi, sur un ton sec et intransigeant, sans me laisser aucun choix, mes mots restent coincés dans ma gorge.

Comme si ce garçon était fait pour imposer son autorité sur moi, pour m'empêcher de déblatérer pendant des heures sur le sujet ou ruminer à l'intérieur de moi. Il me prend tellement au dépourvu que je cesse de réfléchir. Je crois que jamais personne ne m'a parlé ainsi, sans chercher à me convaincre, sans se moquer de moi, sans continuer à encourager ma labilité excessive ou mon anxiété évidente. En général, je n'admets l'autorité que lorsqu'elle me paraît logique et fondée, et je ne modifie mon comportement que si l'on peut me fournir une raison logique de le faire. Lorsque mes parents ou un professeur prenaient une décision qui me semblait arbitraire, je manifestais mon désaccord et avais tendance à ne pas suivre leurs directives. Il m'en faut beaucoup pour me convaincre.

Je suis ainsi, mais Jeongguk arrive à changer les choses. Je cesse donc de réfléchir et me retrouve à regarder ce couple de mantes religieuses se bouffer le nez. Après l'explication de mon aîné qui attend maintenant ma réponse, il réitère :

- Alors, il voulait quoi Eunwoo?

Cela semble l'intéresser, et même si je m'exprime souvent peu, comme lui le fait en peu de mots ou de courtes phrases avec moi, je sens bien que je dois prendre sur moi et continuer la communication établie entre nous. Et puis, il peut y avoir un temps de latence entre le moment où on me pose une question et celui où j'y réponds, le temps de délayer mes réponses. Dans ces situations, je regarde encore moins souvent mon interlocuteur, le regard dans le vide, et semble fournir un effort intellectuel intense.

- Il voulait quoi Eunwoo? je répète sur le même ton. Plus pour moi et trouver une réponse adéquate que pour me laisser davantage de temps. Il ne cille pas et répond juste "Mhmm?" auquel je réponds :

- Mon téléphone. Car on doit faire un travail de recherche en binôme. Ce n'est pas un problème, n'est-ce pas?

Je ne sais pas non plus pourquoi je lui demande son avis qui ne devrait pas m'influencer. On ne se connaît pas lui et moi, on ne connaît encore rien de l'un comme de l'autre et je sens qu'il est aussi secret, ou du moins aussi énigmatique, que moi.

- Ouais...euh je comprends, me fait-il alors qu'il s'arrête de marcher et se gratte la nuque en regardant sur le côté. Il y a plein de monde autour de nous dans ce large couloir, ils stagnent, marchent ou discutent, mais nous sommes là, à l'arrêt, comme si rien autour de nous ne nous troublait.

- Il est....il est, enfin....fais juste attention à ses belles paroles, d'accord? Tu as mon numéro aussi, j'espère que tu l'as bien enregistré? SI j'ai besoin de te joindre ou te laisser un message, il faut que nous ayons ce lien, on ne sait jamais. Un prof absent, un retard....enfin tu vois?

- C'est vrai que tu aimes le retard....je fais sur un ton monocorde sans prêter attention au reste.

- Je n'étais pas en retard aujourd'hui !! Et là, on a une demi-heure de battement pour ton prochain cours, alors estime-toi heureux, s'insurge-t-il. Je ne sais pas si son visage exprime la jalousie de nos précédents mots ou s'il est juste outré que je lui fasse remarquer ses horaires aléatoires sur lesquels je vais devoir me coordonner. Il continue à marcher, sent qu'il est seul et se retourne. Je me suis encore arrêté, cette fois-ci pour une autre raison.

- Taehyung, qu'est-ce que tu fais? On a juste à traverser ce couloir et ta salle, c'est la première porte après les toilettes et les portes battantes coupe-feu.

Après les toilettes et les portes battantes coupe-feu. d'accord. Mais en attendant, il y a tous ces gens à dépasser ou à frôler avec mon sac de sport, et là, je ne sais pour quelle raison, ils m'effraient. Jeongguk est à plusieurs mètres devant moi, cela fait beaucoup et la distance installée entre nous me fait peur aussi. J'ai trop à gérer de ma concentration en cours, trop de ces bruits autour, trop émotionnellement de ces nouvelles rencontres que je dois gérer et intégrer malgré moi.

- Y-y a t-trop de monde, je ne me sens pas bien...on va nous bousculer et je vais te perdre et-

Ma voix tremble soudainement. Mon aîné marque un temps de pause avant de me répondre, je sais que mon attitude changeante doit être pesante, je commence donc déjà à m'en vouloir, mais il utilise une voix douce et calme que je ne connais pas encore de lui :

- Viens-là, confie-t-il en s'approchant rapidement tout près de moi. Si tu veux....tu pourrais...t'accrocher discrètement à la lanière de mon sac à dos en te mettant derrière moi sur le côté, on ne verra pas que tu me tiens et ça pourrait te rassurer, ok? Juste...ne t'appuie pas comme un boulet sur moi, je ne vais pas te traîner non plus! Putain, je fais déjà le bon samaritain, je n'avais vraiment pas prévu ça et on va toujours nous voir ensemble, enfin tu imagines? Merci la vie sociale que je vais avoir! Qui pense à moi? Et [...]

Il continue à se plaindre dans sa litanie habituelle et blablater dans le vide comme s'il était heureux de ce qu'il racontait, pendant que je réfléchis à sa solution sans y répondre. Puis en continuant à parler, il prend du bout des doigts la manche gauche de mon sweat un peu grand pour me placer à sa droite en retrait de lui.

Nos peaux ne se touchent pas, la sienne reste encore un mystère.

Il marmonne "Allez, on repart!" comme si nous allions traverser un pont suspendu dans les airs ou participer à l'une des épreuves en duo du jeu Pékin Express ou de la saison 2 de 100% Physique. Je me retrouve finalement tout proche de lui et il avait raison, personne ne fait vraiment attention, avec la foule dans laquelle nous nous faufilons, au fait que lui et moi sommes très proches.

- J'ai déjà entendu une fois que dans chaque relation se trouve un trésor qui enrichit notre vie, dis-je. Mais je ne comprends pas trop le principe.... Le trésor de quoi? Une personne n'apporte pas toujours quelque chose de bien à l'autre. ...?

- C'est quoi ces bêtises? Encore des phrases toutes faites qui ne servent à rien, sauf à nous faire cogiter quand on a pas le temps. Ou nous embobiner. Arrête de philosopher, je t'assure que ça ne va pas t'aider.

- Oui, je n'y comprends rien non plus.

- C'est des mensonges tout ça. Et tu n'es pas un romantique Taehyung, non, je me trompe? fait-il en se faufilant dans la foule à l'heure de pointe, alors que je ne le lâche pas d'une semelle.

- Pas vraiment.......

- Je m'en serais douté.

- Et toi?

- Tu crois que j'ai le temps pour ces conneries?

Jeongguk est quelqu'un de brut qui doit certainement se parfaire avec le temps, cacher sa vraie valeur pour ensuite l'exprimer dans un éclat scintillant. Vous savez comme lorsqu'on découvre un diamant brut qu'il faut ensuite polir pour trouver sa beauté et sa richesse. Il devient ensuite la pierre la plus précieuse et majestueuse, il représente l'invincibilité, la beauté et la force. L'être humain est né, il est le fruit de la vie comme le diamant est le fruit de la terre, il est précieux mais il est brut. Sa grande valeur est cachée comme elle est cachée aux autres, jusqu'à devenir un diamant taillé et poli qui scintille et semble être source de lumière pour soi et les autres.

Le diamant est un minéral qui est composé de carbone pur, c'est la pierre précieuse dont la composition est la plus simple. Cette gemme s'est formée par l'assemblage dans les 3 directions de l'espace d'atomes de carbone. Les caractéristiques du diamant sont étonnantes, il possède la plus grande dureté (10) de tous les minéraux, avec un plan de clivage parfait, une densité et un indice de réfraction idéaux. Cela ne vous parle pas, mais c'est important. On trouve des diamants de toutes les couleurs, certaines teintes comme les roses, bleus, rouges ou verts sont extrêmement rares. Je ne sais pas quelle est la couleur intérieure de Jeongguk, mais son côté ténébreux et mystérieux lui donne un côté rare.

Après avoir été poli, après avoir créé ses facettes et l'avoir taillé, le diamant est prêt. Peu sont faits pour la joaillerie, mais ceux-là sont les plus purs, estimés, admirés, portés, ils sont source de négociation et de parade. Et puis si on parle de ses bienfaits et vertus au niveau des chakras, une fois en équilibre, il harmonise les énergies, et permet de se sentir à sa place, de relativiser les événements de la vie. Le diamant est utilisé pour harmoniser les énergies du cœur et du corps.

Oui, lorsque je fais des recherches, je retiens un peu tout. Je suis plutôt cartésien et du genre scientifique, j'ai toujours eu besoin de preuves, mais mon appa Jimin m'a ouvert les yeux sur certaines choses me donnant une autre vision de la vie. Lui et mon père aiment bien donner du sens à la vie, ainsi que les jolies phrases qu'ils font vivre et auxquelles ils arrivent à donner du sens. Jimin dit que parfois, un détail a le pouvoir de transformer l'existence en un instant magique. il croit en la magie, comme il croit au pouvoir des fleurs et mon père ce romantique a trouvé en lui une complémentarité inégalée.

Je regarde Jeongguk, certainement d'une façon bizarre en pensant à la valeur en pierre précieuse qu'il pourrait avoir maintenant et dans le futur, pour lui et auprès de moi, à tout ce qu'il m'évoque dans sa dualité et sa dichotomie, s'il pourrait croire un jour en la magie du destin, et je trouve juste à dire :

- Tu ne devrais pas être aussi vulgaire.

Il n'est même plus étonné de mes réflexions qui ne sortent de nulle part.

- Je m'en fous. Personne ne m'entend chez moi.

Je ne sais pas ce qu'il veut dire par là, je n'ai même pas le temps de cogiter qu'il se fait percuter par un autre étudiant devant nous. Happé encore une fois par lui et notre discussion qui me fait tout oublier, même mes angoisses, j'en oublie le monde de requins dans lequel nous nageons lui et moi, sûrement à contre-courant.

- Kai, pousse-toi du passage s'il te plaît.

Nous sommes confrontés à un étudiant qui prend une large place devant nous, entouré de deux comparses et qui semble narguer mon tuteur avec suffisance. Je me crois au lycée devant les casiers lorsque nous mettions nos claquettes le matin ou que nous venions chercher un cahier de cours oublié. Il y avait toujours matière à histoire ou confrontation à cet endroit.

- Oh Jeon. Comment va le petit boursier à sa maman? Le commerce tourne bien? Vous sentez ça? Pouah ça sent la friture et la mauvaise huile, c'est pas agréable....T'as pris ta douche au moins ce matin?

Lui et mon accompagnant ont l'air de bien se connaître. Je sens toute la rancœur de Jeongguk s'accumuler en lui. Ses poings se serrent, son dos se tend devant moi. Le fameux Kai à l'allure impeccable, aux vêtements de luxe et au sourire pervers donne même l'impression d'en imposer alors qu'il n'a rien à envier à celui qui est prêt à riposter. Nous sommes inscrits en faculté, en tant qu'adultes normalement équilibrés et matures, qui avons autre chose à faire que défier ou rabaisser nos pairs, ou nous baser encore sur ce système coréen de classe sociale. Mais rien ne changera apparemment. La compétition fera toujours partie de notre quotidien.

Et les rancœurs accumulées depuis peut-être plusieurs années prennent le dessus pour ne former qu'un amas de moqueries et d'insultes.

- Je me lave même deux fois par jour Kai! Mais je n'ai pas le souvenir que ce soit ton cas lorsqu'on était au collège et au lycée, et que tu préférais faire le voyeur dans les vestiaires des filles en les filmant à leur insu après le sport, plutôt qu'aller prendre ta douche.

La foule s'accumule autour de nous, j'entends les sifflements de certains, l'étonnement de beaucoup de filles outrées et des encouragements pour Jeongguk "Te laisse pas faire Gguk!". Je suis toujours près de lui, dans son ombre, les commérages et les murmures s'installant dans mes oreilles.

- Sale pédé.

- Qu'est-ce que tu en sais? Tu parles d'une insulte! rit-il. En attendant, tu n'as jamais été dans les dix premiers du classement et tu te retrouves ici juste parce que ton grand-père est chaebol, et non pour tes capacités intellectuelles. Tu m'empêches de passer pour aller en cours, mais tu devrais te presser d'aller au tien....

- Tu sais que mon père pourrait leur faire mettre la clé sous la porte. Va te faire foutre Jeon!

- Je t'ai juste demandé gentiment de te pousser du milieu de ce couloir Kai, répond ostensiblement mon acolyte qui ne se laisse pas faire. Il en impose autant et même davantage.

Et moi, poussé par je ne sais quelle audace ou courage, j'interviens sans réfléchir aux conséquences :

- Je pense qu'il n'a pas envie que tu le possèdes sexuellement. Vraiment pas, ça j'en suis sûr.

Non mais c'est vrai, je suis sûr de moi.

Quelque soit l'orientation sexuelle de Jeongguk, je suis certain qu'il ne veut rien avoir à faire avec ce garçon.

J'ai entendu. J'ai entendu cette insulte qui ne devrait pas en être une. Être homosexuel n'est pas un problème, ce sont ceux qui en font une injure qui le sont. Les insultes homophobes tirent leur force injurieuse de l’ordre patriarcal et du schéma heteronormatif. Par peur souvent.

Ce Kai, dans son blazer bleu marine et ses mocassins à glands en cuir marron, a peur. Tout simplement.

Il tourne la tête vers moi, la source de ces mots spontanés mais surtout insensés. Enfin pour lui, car pour moi, les mots que j'ai prononcés ont beaucoup de sens.

- Putain qu'est-ce que tu racontes toi le p'tit connard de merde??

Même les prédateurs ont peur. Peur qu'on leur prenne leur place de dominant ou tout simplement parce qu'ils ont peur de céder à leurs pulsions secrètes.

Est-ce à partir de ce moment-là que les mots deviennent vivants et s'animent? Je ne suis ni un connard ni un petit, je le dépasse même, et il utilise un langage informel avec moi alors qu'il devrait être davantage respectueux. De plus, il utilise un pléonasme.

C'est ainsi que j'avais toujours compromis le langage. Quand j'étais petit, les mots ne s'étaient pas encore développés en métaphores, comparaisons, analogies ou idées principales. Tout était détails, règles pédantes et sémantiques univoques. Je n'ai jamais envisagé qu'une proposition puisse avoir plus d'un sens. J'ai toujours supposé que le sens que je donnais à une phrase était celui que l'interlocuteur souhaitait. J'ai dû apprendre avec le temps que les autres personnes avaient d'autres points de vue.

Comme celui que je viens d'entendre.

- Foutre : verbe transitif direct signifiant posséder sexuellement, plus largement c'est sodomiser quand c'est utilisé dans cette expression. Il y a également un deuxième sens à ce mot que tu ne dois pas connaître. Foutre, c'est aussi un nom masculin familier signifiant sperme.

Il me regarde avec des yeux ahuris, j'entends des filles glousser autour de nous, d'autres se moquer de la situation et Jeongguk retenir sa respiration. N'a-t-il pas aimé mon intervention?

- Mais t'es complètement teubé ma parole? C'est qui celui-là?

- Jeon Taehyung et lui c'est....

J'allais lui parler de notre cousinade mais je ne suis pas sûr finalement que Jeongguk veuille en parler à l'instant à ce gars insultant.

- Fous-lui la paix Kai!

Jeongguk prend mon bras pour nous éloigner du groupe. Il est très énervé.

- Mais ça va pas non, pourquoi tu le cherches comme ça ?!!!! On devait juste passer notre chemin. C'est juste un idiot fini, en manque d'attention.

Il me tient par le bras en me parlant les yeux dans les miens, dont il essaie de maintenir l'attention. D'habitude j'ai mal, je n'aime pas ça, comme tout à l'heure avec Eunwoo. Une peau contre la mienne, surtout quand elle est moite ou même sale, c'est inenvisageable. On ne sait pas ce qu'elle a touché avant.

- Tu es vraiment gay?

- C'est pas le propos, non?

Mais lui, c'est différent.

Lui, il sent le propre et le parfum, il ne touche rien ni personne à mes côtés.

Pour l'instant.

Je ressens son être à travers toutes les sensations qui envahissent mon corps et font trembler mon échine dorsale, ces perceptions intenses qui font se dresser le duvet sur mes bras sous mon sweat à capuche. Pourtant nos corps sont habillés de tissus, cette couche supplémentaire qui me donne encore plus chaud.

Et lorsque sa peau sera au contact direct de la mienne, que ressentirai-je alors?

Mes paroles sont encore sorties toutes seules, et des fois je devrais me taire, il a raison. Je m'abstiens donc de continuer à dire quoi que ce soit. Je le regarde en faisant la moue, en essayant de trouver une réponse à ses paroles que je n'ai pas. Puis il voit que je baisse mes pupilles sur sa poigne sur moi, je ne me concentre que là-dessus et ne l'écoute plus.

Alors il enlève sa main aussi vite et brutalement, comme si je le brûle, comme si le feu nous brûle l'un et l'autre.

- Je lui donnais la définition, c'est tout! je lui fais, certainement encore avec cette moue improbable, comme si on m'avait pris en flagrant délit et qu'il fallait que je me dénonce. Je n'ai pourtant rien fait d'autre qu'expliquer.

- Il n'en a rien à faire de ta définition, il a l'impression que tu le cherches là! continue-t-il en s'agitant.

- Je ne le cherche pas, il est là, il n'est pas caché.

Jeongguk me regarde avec de gros yeux. Ils sont immenses et je m'aperçois que j'en fais le tour sans vraiment me plonger dedans, cela m'évite de rencontrer son âme, et m'égarer sur son grain de beauté sous sa lèvre ou sa petite cicatrice sur sa joue m'est bien plus supportable.

Mais bien sûr, je ne pense qu'à cela, bien sûr je divague sur sa peau, alors que ses orbes m'appellent et ses paupières ondulent. Vous savez sur ses yeux aussi ronds que des galaxies remplies d'étoiles.

Il faut pourtant savoir rêver et vivre sans trébucher entre les étoiles. Parce que. Parce qu'on peut vite s'y perdre, n'est-ce pas?

- C'est une métaphore bordel, t'es gonflant...

Ses paroles sont reproches, mais son ton de voix me fait penser qu'il a dû sourire de ce que j'énonce. Je voulais faire de l'humour et je crois que j'ai réussi. Je suis heureux si j'ai pu le détendre un peu.

Notre échange de quelques secondes se coupe, il a dû sentir mon regard lourd sur lui tellement de fois, mais il ne dit rien encore une fois. Il se déplace à nouveau vers l'autre garçon qui attend je ne sais quoi.

- Oh...... je sais! Mais je voulais juste t'embêter, je lui lance en le suivant.

Je ne suis pas dupe, je sais que Jeongguk a eu mon père au téléphone. J'imagine ce dont ils ont pu parler ensemble. Mes tocs de propreté. Mes routines, mon hyperesthésie. Au bruit, à l'odorat, au toucher. Je n'aime pas être effleuré. Je préfère les pressions lourdes et le poids lesté ou les câlins forts mais sans forcer. Mais nous n'aurons pas à en faire, alors le problème est réglé. Surtout qu'il semble vouloir me fuir comme la peste, quand nous sommes trop près.

- Ne l'écoute pas Jeongguk! murmurent deux étudiantes qui se pressent à nos côtés et minaudent auprès de lui. Il les remercie gentiment, lance un dernier regard noir en direction du harceleur et m'incite à le suivre.

- J'en ai pas fini avec toi Jeon!

- C'est ça....... lui répond mon aîné sans plus le moindre intérêt.

J'attends Eun-Byol pour nous rendre à l'Académie de Danse ensemble.

Mon dernier cours est fini et elle me rejoint pour que nous y allions à pied ou en bus, si je me sens assez capable lorsque je le verrai devant moi. Il suffit parfois d'un petit rien pour que je me décide autrement. Si le conducteur n'est pas agréable, si l'odeur ou la propreté n'est pas acceptable, si il y a trop de monde, si et si....Enn-Byol me connaît depuis dix ans et me supporte comme je suis. Je lui en suis reconnaissant. Je la remercie rarement, mais je l'ai déjà fait avec des mots, comme j'ai déjà dit à mes deux pères que je les aimais. Il fut une époque où je ne m'en sentais absolument pas capable. Et avec ma thérapie comportementale pour développer mon autonomie, j'ai bien évolué.

J'attends Eun-Byol et Jeongguk s'est senti investi d'une dernière mission ce soir : je suis en avance d'une quinzaine de minutes sur mon emploi du temps affiché sur ma montre connectée et il s'est proposé d'attendre mon amie avec moi. Mon sac de sport me scie encore l'épaule, mais c'est hors de question que je le pose à terre dans la saleté. J'ai enfilé mon casque sur mes oreilles depuis quelques minutes en essayant de régler mon téléphone avec.

- Qu'est-ce que tu fous avec ton casque?

- Ça me sert de casque anti-bruit. Et là j'écoute de la musique, c'est du jazz. Enfin une reprise. Me & Mrs Jones.

C'est faux, à l'instant même je n'écoute encore rien, le temps de lancer ma playlist, et j'ai éteint pour l'entendre. Je n'aime pas le mensonge mais ce n'en est pas encore un. Il hoche la tête avec le sien sur les oreilles, enfonce de nouveau ses mains dans ses poches et regarde devant lui en trépignant un peu sur place, je crois qu'il bouge toujours en fait, au contraire de moi qui peut rester stoïque lorsque je n'ai pas besoin de me balancer. Deux mètres de distance nous séparent, je suppose que c'est assez correct pour notre relation absconse et silencieuse.

Nous sommes tous les deux avec notre casque, lui, il chantonne sans vraiment faire attention et moi je reste dans le silence.

À écouter sa voix.

Elle, elle n'est pas obscurité, loin de là, elle me fascine. Surtout lorsqu'elle chante.

Il y a tous ces jours ordinaires et mon indifférence aux autres. Tous ces jours où j'ai la sensation tenace, persistante, que se dresse entre moi et eux, et maintenant lui, une montagne de murs. Tous ces jours où pourtant je fais des efforts insurmontables pour m'adapter à eux et me fondre dans le paysage pour paraître "adapté'.

J'ai envie de lui dire quelque chose, de... je ne sais pas....le remercier, ou simplement lui parler de planètes inconnues ou même de la beauté du lys tigré tatoué sur son bras. Mais rien ne sort et sa voix me transporte tant, que je ne veux pas l'interrompre.

C'est relatif le temps. Trois secondes, dit comme ça, c'est vite passé.

Mais, trois secondes d'hésitation, avant d'oser, parler, c'est une drôle d'éternité.

- Et, Tae !!!!!

Eun-Byol nous rejoint au pas de course. Elle a son grand sourire, sa beauté légendaire et sa main qui vient se poser dans ma nuque pour m'embrasser sur la joue. Je la tolère. Je tolère ce geste. Même si je n'y réponds pas, même si elle a toujours su, mais elle insiste toujours.

Son sourire parfait illumine mon cœur. Mais c'est celui de Jeongguk que j'ai en tête, je l'imagine et le perçois.

Il est si beau. Tout chez lui est attirant à mes yeux, et je ne comprends pas pourquoi. Même si le concept de perfection au sens philosophique a une tout autre signification : lorsqu'on soutient que telle ou telle chose est parfaite, c'est le plus souvent pour affirmer que cette chose a atteint la plus grande des valeurs dont elle est capable. Quand il voit que je l'épie, il me transperce de son regard. Je me noie sous la dépendance que je ressens de lui. Je suis dépendant et je le réalise maintenant.

- Bonsoir, lui fait ma meilleure amie sur un ton amer et désapprobateur. Elle le regarde de bas en haut, le juge certainement, puis ne s'adresse plus à lui. On y va, Tae?

Ni l'un ni l'autre ne nous parlons une dernière fois. Un simple regard nous satisfait, un seul, déjà si suffisant pour moi et ses yeux étincellent d'un infime éclat. Je finis de chanceler dans son regard.





Ses mots ricochent dans chaque partie de mon corps, autant que sa voix qui résonne encore en moi.



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Voilà pour ce chapitre 7, il est plus long que les autres, je n'ai pas réussi à faire plus court. Je sais que cela avance doucement pour l'instant, mais c'est surtout pour la mise en place des personnages et du contexte.

Les semaines avanceront un peu plus vite par la suite dans leur année scolaire et les chapitres, ne vous inquiétez pas!

Je vous dis à bientôt pour la suite, j'essaie de respecter un délai d'une dizaine de jours entre chaque chapitre, en espérant tenir le rythme. Prenez soin de vous 💗😘

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