terrain d'entente, chemin de passion

Le TER de Victoria arrivait en gare de Marseille. C'était le grand jour : elle allait revoir Mowgli et Levi.

Deux jours plus tôt, sa mère l'avait autorisée à aller jusqu'à Marseille, seule.

« je veux un sms quand tu es arrivée, et quand tu es avec ce garçon. » lui avait-elle dit.

Pour ne pas l'inquiéter, en sortant du train elle envoya le message.

Elle leva la tête vers l'avant du quai, et aperçut Levi qui l'attendait, l'air impassible.

Il était vêtu d'un jean et un tee shirt noir.

Un sourire se dessina sur le visage de la jeune femme : derrière son air d'associal, il était en réalité quelqu'un de gentil, surement écorché par la vie. Elle avait rapidement senti qu'il avait une carapace : un regard noir, un facies fermé, un langage vulgaire. Tel un animal blessé qui ne veut pas qu'on l'approche. Mais Victoria avait vu, encore aujourd'hui, un réel fond de gentillesse. Il prenait la peine de venir la chercher à la gare au lieu de simplement l'attendre chez lui, en lui envoyant l'adresse par sms.

- Salut Gamine.

- Salut.

Elle souriait.

- Tch. Arrête ça tout de suite.

« je vais tomber sous le charme ... blinde-toi Levi, comme toujours. »

- Monsieur Grincheux !

- HEIN ? il la foudroya du regard. Que ce soit bien clair, tu me fais chier tu dégages.

Victoria perdut son sourire immédiatement devant le ton glacial de Levi.

- D'accord.

- Viens. C'est à 20 minutes à pied.

En chemin devant l'absence de conversation, il prétexta :

- Avant, on va faire un crochet pas très loin, je dois aller quelque part.

Ils marchèrent vers une boutique. Une boutique de motos. Levi entra avec elle. Un homme au comptoir dit à Levi :

- ah salut, tu as reçu mon message ?

- ouais.

Victoria resta au milieu des autres motos dans la boutique. Elle regarda une en particulier. Après tout, elle aimait bien les motos. Elle avait toujours aimé faire des sorties motos avec son père, avant qu'il ne se tue un jour en roulant trop vite. Le seul homme qu'elle avait réellement aimé, qui était gentil avec elle. Un ange parti trop tôt.

- Oh je vois que ta nouvelle petite amie apprécie les beaux modèles !

Levi se tourna vers Victoria surpris, qu'une fille si innocente et à l'air fragile puisse aimer ce loisir.

- Ce n'est pas ma petite amie Mike.

- Ahah, pourtant... vous iriez bien ensemble.

- Ferme la !  tête de cul.

Quant à elle, elle ne semblait pas avoir entendu la conversation, et allait de modèle en modèle.

Les deux hommes s'arrêtèrent de discuter pour observer la jeune fille, qui semblait absorbée par ils ne savaient quelles pensées.

Mike lança à la jeune fille :

- Un modèle te plait petite ?

Elle sortit de sa rêverie.

- Il y a pleins de beaux modèles. Mais la Yamaha rouge est superbe !

- Ahah tu as bon goût !

- Tu es au moins montée une fois accompagnée sur un engin, gamine ?

- Oui.

- tu as déjà le permis moto, ma jolie?

- Oui, mais ce n'est pas dans mes priorités pour l'instant d'investir.

- Oh je vois. Bon, Levi, viens que je te montre ! et toi aussi viens si tu veux !

Elle s'avança pour découvrir le modèle.

- WHOUUUAAA c'est une motorhell ?

- Ahah, mais tu t'y connais vraiment ahah ! oui, ma petite !

- Tch. Montre-moi plutôt le souci.

Mike posa le doigt sur un mécanisme au guidon.

- C'est facile à réparer mais je préférerais avoir ton feu vert.

- Vas-y !

- D'accord, merci de me faire confiance. Elle sera prête dans 2 jours. tu vas pouvoir rendre la voiture à Hanji ahah.

- Ouais, j'en ai marre de son tacot.

- T'es rude ! n'empêche que ça dépanne bien !

Ils saluèrent le vendeur, et sortirent de la boutique.

- Oye, Je ne savais pas que tu aimais les motos.

- Je ne te l'ai jamais dit.

- Tu caches bien ton jeu. Je ne l'ai pas remarqué lorsque l'on s'est vu. Pourtant, plusieurs beaux modèles étaient garés à ce moment-là.

Elle ne dit rien. Quoi dire ?

- Tu as déjà conduit seule ?

- Une fois. Je n'ai pas conduit depuis.

- Accident ?

- Non.

Il la regarda pour essayer de trouver une réponse, en vain. Elle cachait bien son jeu.

Ils arrivèrent devant son immeuble.

- Pour les prochaines fois, appuie sur l'interphone de l'appartement numéro 23.

- D'accord.

Ils montèrent dans l'ascenseur. Levi ouvrit la porte, et le chat vint rapidement voir en s'étirant. Il miaula bruyamment en la voyant.

Elle rentra précipitamment, et prit le chat dans ses bras, le serrant fort contre elle.

- OYE ! avant toute chose enlève tes baskets dégueulasses. Il est interdit de faire une saleté chez moi !

- Oui, pardon.

Elle enleva rapidement ses chaussures, et lui demanda la direction de l'évier pour se laver les mains.

Une fois fait, elle put réellement jeter un coup d'œil à l'appart : un grand salon avec cuisine ouverte. Une grande fenêtre de 2m de long sur 1m de large.

Puis un petit couloir donnait sur la salle de bains, les WC et deux chambres.

- Pas besoin d'être coincée. Mon coloc' n'est pas là. Tu veux boire un truc ?

- Non merci.

- Tch. Tu n'y connais vraiment rien toi ! quand quelqu'un te demande ça, tu es obligée de prendre quelque chose. Tu veux quoi ?

- Jus d'orange tu as alors ?

- Oui.

Il prit 2 grosses oranges dans la corbeille à fruits, et lui pressa un bon jus d'orange, en lui mettant un glaçon dans le verre.

Il prit une bière et revint lui donner sa boisson.

- Tiens.

- Merci beaucoup.

Elle attendit que Levi soit assis, Mowgli sur ses genoux, pour entamer sa boisson.

- Tch.

Il semblait irrité.

- J'ai fait quelque chose de mal ?

- Tu te serais mise dans un sacré pétrin si j'étais quelqu'un de malveillant.

- Pourquoi ?

- J'aurais pu mettre un truc dans ton verre, tu n'aurais pas eu le temps de réagir, et tu te serais fait violer.

Elle fut consternée par le langage cru de beau gars.

- Pas la peine de faire cette tête, c'est la réalité de la vie c'est tout ! tu as eu de la chance que ça ne te sois pas encore arrivé en boite de nuit.

- Je ne suis jamais allée dans ce genre d'endroit.

- T'es sérieuse ? enfin bref.

Il ouvrit sa bière, et but une gorgée.

Mowgli ronronnait.

- Il est ingrat ton chat.

- Comment ça ?

- Il fait des câlins à tout le monde. Il devrait être reconnaissant uniquement envers moi. C'est moi qui lui donne à manger.

Elle ricana.

C'était sûr il aimait la voir comme ça. Ça lui changeait des larmes.

- Il rentre quand ton coloc ?

- Je ne sais pas. Il n'est plus beaucoup là depuis qu'il est avec sa meuf.

- Oh. Et toi, tu as le temps de voir ta petite amie ?

Il tourna vers elle, ses yeux bleu acier, rempli de mépris, et d'indifférence.

- Pardon, je suis désolé si c'est indiscret !

- Tch. Je n'ai pas de relation stable si tu veux savoir.

- D'accord...

« il n'a que des plans culs quoi ?! pfff... » pensa-t-elle.

- Tu veux commencer aujourd'hui ou pas ?

- Euh ?

- Apprendre à devenir moins idiote. C'est toi qui me l'as demandé l'autre jour.

- Tu peux vraiment m'aider ?

- Je peux essayer de t'apprendre quelques bases, mais après, il faudra que tu essayes de venir en cours au club avec moi à partir de septembre si tu peux.

- De quoi il s'agit ?

- Tch. T'es vraiment conne quand tu t'y mets. De l'auto-défense évidemment. Du Krav Maga, tu connais ?

- Oui j'ai vu des vidéos !

- Mmmhh. Lève-toi.

Mowgli partit dans une des chambres. Victoria vint se mettre devant Levi.

- Ça commence déjà par savoir riposter.

- Et le dialogue ?

- La ferme, ça ne marche pas ça. Tu crois que ton agresseur a envie de te parler ? non.

Elle ne répondit rien.

Il lui empoigna d'un coup le poignet. Machinalement, elle mit sa main sur le poignet de Levi pour le dégager. Mais il vient reposer son autre main, fermement sur son deuxième poignet.

- Là c'est mort. Je peux te faire chuter comme je veux.

Il la lâcha. Puis vint poser brusquement ses mains sur son cou.

- Là , que fais-tu ?

Il appuya un peu, pour tenter de la mettre dans un climat de tensions. Machinalement, elle posa ses mains sur les bras de Levi.

- Non.

Il la lâcha, puis allait lui mettre un coup de poing au visage, pour voir comment elle allait parer.

A la place, elle rentra la tête dans ses épaules, et ferma les yeux.

Il se stoppa net. Pourquoi elle était apeurée comme ça ?

« ce n'est tout de même pas l'autre con ... » pensa-t-il horrifié.

Elle ouvrit un œil, pensant que le coup mettait du temps à venir. Elle ne vit que Levi, dédaigneux et méprisant pousser un grognement.

- Tch. Il y a du boulot hein. Bon. Laisse tomber pour aujourd'hui. La prochaine fois par contre viens en tenue de sport, je te ferais faire du renforcement musculaire, tu es faible au niveau des jambes, des poignets, des épaules.

- D'accord.

- Bon tu veux goûter quelque chose ?

- Je ne suis pas une gamine.

- Ah bon ? alors pourquoi ton ventre gargouille comme celui d'un enfant ?

Elle rougit de honte.

- C'est bon.

Il fouilla dans son placard, et sortit un paquet de gâteaux.

- Mange, je n'ai pas envie de devoir m'occuper de toi si tu fais une hypoglycémie.

Après le goûter, elle soupira.

- Quoi ?

- Je vais devoir déjà aller prendre mon train.

- Oui. Ça passe vite on dirait.

Mowgli était revenu se faire câliner par Levi. Victoria eut le regard triste.

- Ne t'en fais pas tu pourras revenir. T'es pas trop crade, donc je peux te tolérer.

Le chat fit un long miaulement, comme pour acquiescer.

Il la raccompagna à la gare, puis jusqu'au début du quai.

- Merci pour tout.

- Pas de quoi gamine.

- Je ne suis pas une gamine !

- On verra quand tu sauras te défendre.

Elle souffla.

- Envoie-moi un sms quand tu seras bien rentrée chez toi avec ta mère.

- Euh...

- La ferme, fais ce que je te dis.

- Ok.

- Au fait, tu as toujours ton équipement moto ?

- Oui, enfin... juste le casque et la veste.

- Tu as des bottes à part ça ?

- Des bottes classiques en cuir épais.

- Je vois.

L'alarme sonna dans le TER pour annoncer la fermeture des portes.

- A plus Victoria.

- A plus Levi.

La porte se ferma, et Levi partit sans se retourner.

Comme prévu, une heure plus tard elle envoya un sms à Levi :

Bien rentrée. Merci pour aujourd'hui.

Pas de quoi. A +

Le soir, Levi regardait les étoiles dans le ciel depuis la fenêtre de salon. Ses pensées divaguèrent en pensant à elle.

« Blinde-toi, tu n'as pas besoin de t'occuper d'une gamine. » pensa-t-il à voix haute.

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