Quelques jours plus tard.

Dans la voiture, Victoria et sa mère discutaient :

- c'est vraiment un bon gars ce type. Je suis sûre que tu finiras avec.

- maman...

- je t'ai mis quelques capotes, juste au cas où.

- MAMAN !

- mais c'est de ton âge ! ne sois pas gênée .

- il est plus vieux que moi je te rappelle !

- et alors ? Ton père avait 4 ans de plus que moi. Bref. Tu lui as offert quoi en guise de remerciement l'autre jour ?

- euh...

- t'es pas sérieuse ? Je t'ai pourtant bien éduquée...

- c'est que je n'ai pas osé... je ne sais pas trop ce qu'il aime...

- bah tache de trouver. Tu as de quoi trouver à Marseille.

Elles étaient arrivées à la gare.

- bon. Allez, passe une bonne journée. Reviens en bus, je finis à 20h.

- oui maman.

Elle partit pour entrer rapidement dans le TER. Durant le trajet, Victoria repensa à son rêve. Ça aurait pu être réel. La sonnerie d'un sms la tira de ses sombres images. Hanji.

salut, tu viens aujourd'hui Ma belle ?

coucou, oui ! Tu seras là ?

peut-être, si notre homme sans cœur me laisse entrer.

Tu restes jusqu'à demain ?

non, je dois aller à un repas de « famille » demain midi.

ahah rien de plus chiant.

je peux te demander un renseignement ?

oui ma belle :D

je voudrais offrir un truc à Levi pour le remercier pour l'autre fois mais je ne sais pas trop...

tu avais une première idée en tête ?

je sais qu'il boit du thé noir, mais je ne sais pas la marque. Tu la connais ?

mmmmh. Non mais...

Le TER ouvrait déjà ses portes en gare de Marseille. Victoria rangea son téléphone et sortit du train.

Comme d'habitude, Levi était devant la première porte de train.

- pourquoi tu n'as pas pris ton équipement ?

- je ne peux pas trop aujourd'hui...( quelle excuse bidon! Bravo Victoria ! )

- t'as des règles douloureuses ?

Elle rougit avant d'essayer de lui répondre :

- non pas du tout ! Bêta !

Il la fusilla du regard en silence.

- quoi qu'est ce qu'il y a ? T'es mal viré aujourd'hui?

Il la regardait toujours silencieusement. Cet instant dura une éternité, avant qu'il ne décide de s'approcher d'elle et lui lança, sèchement :

- pourquoi tu portes ce teeshirt dégueulasse et une écharpe alors qu'il fait 30 degrés ?

- je fais ce que je veux. ( bravo, rien de plus suspect!)

Il tâtait l'écharpe, pour la lui desserrer de son cou.

- arrête !

Trop tard.

Deux marques violacées étaient dessinées sur les clavicules de Victoria, ainsi qu'un gros bleu sur le haut du thorax.

Levi avait bien vu, et avait pris un air sombre sur le visage.

- c'est qui?

- personne. Je suis rentrée dans quelqu'un.

- comme tu voudras.

Quoi « comme tu voudras »?

- viens on va manger dehors aujourd'hui.

Il l'emmena sur le vieux port. Ils s'installèrent en terrasse.

- c'est ici que je bosse si tu veux savoir.

Elle regarda autour d'elle.

- tch. Regarde les plats au lieu de regarder partout. T'es ridicule.

Ils mangèrent une délicieuse viande. Puis rentrèrent chez Levi, voir le chat. Victoria sortit son téléphone pour visualiser la suite du sms d'Hanji:

... je sais qu'il range son thé dans le placard à droite au-dessus de l'évier.

Tu trouveras à coup sûr la boîte et le modèle ! ;)

Elle enleva finalement son écharpe. Plus besoin de lui cacher.

- tu veux rester là aujourd'hui ?

- ...

- Oye, tu te sens comment ? Si ça ne va pas je t'emmène à l'hosto.

- pas la peine je suis juste fatiguée !

- tu n'as pas quelque chose à me demander ?

« Comme péter la gueule de Rodrigo. »

Elle ne dit rien. Elle avait l'air à moitié endormie.

- bon je vais pisser.

Il partit.

Soudain, le sms d'Hanji Lui revint. Elle hésita mais décida de se lever, ouvrir le placard, pour découvrir la boîte de thé.

Ceykur Thé noir bio

Elle reposa la boîte, mais en refermant le placard, elle découvrit que Levi la fusillait du regard comme jamais il n'avait fait. Ses yeux étaient devenus noirs de rage.

- alors comme ça on fouille dans mes placards, la morveuse.

Devant l'air menaçant et terrifiant de Levi, elle voulut lui expliquer.

- Levi...

- tu sais quoi...

Il s'avança tel un prédateur vers elle, lui empoigna fermement le bras pour bien lui faire comprendre le message.

- dégage de là. Je n'ai pas besoin d'une fouineuse ! Tache de ne jamais revenir, je ne veux plus jamais entendre parler de toi !

Il la jeta dans le couloir, et claqua violemment la porte.

- non attends laisse-moi te dire...

- FOU LE CAMP SINON JE SORS POUR T EN METTRE UNE.

Elle entendit comme des coups dans l'appartement. Terrorisée, elle fuit ce lieu, les larmes aux yeux.Pour aller où maintenant ? Elle marcha d'un pas lourd vers la gare.

Rayhane l'appela soudainement :

- allo chouchou ?

- oui ?

- je suis rentrée du bled, on se voit ?

Victoria se mit à pleurer.

- oula , viens me voir! On se retrouve devant le lycée si tu veux!

- non...je ... je ne sais pas... je vais peut-être faire un peu de moto...

- ce n'est pas prudent .

- je te tiens au courant.

Elle raccrocha. Finalement elle avait envie de prendre de la vitesse. Oui, elle allait louer une moto. Elle se dirigea, et entra dans la boutique de Mike.

- oh, comment tu vas ? Oh... qu'est ce qu'il y a ?

- j'aimerais te louer une moto pour deux heures.

Il fronça les sourcils.

- ça va ?

- j'ai juste besoin de me défouler...

Mike tiqua.

- ta pièce d'identité et ton permis s'il te plait.

Elle lui donna.

- alors c'est bien ça !! Tu es la fille de Adrian Haule ?

- oui, vous connaissiez mon père ?

- oui.

Hanji, entra à ce moment affolée, implorant Mike de lui réparer sa voiture.

- oh ma belle, tu n'es pas avec Levi? Tu viens louer une moto?

- Hanji, laisse-nous finir. Victoria, je ne te louerai rien.

Elle grogna.

- pour la simple et bonne raison, que la dernière fois que j'ai vu ton père, le jour de sa mort, avant de prendre la route, il avait le même regard que toi aujourd'hui.

Elle resta stupéfaite.

- j'irais voir ailleurs alors.

- des que tu seras sortie de ma boutique, je vais prévenir toutes les boutiques de la région. J'ai un bon réseau.

- qu'est-ce que ça peut vous foutre ?

Le regard de la jeune fille était flamboyant de colère.

- tu ne feras rien aujourd'hui point. J'ai déjà eu du mal à me remettre de la mort de mon ami d'enfance. Ce n'est pas pour laisser sa fille se tuer à moto, comme il a fait.

- c'était un accident !

- A CAUSE DE QUOI À TON AVIS ? La colère, l'envie de prendre de la vitesse à en perdre la raison. Juste pour oublier ! Et c'est exactement ce qui te traverse l'esprit. J'en suis sûr, je n'oubliera jamais ce regard et cet instant où j'ai laissé ton père partir. En pensant que tout irait bien parce qu'il était un champion de moto.

- Mike , ne soit pas si rude avec elle ...

- HANJI, je t'ai dit de me laisser finir ma conversation. Maintenant mademoiselle Haule, sortez de ma boutique.

Elle pesta et partit en disant tout de même au revoir.

- Mike, je te laisse ma voiture, je repasse rapidement ! Et attends-moi ma belle !!!

Hanji rattrapa son amie.

- explique ce qu'il ne va pas !

Elle se mit à pleurer.

- c'est horrible Hanji.

Elles s'assirent sur un banc un peu plus loin, dans un petit parc à l'abri des regards.

Victoria lui expliqua avec précision ce qu'il c'était passé.

- j'ai eu peur Hanji ... il m'a fait terriblement peur.

- je vais aller lui parler!

- il a dit qu'il ne voulait plus entendre parler de moi...j'ai essayé de lui expliquer je te jure, mais il ne m'a pas laissé la possibilité ...

- pleure si ça te fait du bien ma belle...

Son corps était traversé de petits sursauts.

- rentre chez toi pour aujourd'hui. Va te promener seule. Ça te changera. Tu verras que voir autre chose que l'ours Ackermann, ça peut faire du bien.

Elle la raccompagna devant son train.

- oh et le plus important !

La lycéenne redressa difficilement la tête.

- n'oublie pas de garder le sourire. Ça désarmera tous tes ennemis, même les plus violents!

Le train partit de Marseille.

La porte de l'appartement de Levi s'ouvrit à grands coups de pieds.Hanji entra.

- dégage la binoclarde. Je n'ai pas envie de parler.

- pourquoi tu as réagi comme ça ?

- hein ?

- avec Victoria ! Tu n'avais aucune raison d'être agressif avec elle.

- je n'ai rien à dire. DÉGAGE .

Elle s'avança pour le fixer silencieusement, pour se diriger vers le placard, pour sortir la boîte de thé. Elle ouvrit le couvercle pour constater, qu'une fois de plus, elle était remplie de drogue.

Elle vint poser la boîte devant lui :

- tu crois que ça lui plairait de savoir ce que tu fais ? Ses yeux s'illuminent d'admiration dès qu'elle te voit.

- je n'ai pas besoin de cette gamine. Je ne suis pas éducateur spécialisé ou assistant social ! Qu'elle règle ses problèmes seule.

Excédée, la grande brune le gifla puis lui hurla:

- c'est vraiment ce que tu veux ? Passer pour un connard ? Et ne me dis pas qu'elle n'est qu'un plan cul, d'une tu n'aurais pas attendu sa majorité pour la mettre dans ton lit, et de deux, ton regard est loin d'être le même que celui que tu as quand tu ramènes tes aventures d'un soir !

Il baissa la tête, abasourdi par le geste de la folle brune.

- tu ne veux pas mettre ton sale caractère de côté, et être son sauveur ? Ça rendrait service à tout le monde.

- non. Je ne suis pas un sauveur... loin de là.

- Comme tu voudras. Mais sache qu'elle voulait simplement te faire un cadeau, et c'est moi qui lui ai dit de regarder dans ton placard pour trouver la marque de ton thé favori. Tu n'as même pas cherché à comprendre, alors qu'elle voulait te faire plaisir.

Il se prit la tête dans les mains. Bouche bée, et honteux d'avoir réagi comme ça. Sa gorge se noua, et ses yeux s'emplirent de larmes.

Elle partit. En refermant la porte de l'appartement qu'elle avait bien amochée, un sourire de victoire se dessina sur ses lèvres. Elle avait réussi à provoquer un électrochoc. Ça allait prendre du temps, mais son pari allait fonctionner.

Levi abandonnerait bientôt la drogue, pour une jeune fille attendant d'être libérée.