Précédemment sous PDV Extérieur

Martijn, jeune médecin diplômé, entame sa première journée dans l'hôpital psychiatrique de son père. Il vient de rencontrer ses patients pour la première fois et se rend compte qu'une jeune femme nommée Garance Rockfeller l'attire. Il décide de mettre cette sensation à l'écart et se concentre plutôt sur le travail qu'il va devoir effectué. Malheureusement, l'hôpital n'a pas encore livré ses secrets...

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- Que mangent les patients ? demandai-je à mon collègue Louis.

- Et bien la même chose quasiment. Généralement c'est viande en morceaux voire en bouillie avec de la purée, puis une pomme en dessert et de l'eau.

- Et ce tous les jours ?

- À peu de choses près, le soir c'est une soupe, un morceau de pain et un fruit selon la saison. En revanche, lors des fêtes telles que Thanksgiving, le 4 juillet ou Noël le menu est un peu plus digeste et raffiné.

- Et à côté le personnel médical mange équilibré ?! C'est aberrant... constatai-je.

- Ouais, on va mettre ça sur le dos de la restriction budgétaire, haussa des épaules Watse.

- Comme toujours...

Après notre constat sur la qualité de la nourriture préparée, on déposa nos plateaux à un endroit spécifique. En attendant les visites personnalisées mon équipe m'emmena dans notre salle de repos afin de mieux étudier les dossiers de mes patients et pourquoi pas lire le règlement de cet asile psychiatrique.

On traversa la cour puis ouvrit la porte arrière du bâtiment central de manière à aller au premier étage, dans notre salle de repos. La pièce, d'un blanc hôpital, était grande mais très rustique avec le minimum de matériels nécessaires soit un canapé datant de l'an douze, quelques chaises, une table, un porte-manteau, deux bureaux et des casiers pour ranger quelques affaires comme des dossiers ou des effets personnels.

Louis me regarda et se mit à rire sans que je sache pourquoi. Je lui retournai un regard interrogateur et celui-ci me dit :

- Tu m'as l'air perdu. Pas trop moche ici ?

- C'est le minimum vital, répondis-je en soufflant.

- Il y a pas meilleure qualification effectivement.

- Fais comme chez toi Martijn, informa Aubrey en s'asseyant sur le vieux canapé en cuir, des dossiers en main.

- Très bien, où est ce fameux règlement ?

- Tiens, me tendit Michael.

- Merci.

Je m'assis sur une chaise et commençai à éplucher ce document si important.

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Règlement intérieur du Trans Allegheny Lunatic Asylum

Art 1.1 Toute personne enfermée dans cet asile à le droit d'en sortir si et seulement si la personne qui l'a internée veut l'enlever de cet asile. Personne d'autre ne peut la faire sortir de cet asile. (Raisons d'admissions à l'article 2.1)

Art 1.2 L'infirmière qui a isolé un patient, sous quelques raisons que ce soit, est la seule personne à pouvoir la faire sortir de la cellule d'isolement. Aucune raison n'a le besoin d'être justifiée.

Art 2.1 Les raisons d'admission sont diverses et variées. À compter du 22 octobre 1864 elles sont rangées en sept catégories distinctes telles que le sexe, la maladie, la femme, la drogue/alcool/tabac, la politique/religion, le comportement/immoralité et autre. Elles sont au nombre de 55 et sont les suivantes (...)

Art 2.2 Les motifs d'admission sont elles seules régies, dirigées, validées et approuvées par le directeur de cet établissement.

Art 3 Le directeur peut renvoyer les membres du personnel qu'il désire si le motif est justifié et valable.

Art 4 Les visites ne sont pas autorisées sauf sous demande manuscrite justifiée et signée, ces dernières ne dureront pas plus de 15 minutes.

Art 5 Aucun signe religieux n'est toléré, les patients des ailes 1, 3, A et C ont la possibilité de prier à la chapelle sous demande.

Art 6.1 Le traitement de faveur n'a pas lieu d'être dans cet établissement.

Art 6.2 La relation patient/soignant ou soignant/soignant voire patient/patient n'a pas sa place dans l'asile, et ce sous peine d'exclusion et d'annulation de diplôme(s).

Art 7.1 La drogue, le tabac, l'alcool ne sont pas tolérés.

Art 7.2 Le harcèlement, les insultes, les mots grossiers, les menaces ou toutes autres paroles de ce type seront fortement sanctionnées.

Art 7.3 La tranquillité, le calme, la sérénité, la politesse, la ponctualité et la liberté d'expression sont les maîtres mots de l'asile.

Art 7.4 Les cris, l'agitation et l'agressivité seront alors passibles d'isolement.

Art 8.1 Des activités intérieures et extérieures ainsi que des salles communes seront mises à disposition pour les patients aux troubles légers.

Art 8.2 Ces activités auront lieu dans l'après-midi à des heures fixées par le personnel en charge.

Art 8.3 Le couvre-feu des activités extérieures comme intérieures sera donné à 19h.

Art 9.1 Une équipe médicale gère 51 patients en moyenne.

Art 9.21 Un médecin possède, à sa charge, 10 patients de différentes unités, ailes, troubles.

Art 9.22 Le soignant en question possède ses patients et c'est tout, il ne peut les changer ou les laisser de côté.

Art 9.3 Le secret professionnel est de rigueur, la confidentialité prime !

Art 9.4 Un patient peut recevoir deux visites médicales toutes les 24 heures.

Art 10.1 Les sorties dans les couloirs sans autorisation et sans accompagnant sont strictement interdites. Il en va de même si ce même patient veut aller dans les chambres d'autres patients.

Art 10.2 Le patient doit être vêtu d'une blouse de l'asile avec des sous-vêtements afin d'éviter la provocation.

Art 11.1 Afin de punir, restreindre, calmer ou soigner un patient les méthodes utilisées et possibles sont diverses, le soignant ne doit, cependant, pas en abuser.

Art 11.2 L'isolement, la contention, la camisole de force, la cage humaine, les électrochocs, l'hydrothérapie, les cures de coma insulinique, la chaise (électrique ou tranquillisante), la saignée, la lobotomie, le bain froid ou chaud pendant plusieurs minutes sont des pratiques et méthodes qui seront mises à disposition et possibles. Certaines ne peuvent être exercées que par le biais d'un chirurgien agréé.

Art 12.1 Le petit-déjeuner sera servi à 8h45, le déjeuner à 12h15 et le dîner à 19h15.

Art 12.2 Les douches seront possibles de 8h à 10h puis de 18h45 à 21h sous la surveillance d'un ou plusieurs surveillants.

Art 12.3 Les lumières dans les couloirs seront allumées dès 8h le matin. L'extinction des feux se fera quant à lui au alentour de 22h15.
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- Il donne froid dans le dos ce règlement !

- Ah, toi aussi tu trouves ? Je te rassure c'est ton père qui l'a rédigé.

- Il peut se montrer froid dès fois, annonçai-je.

- Je n'en doute pas. Heureusement pour nous, nous n'avons pratiqué aucune des méthodes mentionnées. Peut-être une.

- Qu'est-ce ? demandai-je curieux.

- L'isolement pour Julian. On a dû le faire il nuisait les autres.

- D'accord mais le bain froid ou chaud c'est pas très brutal.

- Malheureusement tu te trompes. Le patient est immergé dans une baignoire, un tissu sur celle-ci, et lui il est dans l'eau et généralement il se débat. Crois-moi c'est pas très gai comme méthode...

- Maintenant que tu le dis Watse.

- Il serait peut-être temps d'aller voir tes patients, non ? remarqua la seule infirmière.

- Bonne idée. Vous m'accompagnez ? proposai-je.

- Bien sûr, tu es sous notre charge cette journée seulement donc on vient avec toi.

L'équipe médicale m'emmena dans l'aile 3, aile réservée aux hommes moyennement atteints. Damian, un salarié chargé de soin, m'indiqua mon premier patient : Julian.
Je m'avançais vers sa cellule, lui notifiais ma présence, poussais la porte et à ma grande stupéfaction il vint se loger dans mes bras et me murmurer un merci. Je lui rendis une étreinte et dis à mon équipe que je ne craindrai rien. Elle me fit un signe de tête et resta dehors, à la porte, à m'attendre.

- Bonjour Julian. Comment allez-vous depuis ce matin ?

- Bien merci.

- Au vue de votre réaction à l'instant je crois que vous êtes content de me revoir ?

- Oui, je vous aime bien. Vous êtes différents des autres.

- Savez-vous pourquoi je suis revenu vous voir ?

- Parce que je suis gentil ?

Je souris à sa phrase et dis :

- Pas seulement, je viens parler avec vous parce que vous en avez besoin. J'ai besoin de plus vous connaître aussi. Je vous promets que je ne vous ferai pas de mal. Pour cela je vais essayer d'établir une relation de confiance avec vous. Cela vous convient ?

- Oui monsieur le docteur.

- Première question, pourquoi êtes-vous cul nu derrière cette blouse ?

- J'aime bien, leur bas de sous-vêtements gratte énormément. Je me sens plus à l'aise et plus libre.

- Bon très bien. Quel âge aviez-vous lors de votre admission au sein du TALA ?

- 22 ans, j'en ai actuellement 24.

- D'accord et avez-vous commencé les études ?

- Oui, je faisais des études de droit afin de devenir juriste mais ma famille m'a enfermée ici sans aucun scrupule...

- Je suis désolé... Les raisons ici sont vraiment très étranges et complètement injustes. Pour quel motif-

- Mes parents me prenaient pour un idiot, après des examens médicaux et leur étude de phrénologie j'ai été interné ici car j'étais considéré comme quelqu'un de dangereux pour la société. D'après leurs résultats j'étais faible intellectuellement. Si vous voulez savoir les exactes raisons elles sont simples : lecteur assidu de romans, idiotie, dérangement mental, hystérique et schizophrène.

- C'est horrible. Pourtant vous avez l'air d'être quelqu'un de gentil, d'intelligent et d'attachant.

- Allez leur dire vous...

- Je ne les comprends pas... Mais pourquoi agissez-vous comme tel ? lui demandai-je intrigué.

- Pour qu'ils croient aux motifs donnés par ma famille. Je fais exprès de faire l'inculte et le niait. Après c'est marrant de le faire, tout le monde ne m'aime pas mais je donne le sourire aux patients et c'est une belle chose. Il m'arrive de les défendre face à monsieur hamburger d'ailleurs.

- Monsieur hamburger ?

- Oui, le surveillant que vous avez fait taire ce matin. C'était très bien joué d'ailleurs ! Je vous admire fortement pour ça. C'est sûrement grâce à vous que j'arrive à me confier.

- Ah ouais ? dis-je de plus en plus étonné.

- Oui, je suis le genre de personne à mettre le chaos, aller dans la baignoire ou en cellule d'isolement tout le temps, passer pour le premier imbécile et être malgré tout devenir discret et triste dans ma cellule le soir mais grâce à vous j'ai l'impression que j'arrive à me confier plus facilement. Merci Martijn.

- Je suis là pour ça. Mon attention n'est pas de vous soigner par des méthodes les plus tordues les unes que les autres mais de parler avec vous afin que je puisse définir qui vous êtes, étudier votre passé et comprendre pourquoi vous êtes devenu tel que vous êtes pour que vous puissiez guérir. Je ferai tout pour vous sortir de là.

- Vous êtes délibérément pas comme les autres soignants que j'ai eu.

- Ravi de l'entendre mais je vais devoir vous quitter, d'autres visites m'attendent.

- Faites. À demain.

- À demain Julian, souris-je.

Je quittai la pièce dans le calme, Julian me regardait avec un grand sourire aux lèvres et un doigt sur la lèvre comme pour dire "chut". Je lui ai donné ma parole et je ne dirai rien. De toute façon c'est écrit dans le règlement.

- Je vois que votre rendez-vous s'est bien passé monsieur l'interne.

- Oui très bien. D'ailleurs Julian doit être mieux considéré à l'avenir.

- On le sait très bien...

Un petit silence s'interposa puis Aubrey le brisa pour annoncer avec un grand sourire sur les lèvres :

- Prochain rendez-vous avec Mademoiselle Rockefeller.

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Hola mes petits lecteurs !

Un nouveau chapitre après un mois d'absence... Je m'excuse mais je tiens à vous transmettre mes vœux pour 2018 ! Bonne santé, bonne année et tous mes vœux pour cette année !

Bref, comment avez-vous trouvé ce chapitre? Le règlement est assez long et chiant mais quelque peu primordial. Je l'ai entièrement rédigé 😅 Voulez-vous que je vous mette les motifs précis d'admission??

D'ailleurs, la phrénologie c'est l'étude des bosses du crâne. Selon une "norme" elles doivent être bien et conformes sinon on peut vous traiter d'idiot (une maladie au 19ème siècle) et vous enfermez en asile juste pour ça. Malheureusement Julian est passé par là 😐

Je vous souhaite une bonne soirée !  Gros bisous !
Chloé 🙈❤