Chapitre II

Précédemment :
- Très bien, de toute façon qui tomberait sous le charme de patients d'un asyle psychiatrique ?

- Méfie toi, cela n'arrive plus vite que tu ne le penses... Sur ce je te souhaite une bonne visite et un bon stage ! Apporte moi de tes nouvelles quand tu auras le temps, s'exclama mon père enthousiaste.

- Je n'y manquerais pas.

Puis mon maître de stage, Watse, ferma la porte du luxueux bureau de mon père situé au premier et il me regarda en souriant.

- Martijn, est-ce bien cela ?

- Oui Monsieur De Jong, approuvai-je à sa question.

- Premièrement, je ne suis pas M. De Jong ou Monsieur mais Watse. Deuxièmement, je suis ici pour répondre à tes multiples questions et t'apprendre les vices du métier que peu de personnes savent. Je serai également ton guide durant trois semaines, après nous serons collègue et peut-être ami. Malgré tout ça, je ne sais pas pourquoi mais je sens déjà que je vais t'apprécier petit.

- Oui j'avais compris cela mais delà à m'apprécier alors que l'on ne se connaît guère est vite jugé, qu'en pensez-vous ?, déclarai-je quelque peu gêné par son inconvenance.

- Nous verrons cela cher Martijn. D'ailleurs, Martijn n'est pas un prénom américain mais plutôt néerlandais n'est-ce pas ?, remarqua-t-il.

- Effectivement, ma famille a trouvé refuge ici alors que mon père n'avait que 5 ans, expliquai-je, ce qui avait l'air de passioner Watse.

- Pourquoi ?

- Pu-

- Non excuse moi cela est trop indiscret pour le moment. Nous verrons cela plus tard. Encore désolé.

- Oh non ce n'est pas grave. Vous inquiétez pas !

- Tutoie moi s'il te plaît, je n'aime pas que l'on me vouvoie je trouve que ça me vieillit.

- Comme vous, euh tu voudras, riai-je jaune me grattant la nuque d'embarras.

- Nous pouvons alors aisément commencer la visite extérieure dans un premier temps, informa Watse alors que nous descendâmes les majestueux escaliers de bois menant au rez-de-chaussée.

Au moment où nous descendions les marches, Watse s'arrêta brusquement sans prévenir puis se retourna vers le dernier de la file, qui n'est autre que moi, en levant un doigt et ouvrant ses lèvres puis il continua de marcher comme si rien ne s'était passé.

Une fois le premier étage descendu et l'imposante porte d'entrée franchise, lui et son équipe firent une pause à l'extérieur du bâtiment long d'environ 400 mètres soit 1295 pieds.

- Avant d'entamer toutes choses, je préfère présenter ton équipe plutôt que de commencer cette visite sans que tu connaisses ta propre Team. De gauche à droite il y a Louis, Aubrey, José, Michael et Damian.

Il m'informa alors que Louis Van Baar, de son vrai nom, était lui aussi un interne comme moi, il venait tout juste de finir son stage obligatoire. Il y avait l'infirmière José Woldring vêtue d'une simple robe blanche et d'un chapeau blanc muni d'une croix rouge, Michael Ross George et Damian Kars étaient les deux chargés de soins de l'équipe alors que Aubrey Wright le second médecin chef avec Watse De Jong comme chef de l'équipe. Tous étaient agréables et accueillants au premier abord.

Louis m'avait expliqué qu'il était lui aussi originaire des Pays-Bas. Il avait vécu dans la capitale néerlandaise puis, à cause de problèmes d'argent, sa famille déménagea aux États-Unis afin de s'y installer et pouvoir espérer réaliser le fameux Americain Dream comme des milliers de migrants l'espéraient dont les irlandais. Les autres membres de notre équipe étaient au contraire de purs natifs vivant en Virginie Occidentale et ayant vécu la guerre de Sécession.

- Quand les architectes ont construits les bâtiments suivant le plan Kirkbride ils ont aussi pensé à sculpter deux gargouilles à l'arrière du bâtiment. Sais-tu pourquoi Martijn?, me demanda Aubrey.

- Ce genre de sculpture est généralement utilisé pour repousser le diable et les mauvais esprits. D'après les pensées de ce siècle, le mal peut entrer par l'extérieur, je pense donc que les gargouilles sont placées ici pour l'éloigner non ?, argumentai-je.

- Exactament ! En plus d'être un beau garçon, tu es une personne très intelligente !, me complimenta José.

- Merci.

- Comme tu nous l'as si bien dit, elles ont été placées ici de manière à éviter les mauvaises ondes à destination des patients mais aussi à cause de la superficie du domaine, puisqu'il fait 666 acres donc 270 hectares.

- Le chiffre de Satan n'est-ce pas ?

- Décidément ce petit possède plein de culture !, constata Michael.

- Honnêtement je ne crois pas aux légendes et mythes qui transcendent le réel ainsi qu'à toutes ses choses surnaturelles traitant d'esprits, annonçai-je franchement.

- Et bien tu changeras d'avis mon cher Martijn.

- Pourquoi dis-tu ça Watse ?, demandai-je légèrement apeuré.

- Qu'as-tu ressenti quand tu as franchi les grilles du TALA ?

- TALA ?, répétai-je.

- Oui l'abréviation du nom de l'asile: Trans Allegheny Lunatic Asylum. C'est plus facile et moins effrayant tu vois.

- D'accord et bien pour répondre à ta question Watse, j'ai eu l'impression d'étouffer quand j'ai franchis les grilles et atteint l'allée principale, ensuite quand je suis arrivé dans l'entrée et qu'une secrétaire m'a accompagné j'ai entendu des rires d'enfants et un des patients, je pense, a crié "Et j'avance dans le couloir et j'avance".

- Il y a des enfants ici mais sinon ne t'inquiète pas c'est juste Julian, le rigolo de l'hôpital complètement ingérable mais tellement drôle !, ria Louis suivit de l'équipe. Je l'aime bien mais malheureusement les docteurs ne sont pas très amicaux avec lui, il est souvent en cellule d'isolement pour ses actes alors qu'il ne le mérite pas.

- Ah mince...

- Oui, en plus il vient d'être transféré sous notre unité et il me semble que tu es le médecin qui se chargera de lui.

- Très bien, j'avais une question depuis tout à l'heure...

- Quelle est-elle ?

- Qu'est-ce que le plan Kirkbride ?

- C'est un modèle de construction inventé et diffusé par un architecte, M. Kirkbride. Le but étant d'influencer positivement sur le bien-être des patients avec les diverses ouvertures de manière à laisser passer la lumière du jour et la fraîcheur du vent. Cette technique peut être utilisée comme un traitement moral mais ce n'est pas très efficace..., expliqua Watse.

- En plus de ce bâtiment considéré comme luxueux, tu as pu distinguer en entrant un gros bâtiment avec une cloche en haut de celui-ci, ainsi que deux ailes symétriques de part et d'autre de cet "îlot central". Ces deux ailes principales regroupent les patientes à droite et les patients à gauche. Les internés les plus touchés sont, quant à eux, aux extrémités de chaque aile principale; les femmes sont dans l'aile D et les hommes dans l'aile 4, continua avec clarté Aubrey. Généralement quand on te demande d'aller en D ou 4, c'est que tu dois t'occuper de ces grands cas, comme par exemple analyser leur état sans rentrer dans leur cellule non lavée...

- Cela m'a l'air assez... répugnant, constatai-je d'un air absolument pas enthousiaste.

- Effectivement, les patients font le ménage dans leur chambre mais pour les plus aliénés il n'est pas fait, donc le lieu reste assez sale et absolument pas hygiénique. Il se peut même que des rats s'approprient les lieux, que des canalisations gouttent et des lumières vacillent puisqu'aucuns travaux -ou très peu- ne sont réalisés. Dans la majorité du temps, il n'y a que les concierges et médecins agréés qui sont autorisés à y pénétrer. Un code y est nécessaire si tu veux entrer dans les ailes D et 4, ajouta Michael.

- En plus des concierges à l'intérieur, cet endroit est bien surveillé. Pour te rassurer, nous ne visiterons pas ces deux parties là.

- Heureusement..., soupirai-je de soulagement.

- Nous allons nous diriger à l'intérieur de l'hôpital, fit remarquer Watse. Avant de rentrer laisse moi te donner un conseil pour te repérer. L'imposant bâtiment du milieu muni de la cloche est celui où est situé l'administration ainsi que les logements des 14 équipes et le directeur. Une équipe possède un petit appartement équipé tandis que le chirurgien et M. Garritsen ont leur propre appartement avec tout le confort nécessaire. Ensuite, les deux ailes sont là où se situent les cellules et salles de thérapie communes ou non. Les extrémités sont, elles, réservées aux méthodes et expériences dites dures ainsi qu'à la prison et aux cellules d'isolement.

- Si j'ai bien entendu, il n'y a pas de mixité au sein des patients. Ils logent tous dans les ailes principales à côté du bâtiment central. Les plus aliénés sont situés aux extrémités et on ne peut y rentrer que sous demande et/ou ordre, un code y est par ailleurs nécessaire. La prison, l'isolement et les méthodes dures sont tout au bout des ailes principales. Mais comment y accéder ?, demandai-je une fois ma récapitulation terminée.

- Un couloir spécial est réservé à cet usage, il n'y a pas de code et la porte est contre le mur. Cet étroit passage longe la partie des plus aliénés sans pour autant y aller, et débouche après une cinquantaine de mètres sur le fameux bâtiment.

- D'accord merci, répondis-je pas très motivé et légèrement perdu.

- Ne t'inquiète pas, il y a des panneaux d'indication un peu partout dans l'établissement.

- Heureusement !, m'exclamai-je.

- Allons rentrons, visitons et découvrons quelques secrets du Trans Allegheny Lunatic Asylum !

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Bonjour à vous!
Voici le deuxième chapitre de cette récente histoire! En espérant qu'il vous plaise!

Petite info:
Avec les codes, conventions et moeurs de l'époque  (fin 19ème siècle), je dois écrire mes dialogues dans un langage soutenu +++ mais je vais atténuer ce langage avec Martijn et son équipe car honnêtement je trouve que ça fait beaucoup subtil et dès fois il se peut que des personnes ne comprennent pas tout... J'espère que ça vous conviendra, le langage sera alors moins soutenu vu qu'ils sont jeunes et dynamiques 😅

Sur ce bonne journée et gros bisous! ❤

P.S : En média, un croquis du TALA dans les années 1880

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