Interlude : Enchanté, moi c'est Taehyung
Voici l'interlude de Taehyung et le chapitre suivant que je poste après.
Surtout prenez votre temps pour les lire, et digérer toutes les informations et émotions. Bonne lecture à vous ♡
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Je suis l'orage,
la tempête,
les nuages
et la foudre.
Tu es mon soleil
et moi ta nuit,
tu es la lune,
et je suis tes étoiles.
Je suis tout à la fois et tout à toi
et en même temps je ne suis plus là.
Mais toi,
toi, tu es.
Tu es la peur de ne jamais être assez
le besoin de toujours être à la hauteur
et les larmes de la mer
qui ne demandent qu'à être adoucies.
Tu es aussi
le sable chaud de notre plage en été
le soleil qui resplendit,
mais aussi et surtout le sourire de la serendipité.
Et tu es celui qui m'a appris l'Amour.
Vis, souris, profite, aime à ton tour.
Et n'oublie jamais de danser pour moi.
Taehyung
🗝
Easy - Commodores
Tu te souviens, la première fois qu'on s'est vu? C'était l'année de nos 5 ans. Mes parents et moi venions d'emménager dans la maison juste à côté de la tienne. J'avais appris plus tard que nous étions partis de la ville parce que le loyer était trop cher, et qu'en plus mon père s'était fait virer de son boulot de pêcheur car il buvait trop - sur le bateau sur lequel il travaillait avec ses collègues, il avait fait une erreur en manœuvrant alors qu'il était alcoolisé.
Les loyers étaient moins chers à la campagne et on s'en sortirait s'il ne trouvait pas de travail dans l'immédiat. Et puis c'était mieux pour lui, car on avait moins les services sociaux dans nos pattes. L'inconvénient, c'est qu'il serait davantage à la maison, et ça, ce n'était pas génial pour maman et moi.
Ce jour-là, tu m'avais regardé alors que j'aidais mon père à décharger ce que je pouvais avec mes petits bras, du coffre de la vieille Hyundai Pony. Tu me regardais à travers le grillage, avec tes grosses joues et ton grand sourire qui cachait tes yeux en amande et qui montrait toutes tes dents de lait, et pas encore ton incisive définitive qui chevaucherait l'autre.
Je m'étais tout de suite dit qu'on pouvait bien s'entendre toi et moi, je ne sais pas pourquoi c'était comme évident, tu sais, comme si je savais d'avance que nous admirerions les fleurs des cerisiers chaque printemps ensemble, ou comme si je savais déjà les promesses de petits doigts que nous nous ferions.
Pourtant au début, je faisais un peu le timide, je me cachais dès que tu apparaissais dans ton jardin et je t'observais en secret.
Tu chantonnais des fois, tu aimais ça déjà, chanter. J'avais aussi vu ton père te serrer dans ses bras et ça aussi c'était nouveau pour moi. Si tu ne faisais pas de la balançoire, tu t'entrainais au taekwondo avec ta petite sœur ou vous vous bagarriez - j'avais appris plus tard que vous étiez jumeaux, qu'elle aimait bien te suivre partout et que toi tu n'avais qu'une envie, c'était qu'elle arrête de faire le pot de colle. Et enfin, tu sautais partout et tu dansais, les pieds nus dans l'herbe ou dans la terre, quelquefois même en robe ou avec du maquillage, pendant que ta sœur battait la mesure ou chantait, elle aussi. C'était beau. Ta sœur avait une voix magnifique. Et je te trouvais beau. Tu étais déjà tellement beau à cette époque.
J'avais tout de suite vu que ta famille n'était pas ordinaire. Il y avait de la vie, il y avait du bruit, des câlins, des rires et de la bonne humeur à travers vos murs et jusqu'à l'extérieur, tu avais apparemment pas mal de grandes sœurs qui parlaient à tort et à travers comme toute famille nombreuse, et tes grands-parents vivaient avec vous.
Enfin c'est vous qui viviez chez eux, les parents de ta mère avaient hérité de cette grande maison familiale et traditionnelle et il était naturel pour vous d'y vivre tous ensemble.
Ces grands-parents que moi je n'avais pas, étaient souvent tous les deux installés dehors à discuter, se reposer, préparer le repas ou le linge sur le pyung sang [sorte de plateau surélevé coréen ressemblant à une table basse, souvent carrée, qu'on retrouve dans la cour extérieure des maisons coréennes ou sur les toits et qui permet de s'asseoir, s'allonger ou discuter]. Je les entendais aussi vous disputer gentiment quand l'une de tes sœurs ou toi faisiez une bêtise.
Toi, tu étais toujours bien habillé, poli et souriant, je devais passer pour un petit sauvage à côté de toi. Avec ma coupe de cheveux pas vraiment à la mode - ma touffe de cheveux châtains bouclés me tombait la plupart du temps devant les yeux - et mes habits pas vraiment à ma taille ni à la mode, je devais détonner à tes côtés. Mais je crois que tu t'en fichais, car jamais tu ne m'as regardé de travers.
Et puis même si nous avions peu de moyens, ma mère tenait toujours à mon hygiène, et elle aimait me récurer de partout tous les jours. J'étais donc "propre comme un sou neuf" comme elle disait, et elle finissait toujours par un baiser esquimau avec son sourire las.
Maman était belle, malgré les soucis. Même si elle n'était pas la plus heureuse des mamans, je sais que m'avoir à ses côtés lui donnait au moins le sourire. Elle me le disait tous les soirs en me couchant " Tu es mon étoile qui brille dans la nuit Taehyung" C'est peut-être pour cela que j'avais toujours aimé les étoiles et le ciel.
Et puis ensuite parce que nous étions nouveaux dans le quartier, ta mère était venue se présenter à nous pour nous accueillir, avec un panier rempli de nourriture que vous aviez préparé en famille. Tu l'accompagnais, accroché au tissu de sa jupe avec tes petits yeux et tu osas me dire avec ta voix fluette "tu veux jouer avec moi dans mon jardin?" Maman avait remercié la tienne, en s'inclinant un certain temps devant son aînée, les joues empourprées de votre grande gentillesse. Maman était comme ça, timide et réservée, pas vraiment bavarde mais elle savait reconnaître les gens sincères. Alors elle avait bien voulu prendre le panier en s'inclinant encore et encore et avait accepté que j'ailler jouer avec toi.
Et c'est à partir de là que nous ne nous sommes plus quittés. Dès que je le pouvais, je me glissais chez toi, à travers le trou du grillage qui n'avait jamais été réparé. Maman le savait. Plus d'une fois, elle s'était pourfendue en excuses auprès des tiens parce que j'étais à présent plus souvent chez eux que chez nous, mais ta mère répondait "Plus on est de fous, plus on rit! Qu'il y ait 6 ou 7 enfants ne change rien, Taehyung et Jimin s'entendent tellement bien!" Alors maman n'avait plus rien dit, elle préférait peut-être que je sois chez toi plutôt que je profite du spectacle de mon père, vautré dans le canapé à boire ses bières ou le voir s'en prendre à elle en l'insultant avec ses mots ou ses poings.
Je venais donc chez toi, nous jouions ensemble avec tout et n'importe quoi. On s'inventait des jeux, on riait, on s'inventait une vie et le futur. Et nous, on était heureux. Je crois qu'on se rendait déjà heureux à cette époque.
Je te regardais vivre, sourire, rougir parce que tu le faisais si facilement, et puis parce que ton rire était le plus beau que je n'avais jamais entendu, je crois que je m'étais investi d'une mission. Te faire rire le plus possible. Et je crois que j'y arrivais bien et surtout mes blagues devenaient mémorables. Minji riait toujours avant toi et halmeoni, ta grand-mère me disait que beau comme j'étais, plutôt que de faire le clown quand je serai grand comme je le clamais haut et fort sur mon futur emploi, il fallait que je trouve un métier mettant en valeur ma beauté. Elle était gentille halmeoni, mais moi je ne me trouvais pas spécialement beau, personne ne me l'avait jamais vraiment dit, à part maman, alors je ne pouvais pas la croire. Peut-être après, lorsque je serai au collège ou au lycée j'en avais pris conscience et en avais joué, pour draguer les filles.
Toi et moi nous étions devenus inséparables même à l'école. Le village dans lequel nous habitions n'était pas très grand et les classes étaient petites. Nous étions donc souvent ensemble en cours, puisqu'en plus nous n'avions que quelques mois d'écart. Nous faisions tout ensemble. Tu avais, il est vrai ta jumelle, mais souvent c'était nous deux que nous appelions les jumeaux.
Toi et moi, nous pouvions tout nous dire, nous confier et surtout je savais au plus profond de moi que jamais tu ne me ferais de mal, ni ta famille.
Tu te souviens de cette fois-là, c'était un samedi je crois, et tes parents travaillaient au café. On était parti à pieds jusqu'à la place, enfin si on peut appeler ça la place, le village faisait quoi? 790 habitants à l'époque? Nos deux maisons étaient en périphérie et il nous fallait marcher 400m à peine pour arriver à la supérette, aux autres commerces et au café juste à côté, celui que tenaient tes parents juste en bord de mer.
Ce jour-là, c'était la première fois où on s'était fait prendre en train de voler des bonbons au convenience store. On avait une dizaine d'années. On s'était fait chopé en train de voler.
Ton père, après, nous avait passé un tel savon... Il avait vu que cela m'avait fait peur, la façon qu'il avait eue de crier parce que j'avais levé mes bras pour protéger mon visage. Il avait dû entendre les cris et les larmes de maman et moi qui venaient de notre maison de temps en temps.
Il avait alors pris le temps de se mettre à notre niveau en pliant ses genoux et en nous rassurant. Il ne fallait pas recommencer, il y avait la réputation des Park à tenir surtout avec le café " un Park ne vole pas, il est digne et honnête", et si nous voulions des bonbons, nous n'avions qu'à lui demander.
Ce jour-là, j'ai voulu devenir un Park. Ce jour là, j'ai compris beaucoup de choses. C'était peut-être anodin, mais avec le recul, je me rends compte que la présence de ta famille dans ma vie m'a sauvé la vie. Je me souviens d'ailleurs que plus petit tu avais trouvé une pièce par terre et tu avais voulu la ramener à la police. J'avais trouvé cela idiot sur le coup, mais tu m'avais expliqué et je m'étais avoué, encore une fois, qu'il n'y avait pas plus gentil que toi. Et j'étais tout heureux d'être ami avec un ange. D'être ton ami.
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Don't cry - Guns N'Roses
On en a fait des bêtises. Les 400 coups, comme disent les vieux. Nous c'était les 400 conneries. Mais toujours dans la dignité et l'honnêteté. On ne se droguait pas, on ne buvait que rarement, je fumais un peu et j'aimais les fraises, et j'avais des idées farfelues. Tu étais toujours là pour me recadrer si nécessaire. Je n'avais pas beaucoup de cadre chez moi alors j'en avais chez toi et je m'y pliais.
Nous étions des guerriers Jimin. Même ton harcèlement au collège, tu l'as surpassé. Tu osais et tu voulais assumer tes choix, tes parents avaient toujours été tolérants, mais ce n'était pas le cas des gens autour. Tu en as beaucoup souffert juste parce que tu aimais mettre des paillettes sur tes yeux et du rose dans ta vie, alors que moi c'était les bleus qui ornaient souvent mon visage. Mais j'étais là, on a toujours été là l'un pour l'autre et ensemble on était les meilleurs. "Les invincibles" ils ont fini par nous appeler à la fin du collège. On se défendait l'un et l'autre. Tu te souviens comment on nous appelait au début? Toi on t'appelait la tapette (je ne sais même pas s'ils savaient eux-mêmes ce que cela voulait dire) et moi j'étais le "cassos" du quartier.
Ça se savait. Notre situation ne s'était pas améliorée. Mon père avait retrouvé un boulot, mais passait au bar avant de rentrer et dépensait sa paie.
Tout était merdique dans ma vie, mais pas toi. Toi, tu étais mon salut.
Ma maison insécure, la peur et les coups. Et puis toi, mon voisin. Toi qui veillais sur moi et qui pansais mes plaies. Toi et ta famille, tes parents qui me donniez tant d'amour et me récupériez quelquefois dans un sale état. Je les avais déjà entendus dire qu'il fallait faire quelque chose, ils avaient essayé d'en parler à ma mère plusieurs fois, mais elle fuyait la confrontation. Elle aimait son mari. Et eux se sentaient impuissants. On s'habitue à cette vie.
Ma mère s'en prenait pas mal des coups, surtout quand mon père ne s'arrêtait plus sur moi, elle voulait prendre ma place. Parce que frapper ma mère ne lui avait plus suffi, il avait osé avec moi. Au début je ne comprenais pas trop, cette haine contre moi, les fois où il disait que ma mère n'était bonne à rien même pas à enfanter, que j'étais l'enfant de rien, qu'ils avaient fait la charité en m'accueillant chez eux. Je n'avais pas trop compris. On ne comprend pas trop ces choses-là quand on est tout petit, ne pas aimer son fils. Parce que c'est ce qu'il faisait, il ne m'aimait pas, je le savais en observant comment ton papa, Jimin, s'occupait si bien de vous.
Alors que moi je faisais tout pour attirer leur attention et me faire aimer. Mais ça ne marchait pas vraiment. Un jour après un énième coup, il l'a dit, que j'étais un bâtard, le fruit du démon et de l'adultère, et qu'on m'avait abandonné sur cette île.
J'avais encaissé. Comme ses coups et l'alcool qu'il ingurgitait. Et puis ma mère après ça m'avait rassuré, en me disant qu'elle m'aimait comme son fils et dans ses larmes elle s'était excusée de cette vie qu'elle me faisait endurer. Je méritais mieux, elle disait. Elle me caressait le visage en me disant que j'étais aussi magnifique qu'elle, cette autre femme dont elle se souvenait et qu'elle avait aidé à accoucher, cette beauté riche du continent qui était venue accoucher en secret ici. Elle m'avait même certifié qu'elle m'aimait, cette jeune femme l'avait dit lorsqu'elle m'avait déposée dans ses bras les yeux remplis de larmes. Et que j'avais finalement l'amour de deux mamans.
Mais ça ne suffisait pas toujours de le savoir. Ça ne m'a servi à rien quand j'étais gosse de savoir qu'une femme s'était octroyé le droit de m'abandonner, sans plus jamais donner signe de vie. Ni de lettre. Seulement me donner un prénom "Il s'appellera Taehyung, s'il vous plait donnez-lui ce prénom." Même plus tard, j'avais plutôt envie de la haïr de ne pas savoir d'où je venais, alors que j'avais été abandonné comme si j'avais été un sac de riz devant une porte. Mais je n'avais jamais cherché plus loin, j'étais un enfant de l'adultère mais aussi et surtout un enfant de Jeju. Ma vie était ici.
Je ne sais comment ils avaient réussi à me faire adopter avec l'administration, rien n'avait été clair, et peut-être même pas réglé, mais ce que j'avais compris c'est que j'avais le même nom que mes géniteurs et ceux avec qui je vivais. Kim. C'était tellement courant comme nom de famille coréen, que finalement cela avait été plus simple.
Elle parlait peu, eomma, mais j'avais compris même à 8 ans, on comprend. Les liens du sang, c'est pas vraiment l'essentiel. C'est l'amour qu'on se porte. Celui qu'elle me donnait et celui que toi et ta famille Jimin m'offriez. Un vrai foyer rempli de bonheur, un havre de paix dans lequel je me réfugiais, rempli de chaleur, de votre amour et de vos bons petits plats.
L'amour, ça se montre, ça se vit, ça se sent, ça se respire. Alors j'en donnais autour de moi. À toi, à ta famille et vous me le rendiez bien. J'avais appris grâce à vous et j'en donnais au centuple. Je vous devais tout et j'aurais tout fait pour toi, je te l'avais promis.
Et je donnerai(s) ma vie pour toi.
Et puis ma petite sœur est née, Eon Jin, j'avais 10 ans. Eomma n'était pas stérile finalement. Il y eut un moment de répit. Quelques années avec moins de coups. Et je la chouchoutais, ce cadeau si beau, elle était si joyeuse, cela faisait du bien dans la maison et maman souriait aussi un peu plus.
Quand mon père a commencé a frappé à son tour ma petite sœur à ses 5 ans, alors qu'il s'en prenait déjà à maman et moi, j'ai failli déraper. Mais tu étais là. Comment pouvait-on frapper son propre sang, sa propre chair? C'était incompréhensible.
Moi j'encaissais, j'étais habitué. Et je n'étais rien. Même si tu me disais toujours le contraire et me faisais m'aimer.
Mais pas elle. Elle ne méritait pas cela, elle n'était pas rien, elle méritait une jolie vie, comme son sourire.
Il y avait eu les cris à travers la maison ce jeudi soir, plus que d'habitude je crois. Et quand j'ai failli tuer mon père avec un tesson de bouteille en voulant lui enfoncer dans le ventre, et que tu es arrivé avec le tien en trombe dans le salon, vous m'avez arrêté à temps.
Je n'étais plus un gosse putain, j'avais 15 ans et avec bien plus de force que n'importe qui. Je l'avais contenue depuis si longtemps. Jusque là, je n'avais pas encore répondu à ses coups, mais je les comptais et je m'étais juré qu'un jour je les lui rendrai tous. Pourtant tu m'en avais dissuadé Jimin, tu disais que ça ne mènerait à rien, juste à ce que j'aille en prison et mon père, cet homme indigne d'exister, ne devait pas en être la cause.
Ton père avait réussi à me raisonner et m'apaiser et je ne lui avais pas fait de mal. Mon père saoul avait voulu riposter et tabasser le tien. Et ton père s'était défendu.
Ce fut une bonne raison pour appeler la police et porter plainte. Enfin. Tes parents nous ont ensuite aidés, une fois de plus et ma mère ne les en remerciera jamais assez. Ils nous ont hébergés tous les trois, en attendant, et ils ont fait ce qu'il fallait pour le dénoncer aux services sociaux. Ce n'était pas facile pour ma mère dépressive de remettre sa vie en question et surtout de la reprendre en main, seule et de s'assumer.
À partir de mes 15 ans, j'ai vécu le bonheur et l'apaisement en son entier. Nous revivions. Tes parents ont été notre deuxième famille et maison, ils ont veillé sur nous. Maman a eu ensuite un petit logement décent pour nous trois, mais elle acceptait que je sois souvent chez toi. Pendant les fêtes tes parents me faisaient autant de cadeaux qu'à toi, ils fêtaient mon anniversaire comme si j'étais leurs fils. Ils ne roulaient pas sur l'or pourtant, ils faisaient attention et tes sœurs payaient leurs études. Ils m'ont même payé le voyage scolaire de dernière année au lycée, tu te souviens, c'était à Busan pour des compétitions sportives inter-lycées. Un voyage mémorable, mais ce n'est pas maintenant que nous en parlerons, plus tard sans doute.
Tes parents nous laissaient être nous-mêmes dans la bienveillance et le respect. Ils nous apprenaient aussi la valeur de l'argent, et ils ont accepté que je travaille juste à côté du café, au garage de deux-roues de ta grande soeur Jessi et de son mari Baek-Hyung, en dehors de nos heures d'école quand on a eu l'âge. Et toi tu travaillais le week-end dans la ville à côté, dans un foyer spécialisé pour jeunes autistes. On avait ainsi un peu d'argent de poche.
Le lycée, je n'en ai pas encore parlé, cette période s'est passée si vite. Nous y avons vécu de très bons moments, bien mieux qu'au collège. Nous nous étions fait un nom aussi. Si nos premières années collège étaient remplies de harcèlement et moqueries, la dernière nous ne nous sommes plus laissés faire. Je m'étais bagarré plus d'une fois, tu m'avais appris des prises de taekwondo et toi tu savais y faire aussi. Il ne fallait pas te chercher non plus, même avec tes paillettes aux yeux et ton amour pour les garçons.
Ton père nous avait une fois récupérés devant le principal, les visages en sang et la lèvre tuméfiée. Il nous avait fait la morale, puis discrètement dans la voiture en rentrant nous avait demandé si les deux autres en face avaient souffert. Je lui avais foutu mon poing dans les côtes et toi un coup dans les burnes et les deux s'étaient retrouvés au sol. Ton père avait alors souri en disant "bien! mais c'est la dernière fois!" en nous menaçant du doigt avec un clin d'œil. Ton père avait confiance en nous, et savait que je ne prendrais jamais exemple sur celui qui m'avait servi de père.
On l'avait sûrement écouté ou pas, mais en tout cas à notre arrivée au lycée, on ne nous embêtait plus. On était même plutôt populaires et appréciés. Je prenais goût à m'habiller et faire le beau gosse. Tu continuais le taekwondo et surtout la danse à un excellent niveau et tu t'étais fait remarquer. Le proviseur comptait sur tes talents de premier de promotion (en plus d'être excellent sportif pour l'école tu excellais en cours) pour te présenter aux compétitions inter-lycées et remporter des prix.
Ta soeur Minji était aussi de plus en plus avec nous. Il faut dire qu'elle aussi attirait le regard, aussi belle que toi. Les anciens professeurs se souvenaient tous de tes 4 autres sœurs qui avaient fait le lycée avant nous, la famille Park avec 6 enfants, forcément. Minji au contraire de toi et elles, n'était scolairement pas très bonne, elle avait un genre de trouble de l'attention et ce n'était pas toujours facile pour elle. Elle pouvait paraitre indifférente alors qu'elle écoutait juste le petit pinson venu se poser à la fenêtre de la classe et elle se déconcentrait vite. On trainait ensemble de plus en plus tous les trois. Et je la découvrais autrement. Elle était assez jolie je veux dire. J'aimais bien ta sœur, même si je ne te l'avais jamais vraiment dit. Bien sûr, toi et moi on faisait nos expériences avec les filles. Même toi, pour être sûr. Mais ta sœur, je crois que j'en tombais un peu amoureux.
Mais je ne t'avais rien dit. Toi et moi on se disait pourtant tout, on avait même essayé notre premier baiser ensemble à 12 ans pour s'entraîner. On avait gardé ça pour nous, et puis cela nous paraissait tellement normal, même si tu avais rougi après coup. On allait aux toilettes ensemble, on prenait nos douches à deux, on connaissait le corps de l'autre par cœur, avec pudeur et sans jugement. On était la moitié de l'autre, indissociable. Rien ni personne ne pourrait briser notre lien. Même pas une fille, ni pour toi un garçon. On se l'était promis.
Tu m'avais enfin confié avec appréhension que tu préférais la gent masculine et moi j'en avais ri, en disant que je le savais depuis longtemps. Je m'en fichais de qui tu aimais, comme toi aussi tu t'en fichais que je puisse aimer une fille. On s'aimait nous en premier. Sans rien de sexuel. Dit comme ça, c'était bizarre, il y avait peu de relation comme nous, aussi fusionnelle soit-elle, mais nous on s'aimait ainsi.
On était des âmes sœurs, on s'était trouvés pour ne jamais être séparés. C'est ce que je pensais. À tort.
On s'était même fait une promesse un peu tordue. Si à 40 ans aucun de nous n'avait un.e amoureux.se on se mettrait ensemble. Pour finir nos vieux jours. Je ne regrette pas, il n'y avait rien de bête là-dedans. C'était une promesse d'âmes sœurs.
Mais je ne t'avais pas parlé de Minji qui remplissait étonnamment ma vie, de sa bonne humeur, de son côté espiègle et survolté et de son amour naissant pour moi. Vous étiez si différents tous les deux dans votre gémellité et pourtant vous vous complétiez. Elle était ce que tu n'osais pas. C'est peut-être ce qui nous aurait perdus elle et moi à long terme d'ailleurs, trop instables, trop écorchés ou trop sensibles, je me posais des questions. Et je ne sais pas comment je me serais sorti de cette histoire.
Et puis, je continuai à t'admirer toi, l'ange de ma vie.
On finissait le lycée, ce voyage, et puis il y a eu notre majorité - que nous avons bien fêté avec du soju - et les études supérieures. J'y entrai aussi, en comptabilité, avec toujours l'aide de tes parents et de nos petits boulots respectifs, toi tu travaillais toujours pour payer ta filière en Arts, spécialité Danse, à la fac. Moi j'étais moins convaincu que toi sur la continuité de mes études. La mécanique m'attirait pas mal et j'aimais traîner dans le garage à réparer les motos avec Baek- Hyung, et je travaillais sur les deux que j'avais récupérées à une casse et qui deviendraient les nôtres. Parce que forcément, nous avions passé notre permis moto.
Et pas longtemps avant cette date fatidique, celle que tu n'aimes pas, je ne sais comment ni pourquoi, mais j'ai été remarqué un soir dans la rue à Jeju-Si par une grande agence de mannequinat. Un truc fou, impossible, comme si la vie finalement ne m'avait pas oublié. Comme si elle avait décidé de me réserver de belles choses et un futur bien différent que celui que je devrai vivre ici. Cette semaine avant ma mort, l'agence m'avait même reçu à Seoul pour parler contrat et payer mon voyage, et tu m'avais accompagné.
Un rêve que je n'aurais jamais cru possible.
Et puis il y a eu ce 30 décembre. Je ne te ferai pas l'affront de te demander si tu t'en souviens. Tu revis souvent l'accident dans tes cauchemars la nuit. Je le sais, ne le nie pas.
Ce jour-là il neigeait. Oui il neige aussi à Jeju.
Ce jour tout était blanc.
Puis ce blanc devint rouge.
🗝
Smel Smells like teen spirit - Nirvana
My immortal - Evanescence
Creep - Scott Bradlee's Postmodern Jukebox, Hailey Reinhart
End of the road - Boyz II Men
S'il y a un moment que j'aimerai revivre, ce serait sûrement celui-ci.
Non s'il te plait, ne dis pas non, c'était le denier avec toi. Parce que jusqu'au bout nous nous sommes dit que nous nous aimions, et ça c'était magnifique.
- Chim, tu es prêt?
Tu es toujours long à te préparer, c'est pas possible.
- Ouais j'arrive!
Tu sors des toilettes en remontant la fermeture éclair de ton jean noir.
- N'oublie pas tes gants en cuir! te rappelai-je alors que je me dirige vers la porte d'entrée de votre maison.
- Ouais, t'inquiète! tu me cries.
- Vous faites attention hein? Puisque vous ne voulez pas m'emmener! boude Minji les bras croisés en me lançant son regard le plus noir. Elle fait la gueule dans sa jolie jupette gothique, son maquillage dark et sa frange entourant ses longs cheveux auburn. Mais on ne cèdera pas. On ne l'emmènerait pas, on avait prévu une soirée entre mecs.
- Oui Minji on fera attention, je veillerai sur ton frère, comme toujours. Et je l'embrasse sur le front, même si ses yeux me disent "plus bas Tae, mon frère ne nous voit pas".
- Mon frère je n'ai pas de doute, je parle de toi Tae, me répond-elle avec douceur avec de l'inquiétude dans les yeux, en posant ses deux mains à plat sur mon torse, par-dessus mon gros blouson renforcé.
Elle sait mon goût pour la vitesse et l'adrénaline, l'envie de tout oublier sur le bitume. Mais elle sait aussi que je ferai tout pour te protéger Jimin, je te dois tellement. Même si ma vie en dépendrait. Et cela, elle me l'avait déjà reproché.
Tu arrives d'ailleurs dans le couloir, dans ta tenue de cuir en enfilant tes gants, sans vraiment faire attention à la proximité que j'ai avec elle à l'instant.
- On peut y aller!
On sort de la maison, et j'ose me retourner pour offrir un regard souriant et confiant à ta sœur. Le dernier que je lui donne. Mais ni elle ni moi ne le savons encore.
Nous nous sommes acheté nos tenues de motard avec l'argent que nous avons mis de côté. Les motos, on les a récupérées à la casse et j'ai bien bossé dessus avec ton beau-frère. Elles sont nickel. Tu m'as aidé pour les finitions et on a choisi chacun la peinture finale. Moi un joli bleu et toi un jaune pétant. Tes parents nous font confiance quand nous les conduisons, et à chaque fois ta mère vient nous embrasser et nous demander de faire attention. Aujourd'hui, c'est ta sœur.
Nous avons décidé de faire une virée ce samedi 30 décembre en fin de journée. Nous ne bossons pas aujourd'hui et tu as remis au lendemain tes révisions. Il fait beau, il a neigé il y a deux jours, la neige tient bien, mais nous savons que les routes principales ont été bien dégagées. Nous allons faire principalement le bord de mer et on se prévoit un arrêt à Jeju-Si pour rejoindre d'autres potes pour passer la soirée avec eux.
Nous prenons la route. C'est beau, tout est plaisant. Faire la route à tes côtés, du rock dans les oreilles, la pureté du blanc autour de nous dans la campagne environnante avant d'arriver à la ville, et bientôt le bord de mer. Ces odeurs de route, d'embruns, le vent sur nos membres et le bruit du moteur quand nous accélérons.
Une vie ne suffirait pas pour apprécier toutes ces sensations. Peut-être est-ce pour cela que j'en vivrai plusieurs.
Nous roulons une heure. Tu es toujours à mes côtés, nous sommes prudents. Nous arrivons bientôt dans l'agglomération de Jeju, et accélérons un peu pour profiter de la vitesse une dernière fois avant d'entrer en ville. Nous ralentissons, et c'est ainsi que nous nous retrouvons bientôt dans ce carrefour. Tu es un peu sur ma droite, quelques mètres devant moi.
Il y a bientôt un croisement, notre route et celle secondaire, en perpendiculaire, sont bien dégagées et je vois une voiture sur la gauche au loin qui se dirige vers nous dans le carrefour. Elle doit nous laisser passer, nous sommes prioritaires, et pourtant je ne la vois pas décélérer, sa vitesse reste constante.
Je ne sais pourquoi je crie ton prénom pour te prévenir, je ne sais pas si tu l'as vu, mais forcément, tu ne m'entends pas. La voiture continue sur sa lancée, elle n'est pas récente, je ne suis pas sûr de la fiabilité de ses freins. Il y a le froid et la neige, je ne sais pas pour les plaques de verglas et en quelques secondes je crains le pire. Pour toi.
Alors j'accélère.
J'accélère et la première chose à laquelle je pense c'est ta sécurité. Le temps semble au ralenti, car en quelques secondes, voir un quart ou millième de seconde, tu me vois passer à tes côtés, je tourne la tête vers toi, je te souris, nos regards se croisent, le tiens s'étonne et tu me vois soudain voler dans les airs.
Percuté par cette voiture.
Ta moto dévie sur le côté. Un millième de seconde de plus et tu aurais voler aussi. Mais le choc de mon corps et ma moto ont amorti la vitesse de la voiture qui a fini dans le fossé, plus loin. Ta moto a fini par glisser beaucoup plus loin, t'emmenant avec elle, et tu t'es retrouvé sous elle.
Je suis au sol. Je ne sens plus rien. C'est la première fois que je vole. Je t'enviais souvent quand tu le faisais en dansant dans les airs. Je t'admirai pour cela. Je dansais au lycée, breakdance, hip hop, danse de rue, mais jamais comme toi, pas dans les airs. Et je t'ai volé la vedette aujourd'hui, et j'en souris je crois.
J'ai volé et je suis tombé, mais je n'ai pas senti l'impact. Je suis allongé au sol, sur le goudron froid de cet hiver, sur le côté. Je n'ai plus de force, mais j'arrive à faire glisser mon casque qui me comprime et que je laisse rouler sur le côté, dans un bruit nu. Geste de trop peut-être, de toute façon, je crois que je ne pourrais pas me relever.
Je me sens bien, heureux. Je ne dirai pas "enfin heureux", je l'ai été ces sept dernières années. Mais je suis bien. J'entends des cris, des voitures qui s'arrêtent. D'autres voix que la tiennent. Je t'entends toi. M'appeler.
Tu me rejoins, j'entends tes pas traînants, tu as peut-être mal quelque part mais tu marches, c'est déjà ça. Tu murmures mon prénom, ou plutôt tu le gémis. Mais je veux sourire pour te rassurer. "Jimin, ça va, t'inquiète!" je lui murmure tout doucement. Mon bras gauche est plié, je touche le côté gauche de mon visage, mais je n'arrive pas à bouger le reste de mon corps. J'ai l'impression aussi que quelque chose me quitte, mon sang doit couler quelque part.
Tu te laisses tomber lourdement devant moi, les bras ouverts, les cuisses écartées, et je crois que tu commences à pleurer. Je suis si moche que ça? J'arrive à lever un peu mon visage et je vois maintenant le tien, ravagé. Tu me regardes, anéanti. Toi aussi tu as enlevé ton casque, tu n'as pas l'air d'avoir de blessures apparentes.
- Jimin....
- Taehyung, ça va aller d'accord? Tu me dis en pleurant. Ils ont appelé les secours. Tiens le coup, c'est pas si grave, hein?
Je ne vois rien autour de toi, je crois qu'effectivement, il y a des gens, mais je ne vois que toi.
Je te regarde, je souris de nouveau, et mon corps subit un soubresaut. Du sang sort de ma bouche en jet et coule sur le côté. Tu portes ta main à ta propre bouche pour éviter de crier, je te connais, je le vois dans tes yeux. Tu as peur.
- Jimin....prends moi dans tes bras, j'ai froid.
Ton regard est horrifié, je vois que tu paniques, tu as tellement peur. Mais moi je suis bien là, je ne vois que toi.
- Je sais pas....je sais pas si j'ai le droit, je vais t'abimer un truc et-
- JImin on sait toi et moi où ça va me mener, alors prends-moi dans tes bras je t'en supplie.
Un sanglot sort de nouveau de toi, tu refuses, puis tu te ressaisis, tu regardes sur les côtés au loin la route et peut-être les gens qui sont en groupe, le temps passe, le temps presse, tu tends alors tes bras et tu soulèves juste un peu le haut de mon buste pour le glisser sur tes genoux, entre tes bras. J'ai du sang qui coule, je crois qu'une barre de métal du devant de la voiture m'a percuté et perfore ma cuisse et peut-être une grosse artère, j'en sais rien, mais je sens un truc dur m'empêcher de bouger, je ne veux pas voir. Juste toi.
Je suis dans tes bras qui m'entourent et tes yeux qui ne regardent que moi, et c'est tout ce qui compte. Je suis rassuré ainsi. Alors je te souris encore et encore.
Je suis là dans tes bras et je sens tes larmes couler à flots sur ma peau qui se rafraîchissait déjà.
Je suis heureux dans tes bras. Y-a-t-il plus belle mort que celle de fermer les yeux sur celui qu'on aime le plus au monde.
- Tu as vu j'ai dansé aussi dans les airs! J'arrive à articuler en sondant ses orbes. Tu danseras pour moi? Tu continueras à danser s'il te plaît?!
- Non non ne commence pas....tu geins.
Tu sanglotes de plus en plus fort.
- Tu vas me prendre pour un con mais je la vois vraiment la lumière, tu sais au loin, je la vois dans mes yeux. Alors écoute-moi bien...
Je tousse une nouvelle fois et du sang s'échappe de nouveau de ma bouche en filets continus. Enfin je pense que c'est ça ce goût métallique et ce liquide. En même temps que tes larmes qui s'y confondent.
Je te souris encore. Je sais que tu l'aimes mon sourire si particulier.
- Taehyung....
Tu pleures tellement et me supplies de rester. Mais c'est mon heure, mon âme sœur. Tu le sais. Dans une autre vie nous nous retrouverons. Comme à chaque fois. Sous quelle forme dis-moi? Tu aimerais quoi? Peut-être dans la peau d'un idol, tu en dis quoi? On aimait regarder des émissions à la télé. Je nous vois bien idols.
Nous ferions des danseurs et chanteurs talentueux, sans me vanter hein. Je nous vois bien à l'audition, je serai venu accompagner un pote avec mon saxophone et finalement c'est moi qu'ils auraient retenu, le comble tu vois? Je me la pète un peu. Et toi tu serais arrivé à Seoul avec ta valise et le baiser de ta mère sur ton front et tu aurais tout déchiré. Putain, ouais, on aurait tout déchirer. Et on vivrait des années de folies, on se disputerait pour des beignets, on se tiendrait la main et on regarderait les étoiles dans des pays que nous visiterions.
- Écoute-moi. Regarde les étoiles le soir comme on le faisait, et je serai là. Je te le promets. Et s'il te plaît prends soin de Minji pour moi. Je.....
Mon grand secret c'était de t'aimer. J'avais aimé ta sœur, mais peut-être pas assez. Je savais que je ne pourrais jamais t'avoir toi tout entier à moi. Tu étais trop pur Jimin pour que je t'abime de moi, avec mes fêlures.
- Non ne dis rien garde tes forces, je t'en supplie jusqu'à l'arrivée des secours, d'accord? Juste un peu...
"Juste un peu". Tu me supplies avec un sourire confiant et pourtant tu sais. Tu sais que je dois partir.
- Les âmes se retrouvent toujours quelque part, alors on finira par se retrouver durant cette vie où celle d'après. Une vie pour une vie Jimin.
Tu ne comprends pas. Je la vois cette lumière. Je crois que je vais voler de nouveau. C'est dingue non, c'est ce que je ressens. Je vais te regarder, enfin je vais nous regarder. Il faut que je parte Jimin, vers un autre but. Je dois peut-être me racheter tu ne crois pas? Une vie pour une autre.
Je ne comprends pas non plus sur le coup. Et puis je me rends compte que je serai sûrement mieux ainsi. Si je veux de nouveau être un jour à tes côtés, alors je serai le plus heureux.
Une vie pour une vie.
Je l'accepte cette mission si c'est pour mieux t'aider à trouver enfin la paix. Mais tu le découvriras bien assez vite.
- Pourquoi tu as fait ça? Tu hurles alors. Ça aurait dû être moi!
Ne m'en veux pas s'il te plaît. Ce n'était pas à toi de mourir aujourd'hui.
- Tu l'entends la musique? C'est du jazz.
Le piano...tu entends le piano jazz et le saxophone? Tu me réponds oui. Je crois pour me faire plaisir, après m'avoir crié dessus. Je t'ai tellement fait chier avec ça, mes choix de musique, mon jazz et mes goûts éclectiques, mais tu écoutais. Juste pour me faire plaisir et me voir sourire. Tu acceptais tout de moi.
- Promets-moi de prendre soin de toi et de trouver l'amour.
Tu n'avais pas répondu.
Vis, aime, profite. C'est souvent ce qu'on dit.
Ces foutues conneries. Putain.
Celui qui ne sait pas ce que l'absence fait, ne peut pas savoir. Ce vide qui jamais ne se remplira. Jamais. Mais j'espère que tu y arriveras quand même.
- Je t'aime Jimin. Comme je n'ai jamais aimé personne.
Je vois des flocons tomber. Ce n'est pas la première neige, mais je t'ai dit je t'aime sous la neige.
Tu cries de nouveau je crois, tu hurles mon prénom encore et encore, tu me demandes de ne pas t'abandonner, tu trembles si fort en me serrant dans tes bras contre toi. Tes larmes n'en finissent pas de dévaler sur tes joues et sur moi, se diluant au rouge et bientôt au blanc de la neige.
18h32
Mais tu ne veux pas te rendre à l'évidence que mon âme a déjà quitté mon corps. Que mes derniers mots d'amour ont été pour toi. Que je te vois à présent, sans souffrance. Que jamais on ne s'oubliera et que je serai toujours à tes côtés, d'une autre manière, que j'espère tu apprécieras.
🗝
Je ne l'ai jamais fait, mais j'aurais pu t'écrire pour te dire tout ce qui ne sortait pas quand j'étais face à toi.
Ce que je cachais, ce que je masquais lorsque l'on se prenait dans les bras. Je t'aimais Jimin. Alors j'ai aimé ta sœur pour me dire que c'était mieux, mais c'était toi et ça avait toujours été toi.
Quand ton visage me souriait, je m'en voulais presque de te mentir, mais si je m'obligeais à me murer dans les prisons de mes pensées, au final je me rends compte que cela ne change rien. Par ce sourire, par ton visage ou plutôt par cette image que j'ai de toi. L'amour n'est pas que charnel, il est bien au-delà de tout cela et nous l'avons vécu. Alors je n'en suis que plus heureux.
Je sais ce que tu vis à présent, après 10 ans. Je te regarde vivre. Je t'ai vu sombrer. Tellement sombrer et pourtant, tu as réussi Jimin. Quoiqu'il se passe dans ta vie, tu es devenu une belle personne. Sois fier de toi s'il te plaît. N'attends pas que la vie te prenne, défie-la.
N'attends pas qu'elle te fasse du mal, décide pour toi. J'ai tout mon temps tu sais, je n'ai pas hâte que tu me rejoignes et je n'en ai pas envie. Je veux que tu aimes à ton tour. Que tu connaisses le grand Amour, celui qui te transportera différemment de nous deux car ce sera le différent, avec douceur, respect et passion. Ne laisse pas passer ta chance, elle est peut-être tout près de toi, saisis-là et fais de ta vie une jolie danse à deux ou en famille. Tu le mérites tellement.
Tu sais que j'ai toujours eu des scintillements pour toi. Seuls toi et moi pouvons le comprendre. Ce truc-là entre nous. On se le disait.
Et je te demande une ou deux choses, ou peut-être trois : scintille, encore très longtemps. Continue à danser et aimer comme tu l'as toujours fait. Regarde le ciel, je serai toujours à tes côtés.
Nous sommes immortels Jimin. Ne l'oublie jamais ♡
»»----- ★ - ★ -----««
A tout de suite pour le chapitre 19.
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