7. Les explications 🗝

Beggin' - Måneskin
Num - Linkin Park
Black Swan - MMA 2020 Orchestra Performance
Bring to my life - Evanescence
THATS WHAT I WANT - Sam Tsui


»»----- ★ - ★ -----««

Les chaleurs de septembre étaient encore bien présentes en ce début d'après-midi.

Jimin roulait.

Il aurait préféré être entouré de la nuit pour laisser libre cours à ses envies de vitesse plus intense et conduire sans aucun but, en faisant le tour de l'île, sur les routes quelquefois escarpées du rivage.

Sans plus réfléchir, ni se sentir oppressé.
Ni se dire qu'il vivait une journée des plus désagréables. Ni se souvenir des paroles virulentes de celui qu'il pensait être son "petit ami".

Jimin aimait la douceur, mais aussi la force et la rudesse. Il aimait autant la délicatesse que les sensations fortes qui pouvaient l'enivrer.

La saveur d'un chocolat chaud sur sa langue, la chaleur du sable chaud sous ses pieds, ses grands sweats extralarge à capuche dans lesquels il se vautrait, poser sa main sur le ventre rond de sa sœur enceinte, enfiler amoureusement ses chaussons de danse, tous ces petits moments doucereux dont il pouvait se délecter.

Mais, hurler devant un bon match de foot, s'enfiler plusieurs bouteilles de soju sans aucun remord et en tenant bien l'alcool, se défouler en salle de sport, se déhancher sur de la musique électro jusqu'au petit matin, se faire tatouer une nouvelle partie de son corps sous le coup des aiguilles ou conduire sa moto à pleine vitesse, ouais, c'était aussi la vie qu'il avait décidé de mener.

Et à l'instant, il voulait ressentir.

Conduire sa Yamaha en laissant le vent s'infiltrer par tous les pores de sa peau - même si celle-ci était bien protégée - et ne faire qu'un avec son bolide. Se laisser happer par l'adrénaline.

Il faut vivre pour le comprendre, le concevoir pour y croire, éprouver ces sensations, ressentir au plus profond de soi ces émotions qu'aucun autre véhicule ne nous fait sentir. Rouler à moto, c'est vivre libre, exercer sa liberté de mouvement, de déplacement dans un monde de plus en plus formaté ou corseté. En se rappelant que notre propre liberté s'arrête là où commence celle des autres.

Faire de la moto, c'est communier avec ce qui nous environne, vivre au rythme de la nature lorsqu'on est en dehors de la ville. Il n'y a ni chauffage, ni climatisation, ou fenêtre ouverte.

À moto, tous nos sens sont en éveil, on ressent la chaleur, le froid, le vent, les odeurs, les bruits. On vit la route, on ressent ses imperfections, on épouse ses courbes, on roule en harmonie avec elle. Certains disent que c'est comme lui faire l'amour. Même la plus puissante des voitures de sport ou d'une décapotable ne pourra jamais procurer cette sensation que l'on éprouve à mettre la moto sur l'angle. Cette sensation est insaisissable.

Et puis aimer faire de la vitesse, c'est aussi un choix. Ce n'est pas seulement vouloir gagner quelques minutes sur son emploi du temps, c'est peut-être même l'une des dernières raisons pour lesquelles on aime faire cela.

Choisir la vitesse, c'est procurer du plaisir, des sensations très fortes, car c'est dépasser un certain stade ou potentiel de soi. Un peu comme lorsqu'un bébé commence à faire ses premiers pas, qu'il en est tout fier parce que l'Univers lui appartient à présent.

Dans la vitesse, cette sensation de pouvoir s'accentue, car plus on va vite, plus les neurones travaillent et le cerveau aime être occupé tant qu'il n'est pas dépassé.
On a alors un sentiment de domination, de réaliser quelque chose de fort, alors que des endorphines se produisent et nous procurent un plaisir réel.
Il y a dans la pratique de la vitesse un désir de faire plus que les autres et d'en retirer du plaisir.

Jimin, casque sur la tête, ne faisant qu'un avec sa moto et la vitesse pour seule amie, ne roulait pas en pleine nuit sous les étoiles, mais sous le soleil septembral.
Et à l'instant il avait besoin de ce sentiment de domination, de dépassement de soi et d'envie de plaisir.

Il avait besoin d'oublier.

Oublier que lui et Yoongi s'étaient disputés, qu'il l'avait rejeté purement et simplement, alors qu'il venait lui rendre une visite surprise, à l'heure où l'animateur commençait ses horaires à la Radio.

Jimin avait à l'instant besoin de se sentir fort, et surtout puissant.

Yoongi l'avait repoussé quand Jimin s'était approché de lui, son casque sur son avant-bras gauche en replaçant ses cheveux blonds un peu trop sensuellement avec une démarche féline, dans son jean skinny noir et ses Chelsea boots, et en souriant aussi fort que le soleil. Jimin était lui-même. Toujours et tout le temps. Il n'avait rien prévu.

Pas prévu de "paraître" aussi charnel. Ni "trop gay" comme son ami lui cracha au visage, ni trop tape à l'œil avec son t-shirt rose sous son cuir, son maquillage charbonneux et son vernis noir aux ongles des mains. En tout cas pour Yoongi.

Et il lui avait mal parlé en l'emmenant un peu plus loin, lui empoignant fortement le bras, en lui demandant ce qu'il faisait ici en milieu de journée, devant son boulot alors que ses collègues pouvaient les voir.

Il était hors de question que qui que ce soit se fasse des idées et même imagine que Yoongi puisse avoir un petit ami gay et encore moins couche avec lui. Il demanda même à Jimin s'il n'avait pas autre chose à faire, son boulot de prof ne l'occupait donc pas assez, pourquoi n'était-il pas en train de faire son boulot de petit danseur. Il fallait qu'il se promène ici, sans avoir prévenu. Yoongi n'aimait pas les imprévus, mais plutôt le contrôle.

Or, Jimin n'accepta pas cette attitude ni cette mauvaise humeur qu'il prenait en pleine face. Et il s'énerva à son tour, en ne se laissant pas faire pour une fois.
Il était venu, car il avait dans l'idée de faire rouler sa moto en même temps que faire plaisir à celui pour lequel il pensait avoir des sentiments.

Une simple salutation par surprise à son petit ami secret.

Mais même cela, Yoongi n'était pas capable de le recevoir. Ni les surprises. Ni les sourires sincères. Ni l'amour.

Pouvait-on vivre sans quelqu'un à aimer?

🗝

Jungkook n'était décidément par d'humeur. Ce n'était pas sa journée.

À lui non plus.

Il était rentré tard, et il ressortait déjà.

Il l'avait su depuis le matin au réveil, en posant le pied sur le sol de sa chambre en marchant sur un lego de sa fille et qu'il avait maudit le ciel. Puis lorsqu'il avait renversé le paquet de céréales de Tae et Hahyun sur le sol de la cuisine.

Sa journée commençait mal.

De plus, elle allait être remplie de rendez-vous interminables et compliqués, Jungkook se demandait même si sa secrétaire pourtant adorable n'avait pas fait exprès de tous les accumuler dans la même journée pour le saturer un peu plus.

En prévision, il avait même fait appel à Jin pour récupérer les enfants à l'école et la crèche, et s'en occuper jusqu'à son retour vers 19h. Jin lui avait aussi proposé de rester pour que Jungkook puisse aller s'inscrire à la salle de sport.

Il était rentré exténué, mais il était déjà reparti.

Taehyung s'était encore "enfui".

Jin s'en était aperçu juste avant son arrivée, ne le trouvant dans aucune pièce ni dans le jardin.

Jin n'avait même pas eu le temps de lui dire qu'un de leur voisin était venu déposer un carton d'invitation à "une fête des voisins" pour le samedi suivant.
Un voisin, Hoseok, qui s'avérait à sa grande surprise être l'un de ses collègues ainsi qu'à Namjoon, puisqu'ils travaillaient dans le même lycée.

Jungkook était donc dans la rue à 19h10 à chercher son fils qui s'était une nouvelle fois fait la malle.

Jungkook était très énervé. Il aurait pu se réjouir finalement, la dernière fois c'était il y a quand même plus d'une semaine. Taehyung avait été quelque peu raisonnable. Ou pas. Car Jungkook rappelons-le, n'était pas d'humeur.

Il se dirigeait donc par instinct et à nouveau vers cette école de danse, d'un pas ferme et décidé, et d'humeur massacrante.

Taehyung n'avait absolument pas choisi son moment. Jungkook allait peut-être l'y trouver et si c'était le cas, il allait bien lui faire comprendre que ce n'était pas tolérable, cette nouvelle fois.

Et effectivement, lorsqu'il s'avança et regarda rapidement à travers les grandes baies vitrées, il aperçut son fils et le professeur en pleine séance de danse.

Jimin et Taehyung dansaient. Jungkook entendait la musique en poussant la porte des murs insonorisés.

Ils dansaient, sur une musique orchestrale [Black Swan MMA 2020], dans des pas de danse moderne en essayant de s'harmoniser l'un et l'autre.

La musique finissait quand Jungkook s'avança, sans retenue. Même si ceux-ci ne lui prêtèrent aucune attention.

- Taehyung rentre tout de suite à la maison! Ton parrain t'attend.

Mais Taehyung ne l'écoutait pas, il n'avait que faire de lui et de sa présence dans la pièce. Et il en était de même pour l'homme blond.

- Comment tu as fait? Ça?

Taehyung parlait de cette figure sportive que Jimin venait de faire juste avant, comme s'il battait l'air avec ses pieds en sautant dans les airs et en s'étant retourné.

- J'ai fait du Taekwondo, je suis ceinture noire, alors....je crois que ça aide, répondit le blond en haussant le épaules.

- Je devrais peut-être en faire....

C'en était trop pour le père de famille. Il avait passé une journée tendue au travail, sa secrétaire avait été aux petits soins avec lui mais cela n'avait pas suffi à revoir tous les contrats qui n'étaient pas aux normes et avec lesquels il s'était arraché les cheveux, entre une dizaine de cafés et deux de ses agents qui se plaignirent de certains clients irascibles.

Et maintenant son fils s'était enfui pour danser, parler taekwondo et faire ami-ami avec le prof du coin? Et ne même pas faire attention à sa présence ni s'excuser?

Jungkook eut un rictus mauvais en riant de travers pour les narguer. Puis il hurla :

- La seule chose que TU DEVRAIS faire Jeon Taehyung, c'est rentrer et TOUT DE SUITE! Et tu as intérêt à m'obéir!

Sa voix était implacable et avait résonné bien plus fort que la dernière fois où il avait ordonné à Taehyung de rentrer. Son regard aurait pu fusiller n'importe qui.

Taehyung trembla d'entendre le ton de la voix de son père. Il se retourna vers lui. Il ne l'avait jamais entendu parler ainsi. Il ne l'avait jamais vu avec ce regard noir envers lui. Il lui fit peur parce qu'il comprit qu'il avait été trop loin en désobéissant. Parce qu'il était parti de la maison, qu'il n'était pas prêt d'avoir le droit de ressortir et encore moins d'avoir le droit de faire de la danse.

Et même Jimin qui ne le connaissait pas, se demanda à l'instant si Jungkook était un père plus tyrannique que bienveillant. S'il y réfléchissait bien, il ne l'avait jamais vu dans sa vie de tous les jours avec ses enfants, et il eut peur à l'instant pour le garçon.

Il commença à s'avancer d'un pas incertain et le regard douteux vers eux deux, prêt à intervenir si nécessaire, mais il s'arrêta net lorsqu'il vit Taehyung se jeter sur son père pour lui serrer la taille très fortement et lui faire un câlin en couinant "Appa".

Jungkoook ne bougea plus. Son fils l'avait percuté de tout son poids pour se coller à lui et l'encercler de ses bras. Il fourrait son nez dans ses abdominaux en répétant "appa".

Les bras de Jungkook avec le choc s'étaient légèrement ouverts mais n'osaient le toucher. Jungkook regardait dans le vide, sûrement avec ses yeux ronds comme des billes. Et puis même si seulement un millième de seconde s'était passé depuis, il releva son regard vers le blond, qui lui aussi les regardait de façon étonnée.

Il baissa ses prunelles ensuite vers son fils collé à lui. Il posa enfin tendrement ses mains sur le haut de ses épaules pour serrer son fils contre lui.

Il ressentait chaque millimètre de sa peau contre la sienne, son fils son aîné, celui qu'il aimait tant et qu'il ne voulait jamais voir souffrir, tout contre lui, alors que c'était si rare.

Il appréciait son enfant dans ses bras, chaque millième de seconde et millimètre de toucher.

Certains parents et encore plus les maltraitants ne réaliseraient jamais la chance qu'ils avaient d'être parents.
Jungkook, lui, savait. C'était un cadeau. Un cadeau de Dieu, de la vie, de la Terre, peu importe d'où, un enfant était un être en devenir et surtout à protéger.

Ses enfants étaient tout pour lui. Et il ne voulait pas qu'il arrive quelque chose à Taehyung ni qu'on lui fasse du mal, et encore moins qu'il souffre alors qu'il avait à 9 ans déjà, perdu sa mère et tous ses repères.

Et pourtant il ne pourra pas lui empêcher les épreuves de la vie. Jungkook devait accepter que son fils fasse ses propres expériences en grandissant, en tombant et en se faisant mal figurément parlant, même s'il était particulier, parce qu'il en ressortirait plus fort.

Jungkook ne vous dira pas qu'il n'était pas ému. Il l'était. Comme si les petites étincelles dans son cœur et son être n'arrêtaient pas de le narguer et lui envoyer une vague de chaleur indescriptible.

Et ce pas et ce geste que son fils avait fait vers lui, le mettait dans un état de vive émotion.

Il se baissa alors à son niveau en se décrochant un peu de lui et le regarda dans les yeux parce que Taehyung ne fuyait pas son regard, et il lui fredonna :

- Je t'aime tellement Taehyung, j'ai toujours peur pour toi, tu le sais.

Taehyung ne bougeait pas, alors Jungkook osa replacer une mèche de cheveux ondulés à son front. Il avait les cheveux et la beauté de sa mère. Puis comme celui-ci ne réagissait pas, il osa poser quelques secondes la paume de sa main sur sa joue.

- Pardon, murmura le jeune garçon en venant poser à son tour sa paume sur la main de son père.

Jimin assistait à la scène. Il se doutait bien qu'il participait à un moment touchant et rare entre eux deux. S'il avait pu penser un seul instant que Jeon Jungkook n'était pas un bon père, cette idée s'était envolée au moment même où il avait croisé le regard du brun quand son fils l'avait serré dans ses bras et quand il entendit ses paroles.

Jeon Jungkook était rempli d'amour pour son aîné, pour ses enfants, et cela ne faisait aucun doute.

- C'est à moi de m'excuser de t'avoir crier dessus. Je n'avais pas à faire cela, je me suis emporté et ce n'était pas mature de ma part. Tu veux bien rentrer voir tonton Jin? Il s'inquiétait aussi et s'en voulait de ne pas avoir vu que tu étais parti.

- D'accord.

Taehyung se retourna vers le professeur pour s'incliner devant lui, se dirigea vers l'entrée pour remettre ses chaussures et sortit.

Les deux hommes le virent traverser la place jusqu'à la petite maison.

Jungkook se redressa lentement, avec un souffle qu'il relâcha de lassitude, et les muscles de ses biceps et de sa mâchoire tendus. Il avait peut-être fait en sorte que tout se passe bien avec son fils, mais il n'en avait absolument pas fini avec le blond.

Il n'allait pas en rester là, loin de là.

Mais celui-ci n'avait pas l'air de sentir la tension ambiante et se montra enjoué lorsqu'il s'adressa à lui.

- Ça tombe bien que vous soyez là, monsieur Jeon. J'aimerais vous demander si Taehyung peut s'inscrire à l'un de mes cours? Avec son accord et le vôtre, bien sûr.

- Quoi? Vous rigolez j'espère! "Ça tombe bien"?? Non, mais vous croyez que ça m'amuse de me retrouver encore ici?

Son ton était acerbe et dédaigneux.

- Monsieur Jeon, écoutez!

Jungkook poussait sa joue avec sa langue et commençait à faire les cent pas, les mains dans les poches. Il restait rarement en place apparemment.

Et sans sourire. Parce qu'il ne souriait pas avec Jimin. Bien sûr que non.

- Il n'y a rien qui tombe bien! Et c'est Jungkook, mon prénom, c'est Jungkook. Je ne sais pas votre âge, vous paraissez si jeune, mais...

Jungkook avait l'air d'attacher de l'importance au statut et à la place des honorifiques. Ce qui était assez normal en Corée du Sud lors d'une première rencontre d'ailleurs, mais il insistait.

- J'ai 32 ans.

- Oh...d'accord. J'en ai 30 je suis le plus jeune, vous êtes mon aîné donc vous pouvez m'appeler Jungkook. Mais passons. Je suis surtout venu vous prévenir que mon fils ne fera pas de danse, c'est hors de question! Arrêtez tout de suite de l'inciter à cela! Ça fait combien de fois que je le retrouve ici, en si peu de temps? Vous croyez que cela m'amuse de le chercher et surtout ici? Et maintenant il danse avec vous?

Jungkook le menaçait réellement et son ton montait dans les tours.

- Jamais je ne lui ai dit de venir, ni ne l'incite à le faire! Je m'excuse, ce n'était pas prévu, mais je n'avais plus cours, il m'a demandé de lui montrer une chorégraphie et il a voulu la reproduire et-

- Pourquoi vous ne lui demandez pas de partir dans ce cas??

Jimin pouvait très bien répondre sur le même ton, mais le père de famille le toisa d'un regard noir et hautain. Jimin l'avait vu en colère la dernière fois contre son fils et il y a quelques minutes, mais cette fois-ci c'était contre lui. Il ne cillait pas, il attendait une réponse, alors même qu'il lui donnait un ordre, et Jimin ne compta pas se laisser faire.

Il n'était pas d'humeur lui non plus. Une journée des plus désagréables, une journée de merde, c'était bien cela? On y était encore, donc.

- À partir du moment où un enfant est seul et passe les portes de mon école, il est sous ma responsabilité. Comme les deux dernières fois. Je le conçois, aujourd'hui il y a 1h il est venu se poster derrière la baie vitrée, le visage collé à la vitre et cela déconcentrait mes jeunes élèves. Je lui ai donc proposé de rentrer pour regarder de l'intérieur et participer s'il le voulait. Je suis responsable cette fois-ci. Il est rentré par ma faute, je le reconnais et m'en excuse. Sincèrement. Mais il était seul dans la rue et ma conscience m'a incité à le faire rentrer pour le surveiller. Je n'ai pas votre numéro de téléphone et je n'ai pas pu vous prévenir qu'il était en sécurité avec moi.

- Vous avez fait une grosse erreur!

Jimin ne se laisserait définitivement pas faire avec lui. Il lui parlait mal, il allait lui donner la réponse que cet homme condescendant méritait.

- Je ne sais pas monsieur, enfin "Jungkook", si le fait d'aimer la danse et se passionner pour elle est une erreur??? Votre fils a comme qui dirait un don et-

- Mon fils ne fera pas de danse!! Et c'est un sport de fille!

- Quoi???

Jimin resta bouche bée. Jamais depuis - pardon mais il était bouleversé - jamais depuis son adolescence et certains moments qu'il avait réussi à surpasser avec force et sans jamais abandonné, il n'avait entendu ce genre de propos. Il était outré. Il n'en tremblait pas, non, mais son souffle, lui, par contre s'était arrêté de choc, et les pulsations de son cœur se mirent à s'affoler. Sa voix partit dans les aigus :

- Je.... je n'y crois pas! Je vois que nous n'avons plus rien à nous dire!

Jimin fit volte-face et commença à partir vers son vestiaire. Il n'en revenait pas de ces propos horribles. Parce qu'ils l'étaient. Horribles, méchants et injurieux. Pour qui le prenait-il?

Jamais depuis qu'il avait fait la connaissance de cette famille il y a deux semaines, il n'aurait pensé que son voisin pouvait avoir ce genre de pensées déviantes. Ce n'était pourtant pas ce qu'il ressentait de lui, de son essence.

Jimin sentait ces choses-là d'habitude.

Ou peut-être pas.

Le père était souvent pressé, occupé, froid et ailleurs dans ses pensées.

Mais Jimin avait compris pourquoi, depuis qu'il savait que Jungkook vivait un deuil et élevait seul ses trois enfants.

Il avait posé un regard différent sur lui, rempli de compréhension et d'empathie.

Mais une phrase, quelques mots venaient de tout détruire, et cette empathie s'était envolée en nuages.

Jimin préférait dire "dans les nuages", parce qu'il n'aimait pas l'expression "partir en fumée" et encore moins certaines cendres qu'il avait dispersé dans la mer de Jeju.

Finalement, Jimin n'allait pas passer sur cela. Il se sentait si insulté, qu'il décida de ne pas en rester là.

Soudain il se retourna, alors que le père de famille commençait aussi à partir, et lui fit volte-face en l'interpellant. Il le menaça de son index manucuré et de son regard écrasant, en se rapprochant de lui vivement :

- Non! Non en fait je n'en ai pas fini avec vous!!! Un sport de fille? Quel propos machiste de petit hétéronormé, dans votre vie toute rangée! C'est vous qui êtes dérangeant!

Jimin s'emportait. Il n'était pas sûr de se contenir. Mais il n'avait pas envie de répondre plus ni de se justifier, comme il l'avait fait nombre de fois pendant ses années collège. À tous ceux qui avaient pu se moquer ou le harceler, il avait fait un joli pied de nez lorsqu'il avait remporté des compétitions et était devenu la gloire de son lycée.

Et puis tout lui revenait en pleine face. Ces insultes et ces regards déplacés qu'il avait reçus, sa dispute précédente avec Yoongi, ce qui lui faisait mal à l'intérieur et cette façon de penser qu'il ne supportait plus et qu'il avait trop entendue, surtout ces derniers temps de l'homme avec qui il avait une relation. Et vers lequel, pourtant et malheureusement, il retournerait.

- Qu'est-ce que ma sexualité vient faire ici?

- Justement! vous... vous avez des propos misogynes, sexistes et déviants! Il ne manquerait plus que vous soyez homophobe et raciste et là on aura le combo! Jimin criait et ses paroles raisonnaient dans la salle. J'en ai assez! J'en ai assez de ces hommes qui se croient tout permis à penser ainsi! Et qui font du mal!

Jungkook avait entendu toutes ces paroles, mais ne comprenait pas pourquoi il lui adressait.

Jimin était plus qu'en colère. Les muscles de ses biceps se tendaient plus que de raison à travers son fin t-shirt rose à manches courtes, ceux de son visage n'étaient pas mieux, son tatouage "tailor of chaos" dans son cou se faisait plus imposant alors que les veines de son cou pulsaient, Jungkook louchait dessus.

Et puis en le pointant du doigt, Jungkook vit un autre tatouage à son poignet, un 13 et puis un au doigt, 7.

Jimin pouvait faire peur lorsqu'il s'énervait ainsi. Hoseok pouvait en témoigner, Minji et ses autres sœurs, aussi.

Il s'était tellement rapproché de l'autre homme, qu'il n'était qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Jungkook ne sentait pas la menthe aujourd'hui, mais l'huile pour bébé.

Jimin rejetait certainement toute la rage qu'il avait accumulée en lui, tout ce qu'il avait trop entendu, trop subi de la part de ses congénères quand il était plus jeune, puis d'un homme en lequel au départ il avait cru et mis sa confiance.
Et c'était Jungkook qui prenait tout, qui recevait cette peine et cette rage qu'il ne s'était jamais autorisées contre Yoongi qui l'avait meurtri plus d'une fois.

Jimin était à fleur de peau, les yeux humides et le regard triste.

- Je ne suis pas comme ça....fut la seule réponse de Jungkook. Chuchotée et quelque peu apeurée.

Les grands yeux ronds de celui-ci faisaient des va-et-vient entre ceux du danseur. Jungkook lui aussi devint triste.

Il ne comprenait pas. Il avait été trop loin et ses paroles n'étaient absolument pas révélatrices de ce qu'il pensait en lui, et il ne pensait pas autant peiner le professeur.

La danse représentait trop pour lui. Trop d'émotions, d'intensité, de sentiments. Lui aussi était meurtri.

Venir, ici, dans une salle de danse, le meurtrissait.

Mais comme souvent, Jungkook ne savait pas s'exprimer ou s'y prenait mal.

- Je ne suis pas comme ça! Pas du tout. Je suis touché de ce que vous pouvez penser de moi. Et d'ailleurs... Non. Rien.

Jungkook se ravisa. Il avait parlé de "fille" et ils se retrouvaient à parler de sexualité. Pourquoi Park Jimin avait évoqué l'hétéronormativité et l'homosexualité? Ce Jimin l'était-il? Pourquoi était-il autant touché?

Il l'était. Il était homosexuel, c'est ce que Jungkook comprit dans les yeux éplorés du blond.

Car à l'instant, comme il l'avait fait lors de leur dernière rencontre, il sonda ses orbes et il y vit bien plus qu'il aurait voulu, dans la profondeur de ses iris tourmentés.

Et de savoir qu'il l'avait autant chagriné, le remplit de frissons incontrôlés.

Pour le rassurer, il lui aurait bien dit qu'il avait un meilleur ami gay et en couple. Qu'il était okay avec cela, qu'il était heureux pour eux, mais il serait tombé bien bas dans les clichés. C'était comme dire "j'ai un ami noir" pour se défendre d'être raciste. Jungkook n'était ni raciste, ni homophobe et encore moins misogyne et peu importe la couleur de peau.
JAMAIS de sa vie, il n'avait eu de telles pensées. Il était bien trop respectueux. Pour qui passait-il? Il avait raconté n'importe quoi et il s'en voulait déjà. Et la conversation déviait complètement, alors qu'au départ le professeur lui avait simplement parlé du fait que son fils pouvait prendre des cours.

Et encore une fois, la danse représentait trop pour lui et leur famille pour qu'il ait envie d'en parler et de s'expliquer.

- Et pourtant vous l'avez dit!

Jimin tremblait maintenant. De tous ses membres et dans sa voix.

- Je me suis mal exprimé. C'est... c'est personnel. Vraiment personnel. La danse est pour tout le monde, je le sais. Très bien même. Si vous saviez. J'en sais plus que ce que vous pensez. Et devez savoir. Et ce n'est pas ça....c'est....c'est mon fils! Je sais que cela ne lui conviendra pas.

- Quoi? Et pourquoi?

- Mon fils est différent!!

- Et alors?

- Et alors????!!!

À son tour, Jungkook s'offusqua. Le professeur n'était pas idiot, Jungkook l'avait bien deviné, et Jimin avait bien dû réaliser les enjeux de cette différence.

- Tout dépend du regard que vous portez sur lui.

Jungkook n'en revenait pas de ces propos. Maintenant on parlait de son fils, sa chair et son sang. Et Jungkook n'était pas prêt à entendre certaines choses.
Et ce fut lui, à son tour, qui haussa de nouveau la voix.

La tension montait entre eux deux, l'atmosphère devenait explosive. Comme des airs de déjà vu.

Elle devenait volcanique et Jungkook n'était pas sûr de finir la conversation sans ensuite aller se défouler en allant courir. Ou même trouver un sac de frappes pour boxer à la salle de sport du quartier, qu'il aurait dû inaugurer à l'instant, s'il n'avait pas dû chercher Taehyung partout, pendant que Jin gardait les enfants.

- Vous vous prenez pour qui? Vous croyez que vous allez m'apprendre la vie? Vous savez ce que je vis au quotidien? Ce que je supporte avec ça? Ce qu'on vit ma femme et moi depuis sa naissance? Ce qu'on gère au sein de la famille pour nous adapter à lui? Même ses sœurs? Et je dois m'adapter aussi à chacun de mes trois enfants. Je n'ai pas demandé ça dans ma vie! Cette putain de vie de merde!!

À son tour, Jungkook hurlait, il était hors de lui. Il s'était même retourné sur lui-même pour ne pas montrer son visage déformé par la rage, la peine et le trop-plein d'émotions. C'était maintenant lui qui était ému. Parler de la danse était un sujet épineux. Parler du trouble de son fils l'était encore plus.

Il respirait fort, son torse se soulevait en même temps qu'il serrait les poings.
Il avait accumulé ces derniers mois. Il n'en parlait à personne, prenait sur lui, encaissait et ce soir, tout ressortait.

Comme s'il avait attendu d'en parler avec un inconnu pour exprimer tout ce qu'il gardait profondément.

Et Jimin en eut mal de ressentir toute cette souffrance accumulée qu'il pouvait deviner, à son tour. Il aurait voulu le rassurer, même s'il ne le connaissait pas, même s'ils n'étaient pas intimes et qu'il n'avait aucun droit pour donner son point de vue sur la situation.

Ils étaient l'un et l'autre à fleur de peau, écorchés par la vie et Jimin réalisa qu'il n'était pas seul à ne pas être heureux.

Qu'il n'était pas le seul à vivre une journée compliquée aussi.

Il aurait....il aurait bien poser à plat sa main sur le large dos du père de famille, son dos qui se soulevait au rythme de sa forte respiration. Pour l'apaiser. Il se serait bien rapprocher de lui pour poser son front à la base de sa nuque, poser ses petites mains à sa taille et sentir sa peau contre la sienne, lui faire caler se respiration sur la sienne en lui demandant de respirer avec lui. Pour le détendre et partager sa peine. Ou même prendre cette émotion pour lui et le voir ainsi moins souffrir. S'ils pouvaient ainsi apaiser leurs douleurs intérieures et les partager ensemble, plutôt qu'en solitaires.

Mais il ne se permit pas. Cela ne se faisait tout bonnement pas, ils n'étaient pas intimes. Même si Jimin se sentait, sans qu'il ne comprenne pourquoi, attirer vers lui, vers les fortes émotions de cet homme parce qu'elles lui parlaient et qu'il les comprenait.

Alors il trouva juste à dire sur un ton doucereux et rassurant :

- Mais lui...lui il vous a choisi, vous et votre femme pour être ses parents. Pour que vous soyez son père.

Jungkook se raidit. Il était toujours retourné vers la baie vitrée, essuyant de son pouce la seule larme qui avait voulu le narguer au coin de son œil. Jimin n'avait pu voir ce geste infime, mais il avait vu son dos se redresser à l'entente de ses mots et sa main se porter à son visage.

Le papa fut interloqué de cette audace. En même temps, jamais on ne lui avait parlé ainsi et jamais on ne lui avait parlé de la situation sous cet angle. Mais il n'avait pas envie de montrer sa fragilité, Jungkook avait toujours été une force de la nature, c'est ce qu'il voulait laisser paraître. Et ce professeur n'y connaissait absolument rien, ni de leur vie ni de la vie de son fils. Et il ne voulait absolument par parler de son deuil non plus.

- Je.... C'est bien beau vos jolis discours, mais qu'est-ce que vous en savez de ce que je vis au quotidien avec lui? chuchota-t-il en se mettant de nouveau face à lui, sans oser le regarder dans les yeux. De ce qu'il endure, lui, de sa souffrance, hein?

- Je n'ai pas la prétention de connaître votre vie. Je peux juste imaginer ce que vous vivez en tant que parent et je vous admire pour cela. En fait j'ai...j'ai travaillé pendant mes études après le Suneung pour payer les frais de mon école de danse, auprès d'enfants en situation de handicap dans une école spécialisée. Un boulot à mi-temps. Je viens d'une famille assez nombreuse et mes parents ne pouvaient pas assumer les frais de nos études à tous. J'ai travaillé entre autres auprès d'enfants autistes. Alors je connais un peu... D'ailleurs cette école de danse est ouverte à tous, sans distinction. Nous tenons à ne pas faire de différence.

Ne sachant pas trop quoi dire à cela, Jungkook hésita brièvement puis hocha la tête à nouveau, lentement et de façon mesurée. Il laissa échapper le souffle qu'il avait oublié d'expirer.

Jungkook, d'habitude survolté, l'avait écouté avec attention. Était-ce le ton doux qu'il avait utilisé, sa voix ou ses gestes bienveillants, mais il était clair que Jungkook s'était apaisé en l'écoutant. Comme la dernière fois où il avait eu envie de sourire. Il ne sut pourquoi, mais cette personne en face de lui avait le don de l'apaiser. À chaque fois qu'il le croisait.

Et peut-être qu'avec lui, il pourrait se confier.

Enfin. Un peu.

Il croisa ses prunelles brillantes d'intérêt bienveillant.

- D'accord. Je ne sais pas quoi vous dire...À part.... à part que Taehyung a effectivement un TSA [trouble du spectre de l'autisme]. Il a le syndrome d'Asperger, associé à un THPI [Très Haut Potentiel Intellectuel]. Il est très intelligent, mais est parasité par ses problèmes de communication, et tous ses tocs, ses routines, ses obsessions-

- Je comprends monsieur Jeon.

- D'accord. C-c'est Jungkook.

Jungkook baissa la tête, se touchant les mains, et sans y faire attention faisait rouler son alliance dorée entre ses doigts. Il prit une respiration plus posée, ses épaules se relâchèrent, comme la tension qu'il avait accumulée jusqu'ici.

- Jungkook, je trouve votre fils exceptionnel. Le peu que nous ayons discuté lui et moi.

Le professeur aux cheveux blonds avait une voix et une attitude si douces.

- Oui il l'est. Je l'aime tellement. J'aime tellement mon fils, je ferai tout pour lui. Je suis si fier de lui. Même si depuis sa naissance, c'est compliqué. Je suis souvent dépassé et souvent on ne se comprend pas lui et moi. C'était surtout avec sa mère que-

Jungkook se tut et pinça sa lèvre inférieure, et son grain de beauté sous elle se montra davantage.

Pas ça. Il ne voulait pas parler de la maman de Taehyung, ni verser une seule larme. Pas maintenant, pas avec un inconnu, pas encore. Il n'y avait qu'avec Jin qu'il pouvait, ou avec son père.
"Sohyun s'il te plaît, ne viens pas dans ma tête, pas maintenant."

- Il est fort et courageux. Mais quelquefois j'aimerais qu'il soit comme tout le monde, je sais que c'est mal d'avoir ce genre de pensées et je m'en veux, mais subir certaines moqueries et les incompréhensions c'est très dur, même si j'essaie de le préserver autant que possible.

- Je comprends mais les spécialistes ont dû vous le dire, votre fils n'est pas anormal, il a ses particularités-

- Ma femme et moi ne sommes pas toujours tombés sur de bons spécialistes malheureusement.

- D'accord, je comprends. C'est vrai que notre pays n'est pas encore ouvert assez au handicap et ne favorise pas une complète intégration ou inclusion. Il y a encore très peu de dispositifs mis en place pour ces enfants ou même adultes et je me doute que vous parents aient été perdus ou senti seuls dans vos démarches.

- Oui c'est un peu tout ça.

- Hum... Pour reparler de la danse, je comprends que vous puissiez être réticent, mais je pense qu'il y a quelque chose en lui. Je crois qu'il est fait pour cela. Je ne sais pas s'il en a déjà fait mais il a l'air d'avoir un don. Il reproduit à la perfection les pas en rythme, sans une erreur en ayant vu la chorégraphie une seule fois. Ne le brimez pas si c'est quelque chose qu'il aime. Et je vous promets, Jimin le supplait de ses mains jointes, je vous promets de le mettre dans de bonnes conditions qui ne le perturbent pas, avec un groupe d'élèves bienveillants. Je ferai attention à lui.

Il y avait trop d'émotions dans la danse pour Jungkook. Trop de trop. Comme pour Taehyung dans son quotidien.

Si au départ il n'avait plus voulu entendre parler de danse, de pointes, de figures, de barre et d'odeur de salle de danse - parce que les salles de danse en avaient une, une odeur, comme les vestiaires - ni dans sa vie ni dans celle de ses enfants, c'était parce que cela était devenu insupportable pour Jungkook.

Cela lui rappelait trop son propre vécu et son amour du sport, trop sa rencontre au lycée de Busan avec elle, trop leur amour, leurs passions ensemble, leurs premières fois, le métier de sa femme et bien d'autres souvenirs et secrets....

Et il n'envisageait plus revivre dans ce milieu ni plus souffrir par tous ces souvenirs affluents. Ni n'aurait même imaginer habiter à côté d'une salle de danse où son fils viendrait se réfugier pour penser à sa mère et vivre la même passion.

Parce que c'était dans ses gènes. Les leurs.

Pourquoi le destin s'acharnait-il sur eux ainsi?

- Sa mère et moi aimions-..... S-sa mère ét-....e-est danseuse professionnelle. Ils dansent ensemble. Et Taehyung .... Taehyung avec son trouble, est maladroit la plupart du temps, mais jamais lorsqu'il...lorsqu'il danse.

Jungkook l'avait avoué à demi-voix. Il l'avait dit.

Dans un chuchotement dansant dans les airs jusqu'aux oreilles de celui qui avait fait, lui aussi, de cette passion, sa vie.

Et Jimin savait et avait compris.

Que la danse faisait partie de leur vie.
Mais aussi que la maman de Taehyung était décédée et que son mari parlait d'elle encore au présent.

Et qu'il était nécessaire de respecter ces émotions, tout comme il appréciait que Hoseok respecte le fait qu'il parlait à son âme sœur, lorsque son cœur en avait besoin.

Et il venait d'apprendre que la maman de ce jeune garçon avait été danseuse, ceci expliquait beaucoup de choses.

- Oh....

Le visage de Jimin s'illumina, autant que sa voix ou que ses cheveux blonds ou que ses pieds, souvent en première position.

- Je comprends mieux. Je comprends maintenant. Et donc... vous en penseriez quoi? Si Taehyung venait ici pour danser?

- Je ne sais pas si j'arriverai à tout gérer. Il faut que j'y réfléchisse, c'est vraiment compliqué pour moi tout cela.

Et Jungkook ne voulait pas se dévoiler ni re-cotoyer les salles de danse qui lui rappelait trop sa femme, alors il trouva d'autres excuses.

- J'ai déjà du mal a m'organiser dans tous nos emplois du temps et-

- Je pense qu'on pourrait y arriver. Il n'y a que deux pas à faire pour lui, pour se rendre ici et-

- Il a tous ses rituels pour se déshabiller et s'habiller, quelquefois il a des crises, il y a des jours sans, et la fatigue, c'est compliqué et-

- On va trouver des solutions, si vous le voulez bien?! Je pense que dans son intérêt, le plus important c'est qu'il soit heureux de venir et de faire ce qui lui plait.

- Je sais bien. On verra. Comme je vous ai dit.

Un silence se fit. Certainement nécessaire au calme revenu. Et Jimin voulut s'expliquer, sans comprendre pourquoi il le faisait.

- Je m'excuse de m'être emporté au début. Cet après-midi, je me suis disputé avec mon petit ami et certains de ses propos...Enfin c-ce n'est pas vraiment mon petit ami en fait....mince il ne l'est pas... Enfin c'est... pardon je raconte ma vie....je....

Jungkook comprenait assez vite en général. Taehyung n'était pas son fils pour rien. Et là, il comprit.
Jungkook le coupa, il voyait que Jimin, gêné et rougissant, s'empêtrait dans des explications bancales.

- Pas de problème je comprends. Je m'excuse aussi. D'avoir dit des horreurs alors que je ne le pensais absolument pas. Et d'avoir crié. Ça aussi cela ne me ressemble pas.

- D'accord, je vous pardonne aussi. Et si vous pouviez....enfin réfléchir pour Taehyung, je pense que dans tous les cas, ce serait bénéfique pour lui.

- Je vais prendre le temps, d'accord, même si je ne vous promets rien.

Il s'inclina et reprit contenance. Il se sentait bien mieux, et sa journée allait peut-être finalement finir plus agréablement qu'elle n'avait commencé.

Puis il intervint une dernière fois, les mains à nouveau dans les poches de son pantalon noir à pinces, en marchant à reculons les yeux dans les siens :

- Et pardon.... mais.... quand on arrive pas à dire qu'une personne est notre petit ami, c'est peut-être qu'elle n'en vaut pas la peine. Bonne soirée à vous.

- ..... Quoi? eut juste le temps de rétorquer d'une faible voix Jimin, interloqué.

Jeon jungkook en imposait tellement à l'instant. Comment faisait-il cela? Rien qu'avec son attitude, sa voix puissante et convaincante? Après cette discussion houleuse et qui avait failli virer au pugilat? Et qu'est-ce qu'il sous-entendait?

Dis-lui. Allez dis-lui que Yoongi est une merde et qu'il profite et abuse de toi. On verra ce qu'il en pense...

Non pas maintenant Taehyung, fous-moi la paix.

Il est trop badasse, Su-Yeon a raison, il me ferait même bander. Regarde-moi ces cuisses!

Tu n'es pas gay Tae.

Jimin revint à lui. Pourquoi avait-il besoin de parler à son âme sœur, au moment même où le père de famille ne lachait toujours pas ses yeux et lui parlait d'une drôle de façon avec ce ton de voix assuré, comme une confidence faite à un ami.

Ils ne l'étaient pourtant pas.

- Bonne soirée à vous aussi.

C'était tout ce qu'il avait trouvé à lui répondre. Bêtement. Il aurait pu répondre n'importe quoi d'autre, un truc un peu plus intelligent, mais non! C'était du Jimin tout craché. Encore une fois.

Jungkook s'était déjà retourné avant d'entendre sa réponse, le saluant de la main après coup, dans une démarche des plus assurée, virile et la tête haute. Comme toutes les fois où ils s'étaient croisés.

Il aimait avoir le dernier mot, non?

Cette dispute de fou ce soir, je n'en reviens pas, je me suis régalé à vous entendre! En tout cas je confirme Chim, ton voisin beau gosse est à tomber!


»»----- ★ - ★ -----««

Beaucoup de tensions, de révélations et d'émotions dans ce chapitre. J'espère que vous avez réussi à suivre nos deux écorchés de la vie.

La prochaine publication sera l'interlude de notre petit Taetae, j'essaie de relire au plus vite ce qu'il a prévu de vous raconter, pour le poster ce soir ou demain. Sivous avez une prochaine notification, ce sera celle-ci! En attendant le chapitre 8 dans une semaine.

Bon week-end à vous, en espérant que vous vous portez bien avec ce froid ♡🗝

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