15. La danse 🗝

Le chapitre est plus long que d'habitude, j'espère qu'il vous plaira, je l'aime énormément et j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire ♡

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Two Men in Love - The irrepressibles
(Je vous conseille d'écouter la musique en continu en même temps que la lecture, elle m'a inspiré pour écrire)

Jimin s'était retrouvé là, à nouveau. Dans sa salle et seul.

Avec lui-même, avec sa passion de la danse, la musique, ses pieds nus et ses ressentis.

Hobi le savait, Jimin n'avait pas à s'expliquer, et quand il n'avait plus les mots pour s'exprimer ou que ceux-ci étaient trop nombreux aux creux de ses vagues intérieures, le professeur venait s'y réfugier.

S'y épuiser à n'en plus respirer, éprouver et communiquer à travers ses chorégraphies. S'y délester d'un poids trop lourd dans ses épaules ou dans sa colonne vertébrale, dès qu'il y posait le pied et le soulevait ensuite dans les airs.

Il avait toujours eu envie de plus, d'atteindre le ciel s'il fermait les yeux. D'atteindre les nuages pour frôler le firmament. Il y pensait souvent, mais la loi de la gravitation universelle le faisait toujours revenir sur la terre ferme. La danse était susceptible de réveiller le désir d'être aussi souple et léger qu'un oiseau et peut-être plus encore, le désir et le rêve d'être immatériel. Immatériel, mais certainement pas invisible.

Ses pieds nus foulaient le sol, leurs plantes venaient s'appuyer sur le parquet devenu sa terre d'adoption. Ici il s'acceptait, il était chez lui, il était lui, il n'avait pas à jouer un certain rôle qu'on pouvait lui octroyer ou que lui-même s'offrait.

Danser, c'était comme rêver avec ses pieds. Un rêve qui l'avait toujours obsédé et bien plus tard possédé.

Jimin se sentait libre de tout jugement, il se sentait revivre ou vivre au milieu de cette salle de danse qui devenait, le temps de quelques heures, lieu intime.

Comme le giron d'une mère ou la vie intra-utérine, dans laquelle déjà la danse est la première expression de tout être en construction, dans laquelle notre corps est loin d'être inerte. Un corps d'avant langage, d'avant-miroir, d'avant lumière. Était-ce pour cela d'ailleurs que Jimin n'avait pas besoin d'activer les lampes d'ambiance de la pièce? Il se suffisait à lui-même dans la claire obscurité, face au miroir.

Ce miroir qui lui renvoyait son image, fluide, virevoltante et bien réelle. Il y aimait son reflet, il n'en avait jamais été gêné.

Lorsqu'il dansait, il se voyait lui. Simple professeur passionné, qui n'avait jamais abandonné, qui avait toujours cru en lui. Sa famille l'avait aidé et soutenu, son professeur, ses camarades danseurs et aussi Taehyung.

Lorsqu'il dansait, il se voyait lui, mais il aurait pu voir la mer dans ses vagues à l'âme, les étoiles dans ses idées noires, comme un silence dans ses vacarmes avec pour seule musique celle du bruissement de ses empreintes sur le plancher. Il aurait pu voir la neige, même ici à Jeju, cette maudite neige dans laquelle il cauchemardait souvent en décembre dans ses nuits blanches. Il aurait pu voir aussi une pluie de nuages ou même un arc-en-ciel dans ses peurs bleues - rappelant ces bleus que le visage et le corps de Taehyung avaient malheureusement portés régulièrement - ces peurs qu'ils partageaient tous les deux pour les rendre plus douces.

Juste un regard. Ou plusieurs dans ce miroir. Il n'y avait que le sien et pourtant il avait l'impression qu'il était posé partout ici, qu'il remplissait l'espace de lui-même et de toute son aura.

Ce soir, il s'était souri, dans ce miroir. Jimin n'avait jamais vraiment eu de problème avec son image. Bien sûr, il avait toujours fait attention à lui, à son poids, à sa sveltesse et à sa souplesse qu'il devait entretenir coûte que coûte. Mais il n'avait jamais vraiment eu de problème, l'anxiété lui faisait perdre du poids, il avait davantage tendance à maigrir qu'à prendre des kilos, et la nourriture n'avait jamais été un problème pour lui. Son amour pour la danse et les mouvements, c'était entre lui et son corps, lui et cet amour passionnel qui le faisait se sentir vivant. Nietzsche n'avait-il pas dit "qu'il faut avoir une grande musique en soi si l'on veut faire danser la vie"?

Et Jimin la dansait sa vie, il avait fini par le comprendre quand, quelques mois après la mort de Taehyung, il s'était promis de la vivre pour lui.

Ici, il vivait avec cette bouffée d'amour qui l'envahissait. Ses peines, ses tristesses, ses peurs, ses angoisses disparaissaient. Il n'était envahi que de bien-être, d'assurance et de beauté céleste. Il libérait son âme. Il y trouvait quelquefois son âme sœur venue l'admirer et il imaginait se frotter alors à son sourire rectangulaire, à ses bras rassurants et à son humour débordant.

Jimin repoussait ses limites, physiques et mentales. Il maîtrisait sa respiration, comme un pilote de chasse ou même un plongeur apnéiste. Il volait dans les airs vers la voute céleste, mais il aurait très bien se sentir aussi vivant au fin fond des océans. Dans ce bleu profond des abysses rejoignant celui du ciel. Nager n'était-il pas une sorte de danse, dans laquelle on apprivoisait les remous de l'eau produits par leurs mouvements. Chaque ballet était une chorégraphie que l'on pouvait tout autant reproduire dans cet élément vital aqueux.

Ses gestes n'étaient pas calculés n'y maitrisés. Ici, il laissait libre cours à la modernité de la danse, à l'improvisation, au ressenti qu'il voulait faire passer aux spectateurs. Qui n'étaient pas présents au demeurant. Mais danser pour soi n'était-il pas aussi jouissif? Plutôt que montrer une technique et une esthétique parfaites, la danse moderne était là pour montrer le réalisme de la vie et de tout ce qui la rendait unique.

Et Jimin se laissait aller dans cette unicité et cette musique dont il s'imprégnait. Ne dit-on pas que la danse ne se vit pas seulement avec le regard, mais avec tout ce qui nous imprègne?

Il était les quatre éléments fondamentaux ce soir, ceux qui expliquaient la nature du cosmos, la terre, l'air, l'eau et le feu, celui qui commença à brûler en lui lorsqu'il aperçut dans l'angle de la salle, l'homme qui avait bouleversé ses habitudes et ses peurs.

Dans son sweat gris ouvert sur les côtés sur ses hanches et son jean souple, Jimin maitrisait son environnement dans la pénombre, alors que les réverbères extérieurs de la place lui offraient un peu de clarté. Il continuait, malgré cette présence inattendue, comme si rien ne pouvait l'atteindre.

Après s'être une énième fois tourné sur lui-même devant le miroir en une grâce infinie, la musique s'acheva alors. Mais elle reprit en boucle, une nouvelle fois. Comme si Jimin ne voulait jamais s'arrêter. De danser et ressentir.

Et Jungkook, juste avant, avait vu et pouvait imaginer les projecteurs sur le danseur. Comme il pouvait ressentir l'attrait inexplicable et aimanté que celui-ci avait sur lui.

À travers les vitres que Jimin n'avait pas occultées. Il l'avait vu voler dans les airs alors que ses propres pensées s'envolaient elles aussi depuis plusieurs jours, depuis ce rapprochement entre eux que Jungkook n'avait pas planifié.

Alors Jungkook s'avança, en tenue de survêtement Nike et t-shirt gris sans manches, il avait enlevé sa veste coordonnée. Sa longue chaîne en or, rehaussée de sa croix et de l'alliance de sa femme, y brillait des ombres et des lumières diffuses. Jungkook s'était permis de rentrer, dans le silence des mots et des non-dits. Il s'était permis de s'inviter dans son monde, celui où tout était certainement possible, quand on laissait inexorablement agir ce semblant de magie qui habitait les lieux.

Jungkook s'avança, pieds nus et silencieux, son instinct lui disant de se joindre à cette piste de danse. Il vint se positionner sur les abords, au moment même où Jimin face au miroir prit conscience de sa présence sans qu'il ne s'en aperçoive, et il ferma les yeux à son tour. Il s'imprégna de la musique, des vibrations, des gestes de Jimin qui l'appelaient, des émotions vibrantes dans toute la pièce, de cette immense sensation d'infini.

Jungkook entendait les battements de son propre cœur et il n'avait qu'une envie, les mêler à ceux de cet être de lumière, qui, malgré la pénombre, illuminait toute la pièce. Si vous aviez interrogé Jimin, il vous dirait que dans l'horizon il voyait la mer surplombée de la lune plus loin devant eux, si vous fermiez les yeux avec lui. Celle qu'il affectionnait tant, avec le bruit des vagues. Ce son doux, régulier et répétitif, comparable lui aussi aux battements de ce muscle insufflant la vie.

Jungkook se plaça au milieu de la salle à son tour, à quelques distances du danseur, et inspira profondément, sa poitrine se soulevant dans le processus avant de fermer les yeux. Il respirait à un rythme régulier, et vidait son esprit occupé. Cela prit un peu de temps, mais fonctionna. Son corps se détendait, son rythme cardiaque diminuait et sa tête se sentait moins lourde de pensées.

D'une manière ou d'une autre et quelque part dans le cheminement, Jungkook se retrouvait à tracer des formes invisibles avec ses doigts. Ses bras suivaient bientôt et ses genoux dont il écoutait toujours les douleurs se plièrent légèrement jusqu'à ce qu'il se déplaça très lentement vers un arrière-plan silencieux. La musique lui faisait ressentir davantage les émotions et ce qu'il voulait transmettre, guidé également par sa mémoire et par son propre corps qui bougeait tout seul. Il n'avait pas besoin de lui donner des ordres.

Il fit un premier pas, ses bras et ses mains l'accompagnant dans ses mouvements. Puis deux, puis trois, et enfin il se lança. Après tant d'années.

Il se laissa emporter par les notes de musique et la danse de Jimin. Ses pieds se positionnaient naturellement comme ils le feraient avant un saut, bien que le pas suivant fut remplacé par une pirouette légère et esthétique qui ne demandait pas beaucoup d'effort et qui semblait tout aussi belle. C'était improvisé, il inventait sur-le-champ, sans réfléchir, sans trop réfléchir. Cela coulait aussi naturellement qu'il y a longtemps, bien trop longtemps - et ce fut surprenant, pour quelqu'un qui avait renoncé à danser. Qui avait abandonné et n'avait plus essayé, craignant d'être brisé par la dure réalité que son corps ne pourrait plus jamais offrir, les performances pour lesquelles il s'était tellement donné dans sa jeunesse.

Et fébrile, Jungkook se rapprocha enfin de lui, sa chaîne scintillant sur son torse. Dans une démarche doucereuse, mais remplie de force et de gestes maitrisés, son corps frôla le sien, la pulpe de ses doigts effleura sa hanche, la main de Jimin chercha la sienne. Il s'envola une nouvelle fois dans un grand jeté et Jungkook se retrouva à admirer ce saut évanescent et sa prestance. Les gestes de Jungkook auprès de lui étaient plus bruts, plus rugueux et se coordonnaient avec la finesse et le raffinement du blond.

Leur danse n'était pas tant action qu'interaction, elle était rencontre de souffles, une énergie partagée qui circulait d'une personne à l'autre. Calquer sa respiration sur la sienne. Cette parfaite harmonie de leurs corps et de leurs esprits. Jimin n'avait jamais vécu cela. Cette symbiose qu'il n'aurait jamais cru possible. Dans la danse. Avec un homme.

Jimin dansait seul en général. Dans ses études, il avait bien sûr dansé en groupe, avec des hommes et des femmes, et même en duo. Mais ce qu'il ressentait aujourd'hui dépassait l'entendement. Une force, une attraction qui le menaient à lui, dans des gestes coordonnés, avec pour seules paroles celles de leurs regards et de leurs muscles et qui se mariaient parfaitement. L'un et l'autre, sans se l'avouer de leurs silences, auraient eu envie de ne jamais s'arrêter.

Après avoir dansé l'un à côté de l'autre et s'être apprivoisés, Jungkook avait fini par agripper les hanches de Jimin, d'une façon si naturelle et si ancrée en lui. Les muscles tendus de ses bras roulaient sous sa peau, faisant apparaître davantage ses tatouages apparents. Il l'avait fait avec une facilité déconcertante, et même si Jimin n'était que poids plume, la concordance de leurs mouvements qu'ils n'avaient jamais travaillée ensemble, les étonnèrent l'un et l'autre. Jungkook le souleva dans un porté gracieux, emprunt de passion et d'émotion intense. Comme si son corps était fait pour le sien. Il n'en fut pas interpellé sur le coup, mais bien plus tard il repenserait à ce moment et cette aperception évidente. Même en dansant avec sa femme, il n'avait jamais ressenti cela.

Comme si leurs corps étaient faits l'un pour l'autre, pour s'appeler et vibrer ensemble, et pour que l'un et l'autre se dirigent et s'harmonisent parfaitement.

Et leurs pas si coordonnés. Leur aisance ensemble. Sa fluidité de mouvement. Sa complémentarité avec la sienne.

Jimin dansait seul en temps normal. Il n'avait pas l'habitude qu'on l'accompagne. Et pas de cette manière, de façon aussi....magique.

Jungkook avait fait attention. Et Jimin l'avait senti. Cette faiblesse dans son genou lorsqu'il l'avait porté. Mais Jimin ne dira rien. Par pudeur pour lui. Parce qu'il n'avait pas hésité à le porter, s'oubliant et ne pensant qu'à la communion qui les liait dans une intensité indicible.

Jimin avait peut-être envie de s'abandonner dans ses bras, se fondre en eux et fermer les yeux.

Fermer les yeux dans le reflet de son âme ou même les ouvrir à leur reflet dans l'énorme miroir devant eux et qui renvoyait leur image si harmonieuse ensemble.

Il désirait. Ce désir qui grandit en soi, qui veut prendre place au plus profond de soi en mille étincelles. Ce désir qu'il voulait assouvir.

Avec ce désir, Jimin savourait. Parce qu'il savait que dans le silence des mots, il y avait le silence des secrets et bientôt une fin. Celle d'une histoire dansée, de la musique, de la note finale qui sonnerait l'heure des festivités. Celle de leurs reflets qu'il observait en face de lui, les yeux dans les siens face à ce miroir, ses mains sur lui, sa bouche près de la sienne, sa peau imprégnée de celle de l'autre.

Jungkook en effet après l'avoir porté, l'avait doucement reposé au sol devant lui, le dos du danseur tout près de son torse. Il ne l'avait pas lâché, laissant ses mains sur sa peau nue, à l'endroit où son sweat s'était soulevé et laissait apercevoir son épiderme miellé. Peut-être qu'il le serra à lui avec un peu plus d'ardeur, peut-être qu'il se retrouva moulé à son dos, ne faisant plus aucun pas, alors qu'ils respiraient fortement ensemble au même rythme que leurs torses qui s'élevaient dans leur souffle. Jungkook se fondait encore plus à lui, ne voulant plus renoncer à sa peau qui lui prodiguait de la chaleur. Sa main droite était venue se loger sous le haut gris, au niveau de son ventre et sa main gauche était toujours sur sa hanche. Jimin y posa la sienne, entremêlant leurs doigts. Il recula à son tour de quelques millimètres, comme il l'avait déjà fait dans sa cuisine la dernière fois tout contre lui, alors qu'il ressentait encore combien ce corps musclé, viril et tatoué était fait pour entourer et embrasser le sien. Il avait légèrement penché la tête en arrière sur l'épaule du brun, quand il sentit la main de Jungkook s'aventurer sur ses abdominaux.

Alors que la musique continuait sa mélodie, jamais on ne lui avait fait cela ni cet effet-là : Jungkook sentait ses cheveux et sa peau.

Son nez se hasardait dans sa chevelure, puis de sa tempe à la peau fine derrière son oreille, et Jimin en gémit de plaisir, en serrant davantage sa main dans la sienne. Jungkook prenait une bouffée de son odeur. Et au moment où Jimin geignit, Jungkook l'entoura encore plus de ses bras.

Jimin sentait son cœur battre bien trop fort, bien trop vite pour des sentiments bien trop immenses contenus en lui. Il sentait aussi celui de Jungkook contre ses côtes. Comment deux cœurs pouvaient battre aussi fort dans leur cage thoracique et autant palpiter l'un pour l'autre?

Et quand Jungkook laissa traîner ses dents dans son cou, le long de sa jugulaire, Jimin sentit ses jambes s'affaiblir. Il n'était pourtant pas un homme fragile, il était rempli de muscles que Jungkook s'amusait à caresser à l'instant, de son buste à sa poitrine, qu'il était en train d'atteindre. Ce n'était qu'un toucher sur ses tétons, ce n'était que des dents sur sa peau, mais cette double stimulation, Jimin ne l'avait jamais ressenti. Pas de cette manière, sans brutalité ni indifférence. Ni avec les autres hommes qu'il avait connus.

Tout n'était que sensualité, érotisme et envie consentie. Jungkook avait-il envie de le mordre là, au niveau des pulsations de cette veine qui alimentait son cœur? Et ces doigts qui s'aventuraient sur ses boutons de chair durcis de plaisir. Son bras tatoué frôlant l'endroit même où Jungkook avait cru apercevoir un jour ce "nevermind" encré sur ses côtes. Ce "peu importe", ce "laisse tomber", oui, peu importait ce que ce mot signifiait dans leur langue et ce que Jimin avait vécu dans son passé, il vivait. Et à l'instant, il ressentait. Leurs respirations calquées l'une sur l'autre, leurs torses qui se soulevaient à l'unisson, ces millions de sensations lorsque leurs peaux se caressaient, leurs coeurs au même diapason. Plus que quiconque, plus que jamais, plus qu'avec d'autres.

Lui.

C'était lui.

Rien que lui.

Et à partir du moment où il en prit conscience, Jimin réalisa qu'il ne serait plus le même.

Cela avait toujours été lui, d'aussi loin qu'il se souvienne, dans les rouages de son cerveau qui lui avait fait défaut jusqu'à présent.

Et puis les lèvres de Jungkook se posèrent à nouveau le long de son cou, le souffle court à l'approche de ses lèvres pulpeuses qu'il entrouvrit. Un nouveau gémissement sortant d'elles alors que son corps voulait s'imbriquer au sien. Jungkook laissa enfin traîner ses lèvres sur sa mâchoire. Puis il embrassa la commissure de ses lèvres rouges et gonflées, au coin de sa bouche, en gémissant lui aussi de désir.

Mais en fermant les yeux, Jungkook fut pris de visions et à nouveau de flashs et de lumières aveuglantes, alors qu'il n'était même pas endormi. Tout se mélangea dans son esprit, dans sa tête et devant ses yeux. Il ouvrit ses paupières. Jimin fermait encore les siennes dans le miroir, face à eux. Des visages se succédèrent alors.

"La magie s'écoute"

Puis un flash, et il vit Sohyun et ses cheveux longs à la place du blond, dans ses bras.

" C'est oui Jungkook, je veux bien t'épouser!"

Ils s'étaient tellement aimés. Jungkook fut pris de maux de tête soudains. Il fera les yeux, mais les images ne disparaissaient pas, elles s'enchaînaient même. Un autre flash qui lui fit mal aux rétines et le corps de Jimin sans visage qui lui souffla "Je ne dirai rien sur ce qu'on a fait, je te le promets"

Encore cette voix, ce souvenir qui n'en était pas un, encore le cauchemar de ses nuits.

"Félicitations monsieur Jeon vous êtes papa d'un petit garçon!"

Tae était né, son fils, son premier. Ce moment avait été si beau.

"Ça va aller".

Encore cette voix.

Sa chaîne, son alliance, sa croix.

Et puis enfin, il se vit lui-même dans ses bras, le petit garçon qu'il avait été enfant, Jeon Jungkook, qu'il serrait fort contre lui, comme pour se réconforter de tout ce qu'il avait vécu dans son enfance.

"Maman est parti Jungkook. Elle ne nous aimait pas. Elle nous mentait tout ce temps."

Et Jungkook prit peur.

Si peur.

Alors il se raidit.

L'amour d'une mère ne devrait jamais être un mensonge. Parce que lorsque l'on grandit soi-même avec ce mensonge, on se ment à son tour soi-même,

un jour.

Ou toute sa vie. Et il est difficile de s'en défaire.

Alors il se défit rapidement des bras de Jimin et de son dos, qui l'avait accueilli d'une si belle façon avec sincérité et émotion.

- Je n'ai pas le droit, je suis désolé...Pardon.....pardon. Je suis désolé Jimin je n'aurai jamais dû venir, ni vous importuner, je n'aurai pas dû vous toucher ni vous embrasser sans vous demander. Je suis marié, je....

Jungkook s'excusait encore. D'aimer. De vivre.

Si jungkook réalisait enfin qu'elles paroles significatives il énonçait.

- J'espère qu'on restera amis, chuchota-t-il une dernière fois au creux de son oreille, les cils humides, avant de s'en retourner le plus rapidement possible, prenant ses chaussures et son chien au passage.

Jimin resta là. Comme il l'avait été depuis tant de temps.

"Ça va aller", murmura-t-il autant pour celui pour qui il avait des sentiments que pour lui-même.

L'existence même de ce moment avait-il été? Jimin n'avait-il pas tant rêvé qu'il l'avait vécu comme il l'aurait souhaité? N'était-ce qu'une chimère, un moment sacralisé qu'il chérirait à l'intérieur de son être, comme un autre qu'il n'avait jamais pu oublier au plus profond de lui? Ni ses yeux avides et pourtant tendres, ni ses gestes faits pour lui, ni sa bouche sur sa peau aujourd'hui.

Jimin aimait la magie, mais quelquefois il aurait préféré que la réalité la rejoigne enfin. Qu'elle ne lui fasse pas défaut, à nouveau. Qu'elle ne vienne pas comme ce soir éclater au grand jour sans explication.

Jimin n'avait rien pu répondre à ses paroles. S'il avait pu, il aurait osé lui dire qu'il n'attendait qu'une seule chose, écrire la suite de cette histoire naissante avec lui. Mais Jungkook avait fini par sous-entendre qu'elle n'avait pas lieu d'être.

Alors Jimin, encore une fois, allait refouler ses sentiments et ne plus les arroser, au contraire de la manière dont il entretenait avec amour le magnifique bouquet de Jungkook.

Il allait lui aussi se mentir et se convaincre qu'il pouvait oublier.

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Helium - Sia

Jimin avait ressenti un besoin. Ce besoin, vous savez, de lui dire "respire encore un peu avec moi. Dans mes bras, loin du bruit, loin de la peur, près de mon cœur. N'attendons pas qu'il fasse nuit sur nous". Mais il n'avait pas eu l'occasion de l'exprimer au père de famille.

Le vrai langage au monde n'est-il pas le toucher? Fait d'effleurements, de caresses, d'épidermes chauds, de lèvres flirtant avec les frémissements infimes d'un fin duvet se redressant d'émotions, et les sensations au creux de son ventre. Un vrai langage amenant au baiser?

Jimin mourait peut-être d'envie.

De le revoir.

De le toucher.

Avec lui, de danser. Jusqu'à l'épuisement.

Et peut-être, et sûrement, de lui appartenir.

Jungkook était un merveilleux et excellent danseur, s'adaptant à l'autre, il avait, comme le reste de sa famille, cette facilité déconcertante. Leurs gestes à deux n'étaient que douces vagues ou même déferlantes quand la fougue devait se manifester, elle était ruisseau d'eau façonnant les galets au rythme du temps. Certainement qu'ensemble leurs gestes s'affineraient et s'aiguiseraient davantage pour tendre vers la perfection. Mais Jimin y aurait-il droit?

Jungkook avait fait naître des étincelles à chacun de leurs touchers même furtifs, et maintenant des étincelles dans cette dernière étreinte. Il ne s'agissait pas d'éteindre celles qui brillaient dans ses propres yeux. Jimin ne devait pas se leurrer. Ni trop attendre d'un homme qui aimait encore sa femme et portait son alliance autour du cou, près du Christ.

Jimin savait que Jungkook le considérait comme un ami et rien de plus. Jamais il ne l'aimerait de sentiments plus forts comme ceux qui l'animaient à l'instant.

Et pourtant le blond avait senti derrière lui son corps moulé au sien. Il avait senti son érection naissante entre ses fesses et la sienne durcir au fur et à mesure que Jungkook effleurait son épiderme. Les corps ne mentaient pas. Cela n'avait pas été volontaire, il le savait, l'un et l'autre savaient. Dans ces moments-là de la danse, dans l'extase, le sexe n'était que secondaire.

Alors il devra se raccrocher à ce qu'il connaissait déjà et arrêter de rêver. De magie, de bouquet pourpre et violet et de compagnon de danse. S'il voulait ne pas souffrir. Et puis il y avait Yoongi avec qui il devait clarifier sa vie.

Mais Jimin réalisa. Qu'il ne pourrait plus se passer de celui qui avait dansé avec lui. Et qu'encore une fois, ses sentiments naissants allaient sûrement l'envahir bien plus qu'il ne pourrait les contrôler. Mais ils étaient différents de ceux qu'il avait déjà éprouvés pour un autre et qui l'enchaînaient. Ou celui d'un amour adolescent éphémère.

Jungkook était bien là, à présent.

Cet amour naissant n'avait rien à voir avec la dépendance affective. Jungkook ne créait pas cela. Il créait tout le contraire. Une envie de respect, de sincérité, d'attente, de douceur et de passion.

Jimin rêvait qu'ils s'embrassaient. Et qu'ils tombaient en amour.

Jimin avait été les 4 éléments. La terre, l'air, l'eau et ensuite le feu. Jungkook était certainement sa plus belle flamme. Parmi toutes celles avec lesquelles il avait pu danser.

Lui qui s'en allait, puis revenait. Lui qui l'embrasait, lui qui se taisait. Lui qui s'allumait et s'enflammait. Qui faiblissait et s'éteignait...Qu'importe, Jungkook le rejoignait toujours, sans le savoir il traversait le ciel de son existence. Quand il fermera ensuite les yeux le soir, et quand dans ses songes il danserait avec lui comme aujourd'hui. Il restait à présent la douceur de ses lèvres, la mélancolie dans son regard et ses cils infinis. Le frôlement de son nez tout contre sa peau. Les sourires échangés depuis une éternité lorsqu'ils se faisaient face à chaque rencontre, une montagne d'émotions peuplant ses souvenirs si bien que rien ne les effaçait. Quand reviendrait-il? Pour jouer avec son cœur?

"Qu'attends-tu mon amour? Pour enfin réaliser?"

On dit souvent que ce qui vaut le coup prend du temps. Être patient, voilà ce que devait être Jimin.

Mais Jungkook était parti.

Ce que Jimin ne sut pas, c'est que dans la nuit noire, Jungkook s'était enfui. Et qu'une fois chez lui après avoir congédié la baby-sitter, il s'était assis sur le rebord de son lit, les coudes sur les genoux, ses mains cachant ses yeux puis ses larmes, car il pleurait.

De manque. D'incompréhension. Et enfin de renaissance.

Il était perdu.

Jungkook n'avait jamais tenté de redanser depuis cette fameuse fois. Cette fameuse fois où son genou s'était brisé. Essayer, c'était déjà réussir à dépasser ses peurs. Et il pouvait être fier de lui. Jimin avait été celui qui l'avait fait renouer avec sa passion d'avant.

Mais il était perdu.

Car il avait aussi posé ses lèvres sur une autre personne que sa femme, et il n'aurait jamais dû s'autoriser.

Car il avait plus qu'aimé.

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Paparazzi Acoustic in Paris - Lady Gaga
Love in the Dark - Adele

Au même moment, croyez-le ou non, Yoongi avait appelé Jimin pour chercher à le revoir. Il avait déjà essayé dans la soirée, mais Jimin était en silencieux sur son téléphone, comme à chaque fois qu'il dansait.

Cela faisait plusieurs semaines qu'ils ne s'étaient pas vus tous les deux.

Yoongi avait écrit plusieurs messages auxquels Jimin avait répondu succinctement sans vraiment chercher plus. Yoongi ne s'en était pas formalisé. Après tout ils n'étaient pas en couple, et Yoongi flirtait en ce moment de manière régulière avec l'une de ses dernières conquêtes, la fille d'un producteur et PDG et que ses parents lui avaient présenté sur l'île. Bien sûr elle lui plaisait, elle était tout ce qu'une coréenne idéale représentait, la trentaine, mignonne et souriante, un travail stable dans l'entreprise de son père, prête à se marier et avoir des enfants. Mais il manquait quelque chose à Yoongi. Ce petit truc en plus qu'il se voyait bien continuer à faire en cachette après un éventuel mariage, une relation cachée parce que c'était bien trop excitant, une expérience "exotique" à long terme, se plaisait-il à se dire à lui-même. Jimin bien sûr.

En le rappelant et en lui donnant rendez-vous, il était certain que celui-ci ne refuserait pas. Et il était aussi sûr que cela raviverait chez lui-même ce besoin de posséder, bien différemment que ce qu'il avait pu expérimenter avec celle, plus insipide, à qui il passerait peut-être la bague au doigt.

Mais cela Jimin n'avait pas besoin de le savoir. Il n'y avait qu'entre le danseur et lui, l'envie de se satisfaire, du désir et du sexe, et jusqu'ici, cela leur convenait à tous les deux. C'était bien sûr ce que pensait Min Yoongi, musicien, compositeur et animateur dans la plus grande radio de Jeju.

Il ne se doutait pas encore qu'après cet appel et surtout les millions d'interrogations que Jimin vivait à l'intérieur de lui depuis plusieurs jours après avoir dansé avec Jungkook, celui-ci voudrait en profiter pour discuter sérieusement de ce qu'ils étaient l'un pour l'autre.

Quand Jungkook était parti, Jimin était remonté chez lui, s'était douché puis mis à l'aise pour aller se coucher. En général il dormait nu. Il s'était un jour acheté un vrai pyjama, histoire de dire qu'il faisait un peu comme tout le monde, mais il avait souvent son portable à la main et c'était beaucoup moins pratique sans poches. Piètre excuse, puisque de toute façon, Jimin avait souvent chaud et aimait être à l'aise. Alors un bas de jogging ou même un simple short suffisait pour traîner dans l'appartement. Hoseok et lui se connaissaient assez bien pour se promener à moitié habillés dans la colocation. Même Su-Yeon était habituée.

Jimin s'était donc installé dans son lit sans plus vraiment réfléchir à cette fin de soirée improbable et irréelle avec Jungkook. Il avait écouté le message de Yoongi. Celui-ci lui proposait de venir vendredi après-midi prochain à ses cours pour l'accompagner au piano. Il savait que Jimin adorait cela, que ses élèves aussi, les fois où il était venu jouer. Il lui proposait également un repas chez lui pour la soirée, il voulait essayer ce nouveau restaurateur étoilé chez qui on pouvait commander.

Jimin s'en trouvait étonné, mais il était vrai que cela faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas vus.

Dans la semaine suivante, Yoongi était enjoué dans ses messages et Jimin se surprit à aimer cela. Être désiré de sa présence. Peut-être qu'il avait réellement manqué à Yoongi, peut-être qu'il tenait finalement à lui après ces quatre années ensemble, peut-être qu'il voulait lui proposer plus. Jimin était perdu. Dans sa tête et dans son cœur. Parce que tous ses sentiments et tout ce qu'il ressentait n'avaient été ces dernières semaines que pour un seul homme sublime, mais inatteignable. Ce même homme qui lui avait dit ce soir de danse, qu'il voulait rester amis.

Jimin ne pouvait nier tout ce qu'il ressentait. Bien sûr, il ne le partagerait pas avec Yoongi. Parce que cela ne le regardait pas, parce que Jungkook était son joli secret et qu'il ne voulait le partager avec personne. Jimin devait peut-être remettre les choses à plat avec Yoongi. Arrêter cette mascarade qui les liait. Et même si ses sentiments avec le père de famille n'étaient pas partagés, Jimin ne pouvait plus les nier. Il s'effondrerait sûrement un jour, il s'en voudrait d'avoir voulu plus, d'avoir envisagé un possible futur. Mais si ce qu'il vivait avec Yoongi ne le menait nulle part, alors il était enfin prêt à arrêter ce semblant de relation. Et pourtant, il savait Yoongi tellement convaincant qu'il n'était pour l'heure plus aussi sûr de lui. Jimin aimait être aimé tout simplement et recherchait de l'attention.

Ce vendredi, Jimin se trouvait donc en cours avec Yoongi à ses côtés. Il avait emmené des partitions, mais Yoongi, excellent pianiste à l'oreille absolue, pouvait jouer de mémoire. Ils s'accordaient ensemble, comme il s'accordait dans le rythme imposé par Jimin et ses danseurs. C'était un réel plaisir de jouer pour un cours de tous petits débutants de 5 ans comme à celui des confirmés dans lequel pointes et enchaînements se côtoyaient avec une précision sans faille.

C'était au tour du cours de Taehyung, le dernier de la journée. Jimin n'avait pas croisé Jungkook, il était resté dans sa salle à attendre ses élèves et discuter des choix de morceaux à interpréter par le pianiste.

Jimin était content que Yoongi soit là et plutôt à l'aise avec lui. Le musicien lui faisait des éloges entre deux cours sur son professionnalisme, il voyait bien son regard traîner sur lui, ses remarques suggestives doucement murmurées dès qu'il s'approchait de lui. Yoongi savait que le danseur avait besoin d'être rassuré pour se sentir en confiance, il savait que les compliments le faisaient se sentir désirable et encore plus attirant, tout ce que voulait Yoongi.

Le pianiste n'avait pas franchement prémédité tout ce qui allait se passer ensuite. Quand il discuta quelques minutes juste avant le cours de Taehyung, Yoongi lui promit même de l'emmener en vacances en février au ski, à l'Intercontinental Alpensia Resort à Pyeongchang sur le continent, rien que tous les deux. Depuis une semaine qu'ils avaient programmé de se voir ce soir, Yoongi était aux petits soins avec lui, lui envoyant des messages affectueux et s'intéressant à lui et à sa vie.

Le cours dans lequel était Taehyung passa vite et bientôt il serait l'heure de partir ensemble. Pourtant, Taehyung, lui, n'allait pas très bien.

Après le cours en attendant son père, il n'osa pas revenir tout seul dans les vestiaires et resta près de Jimin. Il avait refusé de suivre Eun-Byol, trop préoccupé par ce changement lors de "son" cours. Taehyung n'aimait pas les modifications dans ses routines et son quotidien, il les acceptait difficilement. Et il n'avait pas été prévenu pour ce cours différent.

Pourtant il avait été très agréable de danser sur de la vraie musique et entendre jouer d'un instrument. Taehyung adorait d'habitude, il avait même déjà demandé à son père s'il pouvait un jour l'emmener à un concert philharmonique, il en rêvait. Mais pas ce soir. Pas dans cette ambiance, pas avec Jimin qui, pendant le cours, n'avait cessé de porter son regard vers cet homme qu'il ne connaissait pas et surtout envers lequel ses sens l'alertaient.

Taehyung ne se trouvait donc pas du tout à l'aise et ne voulait pas laisser son professeur seul avec cet inconnu. Il faisait des petits pas dans la salle, en en faisant le tour, en se positionnant devant la baie vitrée qui affichait la nuit tombante, puis refaisait un tour pour revenir à son point de départ. Il se touchait les doigts et répétait en boucle "Park Jimin le danseur est très gentil", en écholalie à voix basse. Taehyung, dont la réflexion ne s'arrêtait jamais, savait très bien qu'il agissait à l'instant d'une manière atypique. Il savait qu'il pouvait paraître bizarre, voire pire, mais il en avait besoin pour se rassurer.

Il en avait parlé avec son nouveau psychologue de l'île et le petit groupe de paroles dont il faisait dorénavant partie. Certains de ses cinq camarades avaient des troubles bien plus envahissants que lui, d'autres les maitrisaient vraiment bien. Taehyung était conscient que lorsqu'il était stressé, en manque de ses routines ou de repères pour le recentrer (sa mère et son père), il pouvait se réfugier dans l'écholalie et les stéréotypies motrices ou même la crise d'angoisse. Avec son thérapeute, ils apprenaient à gérer, à respirer et passer sur la crise. Mais ce soir, il ne pouvait pas s'en empêcher, c'était plus fort que lui. Il n'y arrivait pas, il perdait le contrôle.

Jimin n'avait pas fait attention sur le coup, il avait salué ses derniers élèves, puis était resté près du piano et de Yoongi, alors qu'ils se draguaient ouvertement. Ce fut Yoongi qui le sortit de son alanguissement, en montrant d'un hochement de tête, le jeune garçon.

- Tu fais dans le social maintenant?

- Quoi?

- Le gosse, là.

Jimin tourna la tête vers Taehyung qu'il aperçut. Comment avait-il pu l'oublier? D'habitude il surveillait son départ, l'accompagnait aux vestiaires ou veillait à ce qu'Eun-Byol l'y accompagne. Cela lui permettait même de croiser Jungkook et de respirer comme un drogué les effluves de sa présence. Oui Jimin voyait cela comme ça.

Et pris par la présence de Yoongi, il n'avait pas fait attention à son protégé, et il s'en voulut immédiatement.

Il laissa Yoongi ranger ses partitions et ses affaires, et s'approcha doucement de l'enfant sans le brusquer ni le toucher. Il l'avait rarement vu aussi envahi.

- Et Taehyung...

- Park Jimin le danseur est très gentil.

Taehyung continuait à marcher doucement le long de la grande baie vitrée de la salle, sans chercher à le regarder ni profiter de sa présence, le regard vague et perdu.

- Merci Tae. Mais il faudrait que tu ailles dans les vestiaires pour enlever tes demi-

- Park Jimin le danseur ne doit pas partir avec n'importe qui. Park Jimin le danseur est très gentil. Il ne doit pas.

Jimin ne comprenait pas pourquoi Taehyung s'inquiétait autant. Ses mouvements n'étaient pas très sûrs et il eut même l'impression qu'ils s'intensifiaient. Il s'était arrêté devant la vitre en regardant vers l'extérieur et commençait à a se balancer en serrant ses mains. Jimin, toujours sur son petit nuage, n'était certainement pas aussi réactif qu'il aurait dû l'être.

- Ça va aller Tae, c'est un ami à moi. On se connaît bien, on va passer la soirée ensemble.

- Non ça ne va pas aller. Ce n'est pas un ami. Taehyung est un ami, Jung Hoseok est un ami, j'ai vu son nom sur la boite aux lettres, et appa est un ami.

Chim, écoute-le putain! En plus tu as vu, je suis sûr que lorsqu'il dit Taehyung, il parle aussi de moi.

- Mince Taehyung ferm-.

Jimin ferma les yeux, retint sa respiration et se reprit. Il n'avait pas le droit de répondre à une voix que lui seul s'inventait. Quelquefois, il se disait qu'il était bien pathétique.

- Pardon Taetae, ce n'est pas à toi que je parlais. Je vais appeler appa, il est en retard, c'est ça qui t'inquiète sûrement.

Yoongi s'était rapproché, son manteau de laine à la main et sa sacoche dans l'autre.

- Il a quoi le gosse, c'est un de tes handicapés, c'est ça?

Jimin ne s'arrêta pas sur les propos déplacés, encore une fois, mais il respira très fort. Ce n'était pas le moment. Jusqu'ici tout s'était bien passé, et de façon même excellente, pourquoi il fallait toujours qu'il gâche tout? Et Taehyung continuait à répéter en boucle ce qu'il disait de Jimin, quand Jimin intervint :

- Ne parle pas de lui comme cela, Yoongi. Taehyung est mon ami.

- Ohoh calme-toi, hein?! J'ai rien dit, juste qu'il est bizarre, c'est tout.

- J'appelle son père, il est en retard. Et il ne va pas très bien.

Jimin partit prendre son téléphone posé sur le piano. Lorsqu'il arriva à joindre le papa pour lui dire que le cours était terminé et que Taehyung n'était pas bien, Jungkook venait de pousser la porte d'entrée de l'immeuble avec ses deux filles. Au ton qu'avait utilisé Jimin, il comprit qu'il s'était passé quelque chose.

Jungkook avait fait vite le tour des vestiaires pour y voir que les affaires de son fils s'y trouvaient encore. Il prit rapidement son sac et ses chaussures, les posa sur la poussette et demanda à ses filles de l'attendre près de la grande porte ouverte, à l'entrée de la salle. Il les verrait ainsi facilement, puis il se dirigea à l'intérieur.

Taehyung se trouvait toujours près de la baie vitrée, en se balançant légèrement et en triturant ses doigts à se blanchir les phalanges.

Waouah le beau gosse arrive enfin, Chim!

Jimin se retourna pour en effet voir Jungkook arriver en tenue de travail, chemise blanche et pantalon noir cintré, cette fois-ci il ne s'était pas changé, mais il s'était attaché les cheveux sur le dessus de la tête.

- Park Jimin le danseur ne doit pas partir avec n'importe qui, Park Jimin le danseur est très gentil. Et ce n'est pas un ami. Park Ji-

Jungkook s'approcha de Jimin, il vit un peu plus loin un deuxième homme dont il ne croisa pas encore le regard. Il arriva stressé, son regard inquiet faisait des va-et-vient entre son fils et les yeux du professeur.

Jungkook sentait bien dans l'air une certaine tension et toute l'anxiété qui se dégageait de son fils. Il devait à tout pris lui éviter une crise de panique.

- Il s'est passé quoi Jimin-si? Il y a eu un facteur déclencheur?

Il a la classe en plus! Rassure-le Chim, il panique pour son gosse.

- Je ne sais pas Jungkook, le cours en lui-même s'est très bien passé. Il y a eu un cours avec du piano avec Min Yoongi un ami et musicien, et tout le monde a apprécié. Mais ensuite, il n'a pas voulu aller se changer, il est resté dans la salle. Et depuis tout à l'heure, il tourne en rond et je n'ai pas réussi à le calmer. J'ai essayé de lui parler calmement, mais rien n'y a fait.

- Park Jimin le danseur ne doit pas partir avec n'importe qui, Park Jimin le danseur est très gentil. Ce n'est pas un véritable ami. Park Jimin le danseur est trop gentil.

Jungkook avait bien vu l'inconnu qui le regardait d'un œil arrogant. Il l'avait enfin reconnu, celui qu'il avait croisé au Golden Eyes, le fameux "petit ami".

Et il savait très bien qu'il y avait souvent un élément qui déclenche les crises de son fils. Taetae semblait être resté dans la salle pour surveiller Jimin. Il s'inquiétait pour lui.

- Park Jimin le danseur est trop gentil. Ce sont Taehyung et appa ses amis.

- Je vous laisse avec votre fils? Je vais ranger la salle avant de partir.

Jimin s'éloigna et Jungkook s'accroupit enfin devant son garçon, un sourire peiné aux lèvres, mais le regard si aimant.

- OK Tae, tu n'aimes pas ce monsieur, c'est ça? Regarde-moi Taetae. Essaie de me regarder, c'est moi, c'est appa.

Jungkook osa poser doucement sa grande main sur l'épaule de son fils. Son balancement s'arrêta momentanément dans le mouvement. Jungkook osa lever son pouce sur sa mâchoire pour guider son visage et donc ses pupilles vers les siennes.

- C'est bien Tae. Tu n' aimes pas cette situation, c'est ça?

- Non.

puis après une pause,

- Non, je n'aime pas.

- D'accord. Mais nous n'y pouvons rien Tae. C'est son ami apparemment. Et nous on doit rentrer à la maison avec tes sœurs, nous allons être ensemble en famille et ça va aller.

- Oui, d'accord ça va aller.

- Tu ne l'aimes vraiment pas?

- Non. Même s'il joue bien du piano.

Jungkook tourna sa tête vers l'homme en question et le couple qui se parlait. Il entendait vaguement quelques bribes de conversations, qui ne le mettait pas forcément mal à l'aise, mais pas à l'aise non plus. Jimin souriait en roulant un peu des hanches, l'autre l'aguichait en posant sa main sur lui.

- Moi non plus, je crois.

- Park Jimin est trop gentil.

- Je sais Tae. Mais ça va aller OK? Il est grand, il fréquente qui il veut, il est à même de savoir ce qui est bien pour lui. Allez on y va maintenant, obéis. Tes sœurs nous attendent dans l'entrée, Jiji est dans sa poussette et Hayun la surveille alors on doit se dépêcher. Et si vous voulez, on peut aller se faire un resto de barbecue, vous adorez ça!

Taehyung prit un moment pour réfléchir. Il sonda les pupilles sincères de son père, avant d'acquiescer à sa proposition.

Jungkook prit par la main son fils et ils se dirigèrent vers la sortie. Il leur fallait traverser la salle, dans laquelle le son, et donc les conversations, résonnaient un peu trop.

- Alors maintenant, ce sont les pères de famille que tu attires?

- Qu'est-ce que tu racontes?

- J'ai bien entendu le ton que tu avais pris avec lui au téléphone et ton sourire quand tu lui parlais.

- Quoi?

- Vous avez baisé?

Yoongi le collait, il s'était positionné devant lui, toujours près du piano en ne lâchant pas ses hanches.

- Mais ça ne va pas! Arrête c'est pas le moment, tu racontes n'importe quoi. Et ne me touche pas comme ça devant eux.

Yoongi pensait peut-être que Jungkook ne l'avait pas entendu ni vu faire, mais malheureusement pour lui, Jungkook avait l'ouïe fine et une excellente mémoire.

- Vu comment il te regarde, il faudrait être idiot pour ne pas comprendre qu'il a envie de ton cul! Bon, je t'attends dehors, ce soir tu es à moi.

En disant cela, Yoongi lui accrocha les fesses et y laissant sa main quelques secondes pour les tâter.

Les joues de Jimin virèrent au rouge cramoisi. Il était très mal à l'aise. Yoongi le mettait mal à l'aise. Et Jimin sut que la situation dérapait. Cela avait été trop beau ces dernières heures avec lui. Trop beau, trop faux, et la vraie nature de Yoongi, possessive, manipulatrice et dominante revenait comme une vague scélérate. Il avait besoin de montrer ce qu'il s'appropriait. Jimin devait absolument mettre les choses au clair avec lui ce soir.

Chim tu vas le laisser te parler comme ça encore longtemps?

- Yoongi sil te plait. Enlève tes mains. Et je dois fermer les volets roulants avant de partir.

- Allez ne me fais pas attendre. Tu me dois bien ça, non?!

Il posa sa paume sur sa joue pour la caresser et il finit par une petite claque de sa paume sur sa mâchoire, alors que Jimin hoquetait de surprise. Yoongi était trop entreprenant, trop direct comme si Jimin était sa propriété. Et surtout trop vulgaire.

C'en était trop pour Jungkook. Il ne se retint plus. Il demanda à Taehyung de l'attendre dans l'entrée avec ses sœurs, fit demi-tour et se dirigea vers eux, un rictus au visage, Jungkook n'allait pas laisser passer ça.

Il voyait ainsi l'homme de près pour la première fois. Même taille que Jimin, un visage opalin parfait aux traits félins, un costume fluide marron et beige qu'il portait à merveille. Il était vraiment beau avec une prestance indéniable. Mais Jungkook, pour se donner du courage, se dit que ce n'était pas ce qui empêchait d'être correct et surtout respectueux envers l'autre.

- Excusez-moi, Yoongi-si c'est ça? Je crois que vous n'avez pas bien compris, il vous a dit non. Il n'est pas consentant.

J'adore Chim ce mec, écoute-le! Merci Jungkook. Rentre-lui dedans putain!

- Pardon? Yoongi souriait en coin avec un sourire hautain. De quoi vous vous mêlez le papa? Vous êtes qui vous?

Une tension certaine se sentit dans l'air.

La mâchoire de Jungkook se contracta, il poussa sa langue contre sa joue pour s'empêcher de dire une bêtise qu'il regretterait. "Son mec peut-être?" Bien sûr qu'il ne pouvait pas dire cela, il ne l'était pas du tout et il était hétéro, même si c'était pour protéger Jimin et il ne voulait pas le mettre mal à l'aise encore plus. "Celui qui va t'en foutre une?" Non, il ne pouvait dignement pas le cogner. Et surtout pas avec ses enfants à côté. Jungkook abhorrait la violence.

Il serra les poings très fort. Lui aussi à s'en blanchir les phalanges. Jamais il n'avait envie de boxer en dehors de sa salle d'entraînement, il n'était pas violent. Il était bien connu que la violence appelait la violence, et Jungkook n'était absolument pas ce genre de personne, il avait appris à se maitriser et à maîtriser sa force. Et surtout, nous n'étions pas à un combat de coqs débilitants ni à une épreuve de joute équestre de chevaliers, avec leur lance pour gagner l'amour de leur "beau".

Pourtant, à l'instant, il lui aurait bien fichu son poing dans la figure. À ce connard.

- L'un de ses voisins et ami. Je l'ai entendu vous dire qu'il ne voulait pas que vous le touchiez ainsi.

- Alors comme ça on écoute aux portes? Jimin sait ce qui est bon pour lui et j'en fais partie. Jimin, dépêche-toi, on y va.

Yoongi se retourna et se dirigea vers les portes pour sortir et l'attendre dehors.

Jungkook le regarda, interloqué et même horrifié. On était dans un film? Quel était ce discours complètement déplacé et archaïque?

- J'y crois pas! C'est quoi cette mentalité? Jimin-ah?

Jungkook n'avait pas fait attention au langage informel et donc à la familiarité qu'il employa avec lui. Il chercha ses prunelles à nouveau. Jimin regardait Jungkook, puis baissa les yeux, trop appesanti par sa lourde aura et son regard pénétrant.

Jungkook avait juste envie de lui demander un tour en moto - qu'est-ce que Jimin en imposait ainsi dans sa tenue noire - et qu'il l'emmène loin de tout cela, et même du quotidien, de tous leurs tourments et de ce qu'ils s'imposaient sans s'autoriser.

Ou même lui demander de danser avec lui si cela pouvait permettre à Jimin de rester à ses côtés. Pas par jalousie première, même si Jungkook sans se l'avouer la sentait lui bouffer les entrailles. Mais parce que Jimin méritait tellement mieux et surtout d'être considéré. Comme quelqu'un, une personne à part entière, digne d'être aimé et respecté. Et même plus, comme un ange. Alors qu'il était d'ailleurs aujourd'hui tout en blanc dans la blondeur de ses cheveux.

Mais Jungkook n'avait pas le droit de s'interposer ni de s'imposer, il lui avait même dit qu'il n'aurait pas dû danser avec lui de cette façon.

Et pourtant, cela aussi le ruinait de l'intérieur, il s'en voulait, il espérait que Jimin, qui lui paraissait si sensible, n'ait pas pris cela comme un rejet de sa personne. Jamais il n'avait voulu le rejeter. L'instinct de Jungkook ne voulait qu'une chose, recommencer.

Jimin, à cet instant, releva ses orbes dans les siens. Il le suppliait de ne pas intervenir.

- Ça va aller Jungkook. On doit discuter lui et moi.

Ses yeux. Ils étaient si beaux dans les siens. Les étoiles s'y promenaient. Ils racontaient toute une vie. La passion, l'amour, l'amitié, la famille, le manque, l'envie, le désir. D'être aimé.

Encore une fois, Jungkook s'y perdit. Il leva sa main droite pour effleurer son visage du bout des doigts, mais il se ravisa et laissa retomber sa main.

- Vos enfants vous attendent.

Jimin le mettait à la porte. Gentiment, il lui intimait de partir. Jungkook était papa, il n'avait pas oublié. Ce quotidien, qu'il allait très vite retrouver.

Le père de famille s'inclina pour montrer qu'il acceptait et le laissait faire ses choix. Même si Jungkook ne comprenait pas. Tout chez cet autre homme transpirait la vulgarité et l'irrespect. Il ne méritait pas Jimin.

Il savait aussi qu'il y était peut-être fautif. Jimin ne lui accordait peut-être plus sa confiance depuis leur rapprochement.

Jimin salua Jungkook et finalement finit par suivre son amant.

Putain tu ne vas pas faire ça? Écoute Jungkook, Chim j't'en supplie. Même l'autre Taehyung te l'a dit!

Jungkook ne comprenait pas, il se retrouvait confus. Il n'avait jamais compris la relation qui liait ces deux hommes, depuis la première fois où Jimin lui avait parlé de lui. Pourquoi lui vouait-il autant "fidélité", pourquoi ne se défaisait-il pas de cette emprise bien trop écrasante et malsaine? Jungkook le sentait à des kilomètres. Cet homme était vil et toxique.

Et pourtant c'est avec lui que Jimin passera la soirée.

🗝

Son ami avait dû décrocher trois sonneries plus tard. Jimin avait laissé sonner même si Hoseok était occupé, car il espérait réellement qu'il puisse lui répondre. Et s'il ne le faisait pas, c'était alors que son destin ne se résumerait qu'à ce carrelage froid et infâme qui l'entourait et à ses larmes qu'il avait retenues jusqu'ici.

- Hobi je t'en supplie. Viens me chercher.

Jimin sanglotait, sa voix n'était que murmure. Faible et résignée.

- Mimi tu es où?

- Je suis chez Yoongi, il est dans sa chambre...

Jimin éclata en larmes.

- OK...OK...Hobi s'affolait. J'arrive tout de suite! Tu peux sortir de là et m'attendre en bas de sa villa?


- Je ne sais pas....si j'en suis capable...



»»----- ★ - ★ -----««


Voilà, le chapitre est posé et je m'en vais, parce que je sais que vous allez m'en vouloir. Et j'en suis désolée.

Mais n'oubliez pas que l'obscurité n'éteint jamais la lumière.

Je vous dis à samedi prochain, bonne semaine à vous ♡

N.B Je tenais encore une fois à souhaiter la bienvenue aux nouveaux lecteurs, My Lie a eu presque 1k de lectures en une semaine, merci à vous d'être ici, d'apprécier cette histoire qui me tient tant à cœur et la faire vivre ♡

Et on en parle des garçons à Paris pour la Fashion Week, quel bonheur! Je me suis inspiré de la tenue Valentino de Yoongi, il était si sublime. Pour la tenue de Jimin et Jungkook quand ils dansent, je me suis inspirée de celles de la dance practice de Run BTS et du t-shirt de Jungkook au Qatar.

J'aime aussi beaucoup ces fanarts mais je n'ai pas retrouvé leurs auteurs.

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