De la souffrance, à l'habitude, à la lassitude.


Catégorie : violences/amour/famille/amitié


Tous les soirs ça recommence. Je fais pourtant tout ce qu'il veut, je ne désobéis en rien, je supporte Meredith tous les jours et jamais je ne fais quoi que ce soit pour le contrarier. Et pourtant ça recommence tous les jours.

- ROSE ! m'appelle mon père depuis le grand salon de notre manoir

Je descends les escaliers, redoutant une fois de plus la soirée. Il est vrai que je m'y suis habituée depuis 16 ans. Je retire donc les écouteurs de Meredith de mes oreilles ( j'avais mis le son au minimum sachant qu'il m'appellerait ) et le rejoins en baissant la tête. Jai appris à mes dépens que si je le rejoignais la tête redressée et un sourire aux lèvres la soirée ne serait que plus douloureuse.

- Oui Père ? dis-je en essayant de maîtriser ma voix.

Si je ne le faisais pas, elle me trahirait. Elle trahirait ma peur, ma soumission et le peu de joie que j'éprouve suite à l'écoute de la musique du boys band qui me donnait la force de continuer chaque jours. Leur musique me donne à elle seule la force d'esquisser un sourire le matin et, étrangement, ma ressemblance physique avec un des membres me réconforte.

- Approche-toi.

Il me dit ça calmement mais je ne suis pas dupe et il le sait : au bout de 16 ans on ne se laisse plus berner par l'intonation de voix de notre source de malheur.

Je m'approche donc de lui en silence tandis qu'il retire sa ceinture. Meredith débarque comme une fleur et en nous voyant elle se dirige vers la cuisine en me disant avec un sourire :

- Toi tu es assez grosse comme ça. Pas la peine de te nourrir.

Les larmes n'étaient pas encore là. Elles ne viennent qu'aux alentours de minuit quand je suis seule dans ma chambre et encore, je les évites pour ne pas perdre la face. Je ne crois pas avoir pleuré du tout d'ailleurs ( hormis bébé mais je ne pense pas que cela compte ). Pourtant je fais de mon mieux pour être la jeune fille parfaite qu'ils souhaitent mais je commence à me dire que jamais je ne pourrais l'être.

- Tu as appris ta leçon aujourd'hui ? me demande-t-il en me souriant comme un requin avant de se jeter sur sa proie.

- Oui Père.

- Nous allons voir ça

Je me met dos à lui de sorte qu'il puisse me punir et récompenser à chaque réponse que je donnerais. Je révise toujours ma leçon sachant cependant parfaitement que cela ne servirait à rien. Celle-ci portait sur l'histoire de notre famille. Je la connais pourtant par cœur : Un jour, mon père appris que ma mère étais enceinte et il a fuit la ville. Ma mère me supporta donc 9 mois et, après l'accouchement, elle me déposa chez mon père qui s'était mis en couple avec une certaine Julia, à l'époque. Elle ne voulait pas de moi. Lui non plus. Mais il m'a cependant acceptée en disant que je pourrais être utile plus tard. Personne ne me voulait et ça, je lai compris très vite. Il s'est mis à enchaîner les conquêtes avant de se mettre avec Meredith il y a quelques mois. C'est d'ailleurs un miracle pour elle selon moi. Il ne tient généralement pas plus d'une semaine.

Le premier coup de ceinture se fait ressentir. Perdue dans mes pensées, je n'entendais plus la voix de mon père . Je ne pus retenir une exclamation de surprise et de douleur.

- Tu n'avais qu'à me répondre ! Bien. Quelle est la conclusion de notre histoire ?

- Ne jamais poser de question et que personne ne me voulait.

- Bravo, dit-il en me donnant des coups de plus en plus violents. Je n'ai pas envie de t'embêter avec des questions ce soir. Je vais uniquement te récompenser.

Je le vois alors dans le reflet du carrelage blanc avec un sourire sadique sur le visage.

Je sens ensuite le liquide chaud me couler dans le dos et rendre le sol moins propre. La douleur s'intensifie mais je men moque. Ce soir tout va changer. Je l'ai compris : la musique n'est que divertissement. Elle ne peut pas changer ma vie bien qu'elle me calme : mon père me bat chaque jour et Meredith me fais des remarques dès qu'elle me voit. Je n'ai pas de famille, pas d'amis, pas de joie, pas d'amour, pas de vie. Et la musique ne peut rien changer à tout ça.

Il est peut-être temps d'arrêter. De tout arrêter. Arrêter d'embêter mon père de me nourrir, me voir, me battre, m'héberger. Arrêter d'obliger Meredith à user de la salive pour moi. Arrêter d'être un fardeau pour la Terre. Arrêter d'essayer de trouver ma place. Je crois que je l'ai trouvée d'ailleurs.

Mon dos me fais souffrir mais bien moins que mon cœur et ma tête. Le sang coule et me fais me rendre compte que c'est ce que je souhaite : tout arrêter.

Une fois qu'il a fini de se défouler sur moi avec sa ceinture, il me pousse par terre et me rue du coups de pieds dans le ventre et sur ma cage thoracique . Je cris tant bien que mal, mais tout le monde s'en moque. Je ne sais pourquoi, je me pose à cet instant des questions sur ma mère. Il est vrai que je ne me suis jamais vraiment intéressée à elle mais était-elle comme mon père ? Je n'en ai pas la moindre idée... S'est-elle refait une vie ? Probablement. Peut-être ai-je une sœur ou un frère quelque pars, voir les deux...

Si je posais, ne serait-ce qu'une question à mon père qui ne correspondrait pas à sa version personnelle de l'histoire, il me séquestrerais de nouveaux une semaine dans le garage, avec les bergers allemands et sans nourriture. Il l'a fait une fois et en cinq minutes, les chiens m'avaient attaquée. Jai essayé de les calmer en vain : ils n'écoutent que mon père.

Comme il a enfin fini ce qu'il voulait faire avec moi, ce dernier m'ordonne de retourner dans ma chambre pendant que Meredith et lui dînent, heureux de leur vie. Ma chambre est la pièce la plus petite du manoir. Elle doit faire environ 5 mètres carrés et ne comporte qu'un lit. Je crois qu'il s'agissait normalement d'un placard.

Mes habits sont dans le garage. Je n'ai pas grand-chose : un vieux jean troué, deux tee-shirt et ma tenue du soir avec une fermeture éclair dans le dos pour faciliter la tâche à mon père. Je pars donc en direction de ma chambre et prend soin d'emmener le téléphone de Meredith avec moi. Elle ne s'en apercevra pas vu la merveilleuse soirée qu'elle allait passer. Je m'allonge sur le lit, le dos encore ruisselant de sang et les yeux remplis de larmes que je me retiens encore et toujours de verser. Les écouteurs de ma belle-mère dans les oreilles, j'écoute ce que j'appelle mon groupe : One Direction. Rien que leurs visages me rassurent et leurs voix me calme. Les 5 membres sont Louis, Niall, Zayn, Liam et Harry. Je n'ai pas vraiment de préféré mais je me sens attirée par Harry. C'est d'ailleurs avec lui que j'ai une ressemblance physique ahurissante.

Je souris malgré moi, à me dire que c'est la dernière fois que je les entend, que mon dos me fais souffrir, que je suis allongée sur ce lit, que je vis ici.

Que je vis tout simplement.


Voilà le premier chapitre !

J'espère qu'il vous plaira

Donc c'est une mise en contexte pour expliquer en gros comment se passait la vie de Rose. Les gars vont pas tarder à venir rassurez-vous =), il faut juste expliquer quelques trucs avant.

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