Invisible wounds

Le Mont Sylvestre était toujours aussi agréable. Fumika croisa un Yokai nommé Nomoné qui ressemblait à un gobelin à la peau vert clair mais qui était très gentil. Il lui offrit même un paquet de chewing-gum aux fruits pour remercier la jeune fille de lui avoir simplement parlée.
Jibanyan avait pu attester que la friandise était très bonne car il avait brièvement abandonné ses barres de chocolat pour un chewing-gum.

Fumika rejoignit la rivière où Balaise, Matt et Nathan étaient en train de chercher comme ils pouvaient la bague. La jeune fille déposa sur le bord les épuisettes qu'elle avait récupérée juste avant avec les appâts du pêcheur du Fleuve avant de voir Kappacap apparaître en transparence à côté d'elle.

- Le fantôme m'a expliqué le topo. Je dois donc retrouver une bague ? Facile !

Il sauta à l'eau, faisant sursauter les trois garçons qui cherchèrent d'où venait le soudain bruit.

- Fumika il se passe quoi ??

- Vous en faite pas les garçons, j'ai demandé à un ami de nous aider. C'est un super plongeur.

Fumika voyait Kappacap nager et sauter avec aisance et rapidité. Après quelques tours et bonds, il sortit alors de l'eau, tout sourire.

- Je l'ai trouvé !

- Qui ose nager dans mon étang ?!

Il sursauta quand une voix rocailleuse et grave retentit dans l'air. Dans une gerbe d'eau apparut un énorme Yokai. Pour faire simple, il s'agissait de la fusion entre un pirate à barbe noir et d'une énorme carpe tenant sur un bateau presque trop petit pour lui et ayant en guise d'antenne une canne à pêche au très gros crochet pointu. Il regardait avec colère le Kappa bleu qui se mit à paniquer franchement.

Fumika pâlit et couru pour sauter sur une grosse branche qui était à moitié immergée et faisait comme un pont dans la rivière depuis des années maintenant.

- Kappacap file vite à l'abri ! Et toi la grosse poiscaille laisse le tranquille ! Cet endroit n'est pas à toi !

- Sale humaine ! Tu oses discuter les ordres de Carpitaine ?! Tu vas voir ce qu'il t'en coûte !

Il lança alors sa ligne et son hameçon avec violence droit sur une Fumika prise de court. La ligne épaisse et proportielle à l'énorme canne à pêche décrivit un arc de cercle avant de brusquement venir s'enrouler autour de la jeune fille qui se retrouva captive. Elle ouvrit des yeux horrifiée en voyant l'hameçon terminer son tour..

Fumika hurla de douleur quand l'hameçon s'accrocha à son bras, l'entaillant profondément. Du sang commença à couler et ses trois amis crièrent.

- Fumika !

- Mais il se passe quoi ?!

- Elle est tenue par un truc invisible ou quoi ?! Qu'est ce qui l'a ainsi blessée ?!

Whisper n'eut pas une seconde d'hésitation. Il vola droit sur le trio et leur jeta une poudre violette. Ils toussèrent en se frottant le visage et firent un bond terrible en voyant l'énorme poisson Capitaine, le fantôme flottant, un espèce de gros chat, une petite fille aux couleurs de l'hiver et un Kappa bleu juste à côté d'eux. Le plus dur à voir était sans doute la ligne et l'hameçon qui avaient impitoyablement enroulés et  qui blessaient leur amie.

- Écoutez moi vous trois ! On a pas le temps pour de trop longues explications ! Les Yokai existent et nous en sommes. Ce gros type qui a capturé Fumika est un Yokai malveillant et on a besoin de vous pour l'arrêter !

- Q-Quoi ? Mais comment ?

- C'est vrai ça ! Ni Nathan, ni Balaise, ni moi on connaît quoi que ce soit aux Yokai !

- Vous devez juste suivre mes instructions ! Votre amie a besoin de vous !

- S'il vous plaît ! Ça.. Ça fait mal !

- Souffres sale humaine ! Souffre pour ton impudence envers Carpitaine !

Balaise, Matt et Nathan se regardèrent avant d'acquiescer en observant Whisper. Ce dernier prit alors le commandement des opérations.

- Angélik ! Gèle l'eau et Carpitaine si tu peux ! Jibanyan, monte sur le dos de Kappacap et coupe la ligne de la Canne à pêche avec tes griffes ! Les garçons, allez sur la branche et tirait la ligne pour réduire la pression sur Fumika !

Chacun obéir aux ordres, tous trop inquiet pour remettre en question le commandement de Whisper. Les garçons vinrent sur la grosse branche et attrapèrent pour tirer de toute leur force sur la ligne alors que Angélik gelait la rivière et Carpitaine à pleine puissance.

Jibanyan tenait en équilibre précaire sur le dos de Kappacap et il sortit ses griffes pour trancher la ligne qui faisait tant de mal à son amie. Fumika pleurait de douleur en tentant de ne pas crier. Ça faisait si mal, elle aurait donnée n'importe quoi pour qu'on la libère de cette hameçon de malheur.

Dans l'ombre des arbres, deux mains gantés serrèrent avec tellement de force le tronc de l'arbre derrière lequel il se tenait qu'il le fit craquer dangereusement.

Le félin sauta, toute griffe dehors et s'attaqua à l'antenne.. En vain. Carpitaine continua de tirer avec un un grognement de colère. Fumika ouvrit des yeux embués de larmes et vit alors comme des traîner vertes brusquement se refermer sur l'antenne à pêche du Yokai. Ce dernier cria de douleur et les garçons lâchèrent brusquement quand quelque chose les poussa et défit, avec une certaine délicatesse, l'hameçon repartant violemment droit sur Carpitaine.

Quelque chose rattrapa Fumika alors qu'elle chutait en arrière et, bien que la vue troublée, elle aperçu un visage familier alors que ses oreilles sifflaient.

- Kurai..

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Fumika ouvrit les yeux lentement quand on lui tapota la joue avec douceur. Ses trois amis, trempés comme des soupes, l'observaient avec inquiétude.

- Ça va Fumika ?

- Je crois.. Et le Yokai ?

- Il s'est prit un sacré coup avec son propre hameçon. Ça a sembler lui remettre les idées en place. Il nous a dit qu'il avait perdu le contrôle quand euh..

- Kappacap.

- Ouais voilà, Kappacap a fait s'agiter l'eau et ça à perturbé et fait paniquer les poissons. C'est lui le fameux Roi poisson de la légende et il veille sur ceux de la rivière.. C'est pas grand chose mais il s'excuse de s'être emporté et de t'avoir blessé.

Les garçons l'aidèrent à se relever et les Yokai s'approchèrent. Fumika observa son bras, remarquant avec surprise qu'un bandage de tissu violet avait été mis autour de sa plaie.

- Qui m'a..

- On a rien vu, que ce soit nous ou tes.. amis Yokai ? Mais ils pensent que c'était un Yokai plus puissants qui t'a aidé.

La jeune fille remarqua les questions dans les yeux de ses amis et esquissa un sourire timide. Elle allait leur devoir quelques explications.

- Hum.. Ça vous embête si on remet les explications à demain ? Non parce que vous êtes trempés et puis on était là pour quelque chose en particulier.

Elle regarda Kappacap qui s'approcha avec douceur et tendit sa main ou se trouvait une bague de métal blanc portant une jolie petite pierre bleue. Balaise sursauta en la voyant et remercia à profusion Fumika et Kappacap pour leur aide, ainsi que Nathan et Matt. Il les supplia de l'accompagner pour rendre la bague à sa mère, il avait bien trop peur qu'elle se fâche.

Ils s'étaient donc rendus au Côteau fleuri pour aller chez Balaise. À l'extérieur, ils pouvaient voir ses parents, un sac de voyage à côté de la mère de famille.

- On arriverait trop tard..?

- Maman !

La mère de Balaise était une femme corpulente, mais c'était des formes qui lui allaient bien. Ses cheveux d'un beau châtain étaient soigneusement coiffé et libre dans son dos. Elle portait une robe d'été et observa avec surprise son fils courir vers elle.

- Balaise mon chéri ! Que fais tu tout trempé ? Et Matt et Nathan aussi ? Oh Fumika ! Qu'est il arrivé à ton bras ?

La jeune fille eut un sourire gêné en observant la mère de Balaise. Elle avait toujours été très gentille avec elle.

- Et bien.. Matt et Nathan on aidés dans l'eau Balaise et moi je suis juste tombé et me suis méchamment écorchés, mais rien de très grave rassurez vous. Balaise a quelque chose pour vous.

Le jeune homme tendit sa main en montrant la bague qui surpris franchement la mère de famille.

- Maman excuse moi d'avoir perdu ta bague.. Je l'ai cherché toute la journée dans l'étang du Mont Sylvestre avec mes amis.

- Oh mon chéri, tu n'avais pas à ainsi t'embêter..

- Mais si ! Papa m'a dit que c'était ta bague de mariage alors j'ai tout fait pour la récupérer.

- Ma bague de.. Mais non voyons, il s'agit d'une bague que ton père m'avait offert à notre premier rendez vous dans un festival.

- Comment ?! Mais j'étais persuadé que..

- Mon cher mari.. Tu es tellement distrait que tu en oublie que je garde souvent ma bague de mariage autour du cou pour éviter de l'abîmer quand je travail ? Mon petit cœur, merci de l'avoir retrouvé, tu as fais beaucoup d'efforts. Je la montrerai aussi avec celle de mon mariage à mes anciens camarades ce week-end. Je pourrais dire à cette réunion d'anciens élèves que j'ai les deux hommes les plus merveilleux dans ma vie !

Fumika cligna des yeux et pouffa en se rendant compte qu'en réalité, la mère de Balaise n'avait jamais eut l'intention de quitter le foyer familial si ce n'est pour un week-end. Matt et Nathan se regardèrent avec des sourires grimaçant alors que Balaise passait une main gêné dans ses cheveux. Le pauvre avait trop vite sauté au conclusion.

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/!\ TW sujets difficiles abordés /!\

Le soir, Fumika observa la plaie à son bras en grimaçant. Elle nettoya avec du désinfectant la blessure et se fit un bandage. Observant le tissu violet, elle attrapa une bassine et la rempli d'eau et de lessive détachante avant de l'y plonger pour délicatement le laver. Elle mit du temps mais Fumika fut heureuse de voir que malgré l'hémoglobine, elle arrivait à retirer les tâches sanguines.

Elle revint dans sa chambre où ses amis dormaient déjà, épuisés de leurs combat avec Carpitaine. Angélik dormait bien au chaud contre Jibanyan alors que Whisper ronflait discrètement comme un bienheureux. Fumika sourit doucement et alla alors sur son balcon pour respirer un peu l'air doux de la nuit.

La jeune fille savait à qui était ce morceau de tissu violet, même si elle n'avait vu le bout de sa tenue que deux fois.

- Kurai..

- Je t'avais pourtant dis que je ne viendrai plus t'aider.. Mais il faut que tu te mettes dans des situations dangereuses.

Elle sursauta et releva la tête en sentant son visage chauffer. Flottant au dessus d'elle, le fameux Yokai inconnu était là. Il se posa sur le côté de la rambarde et s'installa nonchalement contre le mur. Un silence étonnement paisible s'installa alors que Fumika se mettait à regarder le ciel nocturne.

- Merci pour m'avoir rattrapé et soigné. Ça m'a beaucoup touché.

- Mh.. Je n'allais pas laisser ce Yokai te tailler en pièce avec son hameçon simplement parce qu'il avait été dérangé dans son étang.

Fumika regardait les étoiles, son cœur battant la chamade. Elle ouvrit la bouche, laissant s'échapper quelques mots.

- J'ai failli me faire du mal il y a deux ans avec un couteau car j'étais désespéré. Mais je me suis arrêté avant de faire une bêtise irréversible et j'ai parlé à mes parents.

Le surnommé Kurai avait ouvert grand son œil visible, visiblement surpris. Abasourdi même. Il n'aurait jamais imaginé que la jeune fille si courageuse devant lui ait pu penser au suicide.

-...Pourquoi ?

- Il y a un peu plus de deux ans.. J'ai remarqué que je ne grandissais pas. Contrairement à toutes mes camarades du même âge, je ne prenais pas de centimètre, je n'avais aucun développement physique au niveau de la poitrine et des hanches, ma voix restait très clairs.. Rapidement, j'ai été source de moqueries. D'abord de quelques uns, puis par encore plus de monde jusqu'à ce que tout les élèves ou presque ne soient à me harceler. J'avais droit à tout. Bousculades, moqueries, tirages de cheveux, bureau saccagé, affaires renversées..

Kurai ne le montra pas mais il se sentait en colère. Pourquoi donc tout ces enfants avaient ils étaient si horrible avec une personne aussi douce et calme que Fumika ? Ses mains se serrèrent sur ses bras qu'il avait croisé comme seul signe extérieur de sa colère.

- J'ai essayé de tenir bon, j'en ai même parlé à mes professeurs, mon directeur. Mais ils ne m'ont pas écoutés. Ça s'est su que j'avais parlé à des adultes de ce qu'ils faisaient et les plus violents et véhéments ont rendu le harcèlement.. plus insoutenable. On m'a plusieurs fois poussé dans les escaliers, renversé des pichets d'eau sur la tête en public, faisant rire tout mes camarades. Et les professeurs et personnels qui détournaient le regards.. J'ai sombré dans un profond désespoir. J'en avais assez, alors un jour, je me suis fais passer pour malade et je suis resté à la maison. J'avais arrêté depuis longtemps les réseaux sociaux, je m'étais totalement désinscrit de tout support ou on aurait pu me trouver pour ne pas avoir de cyber harcèlement en plus.

Kurai ne connaissait pas forcément la dernière partie de ce que lui racontait la jeune fille, mais il écoutait et comprenait de son mieux. Le Yokai sentait qu'elle avait besoin de parler et il l'écoutait.

- J'ai profité de l'absence de ma mère pour prendre un couteau, le plus tranchant possible. Je l'ai approché de mon poignet. Je me rappelle que je tremblais en pleurant. La pointe à touchée m'a peau, et j'ai eu un électrochoc quand ça a commencé à percer la chair. J'ai eu un mouvement de recul et j'ai jeté le couteau loin de moi. Ma mère est rentrée à ce moment et, en entendant le bruit du couteau lancé violemment par terre, elle s'est précipitée à mes côtés. Quand j'ai vu son regard inquiet, ses questions silencieuses.. J'ai craqué. J'ai tout raconté en pleure à ma mère. Elle m'a écoutée, elle m'a enlacée et m'a dit qu'elle allait s'occuper de tout.

Fumika reprit un instant son souffle pour ne pas pleurer à nouveau en se rappelant de ses cris de ce jour là. C'était encore si frais dans son esprit alors que cela faisait deux ans.

- Je ne suis plus retourné à l'école, pendant plusieurs jours. J'ai vu un médecin qui a diagnostiqué un retard de croissance. Ma mère et mon père étaient dans une colère noire envers mes camarades et mes professeurs. Manque de chance pour eux, mon père travail dans une entreprise florissante et il est ami avec de hauts PDG. Il a fait appel à des avocats, les meilleurs, et à intenté un procès contre mon ancien établissement scolaire et porter plainte envers tout les élèves impliqués dans mon harcèlement.

- Il n'a pas fait les choses à moitiés.

- Oh que non. Ça a même fait la Une des journaux télévisés. Mon nom et celui de ma famille n'était pas mentionné, mais pour ceux qui connaissait ma situation c'était facile de me reconnaître à travers les informations. Ça a fait un tel bruit.. J'ai arrêté l'école et j'ai suivis des cours à la maison pour rester à jour. J'ai été suivis par un Psy pendant plusieurs mois. On a ensuite déménagé et on s'est rapproché de la région natale de mon Père. J'ai intégré l'école élémentaire de Granval avec des camarades de classe ayant 13 ans alors que j'allais en avoir 15. Mais les Professeurs sont sincèrement soucieux de comment je me porte, mes camarades ne se moquent pas et me protègent même des idiots qui voudrait à nouveau me faire du mal. Alors ça va mieux, même si je porte encore de lourdes traces de mon harcèlement scolaire, au niveau mental.

Kurai observa cette jeune fille.. Non, cette jeune femme avec un œil nouveau. Il l'admira d'autant plus pour avoir réussie à se sortir de l'enfer. Ça n'avait pas dû être facile.

- Même si cela prend du temps, tu guérira. Tu es courageuse et forte... Ça t'a fais du bien d'en parler ?

- J'en avais déjà parlé avec mon Psy mais.. C'est différent. Ça m'a fait du bien de t'en parler. Merci de m'avoir écouté, Kurai.

Elle offrit un doux sourire au Yokai qui se sentit rougir. Il ferma les yeux en détournant le visage et s'éleva dans les airs.

- Tu ferais mieux d'aller dormir. Tu as eu une journée chargée.

- Merci Kurai. À bientôt j'espère.

Il ne répondit rien et fila, ne laissant pas ses rougeurs être vu par la jeune femme.
Fumika rentra sans bruits et alla vers son lit. Whisper lui tournait le dos mais elle l'observa.

- Merci à toi aussi de m'avoir écouté sans rien dire, Whisper. Bonne nuit.

Elle alla se coucher, ne voyant pas le fantôme la regarder avec attention dans l'obscurité de la chambre.
Dans les airs, Kurai observa la maison de Fumika et soupira doucement.

- Si seulement mon ombre pouvait veiller sur elle..

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