Chapitre 4 : L'Aurore Rouge

- Yi-yibo?!

- Z-Zhan... Aide-moi....




Quelques jours plus tôt, Zhan partit mener l'enquête sur son meilleur ami. Bien qu'ils avaient des différends en ce moment, il voulait en avoir le cœur net. Il refusait d'être spectateur face à la rupture de leur amitié.

Un week-end tandis que Qing fêtait l'anniversaire d'une amie, il se souvint du nom de l'hôtel que Yibo lui avait indiqué y avoir séjourné. Il prit un billet de train et un sac à dos pour entamer son petit voyage.

Deux heures de train passèrent paisiblement tandis qu'il était le seul passager dans la voiture. Le paysage campagnard défilait sous un ciel gris morose. Le jeune homme s'accouda sur sa petite table, les écouteurs reliés à son téléphone. Il était persuadé que Yibo ne changerait pas son être aussi drastiquement. De l'un des deux, c'était définitivement le moins influençable et le plus entêté homme qu'il connaisse.

Une fois arrivé à la gare, Zhan descendit du train et marcha dix minutes jusqu'à ce fameux hôtel. Une brume épaisse enveloppait la ville, créant une atmosphère lugubre presque surnaturelle. Il ne croisa signe de vie et se contenta de suivre les panneaux délabrés de cette ville fantôme.

Seul le bruit de ses pas perturbait le silence angoissant qui régnait au travers de ce tableau trouble. Il se trouva soudainement face à un bâtiment imposant.

En l'apparence, c'était un banal hôtel moyenne gamme, tout ce qu'il y avait de plus normal. Il aperçut une dame à la réception et d'un pas incertain, il l'interrogea.

- Bonjour Monsieur. Dit-elle en faisant une courbette. Vous avez une réservation ?

Zhan lui retourna le même geste.

- Bonjour Madame, non en fait je souhaiterais savoir si un jeune homme nommé Wang Yibo est venu pour une nuit le XX.XX.

- Hum, êtes-vous de la police?

- N-non... Je soupçonne que ma copine me trompe avec lui. Mentait-il.

La dame de l'accueil hésita un instant et scruta le jeune garçon de la tête au pieds. Rien de suspicieux ne semblait émaner de celui-ci. Elle finit par accéder à sa requête en soupirant.

- Je vais voir ce que je peux faire. Wang Yibo, vous dites ?

- Exact.

Zhan tritura nerveusement ses doigts tandis qu'elle tapota sur son clavier à la vitesse de l'éclair.

- Je l'ai trouvé. Mais...

Elle pausa l'air confuse. Son cœur rata un battement.

- C'est étrange... Il était seul mais il était parti sans y passer la nuit. Le matin, notre femme de ménage a déclaré que le lit était resté tel quel. Sûrement avait-il une urgence ?

- P-Peut on avoir accès aux caméras de surveillance ?

- Je vais voir ça tout de suite...

La dame revint après avoir échangé quelques mots avec son manager.

- Suivez moi.

Zhan s'exécutai aussitôt, la boule au ventre. Ils le firent entrer dans une petite salle. Un homme regardait trois écrans. Il observait avec lui les enregistrements de la date donnée.

- C'est lui ? Demanda-t'il en désignant une figure noire encapuchonnée.

Sur la caméra de l'accueil, il vit un homme sortir masqué, avec un sac à dos partir à 17h. Il n'y avait aucun doute. Zhan reconnaissait sa démarche et son sac. Ses membres commençaient à se raidir. C'était la tenue de l'homme qu'il avait rencontré dans le bois ce jour là.

- Oui... Merci...

- Qu'allez-vous faire?

- Tout va bien, ne vous en faites pas...

Zhan mentait, désemparé par ce qu'il avait sous les yeux. Yibo lui cachait encore d'autres secrets. Ce soir où ils s'étaient rencontrés sous l'orage, il se trouvait dans un état terrifiant.

Il sortit de l'hôtel un peu secoué. Son esprit était tourmenté par des pensées confuses mais il était déterminé à parler à son ami de longue date.

Une fois assis dans le train de retour, Zhan ouvrit son Instagram pour checker les actualités de ses camarades de classe. Il vit qu'une soirée était organisée spécialement pour Yibo, l'invité d'honneur. Celle-ci avait lieu le soir-même. Zhan hésita mais il décida de ne pas y aller, préférer attendre le lendemain pour discuter au calme.

.

Les invités s'accumulaient petit à petit pour célébrer la venue du nouveau membre. Les verres d'alcool fusèrent en direction de la starlette.

- Bienvenue dans la famille, Wang Yibo ! Nous te souhaitons tout le succès que tu mérites pour ta future grande carrière de star.

Le beau jeune homme sourit et but son shot cul sec sous l'acclamation des autres lycéens. Les filles lui jetaient des regards aguicheurs, prêtes à le dévorer dans la soirée si elles en avaient l'occasion.

Yibo fit une démonstration de rap qui anima vivement la soirée sous le flash des smartphones. La foule était à ses pieds.

Une fois sa performance effectuée, il descendit de la scène, le visage transpirant. Le temps ralentit brusquement tandis qu'il scrutait les personnes crier autour de lui. Il n'entendit plus rien. Son regard vide dériva sur les cous et les nuques dansant joyeusement dans la fête. Sa gorge devint sèche malgré l'alcool ingurgité.

Non... Pas maintenant...

Il partit prendre l'air, saisi d'un violent mal de crâne. La foule semblait l'étouffer. Il tenta d'allumer une cigarette alors qu'une fille vint à sa rencontre. C'était la même fille faisant partie de son club de basket et qui nourrissait une attraction obsessionnelle pour lui. Mianmian était son nom. A l'allure de top model, elle venait d'une famille aisée et connue dans le show-business.

- Hey, ça va ? T'es déjà arraché ? Plaisanta-t'elle.

- Je dois me calmer, j'ai des répétitions bientôt. Dit-il après avoir lâché un premier jet de fumée.

La jeune fille ne quitta pas son visage des yeux. Hypnotisée par l'aura froid du jeune homme, elle commençait à s'approcher de manière séduisante de lui, au point de jouer avec son collier.

- Et ton ami, Xiao Zhan, il est d'accord ?

Yibo se figea à l'entente de ce nom. Une vague de mélancolie l'envahit aussitôt. Toutes sortes de pensées fusèrent dans son esprit alors qu'il était partagé entre plusieurs conflits internes. Il souffla un autre jet de fumée, le visage de marbre et le regard de nouveau sans émotions.

- Hey... Dit-il le regard toujours vide, sans vraiment fixer la jeune fille. Ça te dit qu'on s'envoie en l'air tous les deux, là maintenant ?

Mianmian hoqueta de surprise face au culot de celui-ci. Mais elle ne refusa pas pour autant, loin de là.

- Toi alors, tu n'es vraiment pas romantique.

Et elle l'entraîna vers l'arrière du jardin.




Zhan arriva enfin jusqu'au domicile Wang. Il inséra les clés et découvrit que celle-ci était déjà ouverte.

- Monsieur Wang ?

Il baissa la poignée et découvrit trois policiers en train de parler avec celui-ci. Zhan se racla la gorge alors que les paires d'yeux se focalisèrent sur lui. Monsieur Wang lui lançait un regard terriblement inquiet.

- Monsieur Xiao Zhan ?

Un des policiers montra son badge au nez du jeune garçon, confus.

- Nous voudrions vous interroger quelques minutes. C'est à propos des meurtres de trois victimes qui ont eu lieu dans le bois de Chongqing récemment. Vous avez été sur les lieux du crime lors des faits selon des témoignages. Merci de votre coopération.

Zhan peinait à digérer ce qui se passait. Il s'assit sur le sofa à côté de Monsieur Wang face aux trois agents.

- Pas de problème. Força-t'il un sourire en réajustant ses lunettes nerveusement.

- C'est ridicule. S'écriait le père. Ce n'est qu'un lycéen !

- Nous voulons juste des informations. Assura le policier en chef.

Le chef de la brigade prit une chaise et s'assit dans le sens inverse de celle-ci, les bras reposés sur le dossier. Zhan et Monsieur Wang se turent face à son arrogance.

- Monsieur Xiao Zhan, avez-vous vu un individu suspect ce jour-là ?

Zhan ne pouvait repenser au visage agité de Yibo lui aussi présent ce jour-là. Mais l'idée que son meilleur ami ne soit impliqué dans une telle histoire ne pouvait l'effleurer. Jamais il ne serait capable d'actes aussi sordides.

- Non... Répondit Zhan après réflexion.

Le policier ne sembla pas très convaincu face au regard fuyant de celui-ci. Il pausa avant de répondre.

- Les victimes concernent deux femmes âgées d'une vingtaine d'années. L'une d'elle a été retrouvée dans une rivière et une autre victime a été retrouvée seulement quelques jours après dans le coffre de sa voiture au niveau d'un champ. Ces deux victimes ont un point commun. Elles ont le cou ensanglanté, égorgées profondément par des lames acérées.

Zhan frémit à la description des scènes. Le policier ne tarda pas à lui montrer des photos. Une violente migraine s'empara de lui à la vue de ces clichés ignobles. Il fronça les sourcils, les yeux fermés sous cette douleur soudaine.


Le duo se caressa mutuellement. Mianmian enroula ses bras autour du cou de Yibo qui l'embrassait vigoureusement. Des soupirs profonds étaient étouffés par le lourd fond sonore de la fête. Il prit les jambes de celle-ci et la fit asseoir sur la table du jardin sans briser le baiser.

Le policier sortit également une pochette plastique dans lequel se trouve un smartphone.

- Vous reconnaissez ce téléphone ?

Zhan et Monsieur Wang inspirèrent un grand coup. Ils se fixèrent silencieux, complètement perdus, avant de réexaminer l'objet.

- Où l'avez-vous trouvé ? Demandait le père.

- Pas loin de la rivière.

Je... suis tombé dans une rivière.
Zhan se remémora de ce que Yibo lui avait dit cette nuit.

- Zhan, ça va ?

Les mots de Monsieur Wang sonnaient de plus en plus loins aux oreilles de Zhan. Il se tenait douloureusement la tête. Des gouttes de transpiration perlèrent sur son front crispé.

- Monsieur Xiao Zhan, vous êtes la dernière personne à l'avoir contacté. Monsieur Wang Yibo est suspecté de meurtre.

Mianmian s'abandonnait à la domination du châtain, poussant des gémissements sans retenue. Ses vêtements furent déchirés, intensifiant son excitation. Il déboutonna son pantalon et enfila sa protection sur son érection avant d'entrer en elle. Alors qu'il lui donna quelques coups de rein, elle poussa un cri de surprise. Ce n'était pas un cri d'orgasme mais un cri de douleur.

Ses yeux sortirent presque de leur orbite. Sa voix fut réduite au silence alors que ses bras tombèrent le long de son corps.

Un filet rouge se déversa sur la table, se répandant rapidement en flaque sombre. Des bruits de goulot perturbaient le sordide tableau entre le rythme de la musique et le bruit des criquets.

Yibo sortit ses canines de la chair, la bouche trempée de sang de la pauvre défunte. Ses yeux émirent une lueur rouge dans l'obscurité de la nuit, contemplant le cadavre inerte sur la table. Il recula soudainement, prenant conscience de ce qu'il venait de faire.

Zhan sentit des frissons désagréables parcourir son corps avant de tomber dans les pommes sur le sofa.

- Zhan !

Son visage était aussi pâle qu'un mort. Les agents tentèrent de le réveiller en vain. Ils appelèrent un docteur sous le regard choqué de Monsieur Wang.





- Qui êtes-vous ?

Zhan se trouva face à un homme de dos sur un bateau au milieu d'une mer déchaînée. Celui-ci portait des vêtements du 17ème siècle et ne broncha pas face à la violence de la tempête.

- Il est réveillé. Dit celui-ci impassible.

- Qui donc ? S'écriait Zhan.

La silhouette se retourna. Le tonnerre éclaira son visage l'espace d'une seconde, faisant frémir Zhan.

Cet homme planté devant lui avait son visage.

- Il est revenu.

Ses larmes se mêlaient à la pluie torrentielle.

- Tu dois l'arrêter. Continuait ce dernier sous le rugissement de l'orage. Tu dois arrêter le Prince.

Sur ces mots il se mit sur le rebord du bateau et se laissa tomber en arrière sous les yeux épouvantés de Zhan.

- Attendez !

Il se réveilla sur le canapé du salon, saisi de soubresauts au milieu de la nuit. Transpirant, il reprit une respiration normale. Ce n'était qu'un rêve étrange pensait il. Sa migraine s'était évaporé.

Un bruit sourd venant de l'extérieur le fit sursauter. Il repèra une ombre accroupie sur le palier.

- Y-Yibo ?

Son coeur rata un battement lorsqu'il aperçut des yeux rouges vifs se poser sur lui avec le haut couvert de sang. L'intéressé se leva soudainement mais il s'écroula sur le sol.

- Z-Zhan... Aide-moi...

Zhan, paniqué, ouvrit la baie vitrée faisant entrer un vent froid glacial dans le salon.

Il le soutint sur son épaule et peina à le remettre sur pied. Son pantalon était couvert d'égratignures et ses chaussures couvertes de boue. Yibo était à peine conscient. Alors que Zhan l'aidait à le stabiliser pour entrer dans le salon, son visage à moitié endormi s'engouffra dans le cou de celui-ci et il ne put s'empêcher d'inhaler son parfum.

- Wei... Ying... Murmurait-il doucement.

- Que dis-tu ? Interrogeait Zhan confus.

Aucune réponse ne lui parvint car Yibo dormait profondément. Zhan l'emmena dans la salle de bain et retira ses vêtements sales. L'odeur insoutenable du sang imprégnait la pièce et le faisait suffoquer. Il se dépêcha de nettoyer le sang aussi vite qu'il put, redoutant que Monsieur Wang ou Yanli ne se réveille face à cette scène horrifique.

Monsieur Xiao Zhan, vous êtes la dernière personne à l'avoir contacté. Monsieur Wang Yibo est suspecté de meurtre.

La baignoire s'emplit d'une eau rouge nauséabonde. Zhan appliqua divers produits possibles pour tenter de faire disparaître ces tâches. Il ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi il protégeait Yibo. Il se trouvait peut-être complice d'un criminel.

Il se retourna vers celui-ci. Il ne vit aucune blessure apparente sur le corps de Yibo. Si ce que l'agent disait était vrai, le plus raisonnable aurait été d'appeler la police mais Zhan voulait connaître les motifs auprès de lui. Yibo n'était pas un meurtrier, il en était persuadé.

Alors qu'il continua de laver ses vêtements, il ne remarqua pas que celui-ci s'était redressé silencieusement. Une main se plaqua contre sa bouche, faisant paniquer Zhan et l'autre main tira le t-shirt de celui-ci jusqu'à son épaule pour révéler son cou. Un souffle brûlant balaya sa peau. Alors qu'il tentait d'enlever les bras de son cadet, son corps se pétrifia lorsqu'il sentit quelque chose d'humide tracer une ligne sur son cou. Yibo le léchait délicatement, savourant la douceur de sa peau. Zhan tentait de retirer son emprise sans succès, il ne pouvait lutter contre sa force implacable. Il prit le pommeau de douche non loin de lui et l'alluma en direction du visage du châtain, l'arrosant d'eau glacée. Celui-ci le lâcha prise et il revint à lui, tandis que le brun tremblait toujours au sol, le pommeau toujours entre les mains.

- Zhan ?

Le visage trempé, Yibo observa la pièce. Des tâches de sang recouvrant les murs blancs de la salle de bain. Il se figea d'effroi. L'aîné se tint le cou, choqué lui aussi par ses agissements. Il se leva lentement et se tint dos au mur, le plus éloigné du châtain.

- Yibo. Tu me dois des explications. Pointa-t'il du doigt.

Le jeune homme torse nu porta une main à sa bouche et sentit les canines saillantes percer la peau de ses doigts.

- Je vais tout te dire. Finit-il par avouer devant un Zhan apeuré.










Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top