Zhan se contemplait dans le miroir de la salle de bain. Les deux paumes sur le lavabo, il inspirait profondément, relâchant la tension suite à cette journée éprouvante. Il déboutonna sa chemise, dévoilant son torse couvert de suçons que Yibo lui avait fait ce matin. Il hoqueta de surprise et jeta un œil au-dessus de son épaule. Il soupira de soulagement. Par chance, Qing n'avait pas vu ces marques. 

Il ralluma son téléphone et envoya un texto au châtain.

Que veux-tu ? C'est urgent ?

Le châtain ne répondit pas. Zhan prit sa douche et sortit de la salle de bain, s'essuyant les cheveux avec une serviette. Pendant ce temps, Qing s'était assoupie sur le lit. Voyant son visage paisible, il se sentait mal, repensant à ce qu'il avait fait aujourd'hui avec Yibo. Etait-ce pour cette raison qu'il n'éprouvait pas l'envie de le faire avec elle ? Il devait y mettre un terme avant que cela ne devienne dangereux pour leur relation. D'ailleurs, celui-ci ne lui avait envoyé aucun message de la soirée. Il activa son alarme et s'endormit sans plus se tourmenter l'esprit.

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- On se retrouve ce soir au restau ? Dit Qing devant l'entrée de l'université de Zhan.

- Ça marche, je t'aime et à ce soir.

Zhan lui fit un bisou sur le front avant de s'en aller. Qing l'observa s'éloigner et son sourire s'estompa. 

- Tu ne perds rien pour attendre, Wangji. Fit elle avant de partir du portail.

Zhan se dirigeait vers sa classe et croisa Yu Bin dans les escaliers.

- Yo ZhanGe ! Ça va ? Salua-t'il avec son sourire chérubin.

- Hey ! Prêt pour le basket ?

- N'en parles pas, je suis nul à ce genre de sport.

- Moi aussi, ne t'inquiètes pas. J'ai toujours été choisi en dernier pour les équipes. Rit il.

- On fait équipe dans ce cas ? Suggéra Yu Bin.

- Let's go.

Les garçons arrivèrent dans les vestiaires et se changèrent en tenue de sport. Zhan chercha Yibo du regard et l'aperçut au loin en train d'enfiler ses chaussures. Il avait mis un bandeau blanc sous ses cheveux et son dossard rouge fétiche. Après tout, il faisait partie du club de basket du lycée.

Ils rentrèrent dans l'immense gymnase où se trouvait le terrain de basket. Le brun voyait déjà les fangirls de Yibo lui lancer des messages d'encouragement. Néanmoins, à sa grande surprise, ces mêmes filles se mirent à interpeler Zhan dès qu'elles l'aperçurent. Elles s'agglutinèrent autour de lui, le bombardant de questions.

- Trop beau !

- GeGe, c'est ta première fois au basket ?

- Cette tenue te va à ravir !

-  J'ai hâte de voir Xiao Zhan sur le terrain.

- GeGe est super grand ! Tu mesures combien ?

Le brun arbora son sourire de lapin, se grattant la nuque d'embarras. Il  était vêtu d'un ensemble de jogging blanc, faisant ressortir ces cheveux noirs.

Yibo l'observait discuter avec les filles et leurs regards se croisèrent par inadvertance. Le cœur de Zhan commençait à s'emballer. Plus le temps passait, plus il trouvait Yibo attirant. Les deux garçons ne brisèrent pas le contact visuel jusqu'à que Haikuan pousse un coup de sifflet.

- Le prof aura un peu de retard, par contre je vous propose de faire une petite partie de balle au prisonnier pour déterminer les chefs des deux équipes. Qu'en dites vous ? Déclara t'il.

La classe approuva en chœur. On plaça au hasard les personnes de part et d'autre du terrain. Haikuan lança une balle en mousse à une des équipes. Les vampires visèrent les humains en premier car moins rapides. Zhan se retrouvait à être le seul humain à avoir esquivé toutes les balles. Cependant son équipe fut très vite diminuée et il ne restait plus que lui. Yibo ratait rarement sa cible et il avait encore trois personnes de son côté.

- ZhanGe ! Sauve nous ! Crièrent les prisonniers de son équipe.

Yibo tenait la balle et joua avec. Il ricana, déterminé à attraper le petit agneau blanc devant lui. Le châtain prenait un malin plaisir à le narguer. Il lui fit des feintes, le faisant gigoter dans tous les sens. Zhan était frustré par son petit jeu, priant qu'ils en finissent au plus vite. 

- ZhanGe ! Bats le ! Encouragèrent ses coéquipiers de l'autre côté.

Yibo en profita pour faire son lancer éclair pendant la demi-seconde d'inattention du brun. Néanmoins au lieu de se faire toucher, ce dernier fit un mouvement inattendu. Zhan se pencha en arrière, courbant son corps à plus de 90 degrés, la tête en bas et sur la pointe des pieds. Un des prisonniers intercepta le ballon et lui relança dessus. Cependant il la réceptionna sans problème, toujours la tête en bas et il se redressa instantanément, surpris par sa propre souplesse.

Les autres poussèrent des hurlements d'admiration. Il était devenu le nouveau chouchou de la classe. Même Yibo fut impressionné par ce qu'il venait de faire. Zhan esquissa un sourire espiègle et lança le ballon dans sa direction. Le châtain se baissa et le ballon toucha un autre membre de son équipe se trouvant derrière lui. Zhan prit possession du ballon et il élimina le restant de l'équipe adverse, excepté le châtain qui ne se laissait pas toucher facilement.

- Bon, je pense qu'on a nos deux capitaines-

- Ce n'est pas fini. Coupa Yibo haletant.

Haikuan, qui arbitrait le match, était fortement intrigué par cette situation. Yibo se faisait battre par un humain mais il voulait absolument gagner.

Il ne restait plus que lui et Zhan. Leur rivalité éclatait au grand jour. La classe était absorbée par le combat entre le Président et le Nouveau. Ils ne rigolaient plus. Zhan visa Yibo de toutes ses forces le bras bien en arrière, mais celui-ci la réceptionna d'une main. De même, le châtain prit de l'élan et fit un énorme saut en lançant sa balle sur Zhan qui lui aussi refusait de perdre.

Il n'était plus question de libérer leurs compères mais de se battre en duel. Les prisonniers de chaque équipe encourageaient leur ultime survivant à démolir l'autre. Zhan et Yibo transpiraient énormément. Le brun avait même enlevé son haut sous la chaleur. Sous les encouragements et hurlements des camarades, ils se toisaient tous les deux, déterminés à défendre leur fierté et à mener ce combat interminable jusqu'au bout.

- Stop ! La récré est terminée les enfants, il est temps de commencer le cours. Interrompit le professeur qui venait d'arriver.

Le match prit fin. Les deux garçons restèrent immobiles tandis que les autres se dispersèrent.

- J'espère que t'as encore de la force pour le basket. Dit Yibo avec un sourire en coin en lançant la balle à Haikuan.

- Hâte de faire les équipes. Répondit Zhan avec le même enthousiasme.

Cela faisait un bail qu'il ne s'était pas autant amusé. Jamais le brun n'aurait cru être capitaine d'une équipe de basket un jour. Il choisit de prendre la couleur verte pour représenter son équipe.

Naturellement, Yibo étant passionné et ayant plus d'expérience que Zhan en la matière, son équipe gagna le plus de matchs. La séance terminée, les deux capitaines se serrèrent la main par fair-play. Le brun reconnut sa défaite sans broncher.

- Tu ne peux pas me battre au basket. Fit Yibo avec un clin d'oeil. 

- Je te laisse gagner, pour cette fois. Riposta le brun.

Leurs mains mirent un certain temps à se détacher du contact.

.

- Lao Xiao ! Tu étais trop cool !

Revenus en classe pour déposer leurs affaires, Zhan désapprouvait humblement les éloges qui lui étaient faits.

- Awn, il est humble ! Trop mignon !

Les filles l'appréciaient beaucoup. Contrairement à Yibo qui était, certes beau, mais froid. Il apportait une bouffée d'air frais dans cette classe où régnait la compétition. Xiao Zhan inspirait l'innocence. N'importe où il allait, son sourire de lapin illuminait le coeur des gens.

- Tu as une copine ? Interrogea l'une d'entre elles, faisant rire les autres. 

- Oui, ce soir on a un date.

- Oh... Firent-elles déçues.

- Mince, je pensais que tu sortais avec Lao Wang. Vous allez si bien ensemble... Plaisanta l'une d'elles.

Cette remarque fit rire les autres filles de plus bel, excepté Zhan qui frôla la crise cardiaque. Médusé, il jeta un rapide coup d'œil aux alentours, priant que personne n'ait entendu.

A son plus grand désespoir, le destin décida de lui choisir le pire timing. Le concerné aux cheveux châtains déboula dans la classe, les cheveux mouillés car fraîchement sorti de la douche. Les filles se turent, admirant le Prince de glace enlever sa veste. Le brun ne se retourna pas. Il ferma les yeux, se faisant le plus petit possible et priant pour que rien ne se passe.

- Yibo laoshi ! Que penses-tu de ZhanGe ?

Le brun frissonna. Elles interpellèrent le lion tant redouté, excitées de connaître son avis. Des gouttes de sueur commencèrent à naître sur la tempe de Zhan. Il se mordit la lèvre, résistant du mieux qu'il peut à l'envie de sauter d'une falaise. Le Président se tourna vers les filles et jeta un coup d'œil au brun toujours de dos. Il leur répondit très bref, sans osciller d'un sourcil.

- Ennuyeux.

Sur ce seul mot, il quitta la salle silencieusement. Les filles poussèrent des cris de stupéfaction une fois qu'il était parti.

- La chance ! Yibo Laoshi semble vraiment avoir des vues sur toi !

- Il n'y a aucun doute. On a remarqué comment il te dévorait des yeux dans le gymnase... Je sais, on vous appellera le YiZhan !

Elles rirent en chœur et partirent prendre leur pause. Le brun soupira longuement, soulagé de reprendre une respiration normale. Il se massa le front, tentant de dompter cette vague d'émotions.

- YiZhan hein.

Le brun sursauta et aperçut Yibo, adossé sur l'encadrement de la porte, les bras croisés. Il sentait ses joues rosir et il se leva, voulant changer de sujet.

- Tu m'as appelé hier soir, c'était à propos de quoi ?

- Mmh... Que j'avais envie de toi. Répondit le châtain, le regard toujours perçant. Pour couronner le tout, celui-ci sortit son sourire en coin légendaire.

Le brun serra les poings, rougissant de plus bel.

- Après tout, je ne suis qu'un friend with benefits pour toi, non ? Dit il souriant mais dont les yeux trahissaient son cœur blessé. 

- C-comment ? Balbutia le brun.

- On ne sort pas ensemble. Pourtant hier midi, ça ne t'as pas empêché d'être une vraie chaudière-

- Chut! Moins fort ! Fit Zhan en mettant une main sur sa bouche. T'es dingue ou quoi ?

- Tu l'as dit à Qing ? Lui demanda-t'il l'air sérieux en enlevant sa main.

- Non ! Je-

- Tu n'es pas obligé de lui dire. Ce que tu fais avec moi est purement... charnel de toute façon. C'est normal d'avoir des envies et de se défouler. 

- On devrait arrêter ça. C'était une erreur.

Yibo décroisa les bras. 

-... Une erreur ?

Le châtain prit un ton presque menaçant, faisant frissonner l'aîné.

- Xiao Zhan, jusqu'à quand vas-tu te  mentir à toi-même avant de mentir aux autres ? Soupira le châtain.

- C'est toi qui m'a embrassé par surprise !

- Mais ce n'est pas moi qui ai baissé le pantalon en premier. Ensuite, dois-je te rappeler ce que tu as fait dans les WC quand tu as crié mon nom-

- C'est de ta faute ! T-tu...! Tu me rends dingue !

Yibo se pencha et captura ses lèvres d'un baiser doux et voluptueux, capable de faire fondre n'importe qui. Ce n'était pas un baiser affamé de désir mais un baiser sincère. Le châtain brisa le contact.

- Ce n'est pas non plus moi qui ai embrassé le premier. Encore moins en étant ivre mort. À plus.

Il partit sur ces mots. Zhan restait immobile. Le regard perdu, il tenta de ramener ses sens. Alors il se souvint, cette fameuse soirée où il dormait à l'appart hôtel de Yibo alors qu'ils n'étaient encore que lycéens. Le brun se maudissait d'avoir oublié un tel moment.

C'était lui qui avait embrassé le premier ce soir-là, avant même que Yibo ne confesse ses sentiments.

Zhan se rassit, désemparé. Depuis tout ce temps, il était dans le déni. Il était amoureux de Yibo mais refusait de l'admettre. Il était temps pour le brun d'arrêter de se voiler la face.

Après mûre décision, il allait clarifier les choses avec Qing ce soir. Il ne pouvait plus faire prétendre que tout allait bien. Son cœur et son corps ne réclament qu'une seule personne. Il s'en voulait de devoir y mettre un terme et de la blesser. Elle était sa première copine, gentille, formidable et bienveillante. L'idée de la voir pleurer le meurtrissait déjà mais elle méritait d'être heureuse avec un autre. 

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Yibo discutait avec quelques camarades de classe dans la cafétéria. Il fut saisi d'une violente migraine, faisant tomber le verre qu'il buvait.

- Bo ! Que t'arrive-t'il ? S'inquiétait Haikuan.

Le châtain était à genoux par terre, sa tête entre ses mains. Des voix fantomatiques résonnèrent dans sa tête et brouillèrent son esprit. Il lâcha un gémissement de douleur.

𝕰𝖑𝖑𝖊 𝖊𝖘𝖙 𝖗𝖊𝖛𝖊𝖓𝖚𝖊 ..

𝕮𝖊𝖙𝖙𝖊 𝖘𝖔𝖗𝖈𝖎è𝖗𝖊...

𝕴𝖑 𝖋𝖆𝖚𝖙 𝖑𝖆 𝖙𝖚𝖊𝖗 !𝕰𝖑𝖑𝖊 𝖛𝖊𝖚𝖙 𝖛𝖔𝖚𝖘 𝖛𝖔𝖑𝖊𝖗 𝖃𝖎𝖆𝖔 𝖅𝖍𝖆𝖓.

𝕿𝖚𝖊𝖟 𝖑𝖆 !

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La lumière du jour s'estompait petit à petit. Le calme fut perturbé par l'écho résonnant de lames entrechoquées. Wangji et Wuxian s'affrontaient pour la énième fois à l'épée dans le jardin. Deux ans s'étaient écoulés. 

- Tu as légèrement progressé. Rit Wuxian. 

Le Prince demeurait imperturbable, ignorant les railleries de son adversaire. Au contraire, il y mit plus de vigueur dans ses gestes, déterminé à toucher cet impertinent. Mais le duel était serré et pénible des deux côtés. Aucun ne voulait faiblir et partir avec une défaite. 

Wuxian avait beau être doué à l'épée, Wangji n'était plus le petit garçon fébrile d'il y a quelques années. Depuis cette rencontre, il n'avait jamais cessé de s'entraîner dans l'espoir de battre cet humain un jour. 

Le sang-mêlé aux cheveux noirs transpirait de tout son corps par sa condition mi-humaine. C'était la première fois qu'il se sentait en difficulté. La fatigue commençait à le prendre d'assaut, rejoignant bientôt ses limites physiques. Le Prince blond semblait l'avoir remarqué. 

- Nous devrions arrêter. 

- Hors de question. Coupa le brun. 

Il s'élança sur Wangji, mais celui-ci lui semblait de plus en plus rapide. Les émotions s'emparaient de lui sous la frustration, réveillant une haine vengeresse qu'il avait enfoui depuis un moment. Il resserra son emprise sur la poignée, et décida d'enchanter sa lame jusqu'à qu'elle devienne rouge incandescente. 

- Nous passons aux choses sérieuses, à ce que je vois. Sourit le Prince, qui fit de même. 

Sa lame, quant à elle, s'enveloppa d'une lueur verte jade. Il assista pour la première fois au visage sérieux de Wuxian dont le regard avait radicalement changé. Lui qui au début était si confiant et joyeux, manifestait désormais une envie de tuer.  

- C'est donc à ça que tu ressembles quand tu te mets en colère. Constata-t'il.

Le brun ne daignait plus ouvrir la bouche. Seuls ses yeux noirs révélaient sa volonté d'être l'unique vainqueur. Les deux se jetèrent l'un sur l'autre, lâchant des hurlement de rage.

La puissance du choc fut telle que leurs larmes respectives valsèrent dans l'air et finirent par se planter à quelques mètres au sol. Ils se regardèrent en silence, maintenant désarmés. Wuxian était à bout de souffle et en sueur, mais il refusa de laisser paraître le moindre signe de faiblesse face au Prince. 

- Je pars le premier. Merci pour le combat. Finit-il par dire avant de partir sans lui accorder plus d'attention. 

Wangji se mit à glousser d'étonnement. Le sang-mêlé n'était pas comme d'habitude et il semblait lui cacher tellement de choses et de non-dits. Au final, il ne savait rien du Wei Wuxian. 

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- Votre Altesse...!

- Que fais-tu à cette heure-ci, Diane? Interrogeait Wangji, ayant entendu des toquements de porte.

La servante tenait un plateau d'argent avec une tasse de thé noir, un pot de bleuets et des gâteaux emballés dans une jolie boîte.

- Je ne me souviens pas t'avoir demandé tout ceci. Dit le Prince confus. 

- Hum... C'est pour Messire Wei. Bredouilla-t'elle d'une petite voix.

Wangji observa un instant le somptueux plateau couvert de petites attentions, le visage sans émotions. Il le prit entre ses mains.

- Je le lui donnerai. Merci Diane, tu peux disposer.

La servante salua le Prince d'une légère courbette et s'enfuit immédiatement, rouge d'embarras.

Plus tôt dans l'après-midi, tandis que Wuxian rentrait au château, il entendit des hurlements. 

- Lâchez moi !

Dans la cour du château, un groupe de vampires nobles étaient rassemblés autour d'une servante, qui n'était autre que Diane.

- Tu es la servante de Son Altesse non ? Tu n'as pas de secrets sur lui à nous partager ? Rigola un noble bedonné.

- A-t-il un corps disgracieux à cause de sa maladie ? Plaisanta un autre.

- Quel est son genre de femme ? Comment s'approcher de lui ? Réponds petite sotte ! Grogna la femme du groupe.

- Elle est tout mignonne ! Voyons... Comment peux-tu la traiter ainsi ? Fit un autre vulgaire noble en la prenant par l'épaule.

- Lâchez moi ! Je refuse de vous adresser la parole sans l'accord de Son Altesse ! Geignit Diane.

Les nobles continuaient à la harceler, jusqu'à qu'un homme vêtu entièrement de noir arrive.

- Permettez moi de vous interrompre. Dit celui-ci d'une voix grave et calme.

Le groupe se retourna en direction de cette voix.

- Tiens, voilà donc un autre déchet de ce château. Ricana un des hommes.

- Le fameux sang-mêlé dont tout le monde parle. Quelle infamie. Renchérit un autre avec une mine de dégoût.

- Messire Wei, que faites vous là ? Demanda Diane.

- Cette servante n'est pas votre propriété. Je vous prie de la laisser partir avant que je n'en dise mot à Son Altesse. Répondit Wuxian.

- Qui croirait un déchet comme toi ? Tu n'es pas un vrai vampire. Tu n'as même pas de crocs ! Tu n'es rien.

Les autres vampires se mirent à rire à gorge déployée, montrant tous leurs crocs pointus pour affirmer leur supériorité. Wuxian gloussa face à ce spectacle, son œil droit devenant rouge. Il laissa tomber son épée au sol et prit à la place sa flûte noire attachée à sa ceinture. Il la porta doucement à ses lèvres et se mit à jouer des notes stridentes. Le vent changea soudainement de direction. Les feuilles mortes décollèrent lentement du sol et se collèrent à leur peau.

- Que-! Que se passe-t'il? S'écria un des hommes.

Les feuilles mortes continuaient à couvrir leurs habits et leur visage. Le vent soufflait de plus en plus fort en même temps que Wuxian jouait des syncopes disgracieux. Les feuilles prirent alors feu, leurs habits et leur peau commencèrent à s'embraser. Les flammes vertes gagnèrent en hauteur avec la force du vent. C'était un spectacle majestueux et morbide où ces nobles se transformèrent en marionnettes incandescentes, gigotant dans tous les sens. Diane en tomba d'effroi, voyant ses semblables se faire carboniser.

Wuxian finit par arrêter de jouer et contempla son œuvre. Les flammes s'éteignirent, dévoilant les corps noirs de ces nobles toujours vivants.

- Tu es un monstre ! S'écria la femme au visage défiguré.

- C'est le châtiment que vous méritez. Répondit Wuxian avec un sourire en coin. Je vous laisse partir pour cette fois.

Il porta Diane entre ses bras. Celle-ci ne put s'empêcher d'éprouver de l'admiration envers cet homme aux cheveux noirs qui lui avait rendu justice. Le sang-mêlé n'était pas ce qu'elle imaginait. Elle s'était trompée sur son compte. Maintenant qu'elle le voyait de près, il était si élégant, si mélancolique et si puissant. Son visage dessiné complétait ce tableau. Il ressemblait à un ange déchu sorti des Enfers. Elle tomba sous le charme.

Le Prince accourut inquiet, ayant entendu des cris mêlés à des bruits de flûte, le tout accompagné d'une odeur de chair brûlée. Il vit Wuxian porter Diane entre ses bras, avec derrière eux des vampires brûlés vifs.

- Que s'est-il passé ? Interrogea Wangji, estomaqué par cette scène d'horreur.

- V-Votre Altesse !

Diane se remit debout et le salua.

- Ne punissez pas Messire Wei. Il m'a sauvée de ces personnes malveillantes qui salissaient votre nom !

Le Prince aux cheveux blonds fixa Wuxian d'un air confus.

- C'est toi qui as fait ça ?

Le désigné prit un air innocent.

- Ils faisaient du mal à Madame Diane. Je ne pouvais pas rester les bras croisés.

Wangji lança un regard noir au groupe.

- La prochaine fois que vous vous approchez du Château, je vous exécute. Ordre du Prince. Vociféra-t'il.

Wuxian se retourna, observant ses pitoyables jouets. Il leur lança un dernier regard d'avertissement, les faisant fuir pour de bon.

- Wuxian ! Tu n'as rien ?

Le brun reprit ses esprits et vit Wangji agripper ses bras avec un regard inquiet. Il fut pris de court par la réaction du Prince. C'était la première fois qu'il le voyait aussi inquiet.

- Oui... Votre Altesse. Je n'ai rien. Répondit Wuxian, déstabilisé par ce contact. 

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Wangji posa le plateau d'argent à côté du lit de Wuxian. Il se dirigea vers la salle d'à côté, où se trouvait l'atelier d'art du sang-mêlé. Wuxian adorait peindre, jouer de la musique, chanter et dessiner. Cette salle était son seul moment d'évasion et de liberté dans sa vie au Château.

Le Prince l'aperçut, entouré de dessins de nature morte et de créatures humanoïdes jonchés sur le parquet. Il peignait sur une toile, les cheveux relevés en arrière et encore mouillés du bain, portant seulement un peignoir noir ainsi qu'un pantalon de laine. Des gouttes d'eau dévalèrent son torse exposé jusqu'à ses abdominaux, éclairé par la lumière de la petite lampe à bougie.

Qui es-tu vraiment, Wei Wuxian ?

- Votre Altesse...? Remarqua Wuxian en sortant le Prince de ses pensées.

Wangji clarifia sa gorge, perturbé par cette vue.

- Que me vaut votre visite ? Poursuivit le brun souriant.

Il se tourna vers lui, exposant encore plus son torse découvert.

- Je...

Le Prince n'arrivait pas à rassembler les mots face à lui.

-  Approchez donc. Je suis en train de peindre un portrait de vous. Poursuivit Wuxian en admirant le tableau. 

Wangji s'approcha de la toile pour observer ce qu'il a peint.

Il se figea devant son œuvre, sidéré et émerveillé par la beauté de celle-ci.

- Je... C'est magnifique. Répondit il gêné, submergé par tant d'émotions. 

Le brun rit doucement à son compliment. 

 - SI vous l'aimez, j'en suis ravi. 

Wangji effleura la toile de ses doigts. 

- De toute ma vie, jamais on n'avait fait un portrait aussi beau de moi. 

- Pourtant vos cheveux blonds sont magnifiques. Je vous envie tellement. Déclara Wuxian, affichant un sourire candide. 

Le Prince sentit un frisson parcourir sa peau. Il dévisagea le brun toujours assis sur sa chaise. Celui-ci arrêta de sourire et il se perdit dans dans les yeux de Wangji. Aucun des deux ne dirent mot. Ils se contemplaient intensément, essayant de décrypter les pensées de chacun. 

Wangji remarqua la palette sur laquelle se trouvait de la peinture encore fraîche. Il y mit quelques doigts et en admira les couleurs. 

- Wuxian, j'ai... faim... Murmura-t'il, fixant toujours la peinture sur ses doigts.  

- Oh !... Oui, c'est l'heure-  Dit le brun en portant ses doigts à son cou.

- Non, j'ai faim... 

Le Prince approcha sa main et glissa lentement ses doigts sur le torse humide de Wuxian, laissant des traînées de peinture depuis sa clavicule jusqu'à son bas-ventre. 

-... de ça. 

Le brun baissa la tête, détaillant les traits de couleurs sur son torse pâle. Il comprit le message. Il leva la tête, affrontant le regard du Prince dont les iris s'emplissaient d'une lueur violette. Cette couleur ne signifiait qu'une chose. Le rythme cardiaque de Wuxian s'accélérait.  

- Si tu es d'accord... évidemment. Poursuit le vampire blond en détournant le regard, un peu gêné. 

Le sang-mêlé ne répondit pas et prit le poignet de Wangji pour l'amener dans sa chambre en guise de réponse. 

 A peine deux minutes passèrent que la chambre s'emplissait de soupirs et de gémissements. Sur le lit de Wuxian, les deux hommes, complètement dévêtus, s'adonnaient à la luxure. Wangji mordait, marquait le corps du brun de multiples façons. Ils s'embrassèrent sans lendemain, se tenant fermement leurs cheveux entre les doigts. 

Être intimes comme ils l'étaient ne les dérangeait pas. Leurs corps répondaient naturellement. Il n'y avait plus d'hiérarchie, plus de statuts prince-serviteur mais seulement deux hommes s'unissant avec désir et passion.

Ils étaient tous deux assis en position de lotus. Wuxian était au-dessus les jambes fermées derrière le dos de Wangji, qui le soutenait par les hanches.

- Ça ne te fait pas mal ? Demanda le blond.

- Non ça va, je suis juste nerveux comme c'est la première fois...

- Moi aussi je le suis, ne t'en fais pas.

Les deux hommes continuèrent à lier leurs lèvres et leurs langues, les bras enroulés fermement autour de leurs dos. Un gros bruit sourd les interrompit depuis le couloir. Ils se figèrent et se regardèrent inquiets.

Wangji ordonna à Wuxian de rester sur le lit tandis qu'il se dirigeait vers la porte. Il prit soin en passant, d'emprunter le peignoir du brun pour se couvrir. Il utilisa son ouïe surdéveloppée contre la porte puis l'ouvrit en douceur sur un couloir sombre. Il constata qu'un des tableaux décoratifs était tombé du mur, se trouvant face contre sol. Dans la pénombre, ses yeux devinrent rouges incandescents pour scanner les alentours à la recherche d'un intrus.

Il n'y avait personne.

En revanche, le Prince distinguait une odeur familière. Il reconnut la personne mais il ne dit mot, se contentant de fixer le fond du couloir. Jusqu'à que cette odeur finisse par disparaître, il finit par ramasser le tableau et ferma la porte derrière lui.

- Qui était ce ?

- C'était un tableau qui s'est décroché. Ne t'inquiètes pas. Répondit le blond. 

Wuxian jeta un œil sur la toile et son expression changea. Ses sourcils froncèrent sérieusement, attirant l'attention de Wangji. 

- Regardez... Le tableau. Murmura le brun. 

Le Prince retourna le tableau qui s'avérait être un portrait de lui. Cependant, la toile était lacérée de trois entailles profondes, semblables à des griffes de bête sauvage.  Ces entailles visaient spécifiquement le doux visage de Wangji. 

- Intéressant. Dit le Prince pensif. 

- Est-ce le coup d'un de vos ennemis ? 

- Cette fois non... C'est ce qui m'étonne. 

Le Prince blond le rangea dans la salle d'art, dissimulé derrière d'autres toiles. Il rejoignit hâtivement son amant sous les draps. 

- De toute façon, ton œuvre me suffit. Dit il en jouant avec les mèches brunes du sang-mêlé. 

Wuxian sourit et finit par s'assoupir contre lui. Le blond le contempla et caressa les cheveux autour de son oreille. Ses yeux dérivèrent sur le plateau posé sur la table de chevet, que le brun n'avait pas encore touché. 

Son expression s'assombrit et les jolis bleuets du vase se fanèrent. 

Author's note : 

Coucou, ça fait un bail mais je suis désormais disponible avec plein d'idées. J'espère que ce chapitre vous a plu !!