VIII . soir
Le soleil déclinait tranquillement lorsque Lancelot poussa les portes poussiéreuses du centre commercial. La fin d'après-midi était douce et ensoleillée, tout comme l'était son sourire reposé après une sieste qui s'était légèrement éternisée.
Son ventre gronda alors qu'il passait parmis les étagères vides, le centre commercial était plongé dans le silence et après un rapide tour, il constata que Daryl n'était pas à l'intérieur. Son sourire se fana aussitôt, remplacé par un air morose et déçu.
Super, il avait décampé.
Lancelot se laissa glisser contre un mur en soupirant, ignorant son estomac implorant. Il n'avait rien avalé depuis hier après-midi et ses réserves étaient à sec, si ça continuait comme ça, il n'aurait même pas besoin de se suicider. Et Daryl qui avait prit ses jambes à son cou, sa journée était vraiment passée de pas trop mauvaise à carrément pourrie.
Il allait mettre un coup de pied rageur dans une étagère quand des bruits de pas dans son dos le firent sursauter. Lancelot se releva d'un bond et vit avec effarement la porte qui menait sur le toit, s'ouvrir.
Daryl lui lança un regard en coin avant de le dépasser, visiblement à la recherche de quelque chose.
- Ah t'es rentré finalement ? lança le chasseur en allant dans la réserve où ils avaient bu la veille.
Lancelot ouvrit grand la bouche sans répondre, quand Daryl sorti de la réserve, une bouteille d'alcool sous le bras, il le regarda en haussant un sourcil et Lancelot se mit à bafouiller un assemblage de mots dont aucun d'eux ne comprit le sens.
- Qu'est-ce que t'as ? ricana Daryl en le dépassant une nouvelle fois. T'as perdu ta langue ?
- N-Non ! Lancelot se dépêcha de lui emboîter le pas dans les escaliers. J'croyais que t'étais parti.
- Pourquoi j'aurais fais ça ?
Il haussa les épaules.
- J'sais pas, on s'connaît pas et j'ai pas été super poli avec toi. Le plus étonnant c'est que tu sois encore là, en fait.
Daryl ne répondit pas, à la place, il ouvrit la porte du toit et s'approcha d'un petit campement improvisé à base d'un petit feu, quelques ustensiles de cuisine rouillés et des animaux morts et visiblement vidés.
- Oh ! s'exclama Lancelot en voyant ce que Daryl avait préparé. C'est toi qui a fait ça ?
- Qui veux-tu que ce soit ? rétorqua le chasseur.
- Question débile, désolé.
Daryl le regarda faire une moue ennuyée et ne pu s'empêcher de trouver adorable la petite fossette qui creusait alors sa joue. Il chassa cependant bien vite cette idée de ses pensées et fit signe à Lancelot d'approcher.
- Tu vas m'aider à préparer ça, commanda-t-il alors que le brun s'asseyait en face de lui.
- J'ai jamais préparé des animaux.
Daryl releva les yeux vers lui, ils se regardèrent quelques secondes avant qu'un sourire amusé n'étires les lèvres du chasseur et qu'il lance :
- Tu bois, alors.
Lancelot cligna des yeux une fois, deux fois, puis son air effaré fut remplacé par l'hilarité et il éclata de rire.
- Tu m'as eut ! s'esclaffa-t-il en attrapant une bouteille. Combien de gorgées ?
- Une pour chacun des animaux.
- Vendu !
Alors Lancelot prit une grande inspiration et commença à boire. Une gorgée pour l'écureuil, une pour le deuxième écureuil, une pour le troisième écureuil, une pour le lapin et une pour l'énorme serpent.
Il reposa brusquement la bouteille en grimaçant.
- J'vais vomir, se lamenta-t-il.
- Déjà ? Mais t'as rien bu, se moqua Daryl.
- J'ai le ventre vide, c'est pour ça. Dépêche toi de finir de préparer tes fichus bestioles que je les cuisine.
- Tu sais cuisiner ? demanda Daryl, surprit.
- Ouais, c'était toujours moi qui cuisinait quand Ben était encore en vie.
Il y eut un léger silence mais Daryl le brisa bien vite, d'une voix un peu trop mal assurée à son goût.
- Tu veux me parler de lui ?
- Pas maintenant, j'ai pas envie de gâcher la soirée. Tout à l'heure peut-être, quand on sera bien torché.
Le chasseur hocha la tête, compréhensif et ne surenchérit pas. Tandis qu'il finissait de s'occuper des animaux, Lancelot annonça qu'il allait fouiller dans le centre commercial à la recherche de quoi que ce soit pouvant accompagner leur futur festin et il disparut dans les escaliers, un sourire léger flottant sur ses lèvres.
Dans son dos, Daryl aussi ne pouvait pas s'empêcher de sourire doucement.
-
Le repas était terminé depuis un petit moment maintenant et les deux survivants s'étaient assis sur le rebord du toit, les yeux rivés sur le soleil qui se couchait en face d'eux.
- C'est très romantique de regarder un coucher de soleil après un bon dîner, fit remarquer Lancelot d'un ton que Daryl ne parvint pas à déchiffrer.
- C'est qu'un coucher de soleil, répliqua le chasseur.
- Tu casses tout.
- Tu me tends la perche, aussi.
Lancelot coula un regard plus que suggestif à Daryl qui prit vivement des couleurs sur les joues.
- T'es vraiment dégueulasse, marmonna-t-il en fixant obstinément la forêt en contrebas.
- Je n'ai rien dis !
- Tes yeux parlent pour toi, espèce de détraqué.
Lancelot ricana.
- Qu'est-ce que t'es prude, ma parole. Un vrai puceau !
Cette fois Daryl lui balança à la figure la première chose qui lui passa sous la main -c'était un os d'écureuil-.
- Ta gueule enfoiré, c'est toi le puceau !
Lancelot éclata de rire.
- C'est exactement ce que dirait un puceau ! Gros puceau !
Daryl se leva d'un bond, ses yeux lançant des éclairs et les poings serrés. Immédiatement, Lancelot fit de même sans pouvoir s'arrêter de rire. Il continuait à chantonner et à se moquer de lui comme un gamin immature et Daryl sentait très clairement la moutarde lui monter au nez. De quel droit cet abruti se foutait de sa gueule comme ça, il ne savait rien de lui !
À peine Daryl fit un pas dans sa direction que Lancelot décampa. Il se précipita le plus vite possible vers les escaliers en riant, le chasseur en rogne sur ses trousses.
Lancelot dévala les escaliers quatre à quatre pour se jeter dans le centre commercial. Il tenta d'embrouiller la bête qui le talonnait de près en zigzaguant entre les étagères mais en vain. Daryl l'avait presque rattrapé quand Lancelot sortit en trombe du bâtiment, claquant les portes poussiéreuses derrière lui, pour s'enfoncer dans la forêt sans se retourner.
Lorsqu'il décida finalement de s'arrêter, il n'entendait plus Daryl derrière lui. Il pivota sur lui même en un tour complet à la recherche de son ami, en vain, il s'était trop éloigné et maintenant il était tout seul.
- Merde, merde, quel abruti, jura Lancelot en cherchant son couteau à sa ceinture.
Il ne l'avait pas, il l'avait laissé sur le toit. Lancelot se figea. Il était seul et désarmé dans une forêt où des morts bouffeurs de vivants rôdaient alors que la nuit était en train de tomber. Et comme il n'avait pas d'armes, il ne pouvait évidemment pas appeler Daryl, au risque de se mettre dans une merde noire.
Super, quelle excellente situation.
Bien décidé à ne pas rester planté là, Lancelot commença à rebrousser chemin, espérant sincèrement aller dans la bonne direction.
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