PARTIE II - AD GLORIAM

AD GLORIAM

pour la gloire

  2 ans plus tard

Ydir traverse les rues enneigées, ses pas s'enfoncent dans la neige craquelante sous ses pieds. Il marche d'un pas rapide, jetant des coups d'œil successifs autour de lui, comme pour s'assurer que personne ne le suive à travers la place Rouge de Mouscou.

Face à lui s'élève la cathédrale Saint-Basile. Elle se détache de tout ce qu'il a pu voir jusqu'à présent. Les coupoles se distinguent par leurs formes, des ornements de couleurs vives mais Ydir ne s'est pas déplacé pour admirer l'architecture moscovite et ses nombreux chefs-œuvres.

Il traverse la place d'une traite et le Moskova gelé jusqu'aux entrailles. Il rentre à l'intérieur d'un bâtiment et s'engouffre dans l'ascenseur sans oublier de retirer la chevalière dorée ornant son auriculaire droit. Ydir doit se détacher de tout ce qui peut le relier à l'organisation sicilienne.

La tête baissée face aux nombreuses caméras, il arrive enfin au dernier étage. Il passe de nombreux portiques de sécurité, deux fouilles au corps avant de pénetrer dans la luxueuse pièce. Il n'est pas surpris que les hommes lui laissent son arme. Il devrait l'être mais Ydir a un coup d'avance comme toujours.

La large baie vitrée donne une vue imprenable sur le Kremlin qu'Ydir n'observe pas. A la place, il inspecte la pièce d'un œil critique. Les peintures sur les murs et le plafond sont passées aux peignes fins en quelques secondes, il est certain qu'aucune caméra et microphones ne sont implantés dans ce bureau.

La porte s'ouvre quelques minutes après son arrivée sur un homme dont la carrure est imposante. Il referme aussitôt la porte derrière lui, avançant dans la pièce avec assurance pour serrer la main du libyen face à lui. Il demande de son accent coupé par le slave :

- Une vodka ?

Ydir acquiesce et ses yeux polaires suivent les moindres faits et gestes de l'homme tandis qu'il remplit d'un liquide translucide deux verres en cristal.

- Combien pour vos services ? demande finalement le russe en tendant le verre.

Ses yeux glissent le long des brûlures apparentes sur le cou du libyen, que le col de sa chemise ne recouvre pas.

- Cela dépend du nom, murmure Ydir.

La vodka arrache sa trachée quand il boit une gorgée de son verre. Il observe le slave déverrouiller un coffre fort sous le bureau, il sort un dossier avec un document qu'il lâche sur le bureau de verre transparent. Ydir s'approche les bras croisés, il jette un coup d'œil à la photographie de Sergeï Akimov, en haut à droite du contrat. Un rictus étire ses lèvres quand Ydir déclare avec amusement :

- Vous êtes son premier fidèle, n'est-ce pas ?

- Mon contact en Sicile m'a affirmé que vous ne poseriez aucune question et que le travail sera fait.

- Ça sera fait, assure Ydir.

Il n'attend aucune réponse à sa question pourtant le russe rabat d'un coup sec la manche de sa chemise. Il dévoile ainsi le minuscule tatouage marquant son poignet, montrant qu'il appartient bel et bien à la mafia russe.

- Il sera bien entouré par des membres du KGB, crache le russe. Ce n'est pas n'importe qui.

- Ce n'est pas un problème. J'en veux douze millions, en dollars, rajoute-t-il.

- C'est d'accord. Comment allez-vous procéder ?

- J'ai mes propres méthodes, dit-il d'un air suspicieux.

Il tire un papier de sa poche qu'il dépose à son tour sur le bureau, Ydir déposé son relevé d'identité bancaire sur la table. En réalité, ce n'est pas le sien mais celui d'une fausse identité qu'il s'est approprié sans aucun scrupule.

- Je veux la moitié du virement avant ce soir, déclare-t-il d'une voix grave. Sachez que votre chef Sergeï m'a fait la même proposition pour vous tuer, mais son offre était moins onéreuse et un peu moqueuse pour avoir la chance de s'accorder mes services. Vous devriez faire attention, Dmitry. Les hommes qui tiennent votre sécurité m'ont laissé mon arme et ne tarderont pas, avertit Ydir en tapotant son épaule, désignant ainsi son holster.

- Et vous avez accepté cette offre, n'est-ce pas ? s'empresse de demander Dmitry.

- Je n'ai qu'une parole, ne doutez pas de moi.

Les sourcils du russe se froncent avec appréhension face aux actions imprévisibles du libyen se tenant devant lui. Il s'inquiète aussitôt en déclarant d'une voix tremblante :

- Vous n'avez pas signé le contrat.

Ydir reporte son regard polaire sur le dossier présent sur la table avant de fixer le mafieux dont la peur est perceptible, il sait qu'il n'a aucune chance face au tueur à gages que Ydir est.

- Signez-le votre maudit contrat, susurre Ydir en sortant le beretta de son holster.

- A quel nom ?

- Phoenix.

Ydir appuie sur le loquet pour désactiver la sécurité de son arme, il jette un dernier coup d'œil à l'homme avant d'ouvrir la porte du bureau. Il s'engage et les coups de feux partent, laissant le russe bouche-bée par ce qu'il vient de se passer.

Dmitry attend de longues secondes qu'un de ses hommes payé par son ennemi rentre pour le tuer. Il peut attendre désespérément, personne n'arrivera, à la place, le russe se contente d'écouter les hurlements et les bruits des corps tombant au sol juste devant sa porte.

La gloire d'un homme vient de sauver la sienne.

Quelques heures plus tard, il recevra un colis contenant une simple main. Les coupoles russes tatouées sur la chair de celle-ci serlnt recouvertes du sang du corps auquel la main était rattachée, assurant ainsi l'exécution d'un simple contrat.

Ydir s'essuiera simplement les mains après avoir accompli sa tâche. Il attendra un autre contrat aussi stupide que les précédents, que son éponyme se transmette d'une oreille à une autre.

L'ombre du Phoenix plane au dessus des mafieux. Ils attendent, la peur au ventre, que quelqu'un fasse appel à la gloire d'un inconnu pour tuer l'un d'entre eux.

Tuer au nom de Dio, lui-même.

Début de la partie II 🤭

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