CHAPITRE 6 - responsabilità
RESPONSABILITÀ
les responsabilités
Ses mains frôlent la ventoline dans la poche de son costume, il la fait glisser entre ses doigts s'amusant à la faire tourner contre sa peau. Ydir observe son père fumer sa cigarette, il est troublé et un pli barre son front.
- J'ai des choses à faire, murmure Anir.
Ydir acquiesce, il jette un coup d'œil à sa montre en se disant qu'il va probablement rater son avion en attendant que son père le congédie pour vaquer à ses occupations. Il sait qu'il ne peut pas partir comme un voleur face au parrain.
- Qui était cette femme ?
- Judith, la femme de Salem.
Ydir acquiesce. Il n'ose imaginer l'état de sa propre mère si elle venait à le perdre lui, ou son père. Toutes ces années, sa loyauté envers son père n'a pas flanché malgré toutes les disputes vis à vis de son éducation de mafieux.
Ydir n'a pas fait de serment, il espère qu'il le fera un jour devant la Cupola pour devenir un mafioso. Le serment le liant par le sang à l'organisation mafieuse, le serment qui fera de lui un véritable homme. Un serment honorable pour un homme respectable.
- Dario te l'aurait avoué, si tu ne l'avais pas appris ?
Anir relève la tête et fixe avec acrimonie son fils. Sa langue claque contre son palet, visiblement irrité par toutes ses questions, il prend tout de même la peine d'y répondre entre deux taffes de cigarette.
- Non, Ydir. Ces secrets appartiennent à Cosa Nostra et même moi je ne les connais pas tous.
- Est-ce que tu en as aussi que tu n'as jamais dit ? demande Ydir.
Les yeux polaires de son père se perdent dans le vide et Ydir n'espère pas apprendre autre chose aujourd'hui. Il regrette même sa question vis à vis de tout ce qui chamboule son enfance à chaque nouveau secret révélé au grand jour.
- Oui et je les emporterai probablement dans ma tombe, souffle simplement le libyen dans un nuage grisâtre.
- Je vais partir à Vegas, annonce brutalement Ydir. Je n'aime pas New-York.
Sa déclaration s'en suit d'un silence glacial durant lequel son père jette sa clope au sol. Il l'écrase négligemment avec la semelle de sa chaussure noire.
- T'as assez d'argent ?
- Oui, lâche Ydir.
- Pourquoi tu crois que t'as tout ça ?
Cette question le surprend, il pris au désarroi et fixe son père avec attention.
- Grâce à toi.
- Je suis parti de rien, Ydir. J'ai fui toute mon enfance. J'ai fui la guerre en Libye, j'ai fui mes responsabilités et ma mère est morte parce qu'on était pauvre. Alors, je te répète ma question, pourquoi tu crois que t'as tout ça ?
Il est sur ses gardes prenant conscience que la conversation prend une toute nouvelle tournure et qu'elle peut se retourner contre lui à la moindre mauvaise réponse. Ses mains tournent nerveusement la ventoline dans la poche de sa veste et Ydir bredouille doucement :
- Parce... que tu m'aimes.
Le mafieux secoue la tête, un rictus étire son visage angélique. Ses yeux polaires sont perçants, il le fixe avec intensité avant de déclarer telle une évidence ses mots :
- Quand je me lève chaque matin et que j'affronte ces vautours pour rester à ma place, c'est parce que je t'aime ? T'es un imbécile, Ydir. C'est mon rôle ! C'est ma responsabilité ! Un homme doit s'occuper de sa famille, tu dépenses mon argent, tu vis dans ma maison parce que t'es mon fils.
- Je sais.
- Alors dis-moi, pourquoi tu détestes tant New-York ?
Ydir grimace en sachant pertinemment qu'il n'a aucune raisons véritables de haïr cette ville du plus profond de son âme. Cette ville est le paradis pour chaque homme pouvant dépenser son argent, que ce soit au Madison Square Garden ou au Times Square.
La raison est plus profonde, elle est ancrée en lui depuis son enfance, depuis qu'il a vu les larmes de sa mère et son cœur brisé, se refusant d'appeler Anir pour lui ordonner de rentrer.
- Parce que t'étais pas là, t'as fui tes responsabilités encore, crache-t-il finalement.
- Tu n'as pas connu la vendetta, tu ne sais pas les traces que ça laisse. Un jour, ça sera ta responsabilité et nous verrons si tu réagis aussi bien que moi pour protéger Cosa Nostra, c'est ta seule famille.
- Ce ne sont que des traditore.
- Dans une trahison, cela ne vient jamais de tes ennemis, Ydir. C'est pour ça que tout le monde déteste les traditore, c'est pour ça qu'on les bute. Leur donner une deuxième chance, c'est comme donner une deuxième balle à la personne qui t'a manqué.
- C'est pour ça que t'as buté Dario et ses fils, hein ?
- Oui.
La réponse est glaciale et Ydir ne répond rien. Il se contente d'acquieser avant de s'éloigner, les mains toujours dans les poches frôlant sa ventoline. Il traverse Central Park, les pensées embrumées par les chants catholiques de l'enterrement et par une discussion orageuse dont les mots ne quitteront pas ses pensées.
Les responsabilités de la famiglia.
Ça sera les siennes un jour, son père le souhaite. Mais quand est-il de la Cupola et de sa mère ? Il repense à son serment, à cette vie qu'il doit prendre un jour pour faire partie intégrante de l'organisation mafieuse.
Juliano, son oncle, explique souvent que les hommes de leur rang, ne font plus le sale travail, que les hommes de main sont présents pour le réaliser. Vendre. Tuer. Brûler. Mais quelles sont ses responsabilités ? S'asseoir sur un banc et prier Dio de lui accorder encore un peu de temps.
Ydir se demande si son père s'est déjà confessé dans le passé et si il a déjà partagé ses secrets et ses responsabilités. C'est impossible, un parrain ne partage pas ses secrets, cela reviendrait à partager ses responsabilités et montrer ses faiblesses aux autres.
Cela conduit Ydir a avoir peur du jour où il devra assumer son rôle et prendre ses propres responsabilités pour entrer dans la partie.
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