Chapitre 3 : Notre passé voulu resolu
- "Alors comme ça c'était toi dans le camion ? N'est-ce pas irresponsable ? Demanda finalement Kakashi après plusieurs verres.
- Dit celui qui boit en mission, rigola de bon cœur Chikanori, niveau irresponsabilité je crois bien qu'on s'équivaut.
- Sûrement, sourit à son tour l'argenté, ses traits étirés légèrement mais dans un faciès véritablement heureux."
A peine Chikanori était-il venu le chercher que la décision de se retrouver autour d'alcool avait été prise de paire. Ils étaient ainsi descendus tous les deux pour finir dans la salle du personnel afin d'être tranquille. De là et assis à cette table en sapin vernis, ils avaient commencés à discuter, verre à la main et joie dans l'âme.
Il n'y avait pas eu de grande fête de retrouvailles, ni même de puissantes salutations ou encore de larmes à n'en plus finir. Ni Kakashi ni Chikanori n'aimaient ça, c'était d'ailleurs en le constatant qu'avait eu lieu les meilleurs retrouvailles à leur sens.
Ils n'avaient pas changés, ni l'un ni l'autre. C'était la plus belle constatation qu'ils auraient pu faire et ils ne manquèrent pas de la fêter comme il se doit.
Ce fût le masque baissé, son visage exposé en un sourire si beau à ses fines lèvres que Kakashi reprit la parole pour relancer un nouveau sujet de conversation. Se sentant déjà assez mûr au niveau de l'alcool qu'il pouvait consommer avant d'être tout à fait ivre, il fallait qu'il s'arrête là.
- "Comment tu vas depuis ?"
La question avait été soufflée tendrement, de manière douce et rassurante ; un ton rare pour le Rokudaime, même dans sa vie privée.
Ça voulait dire ce que ça voulait dire.
- "Ce n'est pas à moi qu'il faut demander ça enfin Kakashi, soupira Chikanori ému malgré lui. Tout va bien de mon côté, je te rassures, c'est bien plus pour toi que je me fais du soucis."
L'argenté sourit encore plus. Il n'y avait pas à dire, celui qu'il avait considéré comme un petit frère était resté cet être sensible qui savait le toucher même à travers son masque.
- "Je suis un ninja enfin Chikanori, assura-t-il comme si le simple fait le rendait intouchable."
Pourtant était la portée de la mort de Rin, Obito, Minato et son père sur lui encore aujourd'hui. Ce n'était pas pour rien que l'on pouvait entendre à Konoha que le shinobi au passé le plus tragique n'était guère à chercher longtemps. Chacun avait eu vent, même rapidement, des malheurs qu'avaient dû supporter Kakashi tout au long de sa vie. Sa montée au rang de Rokudaime avait sûrement aidé.
- "Et c'est bien pour ça que je m'inquiète, assura presque peiné l'homme en buvant une nouvelle gorgée. Tu sais ce que je penses des ninjas en tant que civil, j'ai du mal pour ne pas dire beaucoup à ne serait-ce que leur faire confiance. Tu es bien le seul et te savoir entouré d'eux m'inquiète. Tu as toujours étais trop sensible pour être ninja, pourquoi ne prends tu pas enfin ta retraite pour t'écarter de ce monde ?"
Cette discussion n'était pas la première qu'ils avaient sur le sujet. Effectivement Chikanori avait toujours était contre le monde ninja en général. Il refusait ces combats sanglants, cette banalité de tuer et cette violence qui entourait le tout. Pour lui, seul les rustres ne savaient que s'entretuer, son expérience au camp d'Auschwitz n'avait pas franchement joué pour en retourner la donne. Seulement, c'était là-bas qu'il avait rencontré Kakashi qui lui en avait dit plus sur ce monde qu'un civil comme lui ne s'était guère imaginé à l'exacte comme il était réellement.
Chikanori n'avait pas changé d'avis, sa hantise de l'art ninja toujours là mais il avait vu combien ceux en dépendant pouvaient être profondément humain finalement. Pourtant, il avait rapidement découvert que Kakashi était une exception et c'était bien cette découverte qui l'avait lancé à faire changer de voie son ami.
De là avait alors commencé une série de conversations à n'en plus finir pour que l'argenté quitte le monde shinobi pour le rejoindre dans celui civil. Mais l'Hatake était borné, il n'avait jamais rien lâché alors même qu'il l'écoutait toujours attentivement dans ses arguments. Encore une preuve de la sensibilité de cet être pâle qui se tuait à petit feu dans cet univers sanglant qui était le sien.
- "Je ne peux pas Chikanori. Même si je le voulais, je ne pourrais pas. Assura quelque peu tristement Kakashi, faisant tourner ton verre vide entre ses doigts sur la table.
- Mais n'est-ce pas une preuve même de ce que ce monde t'infliges ?"
Chikanori était indéniablement une personne très soucieuse de ses proches, presque un côté papa poule alors qu'il était pourtant le plus jeune d'entre eux. Ça touchait Kakashi autant que ça le mettait quelques fois mal à l'aise. Cependant, il savait que son ami ne pensait qu'à son bien et c'est pourquoi il laissait ainsi faire.
- "Peut-être Chikanori mais la réalité et là."
De là, un silence se forma.
Le membre du personnel du lieu savait qu'il ne ferait pas changer d'avis son ami, celui qu'il avait considéré comme son grand frère. La discussion était donc close, aucun des deux êtres n'aimant les débats pour vouloir la continuer en connaissant le tempérament borné de l'autre.
C'était une nouvelle fois l'un des éléments qui les avaient rendu si proche. Ils étaient tous les deux calmes, réfléchis et aucun d'eux n'aimaient spécialement gagner. Ainsi, ils n'avaient jamais connus de débats assez houleux pour les faire s'énerver. Leurs discussions restaient pour la grande majorité des paroles échangées tranquillement sans prises de tête ou cachoteries. C'était d'un authentique qui rassurait autant Kakashi que Chikanori.
- "Au fait, reprit finalement ce dernier après une dernière gorgée de sa canette, j'ai entendu dire que tu avais fini Hokage, c'est vrai ? Je pensais que tu répugnait rien qu'à te l'imaginer ? Taquina-t-il en lui donnant un léger frottement de son genoux au sien.
- M'en parles pas, souffla l'argenté en se remémorant cette longue torture qu'il subissait encore en répercutions aujourd'hui. Un vieil ami me l'a demandé et évidemment, je n'ai pas su refuser. Officiellement je suis le Rokudaime, mais je ne suis plus en fonction à proprement parler, mon élève a prit ma place.
- Comme je t'imagines bien derrière un bureau jonché de feuilles en tout sens, je te plains, rigola honnêtement le plus jeune. Mais tu as des élèves ? Tu ne m'en a jamais parlé."
Et c'est ainsi que Kakashi lui expliqua qui était cette fameuse équipe sept dont il était devenu légèrement contre lui le maître. Il lui détailla leurs débuts chaotique, si loin de l'esprit d'équipe recherché ainsi que les difficultés qu'ils avaient rencontrés. Le départ de Sasuke vint forcement sur le tapis ainsi que parallèlement, un lien puissant qui naquit entre les deux derniers membres du trio. Vint ensuite l'apparition de Sai et du commandant Yamato que Kakashi n'élabora pas de trop pour éviter de devoir aborder les notions des services spéciaux, plus privé aussi. Puis son récit se termina sur la quatrième grande guerre ninja et la reconstitution de cette équipe au passé tumultueux qui était aujourd'hui la plus forte sans aucun doute.
Chikanori avait sourit tout en écoutant attentivement son grand ami. On sentait bien dans ses paroles combien il était fier de ses élèves et ça lui donnait du baume au cœur.
Il fut finalement surpris d'apprendre que ce Naruto avait déjà deux enfants et Sakura avec Sasuke une. Il finit de tomber des nues lorsqu'il apprit la présence de deux de ces enfants dans cette sortie scolaire.
Et bien, ça promettait.
Alors qu'un nouveau sujet venait sur la table tout a fait agréablement, Kakashi était ému à son tour. Son petit frère de cœur s'était apparemment souvenu de tout ce qu'il lui avait raconté plus jeune. Lorsqu'ils n'étaient encore qu'adolescents, plongés ensemble dans cet enfer, les anecdotes de l'aîné était leur échappatoire. Chikanori s'était toujours montré très intéressé et c'était ainsi qu'il avait apprit les différents corps de métier existants chez les shinobis et leur mode de fonctionnement. L'argenté lui avait aussi parlé des autres nations, de leurs villages cachés et de ce qu'étaient les Kages.
Et aujourd'hui il voyait combien son ami l'avait écouté.
- "Bon, il va falloir que je te laisses malheureusement, annonça finalement Chikanori. Je suis de service tout de même et on va avoir besoin de moi.
- Pas de problème, il faut que je me bouge moi aussi de toute façon, soupira Kakashi en suivant son ami pour débarrasser la table utilisée."
Les quelques canettes bus firent mises à la poubelle avant qu'ils ne marchent jusqu'à la porte de la pièce. Là, Chikanori se retourna pour faire face à l'argenté qui resta stoïque.
Deux mains fines vinrent s'élever avant de toucher très subtilement le visage de Kakashi. Tout doucement, elles retracèrent le contour de sa tête, y découvrant son bandeau frontal et puis cette éternel masque qui ne l'avait semble-t-il jamais quitté. En continuant son inspection touchée, le cadet retrouva cette fameuse cicatrice dont il se souvenait sur l'oeil gauche de son vis-à-vis. Pour finir, les mains exploratrices et si tendres se perdirent dans la chevelure soyeuse et blanche.
Deux fronts vinrent se coller ensemble.
- "Je suis si heureux de te revoir Kashi, sourit simplement Chikanori.
- Moi aussi Nori, tu m'avais manqué, avoua à son tour le Rokudaime, recouvrant les mains venues sur ses joues par les siennes."
Quelques secondes passèrent ainsi où chacun se retrouvait en l'autre avec joie et émotion avant que le sablier tournant ne les sépare. De là, Chikanori partit rejoindre ses collègues pour une autre visite tandis que Kakashi regagnait sa chambre.
Là-bas, il n'y vit que son amant, Rô étant partit faire une ronde de ce qu'il apprit plus tard.
Voyant comment les yeux de son compagne paraissaient subitement humides, Tenzo se précipita pour l'enlacer doucement. Il avait vérifier avant, personne ne les observait, d'où son masque de porcelaine retiré.
Ils étaient ensemble, câlinant leur moitié avec amour autant pour faire évacuer l'émotion de la journée dans son ensemble que les derniers minutes passées.
Ça leur faisait un bien fou, et ce fut au bout de seulement cinq autres minutes que l'étreinte se détacha quelque peu. Pourtant, les corps étaient toujours liés, les deux amants ayant finis ensemble dans le lit de Kakashi. Tenzo avait la tête posée sur l'une des cuisses de son aîné qui était repartit dans son éternel lecture en voyant son livre orange déballé.
Pas de doute, c'était bien là l'œuvre du manieur du mokuton qui avait cherché pour son amant son moyen de décompresser. Le sien à lui étant une sieste sur les cuisses de Kakashi.
Ainsi enveloppé chaleureusement de leur habitude même loin de leur appartement, ils laissèrent les pages tournées rythmer le temps qui passe.
Puis, sans trop savoir au bout de combien de minutes, Tenzo se lança à mettre à l'oral ce qui le perturbait.
- "Cet homme qui est venu te chercher, c'est Chikanori n'est-ce pas ?"
Kakashi releva doucement les yeux de son livre pour croiser le regard sérieux de son amant. Ainsi, il ferma son roman afin d'être dans le même état que son brun.
- "Oui.
- Et il est...
- Aveugle, oui. C'est pour ça qu'il est assez tactile.
- J'aurais simplement dit que c'était ce qui expliquait ses yeux presque blancs mais peut-être est-ce effectivement bon de préciser ça aussi. Rigola Tenzo en se redressant pour finir assis en face de Kakashi.
- Aussi, avoua ce dernier en rendant l'expression douce de son vis-à-vis."
En y repensant, le brun avait trouvé cet connaissance de son amant assez beau. Il en avait déjà entendu parlé de la bouche du Rokudaime, après qu'il l'est questionné pour enfin mettre un visage sur ce nom, mais il ne le s'était pas du tout imaginé comme ça. Se l'était-il seulement imaginé en fait ? Peut-être pas finalement. Il avouait avoir espéré le rencontrer un jour pour poser directement les bons traits sur ce prénom.
En tout cas, il avait été surpris de découvrir un grand homme, fin et svelte aux longs cheveux blonds platines. Des yeux tout aussi claires que le bleu de sa tunique ressortaient doucement. Ses traits étaient fins, peut-être un tantinet plus brutes que ceux de Kakashi du à sa morphologie très décharnée qui faisait ressortir les os de sa mâchoire. Cependant, le personnage avait de suite calmé le brun.
Sûrement était-ce cette fameuse aura calme et apaisante qu'il dégageait et dont son amant lui avait déjà parlé mais c'était tellement flagrant lorsqu'on le rencontrait.
Tenzo était heureux d'avoir enfin put rencontrer cette personne qui avait été si importante pour son amant.
Puis, rompant quelque peu ce moment fluet et détendu, Rô rentra dans la pièce. Instantanément, son regard se posa sur Tenzo et Kakashi qu'il fût surpris de voir simplement assis à le regarder à leurs tours.
- "Ho, lâcha-t-il, je pensais que vous auriez profité de mon absence. Laissa-t-il sous-entendre alors qu'un petit sourire trop poli pour être honnête naquit sur ses lèvres.
- Faire quoi enfin ? Demanda Kakashi sur le même ton que son interlocuteur. Lui aussi avait décidé de le taquiner...
- Je pensais évidement à une parie de Uno, me serais-je trompé ?
- On est en mission officiellement, on n'aurait pas osé, expliqua le brun, répondant cependant à l'amusement de ses vis-à-vis.
- Ça n'a jamais empêché personne de le faire, reprit l'homme plus rustique en s'adossant au mur du bout du couloir.
- C'est sûr mais loin de moi l'idée de faire quoi que se soit avec des gamins surexcités pas loin. On n'est jamais trop sûr avec eux, surtout qu'ils sont du type à enchaîner les problèmes. Soupira finalement l'argenté en retournant attraper son livre pour se replonger dedans.
- Je dois avouer que je suis assez d'accord. Conclu Rô en repartant tranquillement s'assoir sur son lit, face à ses compagnons de chambre.
- Tu as trouvé quelque chose ? Interrogea le brun en reprenant le professionnalisme qui le caractérisait si bien.
- Non, du tout. Rien ne bouge.
- Très bien."
Puis, le calme reprit ses droits. Kakashi était plongé dans sa lecture, adossé au mur contre le lit de son brun qui préparait le rapport de cette première journée. Rô, lui, retirait son attirail ninja pour vérifier qu'il ne manquait rien avant de le ranger de nouveau minutieusement. Par pur précaution, il s'en alla placer des piège qu'il pourrait activé au besoin un peu partout dans l'hôtel.
- "Ça fait longtemps qu'il est courant ? Demanda finalement Kakashi.
- Au courant pour nous ? Je sais pas trop je dois dire mais les nouvelles vont vite dans l'ANBU. Répondit simplement Tenzo."
Ce à quoi l'argenté se contenta d'acquiescer.
Ça l'avait étonné que Rô le sache mais il était vrai que dans les forces spéciales, les ragots se répandaient rapidement. Mais il avouait avoir eu peur de s'être fait remarqué alors même que Tenzo et lui faisaient particulièrement attention à paraître en simples amis. Le Rokudaime fut rassuré de savoir que ce n'était que l'information qui avait fuité sous forme de "on-dit". Il pourrait la dissiper sans problème même si Rô était maintenant dans la confidence, l'homme était de confiance.
Le reste de l'après-midi se fana rapidement. Shizori était repassé pour convoquer rapidement les adultes de Konoha ; Shino, Anko, Kakashi, Tenzo et Rô, afin de vérifier l'emploi du temps des prochains jours. Ce fût rapide et chacun put ensuite retourner à leurs occupations.
Puis, vint l'heure du dîner et tous furent demandés pour venir se restaurer. Le même schéma que le midi se déroula ; les gamins disposés sur deux rangés de table tandis que les adultes étaient réunis tous ensemble sur la même plus loin.
C'est à ce moment là que l'équipe fit la connaissance de Chikanori qui se garda bien de faire toute mention d'un quelconque lien entre le Rokudaime et lui. Kakashi lui en remercia tout bas alors que d'un geste tactile tout à fait discret, l'homme blond lui assura que ce n'était rien.
Il n'avait beau pas approuvé le monde shinobi, il le respectait et au-delà de ça, il respectait son grand frère de cœur. De plus, Chikanori avait connaissance de la réticence de son aîné à rendre public cette partie de son passé, ce n'était pas pour rien que l'argenté n'était jamais revenu malgré leur lien.
Il avait eu besoin d'oublier, lui de rester pour continuer.
Deux façons de vivre, de voir les choses pour deux âmes se respectant profondément.
La soirée fût agréable.
Chikanori et Kakashi ne se parlèrent plus en privé pour éviter toutes suspicions mais s'échangeaient de nombreux messages par contact fluets.
Les vestiges d'un code qu'ils avaient inventé pour communiquer silencieusement tout en passant outre la défaillance de vision du cadet.
Puis, tout aussi doucement qu'elle n'avait commencé, la soirée se termina lorsque le dîner fût débarrassé. De là, Shino et Anko reprirent les rênes pour forcer ces gamins turbulents à se laver et se mettre en pyjama.
Les tours de douches donnèrent lieu à du grabuge alors pourtant même qu'ils avaient été revus avant le départ.
Pauvres professeurs, pensa Kakashi alors qu'il les quittait finalement pour lui-même passer sous l'eau après Tenzo et Rô. Comme à son habitude, il ne traîna pas. En cinq petites minutes sa peau pâle était propre et ses dents brossées.
Un de ses fameux débardeurs moulants noirs lui servit de pyjama avec un jogging de la même teinte pour le finaliser.
La cloche pour l'appel à dormir fût sonnée à vingt-et-une heure avec par la même occasion, la demande d'éteindre consoles et téléphones.
Évidemment, les cachoteries ne manquèrent pas.
Kakashi avait été désigné avec Shino pour surveiller dans les chambres de garçons et comme prévu, ce fameux Boruto fut dans le coup des crapules. L'argenté lui confisqua sa console tandis que son professeur s'occupait des leçons de morales. C'était très bien comme ça.
De l'autre côté, on pouvait entendre Anko souffler qu'elle en avait marre de ces petites filles trop sages et qu'elle s'ennuyait elle en conséquence. Pourtant, peu de temps après, c'est Tenzo qui lui prouva le contraire en revenant avec des paquets de chips et gâteaux à la main.
Sacrée Chocho, avait-il entendu. Il fallait croire que la petite plutôt baraquée n'avait pas cette passion pour les écrans mais se rattrapait avec la nourriture...
Finalement, à vingt-deux heures les gamins furent enfin matés et plus aucun ne se risqua à jouer les hors la lois. Les adultes purent s'en aller à l'heure tours dans leurs chambres.
Sur des rapides salutations de fins de journée, non sans la ressemblance avec celles de fins de missions, Kakashi, Tenzo et Rô se laissèrent aller au sommeil eux aussi.
XXX
Le réveil fût bruyant, les gamins étant surexcités de nouveau à poursuivre les visites sous l'immense attention qui les avait prit la veille.
Visiblement, cette sortie était déjà une réussite.
Kakashi était déjà levé depuis un moment avant que les couloirs ne frémissent mais voir la tête de son brun se réveiller en sursaut en entendant le tout valait bien ça. Il ne s'était pas empêché d'en rire, vite rejoint par Rô qui n'était pourtant guère mieux.
Rapidement, ils s'étaient habillés -ou avait fini de le faire- avant de sortir de leur chambre. Dans le couloir, ils trouvèrent Shino et Anko qui suivaient les enfants descendant vers le réfectoire pour y petit-déjeuner.
Dire que ces gamins n'étaient pour la plupart même pas fichu de s'habiller avant de descendre ; la grande majorité étant encore en pyjama.
Enfin, voir leur enthousiasme faisait plaisir aux adultes qui laissèrent passer.
Si la veille au soir ils avaient eu le droit à un curry délicieux, goûter à du bouillon avec du bacon grillé et un peu de riz de bon matin les fit redécoller. Il n'y avait pas à dire, ce self était décidément assez exceptionnel.
Ce fût donc après un premier repas somptueux qu'ils remontèrent finir de se préparer.
À neuf heures, ils étaient tous fin prêt à continuer ce qu'ils avaient commencé la veille.
L'excitation comme coéquipière, les enfants suivirent leurs guides une nouvelle fois sur les traces d'un passé qu'ils découvraient avec grand intérêt.
Peut-être était-ce du à l'adrénaline de visiter quelque chose appartenant au passé, ou bien le sujet de la guerre qui fascinait ces petits mais voir leurs yeux tout frétillant amusaient les adultes.
Lorsqu'ils le voulaient, ces enfants à problèmes savaient se comporter en bons ninjas.
Sous le froid de cette matinée ci, ils marchèrent de nouveau les quinze minutes à parcourir entre le gîte et la camp dans un silence calme. Comme une marche celtique de réflexion, chacun semblait plonger dans ses pensées.
Shizori, Chikanori, Misturo, Zeti et Tsuyu en meneurs, Auschwitz apparaissait bientôt avec la fin du levé du soleil comme spectateur.
Ils repassèrent devant ces railles, souvenirs encore frais dans leurs mémoires, tragiques dans d'autres. Mais à l'exception de la veille, ils continuèrent tout droit, jusqu'aux immenses bâtiments encore à l'extérieur du camp vers lesquels ils avaient vus se diriger les prisonniers non montés dans le camion.
Le groupe y arriva rapidement, entrant dedans dans un silence religieux. L'intérieur était tout à fait neutre, vide serait peut-être plus juste. Comme à l'extérieur, les murs étaient rougeâtres et le sol d'un banc poussiéreux.
On indiqua rapidement aux élèves de se mettrent en ligne pour faire face aux guides pour que chacun puisse voir et entendre.
- "Nous sommes ici à l'endroit même où était placé en premier les prisonniers, ceux destinés à rejoindre Auschwitz, le centre de concentrations/d'exterminations, commença Shizori. À ne pas confondre avec Auschwitz birkenau ou Auschwitz II qui est un complexe similaire seulement placé un peu plus loin puisque construit plus tard par faute de place.
- C'est dans ces bâtiments, celui où nous sommes est pareil aux autres dans le même secteur, que les prisonniers en état étaient emmenés. Ceux qui pouvaient marcher, ceux là même que vous avez vu hier partir vers ces baraquements en dehors du camp. Continua Misturo. Épuisés, rongés par la faim, leur malheur continuait ici. Séparés en genre, femmes d'un côté et hommes de l'autre, ils étaient placés dans ces bâtiments. Puis, commençait une partie humiliante et inhumaine.
- En effet, assura Tsuyu en regardant ses auditeurs avec sérieux. Arrivés ici avait lieu une tonte général. On forçait les prisonniers à se mettre à nus, tous ensemble en prenant soin de leur voler leurs affaires. Puis on les rasait, entièrement, comme de simples bêtes à tondre. Tout ça dans le but de limiter les microbes et bactéries qui pourraient en profiter pour s'y loger. Le typhus, une maladie particulièrement contagieuse et surtout mortelle était beaucoup répandue à cette époque et vu le nombre de personnes qu'ils transportaient et faisaient s'entasser, les gardiens les tondaient pour éviter un minimum les transmissions."
Des mains se levèrent.
- "Mais n'y avait-il pas de rebellions ? Ils étaient beaucoup ici en même temps, vous l'avez dit. Hors, le nombre de gardes ne devaient pas être équivalent. Ils auraient pu tous se rebeller et s'échapper.
- C'est malheureusement encore et toujours la même chose mon enfant, sourit tristement le directeur en reprenant la parole. Ils étaient perdus, complètement désorientés face à leur futur et le lieu même où ils se trouvaient leur était tout à fait inconnu. Le trajet en wagon ne leur avait laissé aucune chance de voir où ils allaient. Et quand bien même arriverait-ils à s'échapper. Où irait-ils ? A cette époque, c'était la guerre, si l'on trouvait une famille à protéger et héberger un fugitif, c'était l'emprisonnement voir la peine de mort. Personne n'avait envie de risquer sa vie plus que de nécessaire, l'existence en ces temps était déjà on ne peut plus difficile sans tout ça."
La réponse sembla satisfaire la repartit des élèves qui se muèrent de nouveau dans un silence attentif.
- "Après la tonte, reprit donc Zeti, un sourire rassurant aux lèvres, continuait malheureusement les horreurs. Les prisonniers étaient ensuite tatoués brutalement sans aucune précaution pour calmer la douleur. Sur leur avant-bras, leur buste leur dos ou même leur visage, il n'était pas rare de voir un amusement sanguinolent de la part des gardes à marquer comme bon leur plaisait les victimes. Je vous laisses imaginer la violence psychologique de se réveiller tous les matins avec une telle marque lourde de sens sur son corps. Les quelques survivants ont pour la plupart pas hésité à se le faire enlever.
- Et on leur tatouait quoi exactement ? Demanda Boruto après l'intervention précédente de Sarada."
Le garçon avait les mains dans les poches dans son habituel position relâchée, pourtant, on sentait dans son regard un réel intérêt.
- "J'en ai oublié le plus important, s'excusa en riant Zeti avant de se reprendre. C'était très simple, on leur tatouait des numéros, ceux-là même qui deviendront leur seul nom pendant toute la durée de leur emprisonnement."
C'était effroyable, la réaction choquée des gamins prouvait de la portée de la réalité dite. C'était abominable, totalement inhumain de déshumaniser ainsi des personnes. Pourtant, ça avait existé.
Et ce n'était que le début de cette déshumanisation que l'on faisait vivre à ces prisonniers bien trop souvent innocent, accusés à tort ou bien simplement, affilié à une idéologie contraire à celle dite "la bonne" des maîtres de ce camp. Pourtant, la diversification d'opinions devraient être une force, pas les chaînes d'une bombe à retardement.
- "Et comment faisaient-ils ensuite ? Les prisonniers étaient déshabillés, volés puis rasés et tatoués mais ils avaient besoin d'habits. On ne les laissait pas tout nus si ? Demanda finalement Chocho, une mine déconfite au visage.
- Non, les gardes leur jetaient des sortes de pyjamas rayés où étaient inscrits leur numéro ainsi qu'une étoile représentant la raison de leur venu ici. Pour exemple, les ninjas avaient un shuriken jaune, ça permettait aux gardes de savoir comment traiter chaque prisonniers et malheureusement, les shinobis recevaient le pire traitement.
- Mais que faisait-il des vêtements qu'ils avaient volés alors ? Ne put s'empêcher de questionner Sarada."
- Ils les entassaient dans un bâtiment de stockage des biens confisqués. L'endroit était plein à craqué d'objets en tout genre lorsque le camp fût libéré. Expliqua finalement Chikanori, un petit sourire désolé au visage de dire de tels monstruosités."
Ce fût un nouveau coup à encaisser pour les jeunes, une nouvelle vérité à digérer. Mais les sourires des guides, d'un rassurant sûrement affinés par les années d'expériences leur permirent de reprendre contenance. Eux avaient eu la chance de ne pas vivre ça, il était donc de leur devoir de ne plus jamais refaire telle erreur, telle cruauté.
Ce fut toujours dans ce silence religieux d'une réflexion intense mais déterminée qu'ils reprirent la route. Les guides incitant tout à fait calmement le groupe à continuer la visite tout en assurant qu'ils avaient le temps et que rien ne pressait.
Les élèves assurèrent qu'ils pouvaient continuer, la perspective de se dire que la suite serrait tout de même moins rude comme consolation en plus.
Enfin, moins dire, ça restait dans le même genre.
Le portail avec la mention du "le travail rend libre" fut vu de nouveau, puis traversé avec ce sentiment de rentrer au cœur même de l'Histoire.
Ils arrivèrent finalement dans le camp même.
Le groupe fit quelques pas entre de grands bâtiments imposants avant de rentrer dans l'un d'eux, passant des portes en fer rouillés par le temps d'un rouge pourpre assez immonde.
Comme si elles avaient aspirées le sang de ceux qu'elles avaient enfermés...
Ici et là, dans cet intérieur pas franchement différent au précédemment bâtiment se tenaient des tas de grands lits superposés à trois étages. En bois, ce qui devait servir de sommier n'étaient autre que des planches pleines, où l'on pouvait y faire dormir deux personnes, peut-être trois. Pour le confort, il faudrait repasser cependant. Par contre, l'immensité de l'endroit surprenait les enfants.
- "Nous sommes ici maintenant dans ce qui servait de "dortoirs" aux prisonniers, l'endroit où ils restaient lorsqu'ils n'étaient pas exploités pour des travaux forcés. Expliqua Shizori, son sourire rassurant toujours au visage alors qu'il montrait de sa main les meubles autour de lui."
La pièce en était littéralement rempli, tous les murs en étaient affublés. Ça rendait le tout oppressant, l'intimité devait y être on ne peu plus inexistante, certain devait en être devenu fou.
- "Dans ces lits que vous pouvez voir, enchaîna Chikanori doucement, les prisonniers étaient entassés par cinq ou six par étages. Les plus jeunes et les plus en formes en hauts tandis que les plus âgés et malades placés en bas. Tout au long de l'année, il ne disposait que d'un peu de paille pour rendre plus confortable le bois dur sur lequel ils dormaient. Il n'existait pas de vrais oreilles, ni de vraies couettes non plus d'ailleurs.
- Chaque baraquement comme celui là même où nous sommes contenait près de sept cents prisonniers. Comprenez donc que malgré les nombreux lits et le nombre excessif de personnes empilés dedans, une partie était contraint de dormir sur des bancs rajoutés par la suite, affirma Misturo en se décalant de manière à ce que les élèves voit ce dont il était en train de parler."
Effectivement, on pouvait voir de fins blancs, construits comme un seul bloc couper le côté droit et gauche de la pièce. Comment des personnes avaient put-elles dormir ici ? C'était bien trop étroit, trop inconfortable.
C'était horrible.
- "Et pourtant, ils ne profitaient jamais d'une vraie nuit même dans ces conditions plus que précaire. Le réveil était à trois heures. Après quelques détours pour notamment la toilette et le repas, les détenus étaient ensuite emmenés dehors pour une sorte d'appel qui n'avait finalement pour but que d'exterminer les plus fatigués. Les gardes mettaient tous les prisonniers, hommes et femmes séparés toujours, en ligne face à eux. Malheureusement, les températures chutent très bas dans cette région et même en plein hivers, les prisonniers devaient sortir et attendre ici pendant des heures habillés d'un simple pyjama allant plus pour l'été qu'ils devaient pourtant porter toute l'année. Hors, ils devaient se montrer fort puisque même une fois l'appel terminé où ils n'étaient plus que des numéros criés, les gardes les faisaient attendre debout dans des conditions abominables le temps qu'ils voulaient. Qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il neige, c'était partout pareil. Ceux qui s'écroulaient de fatigue ou de froid étaient instantanément tués. Voilà à quoi servait exactement l'appel ; à finir d'épuiser les pauvres Hommes pour pouvoir les achever et libérer de la place pour les nouveaux arrivants."
Zeti qui venait de parler enchaîna rapidement sur la demande d'éventuelles questions. Cette partie ci aussi était un morceau assez difficile à avaler, il avait pour consigne de la passer rapidement et de faire participer les visiteurs.
La main levée de Sarada ne se fit pas attendre longtemps pour son plus grand plaisir.
- "Mais combien de temps ils travaillaient par jour ? C'est impossible de tenir autant sans dormir assez."
Shizori lui sourit doucement avant de lui apporter réponse en reprenant la parole.
- "Sachant qu'une journée dure vingt-quatre heures, qu'ils se réveillaient à trois heure pour jusqu'à quatre heures d'appel. Que le travail débutait à sept heures et ne s'arrêtait que pour l'appel du soir qui finissait la journée et durait plusieurs heures aussi. Le moment de dormir tournait autour des vingt-trois heures, je te laisses calculer."
La petite Uchiwa trouva la réponse bien vite mais fut choquée de ce qu'elle était.
- "Treize heures de travail par jour !? Mais c'est invraisemblable, surtout pour seulement quatre heures de sommeil. S'épouvanta la jeune fille.
- Pourtant ça tournait bien autour de ça. Répondit tristement Chikanori. On compte entre douze et quatorze heures de travail par jour pour peut-être une heure de pause pour les repas en une journée. La nuit restait le seul moment où les prisonniers pouvaient se reposer, même si ce n'était que pendant quatre heures."
Vu leurs visages, Kakashi voyait bien que ça secouait vraiment ces gamins. D'un autre côté, se serrait l'inverse qui serait finalement inquiétant.
L'argenté les comprenait bien, lui-même et en mettant son passé de côté était révulsé de l'existence d'un tel lieu. C'était horrible, c'était Auschwitz.
Voyant que les petits n'avaient plus de questions, les guides proposèrent de rentrer, les onze heures trente sonnant, pour aller manger. L'optique de déguster un délicieux repas redonna un minimum contenance aux élèves que de fins sourires vinrent prouver.
Il n'y avait finalement pas à dire, ces presque adultes savaient comprendre la gravité des choses.
Pourtant, s'ils venaient de découvrir un bref aperçu de l'horreur des camps de concentrations, la suite du programme n'allait pas les épargner.
Le camp d'extermination les attendait.
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