Chapitre 9 - Espoirs brisés

Après le repas, que nous avons pris sur le terrain, assis en tailleur, Julia et moi devions rentrer. Notre père ne devait pas tarder à arriver à la maison.

- On vous accompagne, lâche Shawn.

- Peut-être qu'on pourra le convaincre en lui parlant, acquiesce Kevin.

- C'est décidé, on accompagne tous Axel et Julia ! Lâche Tori. On va pas les laisser partir comme ça ! Hein les gars ?

Mark pose sa main sur mon épaule.

- On fera tout pour vous garder.

Je souris doucement et pose un baiser sur ses lèvres.

- Merci.

Nous sortons, tour à tour. Nelly est la dernière, vérifiant qu'on ait rien oublié. Une fois, on a enfermé Nathan dans le local sans faire exprès. Il y est resté deux heures.

- J'ai l'impression d'avoir oublié un truc, pas vous ? Lâche Sam en grattant sa chevelure orange.

- Si c'était quelque chose ou quelqu'un d'important, on s'en souviendrait, rétorque Max, qui a une sucette dans la bouche.

- Et si on passait acheter un truc à manger ? J'ai faim moi !

- T'as toujours faim, Jack, lâche Kevin, qui tient fermement la main de Shawn.

Discrètement, je regarde le cou de Mark, caché par son col. Il y a quand même un petit bout du suçon qui dépasse. Je souris et attrape sa main doucement. Il lève les yeux vers moi et sourit.

- Je crois savoir ce qu'on a oublié, dis-je.

- Quoi ? Demande Erik.

- Les boulettes ?

- Non, Jack, réplique Tod.

- On a oublié Nathan, encore une fois ? Propose Bobby.

- Non, non, je suis là !

- Bah qui alors ? Demande Darren.

- Je vous laisse chercher, dis-je.

Quand même, ça fait du bien. Mark me demande à l'oreille qui il manque.

- Jude. On l'a laissé à son arbre.

- Ah mais oui !

Pauvre Jude. Et quand je dis ça, je mens. Bien fait pour lui. J'entremêle mes doigts avec ceux de mon "copain", souriant légèrement.

- Au fait...

- Mh ?

- On est ensemble ? Me demande Mark.

- Bah oui, pourquoi ?

- Tu crois que tes parents vont apprécier ?

- Je leur demande pas leur avis, rétorquai-je. Même si je voulais épouser Jack, je leur demanderais pas.

Il pouffe de rire, avant de poser sa tête sur mon épaule.

- Est-ce que ça veut dire que tu veux m'épouser ?

- Pour l'instant, oui. Il se peut que l'un de nous fasse une bêtise et qu'on se haïsse toute notre vie, mais là, maintenant, si on était adultes, je t'épouserais.

Il détourne le regard, gêné.

- Ce que je veux dire, c'est que c'est toi que j'aime. Peut-être qu'un jour j'aimerai quelqu'un d'autre et toi aussi, mais je ferai en sorte que ça n'arrive pas.

- Pour toi ou moi ?

- Oh, les deux. Tu connais Yandere Simulator ?

- Heu, non, c'est quoi ?

- Ce sont les joueurs de Otaku qui m'ont montré. Je t'expliquerai.

J'ai à peine le temps de terminer ma phrase que nous arrivons devant chez moi. Je me mets dos à la porte, en attendant les autres :

- Bon, le premier qui fait n'importe quoi se fait sortir avec le derrière en feu, pigé ?

- Pas besoin.

Je me retourne vivement. Mon père est juste derrière moi.

- Vous êtes des amis d'Axel ?

- Oui, ce sont mes amis. Je te les présente ?

- Je suppose que vous n'êtes pas, ou au contraire, vous êtes au courant. Axel s'en va à Okinawa finir ses études.

Il a complètement éludé ma question. Bon, on va y aller franco. Je me plante devant mon père et le fixe dans les yeux.

- Je veux savoir ce que c'est que ce plan de m'envoyer à Okinawa.

- Nous avons longuement parlé avec ta mère. Ce club de football, ainsi que son collège sont trop dangereux. Vous avez affronté des extraterrestres, certains étaient blessés à tel point qu'ils ne pouvaient plus marcher, et, cerise sur le gâteau, le capitaine qui finit au sol à chaque match. Nous ne te laisserons pas dans cette équipe, au risque de finir comme Julia.

- Comme Julia, tu veux dire sur un lit d'hôpital ?

- Exactement.

- Julia m'a toujours encouragé, même dans le coma. Je veux faire du football avec mes amis, alors j'en ferai. C'est tout.

- Axel, tu es en danger, ici.

- Moi, en danger ? Regarde ceux qui ont été sur un lit d'hôpital. Ils sont remis, ils sont en pleine forme ! Au fait, ce n'étaient pas des extraterrestres mais des humains, comme toi et moi.

Nous nous fixons du regard, jusqu'à ce que Julia prenne la parole :

- Papa, s'il te plaît, laisse Axel jouer encore avec ses amis...

- Rentre immédiatement.

- Mais...

- Maintenant.

Vaincue, elle lâche ma main et entre. Je soupire, et ferme les yeux, serrant la main de Mark.

- Très bien. J'ai tenté. Maintenant, je laisse mes amis essayer. Et crois-moi, il y a des têtes de mule dans le lot.

Chacun essaye. Tous, les uns après les autres. Rien n'y fait. Puis, il ne reste que Mark, qui n'a pas dit un mot depuis le début, la tête baissée.

- Monsieur, je ne veux pas qu'Axel reparte. Il a déjà abandonné le football une fois. Il s'est fait virer de l'équipe deux fois à cause de Julia. Maintenant qu'elle va mieux, vous voudriez continuer de lui faire subir ça ? Nous sommes une équipe. Si l'un de nous s'en va, nous ne pourrons jamais le remplacer. Un autre joueur à sa place sur le terrain, oui, mais un ami, non. Et encore moins quelqu'un qu'on aime.

Il serre ma main fortement, mais pas trop. Il lève la tête vers mon père, qui l'écoute sans un bruit.

- Je suis le capitaine. Oui, j'ai commis des erreurs, oui, j'ai failli voir le club disparaître. Mais je me suis accroché. On s'est tous accrochés ! On est champions, on a vaincu des "extraterrestres" comme vous dites, qui sont maintenant heureux de jouer avec nous au foot. J'ai beau me prendre des dizaines de ballons dans la figure, ça ne m'enlève en rien le plaisir de jouer avec mes amis. Axel est très important pour nous. Pour moi. Alors je vous en prie, revenez sur votre décision.

Mon père pose une main sur son menton, qu'il frotte.

- Quel est ton nom, jeune homme ?

- Mark Evans, monsieur...

- Très bien, Mark Evans. Tu as dit, indirectement que Axel était quelqu'un que tu aimais, et qu'il était important pour toi. Dois-je en conclure que en plus de tout ça, tu l'aimes ?

- Je l'aime et il m'aime. Quel est le problème ?

- Le football fait tourner le cerveau des crétins qui y jouent jusque là, alors ?

- Eh ! Vous vous prenez pour qui ?! Crie Kevin, qui, apparemment, se sent concerné.

- Axel, rentre et prépare tes affaires. Vous, partez, ou j'appelle la police, c'est clair ? Allez vous-en !

- Objection !

Je tourne la tête, comme tous les autres, vers la clôture qui nous sépare du voisin. "Il" saute dans mon jardin et s'approche de mon père.

- Toi ! Lâche mon père.

- Vous m'avez reconnu ? Quelle joie d'être célèbre.

- Jude... souffle Mark.

Je me demande comment il s'est libéré... Ouais, c'est pas le moment.

- Avez-vous déjà entendu parler du Manchot empereur numéro un ? C'est une technique interdite, terriblement puissante, que celui qui la prend de plein fouet peut finir avec une jambe cassée, voire plus. Mais son utilisateur aussi, voit ses membres détruits. Je l'ai interdite dès que je suis devenu capitaine de la Royal Academy.

- Tu... tu es Jude Sharp ?! Je croyais que tu étais à Raimon !

- Je le suis.

Jude perd son sourire. Il fixe mon père.

- Sachez que si c'est pour garder Axel avec nous, je n'hésiterai pas une seconde à utiliser cette technique sur vous, quitte à devoir passer à l'hôpital et en prison.

- Ju-Jude ! Tu n'es pas sérieux ? Lâche Nathan.

Jude se tourne vers Nathan, un regard noir se voyant même à travers ses lunettes. Il est alors repoussé au loin par mon père, qui a trop vite repris son sang-froid. Il me tire par le bras et me jette à l'intérieur. Son téléphone dans une main, l'autre fermant la porte, j'ai tout juste le temps de courir à la porte, bien qu'un peu sonné.

- Laisse-moi passer ! Je ne veux pas ! Laisse-moi sortir ! Mark !

- Presque... encore un peu... je vais te tirer de là... !

Nos doigts se frôlent tout juste, et la porte se claque sous mes yeux. Les verrous sont fermés. Je grimpe à l'étage. Il y a une fenêtre, je peux m'enfuir. Je peux. Je peux. Je dois.

Je pousse la porte du grenier et me dirige vers la fenêtre. Elle est trop petite pour que je passe. Je peux à peine croiser le regard de Mark. Une sirène de police se fait entendre. Il reste planté là. Nathan le secoue, criant de partir. Il sort son téléphone. Le mien vibre.

"Je t'attendrai. Je t'aime."

"Je te sortirai de là."

Alors que je m'apprête à lui répondre, mon paternel saisit mon téléphone.

- Rends-moi ça !

- Tu es un Blaze. L'aimer est une erreur. Que dira-t-on en voyant que mon fils aime les hommes ?

Il jette mon téléphone au sol, et le brise à l'aide de son pied. Je lui crie d'arrêter. Je lui hurle de s'en aller. Il s'arrête. Mon téléphone est en miettes. Je suis à deux doigts de lui sauter dessus. Il se dirige vers la porte, et la ferme après sa sortie. Il ferme à clé. Comprenant rapidement, je me mets à frapper la porte de mes poings.

- Laisse-moi sortir ! Maman ! Julia ! Que quelqu'un m'ouvre ! Quelqu'un ! Ouvrez-moi !!

Je tente de frapper la porte avec mon pied, mais rien n'y fait. Je tombe au sol, sur les fesses, contre la porte.

- Merde... Merde !

Je lâche un cri, la tête entre mes mains, mêlant douleur, rage, colère et tristesse. Mon esprit veut de la liberté. Il hurle pour qu'on lui rende. Mon cœur, lui, hurle pour revoir Mark au moins une fois. Au moins un dernier baiser. Une dernière étreinte. Un dernier "je t'aime".

- Laissez-moi sortir... laissez-moi le voir... Mark... s'il vous plaît !

Je ne pleure pas mais j'ai mal. J'ai envie de pleurer mais j'ai autre chose à faire. Pourquoi est-ce une erreur que de l'aimer ?

Je dois sortir. Je veux sortir. Je le hais. Je le déteste. Je le déteste. Je te hais. Je te hais !...

...

...

...

Je déteste quand ma colère se transforme en larmes.


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