Un Noël parfait
OS Merthur (Merlin x Arthur, de la série BBC Merlin)
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Irlande, Galway, maison de Merlin, 24 décembre 2024, milieu d'après-midi
« Non... non plus... non... »
Merlin eut un claquement de langue frustré, agita encore la main. Sa magie ronchonna mais obéit, remplaçant les guirlandes de Père Noël en papier qui décoraient les murs du salon par des guirlandes de poinsettias en papier. Mais cela ne convenait toujours pas au magicien. Ce n'était pas le bon rouge, pas la bonne matière. Tout devait être prêt avant le coucher du soleil, soit dans deux heures grand maximum. Or, il avait passé tout ce temps à se prendre la tête à cause des guirlandes du salon. Il lui restait beaucoup de choses à faire...
Une par une, parce que Merlin était toujours perfectionniste quand cela concernait un certain crétin royal, il fit changer la couleur et la matière des fleurs afin qu'elles soient parfaites. Désormais en velours de soie, les fleurs enchâssées sur du fil d'or pour former une guirlande suivaient une alternance très précise : rouge Pendragon à paillettes, rouge Pendragon, or à paillette, rouge Pendragon, et rouge Pendragon à paillettes.
Satisfait, Merlin eut un hochement de tête.
« Parfait. »
Il fit un vaste geste de la main, et sa magie se répandit en ondes dorées dans l'immense maison – parce qu'évidemment que le crétin royal avait décrété que leur maison serait immense et luxueuse au possible, dans le quartier le plus huppé de la ville. Des guirlandes de poinsettias s'enroulèrent autour des poutres et des colonnes, d'autres de ces fleurs couronnèrent les meubles, les cadres-photos et les tableaux – Merlin se refusait à appeler « œuvres d'art » les photos et peintures qui représentaient des choses du type une banane scotchée au mur – et toutes les décorations de ce type suivaient la rigoureuse alternance établie sur les guirlandes du mur. D'immenses vases blancs et dorés – car réparés avec l'art ancestral du Kintsugi, art qui fascinait Arthur – apparurent, encadrant chaque porte avec leurs bouquets de poinsettias, vraies cette fois.
« Tu as trouvé l'inspiration, à ce que je vois. »
Merlin se tourna vers la voix, qui s'avérait être celle de Lancelot. Celui-ci avait visiblement terminé de ranger les courses que le magicien lui avait demandé de faire, avec l'argent d'Arthur mais il n'avait pas besoin de le savoir, afin de préparer le repas du réveillon.
« En effet. », sourit Merlin, en libérant quelques étincelles de magie qui habillèrent leur luxueux canapé en cuir immaculé d'un chaud et doux plaid avec des poinsettias rouges et dorées comme motif. « Encore merci de t'être occupé des courses. »
« Avec plaisir mon ami. C'est le premier Noël d'Arthur depuis son arrivée dans le monde moderne, c'est normal que tu veuilles que tout soit parfait. »
Le magicien eut un sourire reconnaissant, avant que son téléphone ne vibre.
« C'est un message de Léon. », informa Merlin en ouvrant la notification pour répondre. « Arthur et lui viennent de passer Maynooth. J'ai officiellement moins de deux heures pour tout terminer. Lance, rentre chez toi. Gwen va demander à Morgane de me maudire pour l'éternité si je te retiens plus longtemps. Et l'éternité, c'est long, je sais bien de quoi je parle. Allez, ouste ! »
« Joyeux Noël Merlin. », sourit Lancelot. « A demain soir, pour le fêter tous ensemble. »
Merlin hoche joyeusement la tête, puis exhorta son ami à rejoindre l'ancienne Reine de Camelot, dans une relation polyamoureuse avec Lancelot et Morgane. Cependant, avant de s'en aller, l'ancien chevalier prit le temps de lui préciser qu'il avait pris assez d'alcool pour que même Gauvain finisse saoul, ce dont le magicien lui fut reconnaissant. Les alcools du mini-bar du salon et de la chambre à coucher étaient réservés à l'usage personnel d'Arthur et de Merlin, les soirs où la nostalgie les prenait à s'étendre des heures entières, bouteilles après bouteilles, sur leur vie passé, sur comment, après Camlann dont il était ressorti vivant et après avoir unifié Albion et légalisé la magie, Arthur avait laissé le royaume aux mains expertes de Guenièvre avant de partir avec Merlin vivre une existence de nobles de campagne dans un charmant petit manoir non loin de la cité de Camelot – afin qu'Arthur puisse continuer à entraîner les chevaliers et les mener au combat et que Merlin, Enchanteur de la Cour de Camelot puisse assurer ses fonctions auprès de Morgane, devenue l'Enchanteresse de l'Armée de Camelot, ait besoin de ses conseils et de sa magie. Il fallait dire que, après avoir passé des années sous un sortilège de Morgause pour en faire son arme la plus fidèle et la plus puissante, un sort si savamment lancé que même la mort de la sorcière n'avait pu le lever... il fallait dire que Morgane excellait dans la magie offensive – comprenant également tout rituel et sort visant à soumettre le corps et l'esprit – tandis que la magie protectrice – comprenant ce que beaucoup appelaient des miracles, contre l'avis de Merlin, comme faire pleuvoir en pleine sécheresse – relevaient bien plus du domaine de Merlin, en tant qu'Emrys.
(Même si, en soit, ces distinctions n'avaient que peu de valeur : si Morgane était l'Enchanteresse de l'Armée, c'est Merlin qui allait au combat quand Arthur y allait et Morgane qui protégeait la cité aux côtés de Guenièvre – avec qui elle avait une relation amoureuse depuis aussi longtemps que Merlin se souvenait. La période de la magicienne sous l'emprise de Morgause avait été une épreuve pour la servante devenue Reine.)
Enfin, tout cela pour dire que les alcools des mini-bars du manoir étaient réservés à ces soirées de nostalgie auxquelles Arthur et Merlin se livraient au moins une fois par mois depuis le retour à la vie du blond en février dernier. Et puisque Léon et Gauvain – qui s'étaient auto-proclamés gardes du corps de Merlin, puis du couple, bien avant qu'Arthur ne les engage officiellement – devaient passer la soirée avec eux, il était nécessaire que Gauvain ait à sa disposition assez d'alcools à son goût pour ne pas aller fouiller parmi les leurs.
Merlin raccompagna Lancelot, puis fit un passage par les cuisines, où la cuisinière en chef accrochait justement son tablier, annonçant la fin de sa journée. Elle l'informa que tout était prêt pour le soir-même, conformément à la demande du magicien – et de l'accord qu'ils avaient passé en septembre, à savoir un salaire mensuel doublé jusqu'au nouvel an, à condition qu'elle accepte de se charger du repas pour Arthur, Léon, Gauvain et lui, parce qu'honnêtement, Merlin savait qu'il n'aurait pas le temps de s'en occuper autrement qu'avec la magie et sa magie excellait autant en cuisine qu'en guérison, et il ne voulait pas de ça. Merlin la remercia, jetant des sorts de conservation sur le repas afin que tout reste fraîchement préparé et chaud d'ici à ce qu'il soit consommé, puis autorisa la femme à prendre congé et ainsi débuter ses vacances de quinze jours.
Il alla ensuite se charger de préparer la table du repas, sans autre usage de la magie que pour changer l'apparence de la vaisselle parce qu'un certain crétin royal était prêt à dépenser une fortune pour une maison et un train de vie de luxe mais pas pour une vaisselle digne de ce nom pour les grandes occasions. Ainsi, toute la vaisselle se retrouva faite d'or, de cristal et de rubis, conformément au thème « Couleurs Pendragon » que Merlin avait mentalement établi et qui décorait désormais l'entièreté du manoir. Il prit même le temps de couronner chaque chaise de poinsettias rouges et dorées. Il plaça ensuite, à la main, des bougies rouge Pendragon devant toutes les fenêtres du manoir, dans la plus pure tradition irlandaise, ce qui lui prit un temps considérable – une heure, comme l'indiqua l'horloge en forme de chouette installée dans un couloir et qui jurait complètement avec l'esthétique générale du manoir, comme chaque pièce que Merlin avait fait sienne.
Comme prévu dans le plan monté avec ses amis, Arthur, en voyage d'affaires à Dublin depuis deux jours, passerait à son bureau à Galway pour déposer les documents de Dublin et se préparer avec Léon – qui l'avait accompagné – pour la soirée, car « oh, la soirée aura commencé plus d'une heure auparavant, nous ne pouvons pas nous y rendre non seulement en retard mais également non apprêtés ». Soirée qui, officiellement, rassemblait tous leurs amis de l'époque de Camelot, mais, comme précisé, cela faisait partie du plan. En réalité, en dehors du couple formé par Léon et Gauvain, leurs amis passaient le réveillon avec leurs familles.
« Tu devrais aller te préparer Merlin. », fit Gauvain, ayant enfin terminé sa mission de vérifier tous les systèmes de sécurité du manoir pour que cette soirée se passe dans la plus grande tranquillité et ayant même eu le temps de s'apprêter pendant que Merlin installait les bougies. « Ta Princesse arrive dans moins d'une demi-heure ! »
Merlin eut un petit rire, mais fila sous la douche puis s'habilla, enfilant notamment un affreux pull de Noël avec des pompons et des mini-guirlandes de Noël dont les ampoules s'allumaient grâce à la magie ainsi qu'un bonnet de Noël. Juste à temps, car il se passa moins de cinq minutes avant que Gauvain, qui guettait l'arrivée de la voiture par une fenêtre, ne le prévienne qu'ils étaient arrivés.
Merlin eut tout juste le temps d'arriver dans le hall qu'Arthur, suivi de Léon, ouvrait la porte, magnifique dans son costume rouge Pendragon et or. Le Roi qui fut et qui sera eut un sourire en coin amusé en voyant l'accoutrement ridicule mais si Merlin du magicien.
« Fy nghariad, tu es magnifique. », railla à moitié Arthur.
« Je vais ignorer ton ton railleur, fy anwylyd. », s'amusa Merlin. « Tu m'as manqué. »
Se disant, il vint déposer un léger baiser sur les lèvres du blond, mais ce dernier ne le laissa pas s'écarter et l'entraîna dans un long et tendre baiser, laissant Léon et Gauvain se retrouver également.
« Puis-je savoir où sont nos autres invités ? », finit par demander Arthur, lorsqu'ils se détachèrent. « Je n'ai vu aucune voiture dans la cour. »
Merlin eut un sourire angélique et innocent, amenant l'ancien Roi de Camelot a plissé les yeux.
« Dans quel ennui t'es-tu encore fourré, Merlin ? »
« Mais aucun ! », fit le concerné, outré. « N'as-tu rien remarqué ? »
« Tu as changé la décoration. », répondit Arthur, qui l'avait évidemment remarqué au premier coup d'œil. « Mais cela ne répond pas à ma question. »
Merlin roula des yeux.
« Il n'y a pas d'invités. A moins que tu ne comptes toutes les bouteilles d'alcool pour Gauvain. Cela faisait partie de mon plan. Viens ! »
Le magicien lui prit la main et l'entraîna au salon, où Gauvain, étrangement habile cuisinier, avait déposé un plateau avec des chocolats chauds, comme chacun les aimait. Arthur observa, admiratif, le travail de décoration, tout ce rouge et cet or qui lui rappelait Camelot mais surtout leur petit manoir que Merlin aimait décorer de ces couleurs à l'approche de Yule. Au pied de l'immense sapin – des immenses sapins, il devrait dire, puisqu'il y en avait un dans la plupart des pièces du manoir – il y avait des dizaines de cadeaux, et toutes les bougies créaient une ambiance intimiste mais familière, plus familière que ne l'avait jamais été leur foyer.
Arthur sourit, attendrie de l'attention que son cher et tendre avait porté au détail – comme toujours – puis dénoua son nœud papillon doré pour venir s'installer royalement sur le canapé. Léon et Gauvain s'installèrent sur le fauteuil à côté, Merlin se blottit contre le blond, et un mouvement de la main amena magiquement chaque tasse à son propriétaire tandis que le plaid installé plus tôt par le magicien s'enroula amoureusement autour du couple – que Gauvain se plaisait à appeler « le couple de la magie », l'un étant né de la magie et l'autre étant la magie en elle-même.
Le blond lâcha presque un soupir apaisé, heureux qu'il était de ce Yule – Noël, pardon – parfait. Après quasiment un an dans le futur, il avait craint cette période de l'année où chacun se réunissait avec sa famille. Mais désormais, sa famille se limitait à Merlin, Gauvain et Léon – qui était aussi immortel que Merlin puisqu'il avait été soigné avec la Coupe de la Vie.
Avec Merlin, Léon avait profité du dernier demi-siècle pour monter une entreprise dans les nouvelles technologies – Albion Tech, bien que le secret de l'entreprise résidait depuis le début en le fait que la moitié des employés et notamment des chercheurs étaient des utilisateurs de magie, ce qui leur permettaient, en alliant technologie et magie, de révolutionner le monde en repoussant toujours plus loin les limites du possible sans jamais avoir d'impact négatif sur l'environnement. L'ancien chevalier prévoyait d'en laisser la direction à Arthur lorsqu'il serait de retour, retour prophétisé en 1953 par une vision de Merlin. Désormais devenu une multinationale surpassant toutes les autres dans son domaine, Arthur avait repris les rênes six mois plus tôt et dirigeait avec le même talent qu'il avait autrefois employé à diriger Camelot. Arthur tirait des bénéfices d'Albion Tech un salaire à lui seul largement supérieur à la fortune d'Elon Musk, un revenu qui ne représentait toutefois, avec celui des actionnaires, que dix pour cent du bénéfice total de l'entreprise. Le reste était dédié aux salariés : une partie leur était versée de façon proportionnelle à leurs efforts annuels, et l'autre était réemployée à améliorer leurs conditions de travail. Le blond réinjectait également la moitié de son salaire dans le financement des recherches de ses employés. Cela permettait à Merlin, son assistant personnel, de verser la grande majorité de son propre salaire à des associations humanitaires et écologiques tout en vivant de façon suffisamment aisée pour ne pas avoir à se soucier de comment terminer le mois – chose qui malheureusement arrivait souvent au peuple du temps de Camelot.
Arthur but une gorgée de son chocolat chaud, revenant au présent et au rire de Merlin suite à une blague idiote de Gauvain. Sa famille proche se résumait désormais à ces trois hommes et à Morgane, et il savait que rien n'aurait été possible sans la loyauté et le dévouement inébranlable de Merlin envers lui. Sans lui, rien de ce qui composait cet instant de paix n'aurait été possible. Sans lui, et Léon, tout ce qui pavait sa vie depuis son retour aurait été impossible.
« Arthur ? », s'inquiéta le magicien, trouvant l'interpellé silencieux depuis beaucoup, beaucoup trop longtemps.
Le blond se tourna vers lui et lui fit un sourire rassurant, avant de déposer un baiser sur le bout de son nez, faisant rougir Merlin.
« Je t'aime trysor. Que ce Noël, et tous les suivants, soit heureux. »
Merlin l'embrassa, essayant de lui transmettre tout l'amour et toute la tendresse qu'Arthur lui inspirait.
« Joyeux Noël cariad. »
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Fy anwylyd = gallois pour « mon/ma bien-aimé.e »
Anwylyd = gallois pour « bien-aimé.e »
Cariad = gallois pour « amour »
Fy nghariad = gallois pour « mon amour »
Fy anwylyd = gallois pour « trésor »
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