Eilin et Emrys' week-end : Noël dans le futur
OS tiré de ma fanfiction sur la série Merlin de la BBC, Eilin et Emrys. La lecture du chapitre 73 est le minimum requis, mais il est préférable d'avoir lu jusqu'au chapitre 76 pour une totale compréhension du contexte
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France, Camargue, Avalon-le-Lac, 21e siècle, maison d'Hunith, chambre d'Aurore, soir du 24 décembre 2023
« Yule... enfin, Noël, je suppose... »
Morose, Dame Aurore d'Ealdor, Chevalière honoraire de Camelot, leva son verre de cidre à la lune, qui brillait dans le froid hivernal qui s'engouffrait par la fenêtre ouverte.
Cela fait quatre mois qu'elle avait atterri dans le futur. Quatre mois et quinze jours depuis son arrivée, quatre mois et quatorze jours depuis son réveil, si un saugrenu avait décidé de tenir le compte – et elle le faisait.
« Quatre mois et quinze jours. », marmonna Aurore, lasse, en entendant les cloches de la ville sonner minuit.
Elle termina son verre, le posa dans un coin, et s'accouda à la fenêtre pour mieux sentir le froid glacial et l'odeur de la neige. Elle avait froid, mais ce n'était rien comparé à ce qu'elle ressentait.
Camelot lui manquait. Merlin, Guenièvre, Arthur, Nahida, ses esprits... même la sorcière Morgane lui manquait, c'était dire. Elle avait Moonlight et les réincarnations de ses amis et de son frère, mais cela ne valait pas son foyer. Aussi ressemblants soient-ils, ils n'étaient pas les personnes qu'elle connaissait, et en cette période de fête, leur absence se faisait d'autant plus ressentir.
Bien sûr, Arthurine et Merlin – en couple depuis près de trois mois – faisaient de leur mieux avec Guenièvre pour lui remonter le moral au fur et à mesure que l'esprit de Yule – de Noël – s'installait dans les rues. Mais rien n'y faisait, parce que Yule – Noël – était une fête que l'on célébrait avec ses proches, mais ses proches étaient près de mille ans en arrière dans le temps. Au Moyen-Âge, comme les gens de cette époque appelaient ce temps-là.
Avec un soupir, elle regarda son Gnosis. S'il brillait d'une douce lumière turquoise, merci aux pleines lunes qui le rechargeaient lentement mais sûrement en magie, il était loin encore de l'éclat qu'il avait à Camelot. Parce qu'elle n'était pas à Camelot.
Son chez-elle lui manquait. Son foyer lui manquait. Elle voulait rentrer, mais elle avait parfois l'impression qu'elle resterait bloquée à jamais dans le futur, malgré ce que disait son homologue du futur. Cette nuit-là était un de ces moments. Elle était dans une époque étrangère, lointaine de la sienne et ses proches, durant la période de l'année où le monde entier célébrait en famille. Mais elle n'était pas avec sa famille.
Elle secoua la tête. Elle radotait. Cela lui arrivait souvent ces derniers temps.
Elle redressa la tête lorsque de doux coups contre sa porte retentirent.
« Chérie, je peux entrer ? »
Pour seule réponse, Aurore laissa le vent ouvrir à sa petite-amie, restant accoudée à la fenêtre ouverte. Guenièvre frissonna en entrant dans la pièce, mais s'approcha doucement et vint enlacer la chevalière.
« Mais tu es glacée !! Depuis combien de temps es-tu devant cette fenêtre ?! », s'inquiéta la brune en frictionnant sa chère et tendre pour la réchauffer.
Aurore ne réagit pas particulièrement, amenant Guenièvre à l'enjoindre à se lever. Elle ferma la fenêtre, coupant l'air froid de l'hiver et permettant au chauffage de réchauffer la pièce et l'Archon Anémo. Elle la conduisit ensuite jusqu'à son lit, la fit asseoir dessus et l'enroula dans un énorme plaid bien chaud. Elle s'accroupit ensuite près d'elle et lui prit les mains.
« Chérie... parle-moi... »
« ... tu sais déjà ce qu'il se passe. »
« Certes, mais je vois bien que tu es encore plus mal que d'habitude. »
Aurore ne répondit pas. La pièce se réchauffait, son corps aussi, mais elle avait toujours aussi froid à l'intérieur. Elle se sentait si seule en cette période de fête, malgré la présence de Merlin, Lancelot, Hunith et Guenièvre – dont les origines gitanes de la famille faisaient qu'ils ne faisaient la fête que le 25 décembre, ce qui lui avait permis de passer le réveillon avec la famille des jumelles. Mais rien ni personne ne pouvait remplacer son Lirou, sa Gwenny, et Arthur. Pas même leurs réincarnations.
Guenièvre regarde longuement sa belle. Ces derniers temps, elle avait tout essayé pour lui remonter le moral. Elles avaient compté les étoiles ensemble, dans la vieille maison du ranch Mistral, elles avaient galopé à toute allure sur la plage, sous l'égide chaleureuse de cette voûte céleste qui avait toujours réconforté la chevalière, elle lui avait préparé ses plats préférés du temps de Camelot, elles avaient préparé du vin des milles vents... sans même parler des efforts d'Arthurine et de Merlin. Mais absolument rien n'y faisait. Il y avait encore une chose qu'elle n'avait pas essayé, mais elle n'était pas sûre de vouloir le faire. Parce que c'était lui mentir et la tromper, d'une certaine façon.
Mais peut-être cela valait-il le coup d'essayer. Elle n'avait pas d'autre idée pour essayer de rendre à Aurore son sourire, pour la sortir de ce tourbillon qui l'enfonçait plus bas que terre. Si, pour un instant, cela permettait à la chevalière de se sentir moins seule, de retrouver ce foyer qui lui manque tant, alors cela en valait la peine.
« Je reviens. »
Guenièvre embrassa une Aurore très perplexe, mais celle-ci ne bougea pas. La brune revint quelques minutes plus tard, et la chevalière ouvrit la bouche, stupéfaite, l'air de ne pas en revenir.
Guenièvre Roma, sœur aînée d'Angelo Roma, était habillée et coiffée à la mode de Camelot, exactement comme si sa Gwenny l'avait rejointe à cette époque si étrange et triste.
« ... Gwenny ? »
« Ella. », acquiesça Guenièvre.
Elle savait. Aurore savait que ce n'était pas sa Gwenny. Elle ne pouvait l'être. Mais pourtant, l'illusion était si parfaite. Chaque boucle était à sa place, telle que sa Gwenny les coiffait, et elle portait sa magnifique robe lavande avec son corset blanc et fleuri, cet ensemble qui lui allait si bien, qui faisait écho à toute la douceur et la pureté de la brune. Tout était comme si elle n'était jamais partie, dans une pièce qui ne leur était pas contemporaine.
Déroutée, Aurore ne sut quoi faire lorsque Guenièvre vint s'asseoir près d'elle, sur le lit. La brune amena la tête de la chevalière à venir se reposer contre elle, et la déesse huma son odeur si douce, retrouva avec les larmes aux yeux son odeur de printemps, comme si sa Gwenny plongeait tous les matins dans un océan de fleurs, une odeur si différente de l'odeur d'agrumes que Guenièvre se plaisait à porter au vingt-et-unième siècle. Cette odeur lui avait tant manqué. Cette odeur, c'était Camelot. C'était Guinny.
Alors, quand Guenièvre vint l'embrasser, si elle eut l'idée de la repousser, troublée qu'elle l'était par Guenièvre jouant le rôle de Guinny, elle n'eut pas la force de résister plus de quelques secondes. Guenièvre l'embrassait comme Guinny peu avant son saut dans le temps, de cette façon si douce, si pure, comme si son monde ne se résumait qu'à la chevalière, comme si elle faisait fondre la neige d'hiver avec le soleil de printemps.
Le froid avait quitté Aurore, remplacé par une douce chaleur depuis que l'odeur fleurie de sa Guinny l'enveloppait. Et cette chaleur ne fit qu'augmenter au fil des minutes, au point de devenir insoutenable. Mais Aurore se laissa brûler avec joie. C'était le foyer, c'était Guinny. Elle n'avait plus froid, elle ne se sentait plus seule.
C'était chaleureux et familier. C'était la maison.
Le jour pointait timidement le bout de son nez lorsqu'Aurore se réveilla. Guenièvre était déjà réveillée et la regardait avec tendresse, la couverture ne laissant voir que sa tête pour la conserver au mieux au chaud. Lorsqu'elle remarqua que la chevalière était réveillée, elle lui fit un tendre baiser sur le nez.
« Joyeux Yule Ella. »
Aurore sourit doucement, pleine de tendresse pour la jeune fille, puis vint impulsivement se mettre sur elle. Guenièvre haleta à ce contact, mais la déesse l'embrassa avec ferveur, comme si elle cherchait lui extirper tout l'air pour mieux le partager. Ce baiser lui fut rendu avec la même passion, et seul le manque d'air leur fit rompre leur étreinte.
La chevalière regarda les lèvres de Guenièvre, rouges et brillantes d'avoir été trop embrassées, et y déposa le plus tendre des baisers papillons. Elle lui caressa avec douceur la joue, et lui sourit, ses saphirs bleus étincelant d'amour rivés au doux chocolat de sa petite-amie. Quand elle la regardait comme ça, Aurore ne pouvait qu'être certaine que tout ira bien, quoi qu'il arrive.
« Joyeux Noël Sweetie. »
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