Chapitre 73 : Espoir ou entêtement ?

Japon, Tokyo, hôpital, chambre de Naminé, trois novembre deux mille cinq cent quatre, onze heures

« Shoto, tu es certain de toi ? », demanda doucement Izuku.

« Bien sûr ! », s'emporta le bicolore. « Tu tiens vraiment à la laisser partir ?! »

« Non bien sûr que non ! », le rassura le vert. « Je sais qu'elle reviendra, mais c'est ton père qui paie les soins pour la maintenir en vie. »

« Il m'a promis de ne pas interrompre les soins sans mon accord, et celui de tous les Chevaliers... je ne veux pas la laisser partir. »

Izuku posa sa main sur l'épaule de son meilleur ami.

« Ce n'est pas de ta faute. », lui murmura le vert.

« Si. C'est à cause de moi que son corps était affaibli à la base. C'est vrai qu'on le faisait beaucoup moins durant le mois précédant l'attaque, mais je n'ai pas été doux pour autant. J'ai causé son coma Izuku... si j'avais été plus doux... ou si on ne l'avait carrément pas fait pendant un mois, son corps aurait eu toute sa force et elle serait encore là. », souffla Shoto, des larmes coulant de ses yeux.

« Grandiné a dit que les explosions précédant celle qui a tué Acnologia étaient très puissantes, ce n'est pas de ta faute. Si ça se trouve, elle aurait été dans le coma même si vous ne vous étiez pas liés pendant un mois complet. Il faut que tu cesses de t'en vouloir Shoto. »

Le bicolore baissa la tête, incapable de ne pas s'en vouloir. Des sillons clairs se dessinèrent sur ses joues et il porta machinalement la main à sa brûlure, l'autre main serrant celle de la rousse. C'était comme s'il était revenu quatre ans en arrière, quand Naminé et lui ne s'étaient pas encore retrouvés, sauf qu'il n'avait aujourd'hui aucune certitude rationnelle de son retour parmi eux.

Son regard hétérochrome se posa sur les longues boucles auburns de la femme qu'il aimait. Cela faisait un an qu'elle dormait. Un an. Beaucoup de choses avaient changé, à commencer par le taux d'activité de Camelot. Il avait été désigné par tous les Chevaliers pour être à la tête de Camelot le temps que la véritable dirigeante se réveille. Il n'avait pas compris pourquoi, Jellal était le plus à même d'endosser ce rôle, puis il avait fini par réaliser pourquoi il avait été désigné : ce n'était pas parce qu'il était la réincarnation de Guenièvre, mais uniquement parce qu'il était plus atteint par son coma que n'importe qui, même Izuku et Koharu. Les Chevaliers avaient voulu lui confier ce rôle pour éviter qu'il ne se laisse aller à la détresse, à la peur et à la culpabilité. Il n'avait pas le don de mobiliser les troupes comme Naminé, mais il s'en sortait relativement bien.

Camelot avait évolué, oui. Les Chevaliers en couple depuis longtemps s'étaient fiancés et avaient donné naissance à leur premier enfant, comme Zeleph et Mavis ou Jellal et Erza. Lisbeth et Koharu attendaient leur premier enfant, alors la rosée ne faisait plus de missions, sous l'ordre de Loki. Malgré l'absence de la rousse, Camelot redevenait la famille joyeuse et paisible qu'elle était auparavant. Bien entendu, ils ressentaient tous qu'ils manquaient quelqu'un, mais c'était en quelque sorte un sujet tabou lorsque tous les Chevaliers étaient réunis, tous étant divisés sur la question de si elle reviendrait ou non.

Cette année avait permis au Japon de revenir à l'état de paix qu'All Might maintenait par sa simple existence, grâce aux efforts des Chevaliers. Ils s'étaient démenés pour que les vilains n'osent plus sortir le bout de leur nez, de sorte qu'ils n'avaient plus qu'une petite centaine de missions les jours les plus chargés.

Le Japon était devenu un pays plus calme, où la paix régnait en maître grâce à Camelot. Désormais, il n'y avait pas qu'une seule personne qui incarnait le symbole de la paix : tous les Chevaliers avaient été propulsés sur la première marche du podium des héros japonais, grâce à leur combat contre Acnologia. Les Chevaliers étaient une seule et même entité, et ils étaient considérés comme tel aujourd'hui.

« Je suis certain qu'elle serait fière de ce que Camelot a accompli grâce à toi. », sourit doucement Izuku.

« Tu penses ? »

« Bien sûr. Camelot, c'était son rêve inconscient qui devenait réalité. Elle voulait aider un maximum de gens en tant que chevalière, et c'est toi qui nous as poussé à faire en sorte que le Japon redevienne le pays paisible qu'il était au temps d'All Might. Elle serait fière du travail que tu as accompli pour faire exister son rêve, vraiment. Et je suis sûr que, lorsqu'elle se réveillera, elle t'en sera profondément reconnaissante. », assura Izuku.

« Et si... »

« Non ! », le coupa le vert. « Si toi tu perds espoir, elle ne reviendra jamais ! C'est toi sa plus grande force, s'il y a bien quelqu'un qui doit continuer à croire en son retour, c'est toi ! Regarde ! »

Izuku lui pointa leurs mains enlacées et le bicolore vit avec surprise que les doigts de Naminé bougeaient légèrement, assez pour qu'on ne puisse croire que c'étaient les tremblements de Shoto qui les faisaient se mouvoir.

« Neko-chan... »

Les doigts de la rousse exercèrent une légère pression sur leurs mains jointes, et le coeur du bicolore s'emballa d'un espoir fou.

« Tu vois ? Elle t'entend. Elle n'est pas consciente, mais elle n'est pas totalement inconsciente non plus ! Il faut que tu continues à croire en son retour, parce qu'elle reviendra, je le sais. Elle reviendra pour toi, et pour tous les autres Chevaliers. Tu dois continuer à te battre pour qu'elle reste en vie. Je suis sûr que, même si tous les Chevaliers étaient d'accord pour la débrancher, il suffirait que tu ne le sois pas pour qu'Endeavor ne cesse pas les soins. »

Shoto posa la main précédemment sur sa brûlure sur celle d'Izuku, toujours sur son épaule.

« Izuku, promets-moi que tu ne voudras jamais la débrancher... »

« C'est promis. », répondit solennellement le vert.

Izuku dut quitter l'hôpital, ayant une mission en solo pour une fois. Il laissa donc Shoto en compagnie de la rousse endormie, mais le bicolore fut vite rejoins par sa mère, internée dans cet hôpital.

« Mon chéri... », s'annonça avec douceur Rei.

« Bonjour Maman. »

La mère des Todoroki s'installa de l'autre côté du lit et prit l'autre main de Naminé. Shoto la regarda faire, surpris.

« Naminé, il faut vraiment que tu reviennes. Mon fils n'est plus le même depuis que tu es dans le coma. Tu fais partie de notre famille, je te considère comme ma deuxième fille. Nous avons besoin de toi. Shoto a besoin de toi, il est tellement plus heureux avec toi. Tu ne le vois pas, mais il n'a plus goût à rien. Je t'en prie Naminé ! Si tu aimes vraiment mon fils, tu dois revenir. Tu es une jeune fille dotée d'une force incroyable, je sais que tu en es capable ! »

Une larme coula sur la joue de Shoto, qui n'en revenait pas.

« Maman... »

Rei lui sourit avec toute la tendresse du monde, avant de lâcher la main de Naminé et de venir enlacer son plus jeune fils. Ce dernier ne put se retenir bien longtemps, entouré de sa chaleur maternelle, et fondit en larmes. Rei lui caressa doucement les cheveux, comme quand il était enfant, alors qu'il laissait échapper les larmes qu'il retenait depuis un an.

Il en avait marre. Marre de devoir continuer à avancer sans elle, sans savoir si elle reviendrait à elle un jour. Marre de devoir faire semblant que tout allait bien alors que non. Tout n'allait pas bien, il était en partie responsable de son état, et il n'arrivait pas à le supporter. Il s'efforçait de se montrer fort devant les autres, mais face à sa mère, c'était tout simplement impossible. Il avait beau continuer d'espérer, les médecins n'étaient pas vraiment confiants quant à son réveil. Il ne voulait pas qu'elle se réveille dans dix ans, il voulait qu'elle se réveille maintenant.

« Tu n'as pas à t'en vouloir Shoto, tu ne pouvais pas savoir. », lui murmura Rei.

« Je sais... mais je ne peux m'empêcher de me dire... que... que... tout aurait été différent si... »

« Si quoi ? Si vous ne vous étiez pas liés pendant un mois ? Ce genre de choses est naturel, je sais que tu ne l'aurais pas fait si elle avait refusé. Alors cesse de t'en vouloir, je suis certaine qu'elle n'aurait pas voulu ça. Elle aurait voulu... »

« ... que je continue à vivre... sans elle... mais... j'en suis incapable Maman... »

Malgré l'aversion que la rousse lui inspirait, Endeavor soutenait du mieux possible son fils. C'était lui qui avait insisté auprès de Camelot pour prendre en charge les dépenses relatives aux soins de leur leader. Natsuo et Fuyumi passaient dès que possible pour essayer de remonter le moral de leur jeune frère, et Rei rejoignait la chambre de la rousse toujours peu après le départ d'un des amis de Naminé, afin que son fils ne soit pas tout seul avec ses idées noires. Oui, toute sa famille le soutenait mais ce n'était pas Naminé. Naminé était sa vie, son oxygène, son soleil. Tout le soutien du monde ne pouvait la remplacer. Il l'aimait à en mourir.

Avec douceur, Rei se détacha légèrement et prit le visage de son fils en coupe, essuyant ses larmes de ses pouces.

« Non, elle ne voudrait pas que tu continues à vivre sans elle Shoto, elle voudrait que tu vives pour elle, que tu continues à vivre selon les valeurs que sont les piliers de votre confrérie. Elle voudrait que tu continues à maintenir la paix pour laquelle elle s'est tant battue. Elle reviendra Shoto. Si tu crois en son réveil, alors elle se réveillera. Moi, j'y crois. J'ai vu cette jeune fille faire des miracles par la seule force de sa volonté. La question n'est pas si elle va se réveiller mais plutôt quand, Shoto. Je pense que tu le sais mieux que moi, non ? »

« Je... oui, tu as raison Maman... merci. », dit doucement Shoto, avec un petit sourire triste.

Sa mère lui sourit, avant qu'Hibiki ne le contacte pour une mission avec son ancienne camarade de classe, Momo. Il soupira, réticent à laisser l'héritière des Hoshino, mais se leva malgré tout. De toute manière, au moindre changement, c'était lui que les médecins appelleraient en premier. Telles étaient les exigences d'Endeavor et de lui-même.

« Shoto, laisse-moi prendre le relais et veiller sur Nami. », déclara Koharu en arrivant. « Tu vas devenir fou à rester dans cet hôpital en la regardant dormir. D'après Mavis, la mission ne sera pas très longue. »

« Je sais... mais j'aimerais tellement être là quand elle se réveillera... en fait, j'aimerais qu'elle se réveille maintenant, mais j'ai l'impression de trop espérer. »

« Tu sais, il y a des murs qu'aucune force ne peut détruire. Cependant, s'il y en a bien une, ce serait la Force des Sentiments. Souviens-toi de ce que Mavis a dit l'an dernier : c'est avec Izuku, toi et moi que Nami réalisait les Unison Raids les plus puissants. Tant que nous continuons à croire dur comme fer à son réveil, je sais qu'elle se réveillera ! », assura la jeune Dragnir. « Il faut juste être patient, elle est du genre très obstinée. Je te jure qu'il était impossible de la convaincre d'utiliser un alter pour te retrouver plus vite, Mademoiselle voulait le faire avec les moyens que les gens lambda ont, afin de se montrer digne de toi et de tout ce que tu avais fait pour elle. Tu comptes plus que n'importe quoi au monde pour elle, elle ne t'abandonnera pas aussi tôt, fais-moi confiance ! Des fois, je la sens réagir et Adrien dit qu'elle souffle ton prénom de temps en temps. »

« Tu vois mon chéri ? Elle reviendra. », renchérit Rei.

« Mais quand ? Cela fait déjà un an... »

« Shoto, vous vous êtes liés de nombreuses fois, du peu que j'en sais. Le lien qui vous unit est donc extrêmement fort, tu peux l'utiliser pour l'encourager à revenir. Cela ne sera pas immédiat, mais ça pourrait l'aider à revenir à elle. C'est complètement irrationnel, mais cette histoire d'âmes réincarnées l'est aussi ! Tant qu'on n'a pas essayé, ça a une chance de marcher, non ? »

« Comment tu veux que je fasse ça ? »

« Meldy pourra t'aider avec ses liens sensoriels, ou au moins te guider. Mais laisse juste parler ton amour pour elle. Je sais qu'elle t'entendra. », sourit Koharu.

Shoto regarda un instant Naminé, toujours endormie, avant de hocher doucement la tête. Il devait tout essayer, même les solutions non rationnelles. Après tout, la réincarnation des âmes n'était pas quelque chose de rationnelle, alors pourquoi ces solutions incongrues n'auraient-elles pas un fond de vérité ?

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