Japon, Tenrô, Auberge des Fées, jardin, dix juillet deux mille cinq cent, vingt heures

Assise dans l'herbe, observant le ciel bleu, Naminé sentit quelqu'un s'approcher. Elle tourna la tête et vit seulement des vêtements.

« Qu'est-ce-que tu me veux Toru ? »

« Les héros sont aussi méchants que les vilains, tu t'en es pleinement rendue compte maintenant. Quitte à blesser les gens, autant être des vilains, non ? »

« Tu ne sais rien. »

« Vu comment tu fuis chaque membre de Fairy Tail en dehors des entraînements, y compris Koharu, ainsi que Shoto et Izuku, et que tu les fusilles tous à chaque fois que tu les croises, c'est facile de deviner qu'ils t'ont blessé d'une manière ou d'une autre. A quoi bon s'efforcer d'être un héros ? L'Homme est naturellement mauvais, ce n'est que reculer pour mieux sauter. »

« Ne les compare pas à des vilains. Contrairement à eux, ils m'ont menti pour protéger les autres. »

« Parce que les vilains t'ont déjà menti ? »

Naminé grogna de mécontentement, sachant parfaitement que c'était faux. Non, ils ne lui avaient jamais menti, mais ils avaient fait pire : ils l'avaient manipulé.

« Mêle-toi de tes affaires Toru, sérieusement. »

La fille invisible lâcha un rire sans émotion avant de partir. Elle fut remplacée par une petite fille aux cheveux blancs, qui se mit face à la rousse et l'observa de ses grands yeux rubis.

« Eri ? »

« Naminé, pourquoi Deku et toi êtes tout tristes ? Deku ne veut pas me dire pourquoi... Shoto et Koharu aussi sont tout tristes... », dit la fillette d'une voix inquiète. « Qu'est-ce-qui se passe ? »

Naminé soupira mais invita la fillette à venir s'asseoir à ses côtés.

« Eri, ma chérie... ils m'ont menti et caché la vérité sur quelque chose d'important. Je sais que c'était pour nous protéger, moi et toutes les personnes possibles et imaginables, mais je leur en veux quand même. Ils auraient dû me le dire. Je suis en colère contre eux. »

« Ils ne pensaient pas à mal, si ? »

« Non... »

« Alors pourquoi tu leur en veux ? Une des histoires que j'ai lu hier dit que malgré nous, on peut faire du mal même si on a de bonnes intentions, mais qu'il ne faut pas en tenir rigueur. Seule l'intention compte. C'est ce que Wendy m'a expliqué. Tu n'es pas d'accord ? »

« Dans la théorie... oui. », admit Naminé. « Mais dans la pratique, c'est plus compliqué. Je ne peux pas ignorer ce que je ressens, ce qu'il s'est passé, ni même ce que je leur ai dis. Il va me falloir du temps. »

« Tu les aimes plus ? »

« Si, bien sûr que si. Ils seront toujours mes amis, et je serais toujours là pour eux s'ils sont en danger, j'ai juste besoin de décanter quelques temps. Tu comprends ? »

Eri secoua négativement la tête.

« Non, mais je suis quand même contente ! Ce n'est pas éternel ! J'avais peur que vous restiez tristes pour toujours... »

« Ne t'inquiète pas pour ça Eri. »

La petite fille lui sourit de toutes ses dents puis retourna jouer à l'intérieur avec Aska, une autre petite fille qui avait accompagné ses parents, qui entraînaient des personnes comme Mina ou Mineta.

Naminé ramena alors ses jambes contre elle et posa son menton sur ses genoux.

« Comment j'ai pu dire que je les détestais ? Il n'y a rien de plus faux... je leur ai menti moi aussi, et je mens encore à la majeure partie de Fairy Tail. Ils ne savent pas que je fais partie de l'Alliance, je leur mens depuis dix ans pour protéger ma couverture, et désormais pour éviter qu'ils ne soient déçus. Je leur mens égoïstement, alors pourquoi je leur en veux, eux qui m'ont menti pour sauver des vies ? C'est tellement illogique... j'en veux encore plus à Shoto, ce qui est encore plus idiot... »

« Naminé ? »

La rousse leva la tête et vit Izuku.

« Je sais que je me répète beaucoup, mais je voulais m'excuser une nouvelle fois. », fit le vert en s'inclinant. « Je te jure qu'on attendait que tu sois prête pour tout te dire. »

« Tu me donnes envie de vomir à force de t'excuser, on dirait Ariès. »

« P-Pardon ! »

« Qu'est-ce-que je viens de dire ? »

« Oui p- euh peu importe. Je voulais aussi te dire que... même si tu nous détestes, cela ne change rien à ce que je t'ai promis. »

Il releva la tête et prit un air sérieux et déterminé.

« Je trouverai qui a tué ta famille, je t'en fais le serment. Qu'on soit encore amis ou non, je trouverai tes réponses. Alors n'oublie pas que tu es et seras toujours mon amie à mes yeux. »

« Ne dis pas de bêtises. », dit Naminé en roulant les yeux. « Je vous en veux, mais vous restez mes amis. Je ne vous déteste pas, j'étais juste furieuse quand je vous ai dis ça. »

« C-C'est vrai ?! »

« Oui. Maintenant, du vent. »

« Euh OK ! Ne rentre pas trop tard, on va bientôt manger. »

« OK. »

Izuku retourna à l'intérieur et Naminé se leva pour aller se promener un peu. Ses pieds la menèrent au centre même de l'île, au coeur du Grand Arbre, un endroit spécial pour les membres de la guilde.

Japon, Tenrô, tronc du Grand Arbre, tombe du Maître fondateur

« La tombe du Maître fondateur... », murmura Naminé, après cinq minutes de traversée dans le tronc.

La petite rousse se trouvait actuellement dans le tronc du Grand Arbre, en son coeur plus précisément. Le coeur du Grand Arbre était un large espace circulaire, avec une grande et sobre structure de pierre claire en son centre. Cette structure se constituait d'un large support entouré de trois marches rectangulaires. Sur cette base se situait quatre petits piliers carrés, un près de chaque coin, ainsi qu'une paire de pierres taillées plates placées verticalement au centre, avec de petites pièces géométriques en saillie vers le haut sur chaque sommet, du côté le plus proche de l'autre pierre, et un trou circulaire étant généré par deux demi-cercles sculptés présents sur la face intérieure de chaque pierre. L'ensemble était recouvert de mousse par endroit, ainsi que de petites racines provenant de l'arbre ici et là. Il y avait également une épée plantée dans la pierre, juste devant celles verticales au centre.

Naminé s'approcha et s'installa en seiza devant la tombe. Elle plaça ses mains contre la terre et s'inclina respectueusement, avant de se redresser.

« Sir Artorius d'Annwvyn, le fondateur de Sword Art... je me demande quel genre de chevalier il était... », murmura Naminé.

Elle se releva et approcha une de ses mains de l'épée plantée. C'était une épée à une main exclusivement blanche et dorée, dont la lame brillait d'un éclat d'or. La garde contenait deux paires d'ailes d'ange, une plus grande que l'autre, et on retrouvait une autre paire d'ailes au bout de la poignée, plus petite que les deux autres.

Lorsque ses doigts effleurèrent l'épée, la petite rousse crut entendre une voix. Elle ne comprenait pas ce qu'elle disait, mais elle retira malgré tout sa main, regardant autour d'elle. Pourtant, lorsqu'elle reporta son regard sur l'épée, il lui sembla qu'elle s'était mise à briller et qu'une aura dorée l'entourait.

C'était très étrange, elle avait l'impression que l'épée l'appelait. Alors, inconsciemment, ses doigts revinrent vers elle, jusqu'à se refermer sur la poignée de l'arme. Celle-ci se mit à briller plus intensément et le monde devint noir autour de Naminé. La seule chose qu'elle voyait était la tombe avec l'épée, seulement éclairée par une silhouette juste à côté de la tombe. Elle ne voyait pas qui c'était, la lumière l'en empêchait, mais elle pouvait deviner que c'était une personne en armure de par la forme de la silhouette en question.

« Xena, chevalière des fées, tu es l'élue. », fit une voix masculine, étouffée par ce qu'elle devina être un casque de chevalier.

« Hein ? »

« Tu es l'élue, tu es promise à beaucoup de choses, mais tu n'es encore qu'un embryon. Tu es loin d'être la chevalière que tu seras un jour. Mentalement, tu es encore une enfant. Jeune Xena, tu dois mûrir pour devenir la chevalière que tout le monde attend. Tu dois mûrir si tu veux pouvoir contrôler l'énergie que tu as découverte en toi. Hors de contrôle ou utilisée pour de mauvaises raisons, elle est très dangereuse. »

« Mais quelle est cette énergie ? Et qui êtes-vous ? »

« Tu sauras qui je suis et quelle est cette énergie lorsque le temps sera venu, jeune Xena. Demande-toi qui sont tes véritables alliés, tes véritables ennemis et leur véritable objectif. Ces derniers te réservent un sort que tu ne soupçonnes pas. »

« Pourquoi vous m'appelez Xena ? »

« A l'époque des Dieux de la mythologie, des Seigneurs de la guerre et des Rois de légende, naquit le mythe de Xena, une prestigieuse Princesse qui devint la guerrière la plus redoutée sur les Six Continents. Lorsque son royaume tomba dans les mains du souverain le plus puissant du monde alors qu'elle était bébé, un garde l'enleva pour éviter qu'elle ne meure, comme le reste de sa famille. Il l'éleva à l'écart du monde et fit d'elle une combattante hors pair sans rien lui cacher de ses origines. L'expérience de Xena se forgea au coeur des batailles opposant les rebelles, partisans de sa famille, à la garde du faux roi. Elle s'imposa comme une redoutable cheffe de guerre et mena les troupes rebelles, pourtant très peu nombreuses, jusqu'à la reprise du trône de son royaume. Sa vie était continuellement en danger, elle passait son temps sur les champs de bataille, mais par son courage, elle libéra son royaume et combattit ensuite pour le plus grand bien. Sur les Six Continents, elle était la guerrière la plus redoutée, ayant réussi à reprendre son royaume des mains d'un autre, le plus redoutable qui existait à cette époque. »

« Je connais cette histoire, mais je ne vois pas le rapport avec moi. Toute la guilde m'appelle comme ça depuis que je suis petite. »

« Xena était une guerrière redoutable et redoutée, au courage sans borne qui se battait pour protéger les autres. C'était une guerrière, mais avant tout une personne qui s'était toujours souciée du bien-être de son peuple, même quand elle ne savait pas encore qu'elle était leur princesse. C'était une guerrière avec le coeur sur la main, capable des plus grands exploits. Tu es une épéiste redoutable et redoutée, courageuse, qui se bat pour les autres et qui se soucie plus que tout de leur sécurité. Ce surnom te convient bien plus que tu ne l'imagines, Naminé Hoshino, mais tu es encore trop jeune pour t'en rendre compte. Même si tu ne le comprends pas, suis toujours ton coeur. Il te connaît bien plus que tu ne te connais, lui seul est le bon guide, jeune Xena. Suis-le, et tu le comprendras. »

« C'est complètement illogique comme raisonnement... »

« Jeune Xena, parfois, il faut accepter de perdre le contrôle pour prendre le contrôle. Il faut accepter de ne pas comprendre pour comprendre. Dans ton cas, tu dois accepter de suivre tes émotions, même si tu ne les comprends pas, si tu veux pouvoir les maîtriser. Mais tu dois le faire avec maturité et sagesse, agir de manière irréfléchie t'éloigne du chemin que tu veux prendre. Tu peux perdre ton sang-froid sans pour autant perdre le contrôle, et tu peux perdre le contrôle sans pour autant perdre ton libre-arbitre. Même si tu perds le contrôle, tu restes la seule maîtresse de toi-même. Le jour où tu y arriveras, tu seras prête. »

Naminé ne put répliquer car les alentours de la tombe du Maître fondateur lui apparurent de nouveau. La silhouette avait disparu. Elle lâcha alors la poignée de l'épée, comme si elle l'avait brûlée.

Elle se questionna quelques instants, puis finit par secouer la tête.

« Ce doit être la fatigue. Je ne m'entraîne peut-être plus à déclencher cette étrange énergie pour le moment, mais ce n'est pas pour autant que Gildarts me ménage... il est temps de rentrer. »

Sur le chemin du retour, Naminé ne put s'empêcher de se poser des questions sur l'espèce de vision. La silhouette lui était apparue quand elle avait refermé ses doigts sur l'épée, une épée qui semblait l'appeler. C'était plutôt similaire à ce que Shoto lui racontait, après avoir touché Blue Rose Sword, sauf que la silhouette lui avait répondu, contrairement à l'homme qui parlait au bicolore via l'épée du père de Naminé.

« C'est l'épée du Maître fondateur, je ne peux pas avoir un lien avec elle comme Shoto a un lien avec Blue Rose Sword... c'est tellement bizarre... je suis fatiguée, mais pas assez pour avoir des hallucinations, je doute que ce soit vraiment la fatigue. Ce n'est pas parce que je ne comprend pas que ça n'existe pas. J'ai beau ne pas comprendre le lien entre Shoto et Blue Rose Sword, il existe bel et bien. Donc le seul moyen de savoir si j'ai un lien avec l'épée du Maître fondateur, c'est d'en savoir plus sur mon alter et cette épée. Et je sais qui pourra me renseigner sur mon alter... mais un autre jour. Ce soir, c'est manger et dodo ! »