Chapitre 23 : Une main tendue

Japon, Tokyo, Yuei, dortoir des premières A, chambre de Naminé, treize juin deux mille cinq cent, onze heures

Naminé s'éveilla, sortant tranquillement du monde des rêves. Lorsqu'elle eut complètement repris conscience, elle remarqua aussitôt qu'elle était dans sa chambre.

« Comment j'ai fait pour arriver là ? J'étais dans la boîte de nuit il y a une seconde... »

Elle se releva, s'asseyant sur son lit, et vit qu'il était onze heures, donc que ses derniers souvenirs remontaient à une bonne quinzaine d'heures au moins.

En tournant la tête vers son bureau, elle remarqua son camarade de classe, qui dormait sur la chaise, la tête renversée en arrière.

« Il va avoir un torticolis en se réveillant. »

Naminé écarta ses couvertures pour sortir du lit avant de les rabattre. Elle s'étira de tout son long puis se dirigea vers le vert pour le soulever et l'allonger sur son lit, afin de soulager sa nuque. Elle prit ensuite des affaires pour aller se doucher et quitta sa chambre pour aller vers les douches communes, tout en se demandant ce que faisait Izuku dans sa chambre et ce qu'il s'était passé pour qu'elle se réveille dans son lit alors que la dernière chose dont elle se souvenait, c'était de s'être arrêté de chanter dans la boîte de nuit, la veille.

« J'espère que j'ai réussi le test... sinon je peux dire adieu à mes réponses. »

Lorsqu'elle poussa à nouveau la porte de sa chambre, une tornade verte fonça sur elle et l'enlaça.

« Tu es là ! J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose ! »

« Bonjour Izuku. Comment veux-tu qu'il me soit arrivé malheur alors que je suis dans notre dortoir ? »

« Tu n'étais pas là quand je me suis réveillé, j'ai un peu paniqué, désolé... », répondit Izuku en se détachant. « Pourquoi tu m'as mise dans ton lit ? »

« Pour reposer ton corps, ce n'est pas confortable de dormir sur une chaise. Ne force pas trop sur ton cou pendant un jour ou deux, tu dois certainement avoir un torticolis. Quant au fait que je n'étais pas là, c'est parce que j'étais allée prendre une douche. Tu saurais ce qu'il s'est passé ? Je ne me souviens pas de m'être couchée hier soir... »

« C'est normal. Shoto t'a croisé en sortant de l'hôpital et tu t'es effondrée d'épuisement avant d'avoir pu enfourcher ta moto. Du coup, il t'a ramené ici avant d'aller récupérer ta moto. Je l'ai cachée entre deux buissons, tu peux aller la garer ailleurs si tu veux. »

« Qu'est-ce-que tu faisais dans ma chambre alors ? »

« Je voulais veiller sur toi, la journée a été particulièrement éprouvante pour toi hier. Je voulais être sûr que tu ailles bien et que tu ne sois pas trop désorientée au réveil. Mais, je me suis endormi... », rigola Izuku, gêné.

« Toi aussi, tu as beaucoup donné hier. Ton corps et ton esprit ont besoin de repos. Tu n'aurais pas pu faire une nuit blanche. Mais j'apprécie l'intention. »

« Elle est redevenue aussi insensible que lorsqu'on l'a rencontré, comme si les événements d'hier avaient ajouté un deuxième verrou à ses émotions... »

Il pencha la tête sur le côté.

« Tu sais, tu n'es pas obligée de le dire si tu ne le penses pas. Je ne le prendrai pas mal. »

« Pourquoi je ne le penserais pas ? Je sais que je ne ressens rien, mais... je ne sais pas, Shoto et toi êtes certainement ce qui se rapprochent le plus d'amis pour moi. »

« Ah bon ? »

« Oui. », confirma Naminé en attrapant sa brosse pour se démêler les cheveux. « Je ne sais pas comment l'expliquer, mais c'est ce que j'ai ressenti hier. Mon attachement à Haru provient d'avant la destruction de Sword Art, je ne ressens rien envers elle et, paradoxalement, je tiens à elle. Mais après ce qu'il s'est passé au championnat... je ne sais pas... je n'ai pas plus de sentiments envers vous qu'envers elle, mais je tiens quand même à vous deux. »

« Cela me fait plaisir que tu penses ça ! », sourit Izuku, heureux. « Moi aussi, je tiens énormément à toi ! Tu es mon amie ! Mais j'imagine que tu as peur de ce soudain attachement, non ? »

« Je n'ai pas peur, je ne ressens rien. »

« Pourtant hier... »

« Hier c'était... différent. Mais oui, on peut dire que j'en ai peur, en quelque sorte. Hier... hier je me suis rendue compte que j'étais plus faible qu'avant, faible mentalement je veux dire. Et je sais que ce sont ces attachements qui me rendent faible. Et pour accomplir mon objectif, je ne dois surtout pas être faible. »

« Depuis quand tu considères que les émotions rendent faibles ? »

« Depuis la... la mort de ma famille, je dirais. Les émotions et les sentiments rendent faibles, parce qu'ils nous font perdre le sens de la réalité et notre sang-froid. Ils nous font perdre le contrôle de nous-mêmes. »

« Tu sais ce que j'en pense ? », lui sourit Izuku. « C'est que, même s'ils peuvent rendre faibles, les émotions et les sentiments peuvent devenir une véritable force quand on est en difficulté, à condition de ne pas perdre le contrôle de nous-mêmes. »

« La Force des Sentiments, je sais. Haru ne cesse de m'en parler, mais je suis incapable de ressentir des émotions, et je ne le veux pas. »

Izuku prit les mains de Naminé, l'empêchant de continuer à se brosser les cheveux et lui faisant lever le visage vers lui.

« Et c'est ton choix. C'est ton choix, et je le respecte. Mais tu as bien vu ce qu'il s'est passé hier, tu t'es laissée envahir par la pression et la panique. Deux fois. C'était peut-être sous des conditions particulières, mais la probabilité que ça n'arrive plus est nulle Naminé. Tu dois savoir contrôler tes émotions quand elles surviennent, et tu ne sais pas le faire seule parce que tu n'en as plus l'habitude. Je ne vais pas chercher à te forcer à ressentir de nouveau des émotions mais, si tu veux, je peux essayer de t'aider à les décrypter, à les comprendre et t'aider à faire en sorte de garder un minimum le contrôle quand elles apparaissent. Sur le long terme, savoir gérer tes émotions quand elles surviennent te rendra beaucoup plus forte mentalement, fais-moi confiance. Mais pour ça, tu as besoin qu'on te guide et qu'on t'aide à comprendre ces sentiments et ces émotions qui sont quasiment nouveaux pour toi. Si tu me laisses t'aider, je ferai de mon mieux pour que l'apparition de tes sentiments et de tes émotions ne t'affaiblisse plus, je te le promet. »

La petite rousse le regarda longuement dans les yeux. S'il disait vrai, alors il se menait inconsciemment à sa propre perte, d'autant plus qu'il ne pourrait pas décrypter ses émotions prochaines puisque, jusqu'à présent, elles étaient toutes liées à sa double-vie.

« Izuku, pourquoi tu veux m'aider ? »

« Parce que tu es mon amie, c'est évident, non ? »

« Tu me tiens en trop haute estime. »

« Naminé, même si tu étais une super-vilaine, tu serais quand même mon amie. Je te l'ai dit hier, tu es quelqu'un de bien. Même si tu étais une super-vilaine, je pense te connaître assez pour pouvoir affirmer sans trop me tromper que ce ne serait pas parce que tu cautionnes les actes des super-vilains, mais parce qu'ils détiennent des personnes, des objets ou des informations qui te sont précieux. »

« Tu devrais vraiment te mêler de tes affaires Izuku, tu ne sais dans quoi tu t'embarques. », répondit Naminé, faisant lâcher un rire au vert.

« All Might m'a dit une fois que l'essence des super-héros, c'était de se mêler des affaires des autres ! Et ce n'est pas grave, je n'ai jamais reculé devant les difficultés. Si tu veux que je t'aide, je t'aiderai ! Même que je t'aiderai à accomplir ton objectif, celui pour lequel tu te battais hier ! »

« Mais tu ne sais même pas ce que c'est. »

« C'est vrai. », admit Izuku. « Mais je veux t'aider quand même. Je te l'ai dit, si tu as besoin, je suis là. Je ne disais pas ça à la légère. Pour quoi tu te battais hier ? »

Naminé repoussa les mains d'Izuku pour les mettre dans la poche centrale de son sweat.

« Depuis la destruction de Sword Art... je cherche à savoir qui à tuer ma famille, parce que je n'arrive pas à m'en souvenir. Et le seul moyen que j'ai pour connaître la vérité, c'est d'avoir l'influence du numéro un. Je dois donc devenir la numéro une. », mentit Naminé.

« J'aurais pu y croire, si je ne connaissais pas la vérité. Mais on va faire comme si. Elle va se braquer si je lui dis que je suis au courant. »

Izuku hocha la tête.

« Je comprend mieux. Je peux t'aider si tu veux. En tant que grand fan de super-héros depuis tout petit, je suis expert dans la recherche d'informations sur ce genre de choses. Je peux mener l'enquête pour toi si tu veux. »

Elle haussa un sourcil, sceptique.

« Enfin, on peut mener l'enquête ensemble plutôt, je n'y arriverai pas sans toi. C'est plutôt évident, puisque tu as tout vu de ce qu'il s'est passé, dans les moindres détails. »

« Comment tu sais ça ? »

« Euh Koharu m'en a parlé un peu ! Quand je lui ai demandé pourquoi tu ne ressentais rien du tout alors que tu tenais à elle. C'est pour ça. »

« D'accord... donc il faudrait que je plonge dans mes souvenirs ? »

Le vert hocha la tête, désolé.

« Oui, c'est le seul moyen. Tu es la seule témoin de toute la scène, même si tu ne te souviens pas de qui a tué ta famille, tu te souviens forcément de choses qui, à terme, pourront nous faire remontrer jusqu'à cette personne. Mais je ne veux pas t'infliger ça, c'est pourquoi c'est à toi de voir. Tu es mon amie, je veux juste t'aider à aller le mieux possible, parce que j'ai toujours eu l'impression que ce n'était pas vraiment le cas. »

« Izuku, c'est gentil de t'inquiéter autant pour moi, mais je vais bien. Je peux me débrouiller seule. »

« Oui, mais c'est toujours plus facile quand un ami nous aide. C'est moins pénible. Tu n'as jamais demandé à Koharu de mener l'enquête ? »

« Si. En fait, tous les membres de l'agence ont mené l'enquête, mais cela a fait chou blanc. Les vilains ne se souvenaient de rien du tout, comme s'ils avaient été hypnotisés avant de lancer l'attaque. L'affaire a rapidement été classée sans suite. Je ne vois pas trop ce que tu pourrais y faire. »

« Ne sous-estime pas mon réseau et mes connaissances Naminé. Si tu tiens à ce que je t'aide, je ferai tout mon possible, je te le promet. Et je tiens toujours mes promesses, toujours. Tu suivras les avancées de l'enquête quasiment en direct, puisqu'on la mènerait ensemble. »

« Tu sembles vraiment déterminé. », reconnut Naminé. « Bon, puisque c'est toi, je vais y réfléchir, pour tes deux propositions, d'accord ? »

Le vert hocha vigoureusement la tête, content qu'elle accepte d'y réfléchir. C'était déjà ça, selon Izuku. Elle n'était pas complètement fermée à ce qu'on l'aide.

« Bon, tu veux aller où aujourd'hui ? », demanda Naminé.

« Tu ne voulais pas rester pour étudier ? »

« Si, mais il fait beau. Ce serait bête de rester enfermer dans une bibliothèque. »

« Hum... dans ce cas, on n'a qu'à aller récupérer ce dont on a besoin et aller dans le parc de l'école. Je ne me sens pas assez en forme pour m'entraîner, donc je vais sûrement étudier mon alter aussi. »

« C'est sans doute mieux, tu as raison. Dans ce cas, va prendre ta douche. Pendant ce temps, je vais aller garer ma moto. Ensuite on se fera à manger et on ira étudier. »

« On pourrait faire un pique-nique ! », s'enthousiasma Izuku.

« Si tu veux. », accepta Naminé. « Va te préparer et on se retrouve en cuisine pour préparer notre repas. Ensuite, on ira à la bibliothèque pour emprunter des livres. »

« OK, on fait comme ça ! Cela va être génial ! »

Après avoir indiqué l'emplacement de sa moto à Naminé, Izuku s'empressa de rejoindre sa chambre pour récupérer des affaires et se doucher, prévenant au passage Shoto qu'elle était réveillée et qu'elle allait bien. Pendant ce temps, la concernée sortit du dortoir et retrouva facilement sa moto grâce aux indications d'Izuku. Elle l'enfourcha et alla la garer dans le parking de l'Alliance, tout en croisant les doigts pour pouvoir la récupérer et s'enfuir avec si jamais All for One la virait.

Elle espérait pouvoir réussir à se détendre en attendant le verdict d'All for One. Elle avait envie de profiter de la journée avec Izuku, son ami, même si elle ne l'admettrait jamais. Elle tenait à lui et c'était dangereux, parce qu'elle savait qu'elle allait devoir faire un choix, un jour. Pour le moment, elle n'avait pas à le faire mais bon... elle devait s'attendre au pire. Avec le machiavélisme sans fin d'All for One et l'héroïsme sans borne d'Izuku, tout était possible. Et malheureusement, cela avait plus d'impact sur elle que ce qu'elle voulait bien admettre, et elle y avait bien moins d'influence que ce qu'elle aimerait.

Naminé voulait à tout prix savoir qui était le meurtrier de ses parents, et All for One avait toujours été le seul à pouvoir lui fournir cette information. Mais voilà qu'Izuku venait de lui montrer une autre porte et s'engageait à l'y accompagner si elle le souhaitait, une voie par laquelle elle était certaine qu'elle finirait pas obtenir des réponses. Le vert tenait toujours ses promesses, et elle lui faisait étrangement bien plus confiance qu'à All for One. Elle savait que le jeune Midoriya n'attendrait pas tel ou tel jour pour lui révéler ce qu'il avait découvert, elle savait qu'elle le saurait rapidement.

Pourtant, elle ne savait pas si elle devait accepter. Alors elle préférait y réfléchir avant de se prononcer. Elle devait avancer ses pions avec soin, peu importe la voie qu'elle choisirait.

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