Japon, Tokyo, Yuei, salle d'attente des premières A, douze juin deux mille cinq cent, dix heures

Naminé poussa la porte tout en appuyant sur une touche de son téléphone pour raccrocher avec Shigaraki et All for One.

« Naminé, tout va bien ? », interrogea Izuku.

La petite rousse se tourna vers le vert, qui semblait inquiet.

« Oui pourquoi ? »

« Ta tête est baissée vers le sol, ce qui n'est encore jamais arrivée. », dit-il comme si c'était une évidence. « Qu'est-ce-qui ne va pas ? »

Naminé donna quelques tapes sur l'épaule d'Izuku, comme pour le rassurer.

« Tout va bien Izuku, concentre-toi plutôt sur le championnat. C'est aujourd'hui nos épreuves. »

« Tu es sûre, hein ? Tu sais qu'on est là si tu veux parler... »

« Je sais Izuku. »

Le jeune Midoriya n'insista pas plus et la laissa s'isoler dans un coin pour se concentrer. Elle s'adossa contre le mur, une Photon Sword dans la main gauche, l'observant sans vraiment la voir.

« La défaite n'est pas une option ! Tu dois gagner ce championnat pour montrer à tout le monde que tu es la plus forte de tous les futurs super-héros ! Leur chute n'en sera que plus brutale et chaotique. », résonna la voix d'All for One dans sa tête. « Si tu perds, c'est que tu ne me sers à rien. »

« Si je finis ne serait-ce que deuxième, il va me tuer ou, au mieux, me garder enfermée, et je n'aurai jamais les réponses à mes questions... je n'ai pas le choix. La seule option possible, c'est celle de la victoire ! Tu parles d'une pression... si j'arrive jusqu'à la troisième manche, je serai défavorisée par le terrain. Je ne pourrais pas me cacher ni même utiliser les murs pour changer sans cesse ma trajectoire. Mes adversaires pourront plus facilement me maintenir à distance... », songea Naminé en rattachant le tube métallique à sa ceinture grâce au mousqueton.

Machinalement, la petite rousse manipula sa ceinture de costume, attachée autour de sa taille. Elle n'allait pas pouvoir compter sur les shurikens et les kunais, Aizawa lui avait dit que sa demande d'équipement ne pouvait comprendre que ses épées, son alter ne dépendant pas de ses armes de lancer, et éventuellement ses chaussures à système de ventouses automatiques pour les deux premières épreuves. Les seules armes dont elle allait disposer étaient les Photon Swords conçues par Reby, qui n'avaient pas d'AFCA. Elle allait devoir compter sur ses instincts et son alter, pas sur son style de combat habituel.

Elle était la plus forte de la classe, elle le savait, mais les élèves de la première A savaient plus que bien comment la mettre en difficulté, surtout sur un terrain vague. Elle devait se méfier de tout le monde : Shoto, Katsuki, Momo, Yuga, Mina, Tsuyu, Ochaco, Denki, Koji, Mezo, Kyoka, Hanta, Minoru, Fumikage, Toru et Izuku, qui pouvaient attaquer à distance.

Surtout Izuku, Shoto, Katsuki, Fumikage et Mezo, qui avaient le potentiel de s'attaquer à quelqu'un du calibre d'All Might quand il était encore en service, s'ils travaillaient ensemble.

Mais surtout, surtout, elle devait se méfier d'Izuku Midoriya, de Shoto Todoroki et de Katsuki Bakugo. Ils étaient intelligents, endurants, vifs d'esprit, résistants et agiles, sans parler de leurs alters respectifs.

Clairement, c'étaient ces trois garçons qui allaient lui donner du fil à retordre. Aux entraînements, elle avait toujours pu prendre le dessus lorsqu'elle était confrontée à l'un d'eux, mais c'était parce qu'elle utilisait le terrain à son avantage et qu'elle pouvait user des murs pour bondir d'un endroit à l'autre afin de perturber l'adversaire. Là, si elle arrivait jusqu'à la troisième épreuve, tout se jouerait sur ses compétences physiques accrues par son alter, son intelligence, sa maniabilité à l'épée et ses instincts, ainsi que ses capacités d'adaptation. Ses compétences de dissimulation ne lui seraient pas très utiles : on pouvait sentir sa présence grâce à l'air qu'elle déplaçait avec sa vitesse, donc diminuer ses rythmes cardiaque et respiratoire serait une perte de temps.

Son téléphone sonna et elle décrocha, sachant pertinemment qui c'était.

« Salut Haru. »

« Nami !! J'ai cru que tu décrocherais pas ! Enfin, je suis contente de pouvoir t'avoir au téléphone avant les épreuves. Pas trop stressée ? »

Naminé quitta la pièce d'un pas rapide pour aller s'adosser contre le mur du couloir, à côté de la porte.

« Pas vraiment. Je suis juste sous pression, mais ça va. »

« Sous pression ? Mais pourquoi ? Ce n'est qu'un championnat sportif, ce n'est pas ce qui va déterminer ton avenir, si tu vois ce que je dire. »

Naminé leva le regard, songeuse.

« Nami ? »

« Oui pardon, j'étais perdue dans mes pensées. », réagit Naminé.

« Je te connais, ça veut dire que le résultat de ce championnat va avoir des répercussions sur la suite. »

« C'est ça. Si je perds, il va se débarrasser de moi et je n'aurais jamais mes réponses. »

« Comment ça ?! Mais tu l'aides depuis plus de dix ans ! En quoi ton classement à un championnat sportif remet en cause ton efficacité ? »

« C'est compliqué. Ils attendent de moi que je sois la meilleure, que je surpasse tout le monde. Personne ne doit me vaincre. Je n'ai pas le choix Haru, je dois gagner. Je ne peux pas perdre ! J'ai besoin de réponses, et il est le seul à pouvoir m'en apporter. »

« Tu es sûre de ça ? Il y a forcément un autre moyen, je suis sûre que les super-héros peuvent mener l'enquête pour toi, surtout si tu leur donnes des informations en échange. »

« Non Haru. Si jamais ce sont des super-héros qui ont fait ça, ils les couvriront. AfO me dira la vérité, que les coupables soient des vilains ou des héros. »

« Et si c'était lui ? »

« Tu m'expliques l'intérêt qu'il aurait eu de faire ça puis de me proposer de trouver les coupables si j'utilisais mon alter pour lui ? Pourquoi il aurait pris un tel risque ? C'est illogique. »

« Mouais, si tu le dis... », lui répondit Koharu, peu convaincue. « Tu as réfléchi à qui cela pourrait être ? »

« Plus d'une fois, mais je n'ai pas de pistes. »

« Pourtant, tu étais présente ce jour-là, tu as tout vu. »

« Merci de me le rappeler... », soupira Naminé bien malgré elle. « Mais tu sais que je n'arrive pas à m'en souvenir. »

« Ta conscience veut sans doute pas s'en rappeler, cet événement t'a traumatisé au point que tu es devenue aussi insensible qu'un bloc de glace. Quoique, j'ai remarqué que cela changeait récemment. »

« Tu te trompes, je ne ressens toujours rien. Je ne peux pas ressentir des émotions ou des sentiments, cela irait à l'encontre de mon objectif. »

« Nami, ton objectif peut s'accomplir de plusieurs manières. Faire partie de l'Alliance des Super-Vilains ne fera jamais de toi une vilaine, à mes yeux en tout cas. Pour moi, tu seras toujours Naminé, la fille d'épéistes chevronnés qui ne renonce jamais et qui ne vit que pour protéger les autres. Quoi que tu choisisses pour ta vie, je serai toujours là. Et si tu perds ce championnat et qu'on t'enferme, je viendrai te libérer. »

« Et si on me tue ? »

« Je dirais tout ce que je sais à qui de droit. Tu fais partie de Fairy Tail toi aussi, si on te tue, l'Alliance devra affronter la colère de notre guilde. »

« Tu dis ça, mais tu es la seule qui est au courant. »

« Crois-moi, je sais convaincre quand je m'y mets sérieusement. Quand bien même, je saurais quand même à qui m'adresser. »

« A qui ? »

« Oh bah, All Might, Izuku, Shoto, Tenya et Ochaco ! Je sais que, s'ils savent pourquoi tu fais partie de l'Alliance, ils ne te tourneront pas le dos. J'ai du flair pour ce genre de choses ! »

« Izuku ? Sérieusement ? Je suis en quelque sorte l'élève de son pire ennemi, et lui celui d'All Might. Il sera un excellent héros, je n'ai aucun doute là-dessus, mais je ne suis pas sûre qu'il comprendrait si je lui disais. »

« Tu le connais mieux que moi, mais il m'a paru très compréhensif et ouvert d'esprit. »

« Haru, c'est un ancien sans-alter qui a hérité du One for All. », répliqua Naminé, juste assez fort pour que son amie l'entende mais pas assez pour qu'une personne passant dans le couloir ne le puisse. « Bien sûr qu'il est compréhensif, mais au point de comprendre mes motivations, sachant que je cache la vérité à tout le monde depuis mon arrivée ? »

« Crois ce que tu veux, mais je reste persuadée qu'il peut te comprendre et t'aider. »

« Pas moi. N'importe quel apprenti super-héros ne me comprendrait pas et chercherait à me mettre hors d'état de nuire. »

« Mais ce n'est pas n'importe quel apprenti super-héros... »

« Non, c'est le successeur du pire ennemi de mon patron, c'est pire. C'est le futur symbole de la paix, ce n'est pas n'importe qui. »

« Toi non plus, tu n'es pas n'importe qui. All for One t'a peut-être pris sous son aile, mais c'est Shigaraki son successeur. Toi, tu es ce que tu as toujours été : l'héritière des Hoshino et de leurs valeurs. »

« Tu parles. Je profane leur héritage depuis dix ans, je ne mérite même pas d'être une Hoshino. »

« Tu ne le profanes pas complètement, puisque tu ne tues pas. »

« C'est la seule limite que je refuse de franchir. Sinon, autant renier mon ascendance, ça ira plus vite. »

« Nami, je te connais. Ce n'est pas uniquement pour ça que tu refuses d'aller jusqu'à tuer quelqu'un. Tu refuses de le faire parce que tu en es incapable. Tu n'es pas une meurtrière, ni une vilaine. Tu es une anti-héros pour le moment, parce que tu n'es pas dans le camp des vilains juste pour le plaisir, tu l'es parce que tu cherches des réponses. Mais un jour, je sais que tu sortiras de ton cocon et que tu deviendras une super-héroïne géniale ! »

« Tu places trop d'espoir en moi. »

« Non, je crois en toi, et c'est ça qui fait toute la différence. Tu ne crois plus en toi, mais moi, je ne cesserai jamais de croire en toi et de te faire confiance. A la vie, à la mort ! »

« A la vie, à la mort... », répéta machinalement Naminé. « Tu sais, j'ai vraiment de la chance de t'avoir. Personne ne me comprend mieux que toi. »

« Mais c'est que tu t'adoucis ! », rigola Koharu. « Blague à part, j'ai autant de chance de t'avoir toi. Parce que je sais que ton statut de pseudo-vilaine ne t'empêche pas de me protéger. »

« Personne ne te fera du mal Haru, tu entends ? Les réponses que je peux obtenir n'auront pas de valeur si c'est au prix de ta vie ou de choses que tu dois subir. Je préfère encore ne jamais en avoir et te savoir en sécurité. Si quelqu'un du groupe s'attaque à toi, AfO et son élève savent parfaitement que je me retournerai contre eux. »

« Tu vois ? C'est pour ça que je ne cesserai jamais de te faire confiance. La protection des autres est plus importante pour toi que les réponses que tu peux obtenir. »

« Pas celle des autres, la tienne Haru. »

« Même pas celle de ta petite bande de Yuei ? Même pas celle d'Izuku, Shoto, Tenya et Ochaco ? »

« Je... »

Naminé se mordit distraitement la lèvre, incertaine de ce qu'elle devait répondre. C'était vrai que, depuis qu'elle avait réalisé qu'ils tenaient vraiment à la connaître et qu'ils n'y renonceraient pas, elle était plus encline à accéder à leurs demandes, du moment qu'ils ne lui parlaient pas de Sword Art et de sa famille, mais de là à dire que leur sécurité lui importait... elle ne savait pas encore. Et justement, cela lui faisait peur. Car il y avait encore un mois, elle aurait dit qu'elle s'en fichait de la sécurité du quatuor. Mais là, elle n'était plus aussi sûre d'elle-même.

« Je ne sais pas. », finit-elle par admettre. « C'est compliqué. »

« Ce n'est pas compliqué, cela veut juste dire qu'ils gagnent petit à petit ta sympathie. Et c'est une bonne chose que tu rapproches de nouvelles personnes. »

« ... je dois y aller. »

« D'accord ! Je suivrai les épreuves à la télévision ! J'ai trop hâte de voir ce que vous nous réservez ! Eh Nami ? »

« Hm ? »

« Ne stresse pas, d'accord ? Donne le meilleur de toi-même, et jamais tu ne pourras être déçue de tes résultats. Et si jamais il t'arrive quelque chose, je rappliquerai. J'ai un assez bon instinct en ce qui te concerne. »

« C'est vrai... merci Haru. »

« Avec plaisir ! Je t'aime Nami ! »

« Je t'aime aussi Haru. »

Sa meilleure amie lui envoya plein de bisous par écran interposé puis elles raccrochèrent. Naminé retourna dans la salle, sans voir qu'une certaine personne avait entendu toute la conversation et n'avait eu aucun mal à comprendre ce qu'il se passait.

« Naminé... fait partie de l'Alliance des Super-Vilains ?! »