point de vu de N°5


J’ai entendu des éclats de voix qui m’ont surpris. Au début je n'ai pas bougé pour respecter les ordres donnés par Lucas puis, j’ai eu peur qu’il ait besoin d’aide... certes, cet homme a une force impressionnante mais seul contre plusieurs rien n’est gagné. Qu’elle n’a pas été ma surprise de les trouver tous les deux en train de se battre ! Marcial, mon ami d’enfance et Lucas, celui avec qui j’ai grandi et que je sers à présent.

Il a bien fallut que je m’interpose. Ça n’a pas plus à Lucas mais je sais que Xélia n’aurait pas aimé voir ça. Et j’ai à peine eu le temps d’avoir cette pensée qu’elle a débarqué de je ne sais où ! Lucas et Marcial n’ont pas semblé plus surpris que ça bizarrement. Pourtant, elle n’est pas sortie du vaisseau avec nous j‘en suis certains. Et à ma connaissance, il n’y a pas d’autre sortie sur le vaisseau.

Instantanément, elle a su faire revenir le calme et elle nous regarde tous les trois tour à tour. Sait-elle qu’elle est entourée de trois hommes qu’elle ne laisse absolument pas indifférent ? J’ai souvent rêvée d’elle depuis qu’elle a refais surface dans ma vie. C’est d’ailleurs la première femme sur le vaisseau qui me regarde et qui me parle comme à l’un de ses semblables. Certes il a fallu que je lui dise qui j’étais mais je ne lui en veux pas. J'ai tellement changé depuis tout ce temps. Je sais qu’elle ne me voit que comme un ami. Je me suis fait une raison mais je me suis bien juré que quoi qu’il arrive, je ferai tout pour elle !

Et aujourd'hui, je dois d’après Lucas, aller la réveiller dans le vaisseau alors qu’elle est bien réveillée devant moi dans cette forêt ! Mais je n’ai pas voulu en demander plus à Lucas. Son regard qui lance des éclairs en dit assez long sur son état d’esprit. Je me mets à courir pour rejoindre l’ascenseur menant au vaisseau afin d’arriver au plus vite dans leur appartement. Je ne sais pas ce que je trouverai exactement dedans mais je n’ai pas pour habitude de discuter les ordres. J’espére juste que les deux coqs qui se sont battus en bas ne recommenceront pas et qu’ils sauront se tenir en présence de Xélia. Arrivais dans le vaisseau, j’ordonne à N°2 de descendre afin d’attendre le retour de Lucas. Il ne discute pas mes ordres et il a intérêt ! Après tout, je suis devenu le chef des gardiens. Je n’aime pas user de mon pouvoir mais aujourd'hui est un jour spécial et je n’ai pas le temps de prendre des gants !

Rapidement, je gravis les étages menant à l’appartement de Lucas. Je regarde autour de moi. Ne voyant personne j’ouvre rapidement leur porte grâce à mon cristal spécial. Une fois dedans, je m’arrête quelques instants. Je suis déjà rentré dans cet appartement mais jamais sans Lucas. Et aujourd'hui, non seulement il n’est pas là mais en plus, Xélia est là, endormie très certainement dans leur chambre ! Doucement, je m’’avance, guettant le moindre bruit. La porte de la chambre est fermée. J’inspire un grand coup avant de la pousser. Xélia est là, étendue sur le lit, un livre contre sa poitrine. Elle a l’air calme et paisible. Je la regarde un peu avant de m’approcher. Elle a la même tenue que celle qu’elle portait dehors. C'est vraiment étrange de se dire qu‘elle est ici et là-bas en même temps ! Soudain elle se met à parler dans son sommeil !

- C est moi qui ment. Une fille s’en est pris à moi dans le vaisseau par jalousie. Jamais Lucas ne me ferait de mal.

Je reste figé ! Voilà maintenant qu’elle parle en dormant. Je n’ai pas besoin de réfléchir bien longtemps pour deviner que la fille en question n'est autre que Magali. Cette fille ne peut pas voir Xélia. Elle est jalouse d'elle depuis le premier jour.

- Mais je ne cautionne pas votre bagarre de ce matin ! Et Lucas le maintenir comme tu l’as fait ! Je suis extrêmement déçue !

J’ai le sentiment d’assister à une partie de conversation dont je ne suis pas censé écouter le contenue.

- Marcial si tu savais comme je suis désolée de te faire souffrir... reprend-elle.

Une larme coule le long de sa joue. Elle vie vraiment intensément son rêve, si on peut appeler ça un rêve. Ne pouvant plus rester là à la regarder si vulnérable et ne voulant pas assister à une conversation à laquelle je ne suis pas invité je m’approche du lit, je me mets à genoux près d'elle et je commence doucement à lui caresser la joue tout en lui disant :

- Xélia, c’est fini, réveille toi !

Elle semble dérangée par ma voix et commence à remuer dans le lit. Je reprends aussi calmement que possible.

- Xélia, revient à toi ! Il est temps de revenir parmi nous. 

Elle commence à ouvrir les yeux doucement et fini par s’assoir dans le lit en se tenant la tête dans ses mains.

- Ça va ? demandais-je inquiet.

- Oui ! Merci Antoine, je suis désolée.

- De quoi ?

- De t’avoir mêlé à tout ça... Tu n’étais pas censé savoir mon secret ! Ceci dit, mieux vaut toi qu’un autre, dit elle en souriant.

- Bon, prend ton temps. Je vais t’attendre dans le salon. Lucas souhaite que je reste avec toi jusqu'à son retour mais je doute qu’il apprécie me retrouver dans votre chambre.

Je retourne dans le salon sans attendre. Quand Lucas montera, il sera sans doute encore énervé et mieux vaut éviter de l’énerver un peu plus... Je ne sais pas où me positionner dans l’appartement. Devant la porte serait trop formel et sur le canapé serait sûrement trop décontracté. Seule la fenêtre me semble être l’endroit le plus judicieux à mon avis. Les chefs ont vraiment une vue magnifique ! Nous, dans nos cellules, il n’y a que la place d’un lit avec une armoire. Et une légère ouverture permettant de faire la différence entre le jour et la nuit... Je m’en suis toujours contenté mais il faut reconnaître que nos vies sont vraiment différentes.

- Tu es comme moi ? dit Xélia en me faisant sursauter.

- Pardon ?

- Tu rêvasses devant les fenêtres ?

- Oh ! Non. Je ne savais pas où me mettre pour ne pas agacer ton mari lorsqu’il rentrera. Je me suis dit que cette place serait la moins pénible pour lui.

- Il n’y a pas de mauvaise place et puis c’est lui qui t’a demandé de rester... Tu veux boire quelques choses ?

- Je ne suis pas sur que...

- Ne sois pas bête ! Prends quelques choses. Moi cette expédition m’a donné soif !

- Bon, alors de l'eau s’il te plaît.

Je la regarde s’occuper de nous servir un verre. Elle a remonté ses longs cheveux en une couette haute. Elle a également pris le temps de se changer. Il n’y a pas quinze mille possibilité dans le vaisseau pour les femmes de s’habiller mais malgré tout, il y a trois choix de pantalon possible et deux sortes de tee-shirt également. Elle a choisi un pantalon assez moulant qui fait ressortir ses fesses d’une manière presque indécente et elle a choisi un tee-shirt sans manche qu’elle a recouvert d’une chemise appartenant certainement à Lucas. Elle a quelques choses d’hypnotique et elle ne s’en rend même pas compte. Les hommes en sa présence sont toujours un peu perturbés et c’est toujours la seule à ne pas s’en apercevoir !

- Tu ne le prends pas ?

Elle me tend un verre d’eau. Perdu dans mes pensées, je ne l’ai même pas vu se rapprocher de moi ! Je souris gêné, en prenant le verre qu’elle me tend.

- Si, pardon, j’étais dans mes pensées.

- La vue d’ici est magnifique, me dit-elle en se plaçant à côté de moi.

- Oui, vous avez énormément de chance. En plus tu peux t’imaginer le village car de loin, on voit le cloché !

- C’est vrai ! Je me demande comment d’en bas on ne peut pas voir le vaisseau ? Et pourquoi il est positionné au dessus de notre village et pas d’un autre ?

- On ne peut pas le voir car il a un revêtement spécial que les Futuriens ont construit à leur époque. Celui-ci reflète ce qu'il se passe autour mais n'enlève pas la présence du vaisseau. C'est pour ça qu’on reste en hauteur car au sol on risquerait d'être percuté ou embêté par des intrus. Et ils ont établi leur camps de base là car c’est ici qu’ils sont apparus la première fois et ils pensent qu’ils ne pourront repartir dans leur époque que s’ils restent à cet endroit là. Ils ne s’éloignent que pour récupérer l’eau pour le vaisseau en été. Après, pour toutes les autres sorties, ils ne se servent jamais du vaisseau en lui même mais ils partent à pieds ou avec de mini machine pour porter le matériel.

- Ah ! D’accord. Et que penses tu du fait qu’ils aient réussi à renouer un semblant de contact avec le futur ?

- Je pense que c’est très bien et j’espère même que nous pourrons tous rejoindre le futur !

- Ah bon ? Tu ne souhaites pas rester à cette époque ?

- Qu’ai je à y gagner ? Ici, je ne me mens pas, je ne suis rien. Rien qu’un gardien qui n’a le droit que de monter la garde. Ici je fais simplement partie des murs. J’ai appris à vivre comme ça et je m’en contente... Mais soyons réaliste, même si je suis relâché, je ne veux pas vivre comme ma famille en bas ! Je me suis habitué au confort de la technologie ! Alors j’ose espérer que si nous arrivons tous dans le futur, je pourrais envisager une vie autre que celle d’un soldat et avoir une femme et qui sait peut-être même des enfants !

- Oh ! Antoine, je suis désolée. Je ne m’imaginée pas que ta vie ici était aussi difficile !

Elle pose sa main sur mon bras. Se contact me remue mais j’essaie de n’en rien laisser paraître. Elle me regarde de ses grands yeux verts. Cette femme est magnifique et on dirait qu’elle ignore complètement son charme !

- Oh ! Je ne suis pas à plaindre loin de là ! Je ne regrette pas d’avoir était pris par les Futuriens dans ma jeunesse mais j’avoue que j’aimerai avoir plus que ce que j’ai actuellement. Et je mise sur le futur pour peut-être espérer avoir plus un jour !

Elle boit mes paroles et elle me laisse l’impression de lire en moi et de décrypter tout ce que je dis.

- Dis moi ce qu’il te manque Antoine ! Après tout, je suis la femme d’un Futurien. Je peux peut-être faire bouger et changer les mentalités des gens sur ce vaisseau !

- A mon avis, c’est de l’utopie Xélia !

- Peut-être ! dit-elle en souriant. Mais j‘ai le droit d’espérer !

Elle me regarde toujours en me fixant droit dans les yeux. Cela me met mal à l’aise. Je finis par détourner les yeux de son regard qui est complètement ensorcelant. Je regarde par la fenêtre et je contemple au loin le cloché de notre ancien village avant de reprendre :

- L’air frais me manque ! Même si comparer à toi, je peux sortir du vaisseau. Je ne peux sortir qu’avec des autorisations et pour faire des choses bien spécial. Mais j’aimerais pouvoir faire ce que j’ai envie dehors... Et puis les femmes... J’aimerai un jour moi aussi pouvoir me marier et qui sais, avoir des enfants. Mais à l’heure actuelle, cela m’est interdit. Et puis le travail... Je n’ai jamais rêvé être soldat étant enfant. Mais j’ai vite compris que si je ne devenais pas le meilleur, je ne survivrai pas. J’ai donc fini par devenir l’un des meilleurs. Mais si j’avais le choix, j’aimerai créer ! Pourquoi pas des poteries ou un truc utiles tu vois !

- Oui, je peux comprendre ton ressenti. J’ai moi même rêvé ma vie autrement mais finalement, celle-ci pourrait me convenir malgré le confinement. Mais j’avoue que le futur me fait peur ! Cette prise de contact me fait extrêmement peur.

- Tu ne dois pas ! Ils savent ce qu’ils font. Ils sont très prudents tu sais.

En disant ça, j’ai recouvert sa main, qui est toujours sur mon bras, la mienne est si grosse par rapport à la sienne.

- Et puis soyons moins nostalgique. C'est de voir cette vue qui m’a perturbé ! Finalement, heureusement que je n’ai pas ce genre de fenêtre dans ma cellule ! dis-je en riant.
Mais elle se tend à ces mots !

- Cellule ? Mais je ne comprends pas. Tu n’as pas de chambre ? Explique moi comment tu vie ?

- Je vie bien Xélia ! Ne te fais pas de soucis, c’est juste que je n’ai pas de fenêtre digne de ce nom !

- Quoi ? Comment ?  Tu es dans le noir ?

- C’est presque ça ! Mais en même temps, la pièce est si petite, qu’on y vie pas. On y vient que pour dormir. Et puis, il y a l’électricité !

- J’ai du mal à croire ça ! Un jour il faudra que tu me montres ou tu habites ici ! dit-elle sérieusement.

- Certainement pas ! tonne une voix dans notre dos qui nous fait sursauter tous les deux !

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