Depuis le repas à la belle étoile, il règne une ambiance douce et agréable. Les filles sont rassurées d’avoir pu enfin parler avec les jeunes chefs. Et depuis, ils viennent régulièrement nous rendre visite dans le quartier des femmes.

- Il paraît que nous allons bientôt repartir ! dit Kyara.

- Ah bon ? Comment le sais-tu ?

- J’en ai parlé avec Marc. Il dit que les réserves d'eau du vaisseau seront bientôt remplis et qu’il sera grand temps de reprendre notre position initial.

Je suis déçue et à la fois heureuse de cette nouvelle ! Déçue car on va à nouveau être coupé du monde mais heureuse car une fois la position initial reprise je pourrais retourner voir maman et en savoir un peu plus sur cette magie qu’elle ne maîtrisait pas si bien que cela.

- Ça va aller Xélia ? demande mon amie.

- Oui ! Pardon je pensais juste que l’air frais allait grandement me manquer !

- Si tu savais qu’est ce que je donnerai pour pouvoir aller en dehors de la limite juste pour courir librement dans la forêt.

- Et tu donnerais quoi ?

Avec Kyara nous sursautons. Nous n’avons pas entendu Lucas s’approcher ! Il s'assoie à côté de nous prés de la fontaine.

- Alors, dis moi ?

- Et bien ma gratitude ! Car ici, je n’ai guère plus à offrir ! Je n’ai aucune valeur ! répondis-je en regardant mes mains.

Depuis le repas, notre relation a grandement évolué et nous nous chamaillons un peu moins qu’avant.

- Je ne suis pas d’accord avec toi ! Tu as de la valeur mais tu ne le vois même pas ! dit-il, d'une voix roque.

- Si vous le dites. Bon et que nous vaut cette visite ?

- Rien de spécial. Je suis en pause et j’ai eu envie de passer vous voir. Alors, quoi de beau au programme de cet après-midi ?

- Rien de spécial, on ira sûrement se tremper un peu les pieds dans l’eau dans l’après-midi et prendre un peu le soleil avant le départ. lui répond Kyara.

- Ah vous êtes au courant... Nous ne pouvons pas rester trop éloigner de notre positionnement ! Le départ est prévu pour après demain normalement.

- Déjà ?

Je ne peux réprimer un petit cris. Je ne sais pas si je vais pouvoir supporter le fait d’être à nouveau enfermée toute la journée !

- Allez, ça ira, en attendant profitez-en, dit-il en se levant.

- Vous partez déjà ? demandais-je, déçue par cette courte visite.

- Et oui, j’ai plein de chose à faire d’ici là !

Il est déjà à la porte. Je le regarde s’éloigner. Il a une démarche qui en impose vraiment ! Même de dos !
Plus tard dans l’après-midi, nous sommes dehors, tranquillement étendus dans l’herbe et nous savourons plus que d’habitude les rayons du soleil sur nos visages. Certaines d’entre nous ce sont même endormie. Pour ma part, je laisse aller mon imagination quand soudain, j’entends :

- Psit ! Xélia, chuchote Magali.

Je suis tellement surprise qu’elle s’adresse à moi que je regarde derrière moi pour voir si elle ne s’adresse pas à quelqu’un d’autre ! Mais non, c’est bien à moi qu’elle souhaite parler et à présent, elle me fait même des signes pour me dire de venir vers elle. Je me lève et vais la rejoindre tout en me demandant ce qu’elle peut bien me vouloir.

- Qui a-t-il ? demandais-je en arrivant vers elle.

- Chut ! dit-elle en me tirant par le bras.

Elle m’emmène dans un coin un peu éloigné et me dit :

- J’ai un message pour toi ! Lucas m’a dit de te dire qu’il a une surprise pour toi mais avec toutes les choses qu’il a à faire avant le prochain départ, il n’a pas eu le temps de te le dire.

- Et c’est à toi qu’il a demandé de me transmettre le message ?

- il n'avait pas grand choix puisque vous êtes toutes dehors !

- Et tu as accepté !

- Oui et si tu continue, tu vas me le faire regretter !

- Non, désolée ! Alors dis moi.

- Il m’a dit de te montrer qu’il a ouvert un passage juste ici.

Elle tire sur la palissade en tissu qui délimite la zone où nous devons rester. Devant mon air choqué elle reprends.

- Il est normalement interdit aux Femmes de sortir de la zone mais comme il sait que tu as du mal à être enfermée, il a envie de te faire ce cadeau. Il ‘ attendra dans la forêt. Il te suffit juste d’aller tout droit en sortant par là !

- Pardon ? Sortir alors que c est interdit ! Je ne comprend pas !

-Il m’a dit que tu serais septique et il m a dit de te donner ça !

Elle me tend un papier. Je le prends et le déplis ! A l’intérieur une fleur séché du même genre que celle qui était dans la poche de sa veste le soir du repas. Je ne sais plus quoi penser. La raison veut me dire de rester mais mon cœur me dit de courir vers la liberté mais aussi vers cet homme qui ne me laisse pas tout à fait indifférente ! Elle tend la main pour remontrer le tissus coupé et mon cœur prend un pas sur la raison et je me baisse pour partir à l’aventure !

Je me mets à courir de toutes mes forces dans la direction indiquée par Magali. Je dois arriver au plus vite à la lisière de la forêt si je ne veux pas être vu depuis le vaisseau. Cette course folle m’apporte tant de joie que je rie tout en sentant l’air frais fouetter mon visage. Arrivée dans la forêt je ne vois pas Lucas. Je m’enfonce un peu dans les bois. J’en profite pour toucher les arbres, pour respirer l’odeur de cette nature qui me manque tellement ! Cependant je ne m’éloigne pas trop du vaisseau pour essayer de voir arriver Lucas. Je suis vraiment étonnée qu’il m’ait fait une telle surprise mais c’est si bon ce goût de liberté que j’en savourais chaque seconde. Je m’approche d’un arbres et m’appuie contre lui, je ferme les yeux pour mieux entendre les pépiements des oiseaux puis j'en profite pour m’assoir tranquillement afin de tenter de me reconnecter avec la nature.

- Là ! Elle est là !

J’ouvre les yeux, la nuit est tombée. J'ai du m’endormir sans m’en rendre compte ! Je me relève et vois des lumières danser dans la nuit et venir dans ma direction.

- Ne la laissez pas s’échapper !

Je ne comprends rien! Tout se déroule si vite ! Bientôt, toutes les lumières m’encerclent et l’une d’entre elle est braquée dans mes yeux ! Je ni vois plus rien. Je sens une main m’attraper vigoureusement par le bras et l’on me fait avancer sans ménagement.

- C’est bon, on l’a ! Tout le monde rentre au vaisseau et verrouillage des portes juste après ! Tout le monde est assigné à sa chambre ! dit une voix que je n’arrive pas à reconnaître.

Je ne comprends pas l attitude des gardiens. Bientôt, je vois le vaisseau et ses multiples lumières se rapprocher. On vient de passer la limite que les gardiens ont créés autour du vaisseau. Puis nous pénétrons dans le hall de ce dernier. Là, on me fait arrêter puis les gardiens s’éloignent de moi et posent leurs lance au sol.

- Qu’on appelle le commandant ! hurle Paul en arrivant vers moi.

- Je ne...  j'essaie de parler mais il me coupe la parole.

- Toi tu te tais ! Le commandant jugera ce que l’on fera de toi ! Mais ça va mal aller pour toi !

- Mais je ne comprends pas !

- Tu ne comprends pas ? Mais quand on tente de fuir on assume, sauvageonne ! dit-il à quelques centimètres de mon visage.

- Mais je ne voulais pas fuir !

- Il suffit ! Le commandant décidera en attendant tu la fermes !

Je n’en reviens pas ! Je cherche des yeux Lucas mais il n’est pas là ! Soudain, je vois le commandant arriver en haut de l’escalier. Je le trouve immédiatement imposant et terrifiant. Il prend le temps de descendre en silence tout en me fusillant du regard. Puis, il vient se poster à quelques mètre de moi.

-  Alors ? Je croyais qu’on avait réussi à vous dompter ?

- Me dompter ? Mais sauf votre respect, ce son les animaux que l’on dompte !

- Si vous souhaitez qu’on vous traite mieux, comportez-vous convenablement !

-Je ne me suis pas mal comportée, je ne comprends pas je voulais juste...

- Vous ne comprenez pas ! tempête le commandant. Vous agressez votre condisciple, vous saccagez du matériel et vous tentez de fuir alors que vous avez eu accès à une technologie qui n’existe pas encore dans cette époque, mettant ainsi en péril le futur ! Il serait grand temps que vous vous pliez aux règles ! dit-il en s’avançant vers moi menaçant.

- Agresser ? Mais je n’ai rien fait ! Je vous jure ! Il faut me croire et je n’ai pas tenté de...

- Je perds patience ! Amenez la dans sa cellule, je ne veux pas prendre de décision sur un coup de tête !

Il fait demi tour et repart de la même manière qu’il est venu ! Les gardiens me prennent à nouveau par le bras et me conduisent à l’ancien quartier. Ils ouvrent mon ancienne chambre et me jettent dedans sans ménagement ! Une fois la porte refermée, je m’écroule au sol. Cette scène dans le hall m’a prit toute mon énergie. Je ne comprends pas ce qu’il vient de m’arriver. Je n’aurais jamais imaginé cela !

Jamais je n’ai voulu fuir bien au contraire. J'ai accepté mon sort depuis longtemps et j'aurais trop peur qu'il y ait des représailles sur ma famille. Et puis, depuis que Lucas me parle un peu plus, je n’ai vraiment pas envie de me le mettre à dos. Il faut que je lui parle, que je lui explique ce qu'il c'est réellement passé ! Je me lève et presse le bouton pour ouvrir la porte mais celle-ci reste close ! Je me mets à taper contre la porte afin que quelqu'un vienne m’ouvrir mais rien ne se passe ! Personne ne vient m’ouvrir ! Je suis désespérément seule. De rage, je me mets à pleurer et je fini par m’endormir à même le sol !

La porte s’ouvre brusquement et je me réveille en sursaut !

- Ton déjeuné ! dit N°1 en entrant dans la pièce et en déposant brusquement un plateau sur mon bureau.

Il repasse à côté de moi sans même un regard. Devant la porte, un autre gardien qui me tourne le dos monte la garde.

- S’il vous plaît attendait, il faut absolument que je parle avec quelqu’un ! Lucas ou même Madeleine ! S'il vous plaît ! les implorais-je.

- Mange ! cri N°1 avant d'actionner le bouton pour refermer la porte.

J’ai beau tambouriner contre cette dernière, à en avoir les poings rouges, personne ne revient de la journée ! Je refuse d’abord de manger puis je me dis que cela ne sert à rien. Je suis assise devant ma fenêtre, les jambes repliées sur mon ventre. Je regarde la forêt qui s’étend au loin et dans ma tête, je repense à la journée d’hier. Il est clair que ma première erreur a été d’écouter cette vipère de Magali. Je sais pourtant qu’elle est mauvaise mais jamais je n'aurais imaginé à ce point là ! Pourtant tout aurait dû me mettre la puce à l’oreille mais j’avais au fond de moi tellement envie d’aller dans la forêt que j’ai préféré ne pas voir tous les signes qui m’indiquaient un mauvais tour ! Et puis, j'avais tellement envie de croire que Lucas avait compris mon besoin de liberté.
De ma fenêtre, je vois les gardiens retirer les piquets qui délimitaient la zone où nous avions eu le droit de sortir. Mon cœur s’emballe quand je vois N°5 passer non loin de ma fenêtre !  Mais il ne lance qu’un petit regards dans ma direction avant de continuer son travail.

Mon moral en prend un sacré coup, car si mon seul allié ne me regarde même pas, cela est vraiment mauvais pour moi ! Je vais devenir folle si personne ne vient me parler rapidement.

Le soir, la porte s’ouvre à nouveau. Je me relève immédiatement pour voir un gardien rentrer et poser un nouveau plateau avant de reprendre l’ancien. Puis, il part sans même un regard ni un mot ! Des nerfs, j’attrape le bol de soupe et l’envoie valser contre la porte. La soupe se répand dans la pièce, je la regarde s'étaler en une grosse tâche sombre. Puis, je reprends ma place devant la fenêtre et reprend ma longue attente.
Une alarme retenti et me réveille. Une fois encore, je me suis endormie à même le sol. En m’asseyant face à la fenêtre je vois qu’il y avait énormément de vent dehors, puis des vibrations arrivent dans le vaisseau et peu à peu je vois la terre s’éloigner !
Mon cœur loupe un battement. Je tape à ma porte mais personne ne m’ouvre et personne ne vient me voir. Je reprends ma place la fenêtre pour regarder le vaisseau se déplacer. Au bout d’un moment je vois que le vaisseau s’arrête et la vibration s’arrête également. Au bout d’un petit moment j’essaie de taper à nouveau à ma porte afin que quelqu’un vienne m’ouvrir. A ma grande surprise, la porte s’ouvrit du premier coup et je me retrouver nez à nez avec Paul.

- T’as pas fini un peu de faire tout ce bordel ? Tu trouves pas qu’on t’a déjà assez remarqué dernièrement ?

- Il faut que je parle à quelqu’un. S’il vous plaît !

- Pour parler tu vas parler ! Le conseil se réuni dans le réfectoire ! Aller vient et ferme ta bouche le temps du trajet, ce que tu dis ne m’intéresse pas !

Nous marchons en silence dans le couloir puis arrivé devant le réfectoire, il ouvre les portes et me fait entrer. La salle est vide. Mais un bruit attire mon attention et me fait lever la tête. Sur le balcon, plusieurs personnes me regardent !

- Xélia, j’ai pris le temps de la réflexion et aujourd'hui, on va trancher sur ton attitude ! C’est la première fois depuis que nous avons des sélectionnées que l’une d’entre elle s’en prend physiquement à une autre et surtout tente de s’enfuir ! Sont présent avec moi deux hommes de chez les grands chefs et deux hommes des chefs à marier ! Chacun d’eux donnera un avis sur le sort qui va t’être réservé !

- Commandant, je vous en pris, j’aimerai m’exprimer pour vous expliquer ce qu'il c'est passé !

- Pas pour le moment ! On vas vous exposer tout ce qui vous est reproché !
Je regarde les hommes sur le balcon au côté du commandant. Il y a deux grands chef dont je ne connais pas le nom puis il y a Paul et Lucas !

Je me demande comment Paul a fait pour arriver aussi vite en haut mais très vite je suis ramené à la réalité. En bas dans mon dos N°2 vient de prendre la parole pour lire ce qu’on me reproche.

- En est venue aux mains sur la personne de Magali, a endommagé du matériel appartenant au vaisseau, c’est enfui du vaisseau entraînant une battu pour la retrouver mettant tout le monde à bord en danger, aurait pu dévoiler des choses de notre société si elle n’avait pas été retrouvé…

Je suis choquée par toutes ces accusations que j’entends ! Je me retourne pour faire face au chefs.

-  Je vous prie de m’écouter, s'il vous plaît !

- Messieurs, vous venez d’entendre tout ce qui est reproché à la jeune femme qu’en pensez-vous ? dit le commandant ignorant délibérément ma requête.

Cela en est trop pour moi et j'explose.

- Mais bon sang, je n’ai pas voulu fuir et je ne m’en suis jamais pris à Magali ! C’est elle qui m’a dit de venir la voir et c'est elle qui m’a montré le trou dans la délimitation ! Certes, j’avoue que je n’aurai jamais du sortir mais elle m’a dit que Lucas m’attendait dans la forêt et puis quand j’ai vu cette étendue verte devant moi, je n’ai pas réfléchi ! J’ai eu tord ! Mais pour le reste, je ne suis en rien responsable.

- Tu nous traites de menteur ? demande l'un des grand chef. Faites entrer la victime !
Les hommes se poussent sur le balcon et je vois s’avancer sur le bord une Magali qui arbore à son oeil droit un bleu énorme ! Son visage est tuméfié. Des qu’elle me voit, elle se met à trembler et se jette dans les bras de Lucas qui la réceptionne maladroitement.

- C’est trop dur pour moi de la revoir. Je vous en pris, je ne veux plus la croiser ni même la voir.

Elle se met à pleurer ! Je n’en reviens pas ! Certes, elle est salement amochée mais jamais je ne l’ai touché ! Je tente de me défendre.

- Voyons messieurs, je ne l’ai jamais touché ! Magali soit franche et dit leur ce qu’il c’est réellement passé ! J’assume entièrement le fait d’être sortie par ce trou dans l’enclos et d’avoir était dans la forêt mais je refuse de porter le chapeau pour tout le reste !

- Messieurs, le moment est venu de voter ! Que fait-on de la jeune rebelle ?

- Le service ! dit Paul d’une voix forte.

- Oui c’est ça qu’on la descende au niveau du sous-sol. Sous haute surveillance ! dit l’un des grands chefs suivit par l’autre avec plus de retenu.

- Lucas, il nous reste à te demander ton choix !

Lucas semble embêté, il a toujours Magali dans les bras et semble très mal à l’aise.

- C’est peut-être un peu fort le service ! Ne pourrait-on pas la mettre à l’épreuve le temps de vérifier sa loyauté ?

Magali gémit dans ses bras.

- Tu dois trancher, choisi et vite ! Lorsqu’on est chef on ce doit de prendre les bonnes décisions pour protéger tout le monde !

- Je... Il me semble... J’accepte mais que pour un temps ! Et si tout se passe bien, elle pourra reprendre ça place parmi les sélectionnées ! finit-il par trancher.

- C’est unanime ! N °2 descendez cette femme au sous-sol qu’on l’affecte au ménage pour commencer il paraît qu’elle sait bien frotter ! dit le commandant.

N°2 s’approche de moi. Et me prend par le bras. Puis il m’attire hors de la pièce.

- Non ! Lucas ! Aide moi ! Tu me connais maintenant, tu sais que je n’aurai pas fait ça !
Mais c'est peine perdu la porte vient de se refermer, son claquement me glace le sang.