La journée me paraît durer une éternité ! Ce matin Lucas est déjà sous tension par rapport à tout ce qu’il s'est passé hier. Il a réussi à me procurer des vêtements à ma taille, ainsi je pourrais au moins me présenter au procès dans une tenue plus décente.

- Mange un peu Xélia. me ouspille Lucas.

- Oui, oui mais je n’ai pas très faim aujourd'hui !

- Avec tout ce que tu as eu dernièrement, il faut que tu reprennes et tu dois avoir de l’énergie pour ce soir ! Bon, je vais devoir y aller. Je passerais te récupérer avant le procès. Je ne veux pas que tu t’y rendes sans moi ok ?

- Oui, j’ai compris je suis sous haute surveillance !

- Ne te moque pas ! C’est sérieux.

Il se lève de table. En passant à côté de moi, il effleure mon bras. Tout mon corps s’enflamme à ce simple contact. Il faut vraiment que je prenne de la distance pour être sûr de toutes mes émotions. L’après-midi se traîne en longueur. Je meurs d’envie de lire mon livre pour retourner en bas afin de parler avec Marcial mais comme je ne sais pas à quelle heure le procès a lieu, je préfère ne pas tenter le diable.
Vers seize heure, Lucas rentre, je sens tout de suite qu’il est nerveux. Il me cherche immédiatement du regard et dès qu’il me voit il s’apaise instantanément !

- Je vais prendre ma douche et on y va.

- D’accord, je suis prête.

Il prend la direction de la salle de bain et durant tout le temps de sa douche je sens l’angoisse monter à l’intérieur de mon ventre. J’appréhende la confrontation avec Magali ! Je me suis assise sur le canapé mais je ne tiens pas en place. Finalement, je me relève et je me rapproche de la fenêtre. Comme à mon habitude, je colle mon front dessus et le contact froid de la vitre m’apaise rapidement.
Une main se pose sur mon épaule, ce qui me ramène à la réalité.

- Tout se passera bien ! Je serai là, juste à côté de toi ! me dit Lucas.

Je me tourne et le regarde ! Il est renversant. Il a mit son habit habituel. Le noir étant de rigueur. Mais il s’est rasé de près et il a mit s'est cheveux en arrière ce qui lui fait ressortir ses yeux verts ! Il me tend la main et il m’entraîne vers la porte.

- Ce n’est pas le moment d’être en retard ! Et puis, une fois que ça sera fait, on pourra passer à autre chose.

- Oui, je sais. Tu as raison.

Dehors tout le monde se presse, le procès a lieu dans le grand hall pour que tout le monde puisse y assister. En chemin, nous croisons plein de monde. Et chacune des personnes me dévisagent. Je suis très mal à l’aise avec tous ces regards braqués sur moi ! La main de Lucas serre la mienne régulièrement comme pour m’encourager. Le grand hall est rempli. Il y a du monde dans les escaliers et sur la passerelle. Je pensais rester en haut mais Lucas me fait descendre jusqu’en bas. Dans le hall, le commandant est déjà présent, ainsi que les deux vieux chefs qui ont assisté à mon jugement. Il y a une chaise dans un coin ou Lucas me fait assoir. Puis il va prendre place au côté des grands chefs. Je reste là, assise avec la sensation que tout le monde me regarde. Puis je vois Magali arrivée, escortée par deux gardiens et suivit par Paul. Elle a un petit pansement sur le haut du front, indiquant que le coup qu'elle a reçu à la tête la veille à dû être violent. Ils l’installent face au commandant, instantanément le silence revient dans le hall.

- N°1 va lire les chefs d’accusations.

  - A abîmé le matériel, a simulé un accident, a encouragé une évasion, a menti, a dégradé une fenêtre du vaisseau, entraînant un danger pour tout l’équipage !

- Merci N°1. Mademoiselle, vous rendez-vous compte que la situation est grave pour vous ?

- Je ne voulais pas çà ! C’est à cause de la situation dans laquelle vous nous faites vivre depuis des mois ! répond Magali en sanglotant.

- Mais mademoiselle, vous vivez toutes dans la même situation ! Et heureusement pour nous, tout le monde ne fait pas comme vous ! Pourquoi vous en êtes-vous prit à Xélia ?
Elle passe subitement des larmes au rire. Ce dernier fait hystérique et me glace le sang.

Elle me regarde d’un regard froid et méprisant.

- Mais c’est bien simple. Elle ensorcèle tous les hommes du vaisseau ! Des gardiens jusqu’aux plus vieux ! Ils n'ont que Xélia à la bouche !

Je suis choquée ! Moi ensorceler les hommes ! Elle se fout de la gueule du monde ! Je prends le parti de ne pas relever ses propos.

- C’est donc par pure jalousie ? Ce n’est pas très glorieux pour vous ! Reprend le commandant. Vous savez, chaque femmes est logées à la même enseigne ici ! Et c’est là première fois qu’une sélectionnée agit de cette manière. Je dois vous dire que je trouve votre attitude déplorable !

Il se retourne et demande aux chefs de dire ce qu’ils en pensent.

- Pour ma part, je pense qu’il faut une sanction exemplaire. Je trouve également que cette jeune personne à une attitude déplorable. Elle devrait regagner le secteur des servantes, dit le premier grand chef.

- Je ne sais pas. Pour ma part, je trouve qu’aller en bas est peut-être un peu violent non ? On a vu ce que ça a donné avec Xélia, dit le deuxième grand chef.

- Vous rigolez j’espère, s'exclame Lucas énervé ! Vous ne vous êtes pas posé tant de question pour Xélia, qui finalement était victime de cette personne !

- Elle s'est quand même enfuit, je te rappelle Lucas ! répond le premier grand chef.

- Certes et elle l’a reconnu ! Elle a aussi expliqué pourquoi elle avait fait çà au commandant ! Et le jour de son procès, elle a tenté d’expliquer pourquoi elle est sortie et personne ne l’a écouté et vous l’avez tout comme moi envoyé en bas sans scrupule ! Elle a subit pire que les femmes qui sont à notre service ! Donc il serait peut être tant d’ouvrir les yeux et donc de prendre des décisions, des vrais !

- Tu n’as pas complètement tort. Mais justement, Xélia a tellement souffert de son traitement que je me pose plus de question à présent. Peut-être pourrait-on la garder en isolement quelques temps avec mise sous surveillance ? réplique le deuxième grand chef.

- Moi, je dis qu’il faut de l’indulgence avec elle ! dit Paul. Elle est fragile ! Sa crise de nerf d’hier en est la preuve ! Elle ne voulait pas tout ça ! Elle a juste eu peur de se retrouver seule.

- Vous avez tous parlé. Si je récapitule, nous avons une demande d’envoi aux services, une demande d’isolement, une demande de grâce et pour Lucas je ne suis pas sur ?
Lucas se passe la main dans les cheveux. Le doute s’empare de lui et je peux ressentir son stresse.

- Je ne sais pas trop. J'avoue qu’après avoir vu Xélia, je me dis qu’en bas ce serait peut-être trop dur...

- Bon, alors nous avons donc tranché ! Il y a un vote pour en bas et les trois autres votes se rejoignent en partie pour une sorte de confiance.

Le commandant se tourna vers Magali et d'un ton solennelle, il lui dit :

- Les chefs ont tranché ! Vous serez donc dans un premier temps renvoyé en isolement au quartier des sélectionnées. Si votre comportement redeviens convenable, alors vous pourrez regagner le quartier des femmes. Mais pour le moment vous n’êtes plus sélectionnable.

- Quoi ? Mais c’est pas juste ! dit Magali en se levant de sa chaise.

- Je pense que vous feriez mieux de vous calmer ! Nous avons été indulgents avec vous il me semble.

- Oui, vous avez raison, minode Magali. Mais que faites vous d'elle ? demande-t-elle en me regardant.

Tous les regards se braquent sur moi ! Je me sens rougir. Un gardien s’approche de Magali et la prend par le bras et l’emmène vers moi. Puis, arriver à ma hauteur, il me prend le bras me lève de la chaise et me conduit au centre de la pièce devant les Chefs !

- A ton tour maintenant ! me dit discrètement Magali avec un petit sourire en coin.

Arrivée au milieu, je regarde en direction de Lucas. Celui-ci n’a pas l’air de comprendre ce qui est en train de se passer. Il me regarde démuni. Moi par contre, je sens la rage monter en moi ! D’une part je ne suis pas satisfaite du vote Lucas. Il n’a pas été clair dans ce qu’il vient de faire en ce qui concerne Magali. Et puis, je ne trouve pas le procès juste vis-à-vis de celui que j’ai eu le mois d'avant. Je décide donc d’ignorer le regard que me lance Lucas et je lève la tête fièrement devant le commandant.

- Mademoiselle, je voulais tout d’abord vous demander pardon officiellement et publiquement pour tous les mauvais traitements que vous avez subit. Ensuite, j’aimerai dire à tout le monde que vous avez été grandement puni pour le fait d’être sortie de la zone délimitée comme vous l’avez fait ! Je vous autorise donc à revenir officiellement aux quartiers des femmes. Et vous avez le droit d’être à nouveau sélectionnée pour le mariage !

Des applaudissements retentissent dans le hall. La tension dans mon corps se relâche. Le commandant s’avance vers moi et me passe autour du cou le collier avec la pierre rouge qui permet d’accéder aux différents quartiers du vaisseau.

- N°1 reconduit Magali dans la cellule qui a été arrangé pour elle.

Il regarde Magali d'un air dédaigneux et poursuit.

- Si vous vous conduisez bien, vous pourrez ré-intégrer le quartier des femmes mais toujours sous surveillance ! Par contre, que tout le monde m’écoute bien ! La prochaine fois qu’une personne de ce vaisseau dérape, il n’y aura plus de clémence ! Vous pouvez tous disposer et retourner à vos occupations ! En espérant que tout le monde retrouve ses esprits ! J’en profite pour annoncer que dans un mois les jeunes chefs feront leurs choix ! Et enfin, toute la tension retombera.

Très vite, mes amies m’entourent et me serre dans leurs bras. Tout le monde y va de son commentaire. Des femmes et mêmes des hommes Futuriens me serrent la main. Puis, tout ce monde m’entraînent dans le quartier des femmes. Je me laisse aller, porter par toute cette foule. Je suis perturbée mais heureuse malgré tout de retrouver le quartier des femmes. Une fête improvisée s'est créée et on sent que toute la tension de ces dernières semaines retombe pour tout le monde. Stéphane me surprend en me prenant dans ses bras, ce qui me met un peu mal à l’aise.

- Je suis désolé pour tout ce qui c’est passé dernièrement... me dit-il.

- Tu n’y es pour rien ! Et puis passons à autre chose ! Je souhaiterais oublier tout ça...

- Hum hum !

Je me retourne. La main de Stéphane toujours dans mon dos. Lucas se tient là, droit comme un piqué et a l’air d’être vraiment contrarié ! Je me décale pour ne plus être en contact avec Stéphane et regarde Lucas d'un air surpris.

- Je voulais également te féliciter Xélia. Je suis heureux de voir que tout va enfin rentrer dans l’ordre.

- Merci c’est gentil.

- Je peux te parler ?

- Oui bien sûr! Vas-y je t'écoute.

- Non mais en particulier.

Il semble à nouveau intimidé et contrarié. On s’éloigne un peu de la foule qui continue à s’amuser sans faire attention à nous.

- J’aimerai qu’on ne s’éternise pas trop ici.

- J’ai bien peur de ne pas comprendre ? Tu veux aller où ? Tout le monde est là !

- Justement, j’aimerai bien qu’on se retrouve à nouveau tous les deux.

- Mais on est bien tous les deux là, non ?

- Non mais en haut, dans l’appartement. Qu’on aille se poser tranquillement. Et qu’on fête ça tous les deux ce soir.

- Je ne pense pas non.

- Quoi ?

- Je te dis que je ne souhaite pas monter en haut. Je vais passer la soirée là et j’ai été à nouveau réhabilité dans le vaisseau. je vais donc pouvoir regagner ma chambre.

- Non mais reste avec moi Xélia !

- Pourras-tu me ramener mes affaires s’il te plaît ?

- Mais pourquoi ? On était bien tous les deux non ?

- Je ne sais pas et puis la sélection n’a pas eu lieux...

- C’est tout comme !

- C’est ce que tu dis Lucas mais tout à l’heure, lors du procès de Magali, tu n’avais pas l’air de savoir ce que tu voulais.

- Quoi ? Mais non ! J'ai juste hésité ! Xélia tu ne vas pas me tenir rigueur de ça ?

- Je ne t’en tiens pas rigueur mais je pense que tu ne sais pas ce que tu veux. Il semblerait que le sort de Magali ne te laisse pas indifférent ! C’est ton choix et je n’ai rien à dire ! Par contre, dois accepter le miens.

- Mais non Xélia !

Il s’avance vers moi et passe sa main sur ma joue. Je le laisse faire, son contact est toujours aussi agréable mais je suis vraiment en colère qu’il se soit autant inquiété pour le sort de Magali alors que pour moi il n’avait pas eu tant de scrupules...

- Je t’en prie... reprend-il.

- Je reste ici ! Ma place et là, avec les filles. Après tout, la sélection à lieux dans un mois ! Tu as encore le temps de faire ton choix !

Je prends sa main et l’enlève de ma joue. Il me regarde avec une petite douleur dans le regard, sans dire un mot. Cela me fait mal au cœur mais je ne dois pas lâcher ! Il nous faut de la distance et surtout il faut qu’il comprenne que je ne suis pas sa propriété. Il m’a exilé du monde durant plusieurs jours et il croit que je vais à nouveau supporter l’enfermement dans son appartement ! Certainement pas ! J’ai passé de bon moment avec lui mais il faut que l’on ait du temps pour réfléchir, se poser et puis, il faut que j’aille voir Marcial pour régler ce qu’il se passe en bas !

Je m’éloigne pour regagner le centre de la salle et je passe la soirée entourée des femmes du quartiers !

Je ne revois pas Lucas de la soirée, il est parti juste après notre conversation. Je me suis sentie un peu mal sur le coup puis Madeleine est venue et m’a dit :

- Laisse le mariner un peu ma belle, il faut qu’il comprenne !

- Mais tu sais, je ne veux pas lui faire de peine. Mais je n’arrive pas a savoir exactement ce que je ressens pour lui. Et j'ai besoin de me retrouver un peu seule pour comprendre.

- Justement, un peu de distance sera bénéfique ! Aller bonne nuit ma belle.

Ce soir là, je regagne ma chambre que mes amies ont embelli avec de joli dessin et de jolies couleurs.