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Le silence est pesant dans la pièce. Les hommes observent chacune de nous. J’ai l’impression qu’ils nous déshabillent du regard. Ce silence commence à me rendre vraiment mal à l’aise. Soudain l’homme se tenant au milieu se met à parler.

- Mesdemoiselles bienvenue parmi nous. Depuis une semaine, nous vous avons accueilli sans trop vous expliquer la suite des événements. Je me doute que vous vous posez plein de questions. Nous allons essayer de répondre à celles-ci. Vous êtes à présent toutes arrivées nous n’accueilleront plus de nouvelles filles avant un bon moment.

Une jeune fille derrière nous lève la main.

- Oui mademoiselle ? dit l’homme du milieu.

- Pourriez-vous nous dire votre nom s’il vous plaît ?

- Je suis le commandant de la mission RP 150, mon nom est commandant Ziman.

- Quand nous présentera-t-on nos futurs mari ? demande une autre jeune fille dont les cheveux blond comme les blés tombent dans son dos jusqu’aux fesses.

- Mais qui vous a dis que vous alliez vous marier ? répond-il sarcastique.

Des rires fusent derrière le commandant, lui même se met à rire. Parmi les filles, un frisson passe. La jeune fille qui a posé la question est à présent rouge de honte et parmi nous des murmures s’élèvent. Une autre fille prend la parole :

- Pourquoi vous moquer d’elle ? Après tout, c’est ce que vous dites à tous les villages dans lesquels vous vous rendez !

- Non nous expliquons que nous venons prendre une fille mais la suite n’est pas expliquée ! Nuance !

- Ce n’est peut être pas dit très clairement mais vous dites que c’est un honneur d’être choisi ! Reprend la jeune fille qui décidément ne se démonte pas.

- C est un honneur de nous servir ! Voilà pourquoi nous vous faisons venir ! reprend-il avec toujours les rires des ses camarades derrière lui.

La jeune fille en reste bouche baie ! Les murmures reprennent parmi les filles. Nous pensions toutes la même chose, alors qu’en fait, nous allions devenir ni plus ni moins leurs esclaves ! Mon sang ne fait qu’un tour et je prends la parole sans même lever la main pour demander l’autorisation !

- C’est facile pour vous autres de rire de nous ! Vous venez nous arracher à notre famille, à nos amis, vous ne nous expliquez que la moitié des choses, vous nous parquez comme des bêtes, vous nous imposez une tenue vestimentaire et après vous vous riez de nous ! Ah il est beau notre futur !

Le silence retombe instantanément. Le commandant se penche pour voir qui a osez parler !

- Veuillez-vous montrer jeune demoiselle ! Et assumer vos paroles !

Je me hisse sur la table devant moi afin qu’ils puissent bien me voir. La même rage que la veille me prend à nouveau aux tripes.

- Mon nom est Xélia, je suis arrivée aujourd'hui et je ne supporte pas que vous vous moquiez de nous, lui dis-je en relevant la tête fièrement.

Les filles autour de moi me regardent ébahi ! En haut, sur leur balcon, les hommes se poussent pour mieux me voir, quand au commandant, je vois ses doigts se crisper sur le bord du balcon. Il semblerait que c’est la première fois qu’une jeune fille recrutée ose s’exprimer de la sorte.

- Qui m’a ramener cette jeune fille ? demande-t-il en se tournant vers ses hommes.

Tous se tournent vers le chef qui m’a amené le matin même. Celui-ci me regarde avec un petit sourire en coin. La situation semble être à la hauteur de ses espérances.

- C’est moi commandant ! dit-il en s’avançant. J’ai trouvé cette jeune femme rafraîchissante ! Je me suis dit que ça mettrait un peu de piquant à nos vies !

- Du piquant ! Intéressant !  dit-il en se grattant le bouc qui orne le bas de son menton. Nous allons donc nous approcher plus près de cette jeune rebelle pour voir de plus près son piquant !

Ils quittent le balcon. Le chef qui m’a amené est le dernier à le quitter avant de me lancer un dernier regard plein de satisfaction.

Toutes les filles sont abasourdis elles n’en reviennent pas de mon culot et je dois dire que moi aussi ! Je descends de la table avec l’aide de Kyara.

- Tu es folle ou quoi ? Pourquoi tu lui as dis ça !

- Je ne sais pas, quand je suis en leur présence, je n’arrive pas a me contrôler, ça m’a fait ça hier lors de la sélection.

Un bruit de porte qui s’ouvre nous fait sursauter. Toutes les filles se déplacent pour me laisser bien en évidence au milieu de la salle.

- Alors, nous voilà plus près de toi ! As-tu autant de virulence en face à face jeune fougueuse ?

- Je pense toujours tout ce que je vous ai dis ! J’assume chaque mots !

- Excellent ! Alors sachez que j ai horreur qu’on me tienne tête ! Lucas tu trouves cela amusant ? demande le commandant à l’intéressé.

- Je trouve ça rafraîchissant oui ! lui répond ce dernier.

- Les fauteurs de trouble n’offrent jamais rien de bon ! Je vais devoir agir et vite ! il se retourne vers nous et reprend. Mes demoiselles, il y aura effectivement des mariages. Mais pour cela, il faudra que vous donniez le meilleur de vous-même ! Nous n’épousons pas n’importe qui ! A ce jours, vous êtes vingt. Mais seulement cinq d’entre vous aurons l’honneur et le privilège d’évoluer. Les autres seront utilisées pour les corvées. Vous serez orientées demain sur vos diverses activités en attendant notre décision final !

Un frisson parcours l’assemblée. On se regarde toute avec un air de stupeur, nous n’étions ni plus ni moins des esclaves ! Certaines ont les larmes aux yeux !

- Aller ne vous en faites pas, tout se passera bien ! Vous resterez dans le quartier de sélection le temps qui nous conviendra puis en fonction de notre dernière sélection, vous serez reparti au niveau des serviteurs ou à celui des Futuriens ! Le quartier de sélection est sous surveillance ne vous amusez pas à vouloir faire des choses que vous pourriez regretter ! De plus, un gardien en monte la garde en permanence et vous dira quoi faire en fonction de nos demandes ! Sur ce, nous vous souhaitons un bon appétit et une bonne nuit.

Il fait demi tour, donnant le signal à ses hommes de le suivre mais arrivé à la double porte il s’arrête et prononce ces mots sans même nous regarder.

- Quand à la rebelle Au cheveux de feu, tu sera de corvée de ménage ce soir après le repas ! Tu lavera votre réfectoire et tout le couloir avec pour seul ustensile de l’eau du savon et des éponges ! Ça t’apprendra à fermer ta bouche je l’espère.

Il ne me laisse pas le temps de répliquer. Je vois Lucas me regarder avec un regard légèrement désolé avant de suivre son commandant ! Dès que les portes se referment  un brouhaha s’élève dans la pièce, chacune des filles commentent ce qu’il vient de ce passer.

- Pourquoi tu ne t’es pas retenue de leur dire ce que tu pensais Xélia ? me demande Kyara.

- Je ne le sais pas. Je me sens toujours si révoltée en leur présence que je ne peux me contenir !

- Il va falloir que tu fasses attention, sinon tu ne sera pas sélectionnée pour le mariage et tu deviendra leur esclave ! me dit-elle alors que les filles autour de nous font oui d'un signe de la tête.

- J'y crois pas ! Ne me dites pas que vous espérez être choisi pour le mariage ?
Je n’ai pas de réponse à ma question mais leur silence en dit long.

- Vous croyez que vous serez mieux logé en tant que femme de Futurien ? Et bien vous vous mettez le doigt dans l’œil ! J’en reviens pas.

- C’est qu’au moins en étant leur épouse on ne deviendra pas esclave ! me dit Solène timidement.

- N’importe quoi, tu deviendras leur objet ils exigeront de toi bien pire à mon avis ! lui répliqué-je. Mais bon chacune pense comme elle veut. Allez, allons manger que je puisse après me lancer dans mon ménage...

Je n’ai pas très faim mais il faut tenir et pour cela il faut se nourrir.  Le repas se prends dans un silence assez pesant. Des petites trappes sont ouvertes dans les murs pour laisser apparaître le repas. Nous ne voyons personnes lors des différents services des plats. Tout est fait pour que nous ne rencontrions personne. Une fois le repas terminé, chacune prend le chemin de sa chambre. Kyara traîne le plus longtemps possible jusqu'à ce qu’un gardien lui dise de regagner sa chambre afin que je puisse commencer ma punition !

- Je pourrais peut-être l’aider ? lui dit-elle.

- Non, toi tu vas dans ta cellule ! C’est la rebelle qui l’a ouvert, c’est à elle de payer les conséquences ! Lui réplique le gardien sans ménagement.

- C’est bon Kyara, merci j’assume mes actes ! Va te reposer, la journée de demain promet d’être mouvementée !

Le gardien rit à la fin de ma phrase et montre du doigt la sortie à mon amie. Puis il se tourne vers moi et me dit :

- Va prendre les accessoires qui sont dans le coin et commence à frotter rebelle !
- Je ne m’appelle pas rebelle mais Xélia !

Sur ces mots, je prends ce qu’il me faut et je commence à frotter ! Je ne sais pas depuis combien de temps je suis à genoux par terre en train de nettoyer mais je ne vois pas le bout de cet interminable couloir. Seule la respiration du gardien qui me surveille depuis le début me rappellant que je ne suis pas seule, rythme mon travail. Quand soudain, la porte s’ouvre sur Lucas et un autre gardien.

- Elle n’est pas encore couchée ? demande Lucas

- Non ! Comme vous le voyez., lui dit mon gardien.

- Tu comptes y passer la nuit ? s'informe Lucas en se rapprochant de moi.

- Qu’est ce que cela peut bien vous faire ? Je fais ce que l’on m’a ordonnée de la meilleure façon qui soit !

Il regarde le couloir qui dans mon dos est impeccable. Son collègue gardien, un gros bonhomme au teint rouge qui sent fort la transpiration s’approche me contourne et se met à marcher dans le couloir avec ses grosses bottes pleines de terre ! J’en reste choquée ! Puis il revient vers moi et me dit :

- C’est sale ! Recommence ! il ramasse mon éponge et me la jette en plein visage !

- Paul ! Tu déconnes ou quoi ? dit Lucas. On ne traite pas les gens comme ça ! Même s’ils viennent d’en bas !

Pour moi s’en est trop, entre la fatigue et la tristesse qui m envahissent je sens des larmes monter dans mes yeux. Mes bras sont lourd d’avoir tant frotter.

- Je fais ce que je veux ! Faut la mater la sauvageonne que t’as ramené ! Et je te rappelle que tu n’as pas d’ordre à me donner ! lui répond le fameux Paul.

En y regardant de plus près, je vois qu’il a les mêmes marques grises sur les bras que Lucas. Je prends mon seau et mon éponge et d’une démarche lasse je reparts au bout du couloir pour recommencer à frotter. Je m’accroupi  volontairement dos à eux car je ne veux plus les voirent. Ma vie va devenir un enfer.

- Elle a fait ce qu’on lui a demandé je te signale. Pourquoi tu t’en prends à elle ? Aller Paul, sort de là, je vais prendre la relève du gardien.

J’entends les pas bien lourd de Paul sortir du couloir et avant que la porte ne se soit refermée complètement ce dernier en profita pour crier :

- Là aussi il y a de la terre Rebelle, frotte moi ça je veux que ça brille.

- Gardien tu peux aller te coucher, je vais prendre le dernier quart de la nuit. Merci.

- Vous êtes sur ? Ça ne me dérange pas de surveiller Xélia !

Je suis surprise de l’entendre prononcer mon prénom ! Je me retourne pour mieux le regarder. Il a un joli visage fin avec des yeux marron noisette, il est assez grand mais moins que Lucas et il me regarde avec compassion me semble-t-il. J’en suis étonnée.

- D’où tu l’appelles par son prénom ? Qui est elle pour toi ? Garde ta place gardien ou ça ira mal pour toi, lui aboie dessus Lucas.

- Je vous pries de m’excuser, lui dit le gardien. Il me lance un dernier regard plein de compassion avant de tourner le dos et de quitter le couloir.

Lucas va prendre sa place et me regarde travailler. Au bout d’un moment, alors que je déplace le seau et que je me frotte le fond d’une main, je le vois s’approcher de moi, prendre une éponge et s’accroupir. J’en reste complètement choquée ! 

- Je viens t’aider, tu comptes me regarder ou bien finir le travail ? me lance-t-il sans même me regarder.

- Pourquoi faites vous ça ? lui demandé-je en reprenant le travail.

- Pour aller plus vite. Et parce que je ne suis pas d’accord avec l’injustice ! Tu avais fait ce qu’on t’avais demander. Paul n’aurait pas du tout salir.

- Merci !

Nous continuons en silence. Et très vite, le couloir est propre. Alors que je vais prendre les affaires afin de les ranger, il me prend le seau des mains. Sa main touche la mienne et je sens une vague de chaleur m’envahir.

- Va te coucher Xélia. Je vais m’en occuper.

- Pourquoi ? Je ne comprends pas votre attitude ? Ce matin vous vous moquiez de moi et cette nuit...

- Je ne suis pas mauvais. Tu tombes de fatigue, la journée a été dur pour toi... Et puis de toute façon, je suis de garde cette nuit, je n ai rien d’autre à faire...

- Je ne voudrai pas qu’on dise que je suis une tir au flan !

- Qui dirait cela ? Il n’y a que toi et moi ici ! Allez, va, arrête de discuter.

Je lui laisse donc le seau et prends la direction de ma cellule. J’ouvre ma porte et au moment où je vais pénétrer dedans, je l’entends m’appeler.

- Xélia! J’aimais mieux ce matin quand tu me tutoyais ! Ceci dit, si tu ne veux pas d’histoire il vaut mieux continuer comme ça en publique.

J acquiesce d’un signe de tête avant de disparaître dans ma chambre.

Je n’y comprends plus rien ! Un coup il me parle comme une moins que rien et après, il m’aide carrément à nettoyer le couloir ! Mais je suis trop épuisée pour y réfléchir d’avantage et je me laissais tomber sur le lit. Au contact du matelas moelleux je m endormi instantanément sans même prendre le temps de me déshabiller.

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