Et après.
Point de vu Lucas.
Je suis derrière la porte depuis un bon moment déjà et je retiens ma respiration pour essayer d’entendre le moindre bruit pouvant provenir de l'infirmerie. Mais rien ! Pas un son ne vient jusqu'à moi ! J’ai déjà rongé tous mes ongles. Habituellement ce n’est pas mon genre mais là, c’est la seule chose que je trouve à faire pour tenter de passer mes nerfs. Dans ma tête, je revoie la scène en continue, je cherche à revoir le film, pour voir si je n’aurais pas pu prendre une autre décision. Mais je ne vois pas d’autre solution. Je pense que ce connard de Dylan n’aurait pas hésité. Cet homme était un vrai connard et il n’aurait pas hésité à la tuer.
Soudain, la porte s’ouvre et ma grand-mère me fait signe que je peux rentrer. Je ne me le fait pas dire deux fois et je pénètre dans la pièce sans tarder. Sur le lit blanc, Xélia est toujours inconsciente. Son épaule est bandée et son visage est toujours aussi pâle, voir même un peu plus pâle que lorsque je l’ai laissé. Son corps a été lavé pour retirer les traces de sang et ses cheveux étalés autour de son visage sont la seule touche de couleur sur ce lit immaculé. Dans un coin de la pièce, des draps tachés de sang sont posés et témoignent l’importance de la blessure. Je m’approche un peu plus du lit sans oser la toucher.
- Elle n’a pas reprit connaissance une seule fois, m'informe ma grand-mère. J’ai malgré tout réussi à lui extraire la balle mais j’ai bien peur qu’elle ait causé des dégâts. Elle a perdu énormément de sang, et mes connaissances médical sont vraiment limités.
- Ok, on peut faire quoi d’autre ? demandais-je inquiet.
- Je ne sais pas mon petit ! répond-elle les larmes dans les yeux.
Kyara la prend dans ses bras pour la réconforter et pour la soutenir par la même occasion. Ma grand-mère aussi a beaucoup souffert de ce mois pénible que nous venons de vivre.
- Madeleine va te reposer, lui dit Kyara. Je vais veiller sur elle. Lucas, je te laisse un peu avec elle le temps que j’aille accompagner ta grand-mère dans un endroit où elle puisse ce reposer.
- Oui merci, répondis-je. Mais n'allez pas au quartier des femmes... Allez plutôt à la salle de jeux. Il n’y a pas eu de carnage dans cette salle et il y restera peut-être des remontants qui pourront lui faire du bien.
- Ça, j’en doute, répond Kyara. Les autres passaient leur temps à boire.
Sur ces mots, elles partent toutes les deux, me laissant seul avec ma femme qui dort toujours sans se rendre compte de ma présence. Je referme la porte puis, je me rapproche du lit. La main pâle de Xélia repose inerte sur le lit. Je n’ose pas la toucher et paradoxalement, j’en meurs d’envie. Je finis par approcher ma main tremblante de la sienne et dès que nos mains rentrent en contact, je me sens un petit peu mieux. Xélia n’a aucune réaction et sa main est un peu trop fraîche à mon goût. J’entends la porte s’ouvrir dans mon dos mais je ne fais aucun mouvement.
- Ça va aller, me dit Kyara confiante. Ça ne peut pas en être autrement.
- Qu’est ce que je peux faire? lui dis-je en pleurant.
Je crois que la fatigue et le stress viennent à bout de moi. Et je ne peux plus retenir mes larmes et je les laisse couler le long de mon visage.
- Dit moi Kyara ! Qu’est ce que je dois faire ? lui demandais-je en la suppliant du regard.
Kyara me regarde ne sachant quoi me dire. Je vois qu’elle cherche une solution. Puis soudain, elle me dit :
- Sa maman !
- Quoi ? lui dis-je sans comprendre.
- Sa maman est bien un style de guérisseuse non ?
- Mais oui ! Tu as raison !
Comment n’ai-je pas pu y penser avant ? Je suis sur qu’elle s’aura quoi faire. Il suffit que j’aille la chercher ! Je lâche la main de Xélia pour prendre dans mes bras Kyara qui a trouvé la solution ! Elle est un peu gênée par le fait que je l’enlace mais je fais comme si de rien n’était et je la lâche pour revenir vers Xélia. Je me penche au dessus d’elle et lui murmure à l’oreille avant de l’embrasser sur le front.
- Mon amour, tiens bon. Je vais aller chercher de l’aide auprès de ta maman. Continue à être forte comme tu l’es toujours.
Puis, je me retourne pour dire à Kyara :
- Je ne veux pas qu’elle soit seule une seule seconde. Je t’envoi un autre fille pour t’aider et je reviens le plus vite possible avec sa maman.
Rapidement, je retourne dans le hall du vaisseau, il y a encore quelques personnes dont Magda. Elle tombe pile poils !
- Magda ! Peux-tu rejoindre Kyara à l’infirmerie s’il te plaît ? Et Marc, Paul ou Stéphane ou sont-ils ?
- Stéphane est là, regarde vers le quartier des sélectionnées. me répond Magda en prenant la direction de l’infirmerie. Je vais rejoindre Kyara. Xélia va mieux ?
- Non. Réponds-je doucement pour que tout le monde ne m’entende pas. Mais j’espère avoir la solution.
Je me dirige déjà vers Stéphane. Il est en train de parler avec un des hommes chargé de surveiller les prisonniers.
- Tu as deux minutes ? lui demandais-je.
Il se retourne vers moi et me fait signe que oui.
- Je vais devoir m’absenter quelques minutes. Il faut que j’aille récupérer la maman de Xélia. Elle est guérisseuse dans son village et c’est aussi mon dernier espoir.
- Elle va si mal ?
- Oui ! Et je ne peux pas rester sans rien faire. Déjà que je suis responsable de la situation.
- Ne dit pas de bêtise ! As-tu besoin d’aide ?
- Non ! J'y vais seul. Sa maman aura moins peur de me voir arriver seul et puis, je la connais un petit peu. Je te confis le vaisseau en attendant. J'en ai pour quelques minutes seulement, je vais prendre l’un des minis vaisseaux.
- Ok, tu peux compter sur moi ! dit-il en me tapant dans le dos.
Rapidement, je gagne le garage des véhicules. J’enfourche l’un des appareils et rapidement, j’ouvre la porte du vaisseau et je lance la machine dans les airs. J'enclenche le bouton pour rendre mon véhicule invisible et je prends la direction de la forêt ou la maman de Xélia a sont atelier. Il faut absolument que je la trouve et j’espère qu’elle sera en train de travailler. Je slalome dans les bois à une vitesse vertigineuse, faisant peur aux oiseaux que je frôle. Mais je ne ralentis pas mon allure. Déjà, je vois le toit de la chaumière qui sert d’atelier et il me semble voir de la fumée sortir de la cheminé.
Enfin, je gare le véhicule à proximité de la petite cabane. De là où je suis, je peux voir la porte ouverte. Ouf ! Peut-être que finalement j’ai un peu de chance. Je redouble mon allure et fais une entrée très remarqué dans la maisonnette, après avoir stationné mon bolide devant la porte.
- Madame, s’il vous plaît, j’ai besoin de votre aide ! dis-je en fonçant dans la maman de Xélia sans le faire exprès.
Je la retiens par les bras pour ne pas la faire tomber. Elle me regarde sans rien dire mais je vois sur son visage qu’elle est un peu choquée de mon irruption dans son atelier.
- Je suis désolé madame. Mais c’est une question de vie ou de mort ! Je ne sais plus vers qui me tourner, vous êtes mon dernier espoir.
Mon ton alarmiste lui fait perdre quelques couleurs sur son visage. Elle me regarde toujours sans réaction. J'ai l’impression qu’elle me sonde et son regard me met extrêmement mal à l’aise. Soudain, elle sort de sa torpeur et me dit :
- Il va falloir m’expliquer ! Car vous me faites peur et d’après ce que je ressens de ce que vous émanez, il est arrivé malheur à ma fille ! dit-elle sur un ton tranchant.
Je suis étonné qu’elle arrive à savoir tout ça rien qu’en me regardant mais après tout, elle a des dons de magicienne, peut-être peut-elle dire les événements rien qu’en regardant les gens ?
- Voilà un peu plus d’un mois, nous avons été attaqué par des gens venu du futur. Ce fut horrible et nous avons tous vécu l’enfer. Nous avons trouvé un moyen pour arriver à retourner la situation et reprendre le contrôle du vaisseau. Malheureusement, il y a eu beaucoup de perte mais le pire de tout, c’est que Xélia a été blessé.
Je sens ma belle-mère faiblir sous mes doigts et si je ne la maintient pas à deux mains, elle tomberait probablement en arrière.
- Ce que j’avais vu est donc vrai ! bredouille-t-elle.
Elle se dégage de mes mains et se met à arpenter son atelier en cherchant des choses dans des placards. Tout en s’affairant, elle continue à parler plus pour elle que pour moi.
- Avant même votre arrivée, je savais que ma fille courait un danger avec vous. Je voulais la préparer mais vous l’avez retenu prisonnière dès le départ et je n’ai eu que peu de temps pour lui parler !
Je prends ces mots comme une claque. Ils accentuent mon sentiment de culpabilité. Tout est de ma faute et même ma belle-mère qui ne me connait presque pas le sait ! Je ne réponds rien car elle n’attends pas de réponse et continue à s’afférer. Je reste là, à la regarder les bras ballants impuissant. Soudain, elle se retourne et me dit :
- Elle est gravement blessée c’est ça ?
J acquiesce juste d’un signe de tête, ma gorge étant trop nouée pour répondre de vive voix.
- J’ai besoin de savoir à quel point !
Je reste mué, aucun son ne sort de ma bouche. Je suis pétrifié par la peur. Peur de dire à la mère de ma femme que sa fille est gravement blessée. Peur qu’en disant la situation tout haut, je la rende encore plus douloureuse qu’elle ne l’est déjà. Et surtout, j’ai peur de perdre Xélia ! Mais ma belle-mère me secoue sans ménagement.
- Oh ! Tu vas parler mon garçon ! Tu viens vers moi m’apprendre que ma fille est au plus mal ! Qu’elle est peut-être entre la vie et la mort et tu ne m’en dis pas plus ? Certainement pas ! Je peux peut-être l’aider mais pour çà, j’ai besoin d’en savoir plus !
Les derniers mots qu’elle prononce agissent sur moi comme un électrochoc. Elle peut peut-être l’aider ! De là, je me mets à parler avec un débit de parole accéléré. J'essais de donner le maximum d’information même les plus anodines. Je veux donner à Xélia le maximum de chance d’être sauvée. Une fois mon récit terminé, ma belle-mère retourne finir de préparer ses affaires puis, elle me jette brusquement un sac dans les bras et sort de son atelier sans un mot.
Aussitôt, je la suis puis je finis par la devancer en lui indiquant de monter dans mon mini vaisseau. Quand elle le voit elle est surprise et détail l'engin qui est plus que surprenant pour elle quand on sait qu'elle ne connaît pas encore le vélo mais elle finit par s’installer sans que je dise quoi que se soi derrière moi.
- Accrochez-vous ! Ça risque de secouer, dis-je en démarrant le moteur.
Elle émet un petit cri et s'agrippe fortement ma taille. Je sens son visage se plaquer dans mon dos comme si elle cherchait à cacher ses yeux pour ne pas voir que nous quittons la terre ferme. Je reprends ma course folle comme à l’allée pour retourner le plus vite possible au vaisseau. Une fois arrivée, je conduis la maman de Xélia directement à l’infirmerie. Tout le monde nous regarde passer sans un mot. Sa mère détail rapidement ce qu'elle voit autour d'elle sans dire un mot. Une fois arrivée à la passerelle supérieur, j’ouvre la porte de l’infirmerie rapidement, surprenant les deux amies de ma femme au passage.
- Comment va-t-elle ? demandais-je sans m'excuser d’être entré aussi brusquement.
Une fois la peur de mon arrivée dans la pièce passé, Kyara me répond.
- Aucune amélioration. Elle n’a pas reprit connaissance et j’ai l’impression qu’elle a encore pâlit. Nous avons remarqué qu’elle a aussi perdu de la chaleur corporelle, alors on l’a couverte un peu plus.
- Vous avez bien fait. leur dis-je en m’approchant du lit pour prendre la main de ma femme.
Mon cœur se serre en constatant qu'elles ont raison. La main de Xélia est vraiment très froide. Une main me pousse sans ménagement et ma belle-mère prend ma place. Je recule pour la laisser passer.
- Mon amour ! Ma jolie poupée, dit-elle en sanglotant. Que t’ont-ils fait ?
En même temps qu’elle lui parle tendrement, elle lui caresse le visage.
- Ma princesse si douce et si forte à la fois ! Ça va aller ! Maman est là.
Elle dépose un baiser sur le front de Xélia puis, elle se tourne vers moi. Son regard est plein de colère et de douceur à la fois. Ce paradoxe m'étonne et me met très mal à l’aise.
- Qui l'a soigné ? Je veux voir la personne qui lui a prodigué les premiers soins ! dit-elle fermement.
Je m’apprête à lui répondre mais ma grand-mère choisi ce moment pour rentrer dans la pièce et répond à ma place.
- C’est moi ! Avec l’aide de cette jeune fille. Mais nous n’avons pas pu faire grand-chose. Nous ne sommes ni médecin, ni infirmière. Nos connaissances sont limitées. Mais je me tiens à votre disposition pour vous aider.
- Laissez nous ! demande fermement ma belle-mère en regardant tour à tour Magda, Kyara et moi.
Les filles ne se le font pas dire deux fois. Mais moi, je veux rester, je veux aider. Mais elle ne l’entend pas de cette manière.
- Toi aussi jeune homme ! dit-elle sèchement.
- Mais je pourrais peut-être vous aider ?
- Tu en as assez fait ! dit-elle vivement.
Une claque en pleine figure ne m’aurait pas fait plus mal ! Je sens tout le poids de ma culpabilité retomber sur mes épaules et des larmes montent à nouveau à mes yeux.
- Si je peux me permettre, ne soyez pas si dure avec Lucas. Il l’aime vous savez.
- Je sais ! Et c’est bien pour ça qu’il doit partir. Je ne pourrais pas me concentrer avec lui dans la pièce et il s'agit là de la vie de MA fille, je vous le rappelle !
Ma grand-mère acquiesce et me pousse gentiment en dehors de la pièce.
- Ça va aller mon grand. Je te tiens au courant ! dit-elle avant de fermer sur moi la porte de l’infirmerie pour la deuxième fois de la journée.
Je m’appuie d’abord dos au mur puis, peu à peu, sentant la fatigue me gagner, je me laisse glisser le long du mur. Une longue attente reprend en espérant qu’à la clef, je puisse à nouveau voir les doux yeux verts de Xélia s’ouvrir, et que je puisse lui demander pardon.
Le temps s’écoule lentement. Trop lentement à mon goût. Le poids sur ma poitrine devient de plus en plus lourd et j’ai l’impression que mon corps s’incruste peu à peu dans le sol. Si jamais Xélia ne se réveille pas, je ne m’en remettrais jamais. À présent je comprends un peu ce que mon père a pu ressentir à la mort de ma mère.
- Du nouveau ? demande Marc en s'installant à côté de moi.
Il est arrivé si vite à mes côtés que sa voix me fait sursauter. Je le regarde sans pouvoir parler. J’ai bien entendu sa question mais malheureusement, je n’ai rien à répondre ! Il doit voir à mon regard que je n’arrive plus à parler. Une boule c’est formée dans ma gorge et j’ai même du mal à déglutir.
- Ça va aller mon pote ! reprend Marc en me serrant le bras avec sa main. Tu sais, en bas on s'est organisé. Paul a donner des instructions en attendant que tu reviennes. Le soir s'est couché et on a envoyé un groupe de cinq hommes pour creuser un trou pour se débarrasser des corps des Futuriens. Pour les nôtres, on a prévu de faire un petit cimetière afin de les enterrer dignement. On pense pouvoir faire ça au petit jour.
Voyant que je ne réponds pas ,il reprend :
- Écoute, je sais que tout de suite ça te passe au dessus mais je te dis ça pour t’occuper les idées et puis, je suis pas forcément doué pour parler.
- Comment va Kyara ? réussi-je à demander d’une voix que j’ai du mal à reconnaître moi même.
- Ça va, répondit-il en se passant la main dans les cheveux. Elle a vécu des choses durs. On a pas encore eu le temps de vraiment parler. On a pas vraiment eu d’intimité depuis que ce carnage est fini mais ça fait du bien de pouvoir la prendre dans mes bras. J’espère que je pourrais l’aider à surmonter tout ce qu’elle a vécu. Mais ça ne sera pas évident.
- Tu y arrivera, j’en suis sur !
- Je suis désolé tu sais. Enfin, je suis là... On est tous là pour toi ! Pour vous !
Il bredouille, s’emmêle les pinceaux. Je vois qu’il est super mal à l’aise pour parler. Mais je trouve ça cool qu’il essaie de me faire oublier pour quelques secondes que la femme de ma vie est là, juste à côté, entre la vie et la mort !
Soudain, la porte de l’infirmerie s'ouvre laissant passer ma grand-mère suivit de la mère de Xélia ! Marc se relève instantanément mais moi, je ne peux pas. Je suis comme paralysé, je ne suis pas prêt à entendre quelques choses de négatif. Je peux seulement relever la tête et regarder d’un air suppliant ces deux femmes pour qu’elles me donnent de bonnes nouvelles je l'espère.
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