Mon souffle se bloqua dans ma poitrine. Mon frère me parlait, mais je ne l'entendais pas. Une guerre ? Qu'avions-nous fait ? Qu'étais-je devenue ? Jase s'approcha de moi et me parla, faisant de grands gestes pour attirer mon attention. Je le fixai, le regard vide. Je n'avais pas seulement mis en danger mes amis, mais la planète entière. C'était une véritable catastrophe ! Jase n'arrêtait pas de me répéter inlassablement ce qu'il s'était passé ces cinq derniers jours. La BPP qui avait mis le pays en alerte rouge, les visites à notre domicile, la peur, les Chasseurs s'attaquant à toute personne nous ayant vus de près ou de loin, les interrogatoires... Petit à petit, mon monde s'effondrait.

Tandis que Jase débitait à toute allure le désordre que nous avions créé, je m'accrochai au positif. J'étais en vie. Ça aurait pu être pire. Si Kaden n'avait pas été là ce soir-là, mon frère et moi n'aurions plus été de ce monde. Je n'avais aucune séquelle physique et mes capacités avaient même été décuplées. Alors oui, un Teria m'avait ramenée à la vie, ce qui semblait m'avoir changée. Mais au moins, j'étais là, dans le Repaire, en train de respirer et de voir mon frère s'énerver. J'aurais pu ne plus faire partie de ce monde. Cette pensée me fit un choc et je continuai de regarder dans le vide, m'accoutumant petit à petit à la situation. Jase insista sur le fait que la plupart des humains n'était pas au courant de la situation, mais la rumeur sur ma nouvelle nature se répandait comme une trainée de poudre parmi les aliens. La BPP nous recherchait sûrement. Mais encore une fois, Jase m'assura que nous n'étions sûrs de rien. Tout n'était que suppositions.

Ma nouvelle nature.

J'étais mi-Chasseuse, mi-extraterrestre. Bon sang ! Je comprenais pourquoi j'étais un véritable symbole d'espoir pour les aliens. J'étais le lien entre la BPP et les non-humains. Même si je ne percevais pas encore réellement l'ampleur de la révolution qui semblait se préparer, je devinais que les extraterrestres voulaient réduire à néant la Brigade des Phénomènes Paranormaux. Si tout ce que j'avais découvert s'avérait exact, cela voulait dire que les Chasseurs exterminaient les aliens sans motif valable. Il fallait à tout prix arrêter cet engrenage. Combien de Chasseurs étaient endoctrinés ? Combien d'innocents fallait-il encore tuer pour que nous comprenions que la BPP nous manipulait ? Il était temps de mettre fin à tout cela. Et grâce à ce que j'étais apparemment devenue, cela semblait maintenant possible.

Je fixai mes mains. Physiquement, je n'avais pas changé. Mais je sentais une nouvelle énergie gronder en moi. Tout me paraissait plus réel, vivant. Ma vue, mon ouïe, mon odorat s'étaient affinés et ma force semblait décuplée vu l'incident qui s'était déroulé tout à l'heure avec mon frère. J'avais également ce lien que je devais apprendre à gérer avec Kaden. Ça semblait génial, mais je compris immédiatement le danger de tout cela. Je n'avais aucune idée de quoi j'étais capable. Quels étaient mes pouvoirs ? Comment les contrôler ? Si je me laissais emporter par mes sentiments, étais-je capable d'imploser ? Toute cette énergie qui vibrait en moi... C'était puissant. À tout moment, je pouvais de partir en vrille. Mon corps n'était sûrement pas capable de gérer une si grande quantité d'énergie. Et si cela risquait de me tuer ? Étais-je devenue une bombe à retardement ? Je n'avais pas envie de me faire consumer par mes propres pouvoirs. Je respirai profondément pour me calmer, sentant mes émotions prendre le dessus. Il fallait que je garde le contrôle.

Une fois que Jase eut terminé sa longue tirade, je lui racontai tous les souvenirs qui m'étaient revenus lors de mon coma, dont la fameuse conversation avec notre mère. Le collier, ma Marque, les planètes, la nuance qu'elle avait tenté de nous inculquer, les faux discours de mon père pour nous protéger... Jase acquiesça, comprenant ce que je lui expliquais. Il devait lui aussi avoir réalisé ces cinq derniers jours que la BPP nous cachait quelque chose. Peut-être avait-il déjà compris que celle-ci avait assassiné nos parents avant même que je le lui dise ? Je lui expliquai ma rage envers la BPP qui avait pour seul but de coloniser une planète possédant les mêmes caractéristiques que la nôtre. Jase ne me contesta pas un seul instant, me croyant sur parole lorsque je lui répétai l'avertissement de maman :

« Ne tue que ceux qui méritent d'être tués. »

Jase profita de ce moment pour m'annoncer que, quand j'étais allongée sur la rive du lac, me battant entre la vie et la mort, il avait tenté de me réveiller, sans succès. Kaden lui avait alors expliqué qu'il pouvait me sauver, mais que cela impliquerait de lourdes conséquences. Il m'avait secoué comme un prunier, fait du bouche-à-bouche et même un massage cardiaque. Rien n'avait fonctionné. Il m'expliqua qu'il avait discuté de longues minutes avec Kaden pour savoir s'il devait prendre le risque, ou pas, de me sauver de cette manière. Et c'était ce qu'il avait fait.

En l'entendant parler, je me rendis compte que Jase semblait s'être fait à cette nouvelle réalité, même s'il paraissait parfois sceptique face à certains points. Toutefois, je voyais bien qu'il hésitait lorsque nous tentions de décider ce que nous devions faire à présent. Au fond de lui, mon frère semblait toujours espérer un miracle, et moi de même. Mais face à cette nouvelle vérité, nous devions agir en conséquence.

Petit à petit, la conversation se fit plus légère. Jase sourit et me tapa amicalement l'épaule. Il m'expliqua que mon coma était tout à fait normal. Mon corps devait se rétablir et s'habituer aux changements qui s'opéraient en moi. J'étais donc bien à moitié extraterrestre maintenant. À moitié Teria, plus précisément.

Je riais doucement en buvant un nouveau verre d'eau et en mordant dans une pomme lorsque Kaden pénétra dans la pièce. Mon souffle se coupa et je sentis le lien claquer en moi, comme un coup de fouet. Soudain, tout mon monde s'arrêta. J'étais attirée par lui à un point tel que ma pomme tomba sur le sol, éclatant en plusieurs morceaux. Notre lien était si fort. Mon frère épousseta les miettes qui collaient à son pantalon en grommelant, sans prêter attention à ce qu'il se passait autour de lui. La température de la pièce augmenta et je sentis mes mains chauffer. Je baissai les yeux et remarquai qu'une douce lueur verte entourait mes paumes. Paniquée, je hoquetai de surprise et, en un clin d'œil, Kaden fut près de moi et prit mes mains dans les siennes. Cela eut pour effet de me calmer instantanément. L'énergie qui bouillonnait dans mes veines se refroidit et je pus à nouveau respirer. J'avais été si abasourdie par les émotions que j'avais ressenties pour Kaden que je n'avais pas pu contrôler la puissance qui grondait en moi. J'avais failli perdre le contrôle.

Comprenant ce qu'il venait de se passer, mon frère grimaça et se leva. Je pouvais apercevoir une étincelle de terreur briller dans ses yeux. J'avais l'impression d'être un monstre. Après un long silence, Jase quitta la pièce pour me laisser seule avec Kaden, comprenant qu'il était temps que nous discutions vu les divers incidents qui s'étaient récemment produits.

J'expirai doucement, une myriade d'émotions contradictoires m'assaillant. Kaden s'assit près de moi, lâcha mes mains et commença :

« Ton frère t'a déjà expliqué ce qu'il s'est passé, je suppose ? »

J'acquiesçai, incapable de prononcer le moindre mot.

« Je suppose aussi que tu as beaucoup de questions. »

Son regard pétilla et je souris faiblement.

« Oui, dis-je d'une voix écorchée. Disons que j'ai encore du mal à accepter que je suis à moitié-Teria maintenant. »

Il me caressa l'épaule et je frissonnai, une tonne d'émotions m'assaillant : désir, envie, amour, appréhension, joie... Mon ventre se contracta et je fermai les yeux, me laissant aller à la sensation de bien-être absolu que je ressentais à son toucher.

« Il va falloir que je t'enseigne pas mal de choses, tu sais. Il ne faudrait pas que tu fasses exploser la Terre entière en perdant le contrôle de tes pouvoirs, murmura-t-il au creux de mon oreille, son souffle caressant ma peau. »

Je n'écoutais qu'à moitié ce qu'il me disait. J'étais grisée par les nouvelles sensations qui naissaient en moi. Tout était plus fort. J'aurais aimé que ses lèvres charnues effleurent ma peau et que sa main me caresse sans jamais s'arrêter. Soudain, une sensation de froid m'envahit et j'écarquillai les yeux. Bon sang, que prenait-il ? Kaden se détacha de moi et rit. Je fronçai les sourcils. Étais-je seulement maître de mes émotions ?

« Qu'est-ce qu'il y a ? grommelai-je en le voyant se tordre de rire.

— Je devrais peut-être commencer par te donner quelques informations de base.

— Ce serait bien, oui. Et tu veux bien arrêter de rire ? demandai-je, ne comprenant toujours pas ce qu'il y avait de drôle. »

Kaden se reprit doucement et me dit, un sourire se dessinant sur ses lèvres :

« Tes pouvoirs, notre lien... Tu vas devoir contrôler tout ça. »

J'acquiesçai même si cela ne m'expliquait pas pourquoi il semblait hilare. Avais-je une feuille de salade coincée entre les dents ?

« J'entends tes pensées, chaton. Je peux lire en toi comme dans un livre ouvert. Et ce que j'ai entendu auparavant me plaisait bien. Et non, tu n'as rien entre les dents pour gâcher ton magnifique sourire. »

Son annonce me fit l'effet d'une douche froide. L'air s'expulsa de mes poumons et j'ouvris grand la bouche, les yeux écarquillés. Il entendait ce que je pensais ? Bon sang, ça ne pouvait pas être vrai. C'était clairement la honte ! Je rougis alors que j'essayais de me donner une meilleure contenance et me promis de bien faire attention à ce qui me passait par la tête, ce qui me semblais impossible. Trop de choses se passait là-haut. Je n'arriverais jamais à le contrôler. Zut, et s'il entendait ça aussi ?

En voyant le sourire de Kaden lentement s'étirer, je compris qu'il n'avait pas perdu une seule miette de mon échange avec moi-même. Bon sang ! Lire dans les pensées... Évidemment, ça ne pouvait arriver qu'à moi. Il fallait arrêter ça. Je ne pouvais pas vivre en sachant que Kaden épiait la moindre de mes pensées. Surtout quand il était près de moi. Dieu savait à quel point mes pensées partaient dans tous les sens à ce moment-là. Et puis, c'était ma vie privée. Zut, à la fin !

Alors que je m'énervais mentalement, faisant sourire Kaden de plus belle, une idée me percuta. S'il était capable de lire dans mes pensées, je devais pouvoir en faire de même. Nous étions liés après tout. Mais comment m'y prendre ? Je me concentrai sur son front et plissai les yeux, tentant de rentrer dans sa tête. Mais rien ne se produisit. Face au ridicule de la situation, Kaden explosa de rire :

« Je peux savoir ce que tu fais ? »

Je rougis, en balbutiant :

« Je... J'essaie de... d'entendre tes pensées. Si tu sais le faire, alors moi aussi ! »

Son rire rauque résonna dans ma poitrine.

« Oh non, ce n'est pas possible. Je contrôle tout ça, chaton. Et tu seras bientôt capable de le faire aussi. Pour ce qui est de mes pensées, tu pourras y avoir accès seulement si je t'y autorise. »

Je grognai. Ce n'était pas juste. Je tentai alors de bloquer son accès à mes pensées, comme il semblait le faire actuellement. Je réfléchis. Grace m'avait fait lire quelques livres fantastiques où l'héroïne érigeait des murs pour protéger son esprit. Peut-être cela marcherait-il en vrai ? Je me concentrai, visualisai des barrières dans mon esprit mais, à nouveau, rien ne se produisit. Il fallait croire que c'était plus complexe en réalité.

« Ça l'est, annonça Kaden en interrompant mes pensées. Tu as encore beaucoup à apprendre.

— Tu dis ça comme si j'étais un cas désespéré, soupirai-je tout en grimaçant. Et puis, si tu passes tes journées à écouter ce qu'il se passe dans mon crâne, tu vas devenir fou. Et c'est gênant. Ce sont mes pensées. Arrête de m'espionner. »

Kaden rit.

« Tu n'es pas un cas désespéré. Tu dois juste t'habituer à tout ça et ça prendra du temps.

— Beaucoup de temps ? l'interrompis-je.

— Honnêtement, je n'en sais rien. C'est la première fois que... que ça arrive. Tu es une Chasseuse, tu es intelligente et formée au combat. Je suppose que ça ira plus vite que je ne le pense. »

Je hochai la tête, rassurée.

« Et pour ce qui est de tes pensées, je voudrais même arrêter de les écouter que je n'y arriverais pas. On est connecté. Tout ce que tu penses, ce que tu ressens, résonne en moi. Tes pensées me frappent de plein fouet sans que je puisse y faire quelque chose. Alors au plus vite tu apprendras les bases, au plus vite tout ira mieux. Pour toi et pour moi. »

Je le dévisageai. Je n'avais pas imaginé les choses sous cet angle. Si je ne contrôlais rien, cela se répercutait sur lui. Comme lorsque j'avais ressenti ses émotions tout à l'heure lors de l'altercation avec mon frère. Et si je perdais le contrôle ? Cela pourrait-il le tuer ? Et les autres ?

Kaden sourit et me caressa tendrement la joue, me ramenant à l'instant présent.

« Si tu as survécu, si j'ai réussi à te sauver, commença-t-il, la voix tremblante, c'est parce que ton corps était suffisamment fort que pour accepter la transformation. Tu n'as rien à craindre, ajouta-t-il en voyant ma mine soucieuse. Il faut juste que tu apprennes à contrôler tes émotions pour éviter que tes pouvoirs ne s'activent sans que tu le veuilles. »

Je hochai la tête et tordis nerveusement mes mains. Tout me semblait si irréel. J'avais l'impression que je ne pourrais jamais y arriver.

Kaden saisit délicatement mes mains et me lança un sourire rassurant. Je pouvais lire dans ses yeux qu'il croyait en moi et qu'il me protégerait quoiqu'il arrive. Une vague de bien-être me percuta, me faisant hoqueter de surprise. Mon cœur cessa alors de battre frénétiquement et je me sentis plus calme.

« Qu'est-ce...

— Nous sommes liés, Lili. Je ressens tes émotions comme si elles étaient les miennes, surtout maintenant que tu ne contrôles pas encore notre lien. C'est comme si nous n'étions qu'une seule personne. Je peux influencer tes émotions comme tu peux influencer les miennes. »

Abasourdie, je fixai nos mains liées. Ici, Kaden avait réussi à m'apaiser d'un simple geste. C'était... fou. Et dangereux. Comment savoir ce que je ressentais réellement pour lui à présent ? Qui me disait qu'il ne manipulait pas mes émotions ? Honteuse, je chassai rapidement ces pensées de ma tête, espérant que Kaden n'ait rien entendu.

Pour détourner son attention, je tentai de me connecter à lui et de ressentir ses émotions, comme il semblait le faire pour moi, mais je n'y parvins pas. Pourtant, tout à l'heure, sa colère m'avait frappée de plein fouet, me clouant sur place.

« Tu réfléchis trop, chaton, m'interrompit-il. Tu as ressenti ma colère parce que c'était un sentiment fort et parce que tu ne cherchais pas désespérément à te connecter à moi. Ce sont des choses qui s'apprennent, ne t'inquiète pas, me rassura-t-il une énième fois. Je... »

Jase entra précipitamment dans la pièce, mettant fin à notre conversation, et fit un signe à Kaden. À mon plus grand étonnement, ce dernier le suivit sans rechigner. Apparemment, il s'était passé beaucoup de choses en cinq jours.

Pendant que les garçons parlaient à voix basse, je fixai à nouveau mon bras qui était totalement découvert. Je portais un fin débardeur noir qui ne m'appartenait pas, mais qui semblait à ma taille. Je passai mes doigts sur mon tatouage, perplexe par la forme qu'il avait prise. Ma Marque avait complètement changé. Mon Centre était toujours aussi complexe et je devinais maintenant pourquoi de fines lignes s'étaient posées dessus. Je n'étais plus totalement humaine. Les traits pratiquement imperceptibles signifiaient sûrement que ma nature était double. Mi-Chasseuse, mi-Teria. Comme si j'étais prédestinée à le devenir...

Les volutes noires et les trois symboles que j'avais obtenus lors de ma dernière visite au Repaire s'étaient embellis. Les traits paraissaient plus précis, l'encre plus noire. Le « X » encerclé sur le dessus de ma main était devenu plus épais et luisait fortement d'un vert foncé. Je ris. X pour X-Teria. Comment n'y avions-nous pas pensé plus tôt, mon frère et moi ? Toutefois, mes pensées furent rapidement happées par autre chose. Les lueurs émeraude qui se dégageaient de mon bras m'inquiétaient. La Marque des Chasseurs était normalement bleutée. Ici, mes dessins prenaient des tons verdâtres. Sûrement une conséquence de ma nouvelle nature. Poursuivant mes dessins du doigt, je remarquai que le tiraillement que je ressentais à l'épaule était dû aux nouvelles volutes sombres qui la traversaient. Une suite de symboles qui semblait former des phrases parcourait délicatement ma peau. Il fallait que Jase et Glad-y en cherchent la signification.

Je ressentis un pincement au cœur en repensant à mon intelligence artificielle domestique. Glad-y restait prisonnière de notre villa. Elle pouvait se déplacer dans la maison, mais elle était incapable de la quitter. Et si la BPP l'avait emmenée lorsque des Chasseurs avaient fouillé notre villa à la recherche d'indices ? Un triste constat s'imposa à moi. Je ne la reverrai certainement plus jamais. Sauf si Jase arrivait à la connecter quelque part sur le réseau du Repaire, ce qui m'étonnerait fortement. Nous avions besoin de son disque dur central reprenant toutes ses données pour cela. Sans disque dur, impossible de la ramener.

Je reportai mon attention sur ma Marque, nostalgique. De loin, je vis Jase me sourire quand il remarqua que j'observais attentivement mes symboles.

« Ta Marque est presque complète, en principe. Il ne te manque plus que la partie sur le buste. Ou ailleurs. Te connaissant, tu pourrais très bien avoir des tatouages partout, dit-il, sa conversation manifestement terminée avec Kaden. »

Je m'approchai de lui en me pavanant, fière de mes nouveaux dessins, et il rit doucement. Kaden nous observa d'un œil amusé.

« Ne sois pas jaloux, dis-je à Jase en tapotant son torse du doigt. Même si mes nouveaux tatouages sont plus beaux que les tiens, rajoutai-je, espiègle.

— Ne t'inquiète pas pour ça, répondit-il d'un clin d'œil. Je préfère avoir un tatouage simple comme le mien plutôt que des gribouillis verdâtres. »

Je ris et Jase me sourit. Je voyais à ses yeux pétillants de malice qu'il était fier de moi. Il avait toujours su que je n'étais pas comme les autres et semblait heureux d'avoir trouvé ce qui me différenciait. Je remarquai que Kaden s'était un peu éloigné et qu'il fixait mon épaule, les sourcils légèrement froncés. Je regardai à mon tour les phrases qui parcouraient le haut de mon bras. Je n'avais aucune idée de ce que tout cela signifiait. Les symboles ne ressemblaient pas à une langue humaine, même les plus anciennes. Je soupçonnai vaguement que cette langue était extraterrestre. Et au vu du regard de Kaden, je supposai que c'était la sienne.

Soudain, Jase frappa dans ses mains, interrompant mes pensées, et déclara qu'il allait rejoindre les autres en bas. Les autres ? Je fronçai les sourcils. Avant qu'il ne s'en aille, je lui attrapai le poignet, prise d'une vague de panique. J'avais déjà reçu beaucoup d'informations ces dernières heures et je ne voulais pas qu'il quitte cette pièce. Être à nouveau seule avec Kaden signifiait qu'il allait sûrement m'apprendre de nouvelles choses et j'avais besoin de me changer les idées.

« Je viens avec toi, chuchotai-je, suppliante. J'ai encore du mal à comprendre ce qu'il va se passer avec la BPP et...

— Et avec Kaden ? me coupa-t-il en souriant en coin.

— Oui, grimaçai-je, certaine que l'intéressé avait tout entendu. J'ai besoin de me changer les idées. »

Kaden suivait notre échange avec intérêt, nullement blessé par ma confidence, tandis que Jase se dandina, mal à l'aise.

« Écoute, Lili. Je sais que tu aimerais penser à autre chose, mais je pense que tu n'es pas prête à rejoindre les autres non plus. Kaden doit te parler. Mais s'il y a quoique ce soit, je suis en bas. Jackson et Grace ne vont pas tarder à arriver. »

Je lâchai son poignet.

« Jackson ? Grace ? Ils... Ils sont là ? demandai-je, perplexe. »

Jase hocha la tête tandis que je le dévisageai étrangement. Comment était-ce possible ? Sans dire un mot, mon frère se détourna et voulut quitter la pièce pour esquiver ma question. Mais avant de franchir la porte, il se retourna et me fixa dans les yeux.

« Je t'expliquerai plus tard, souffla-t-il. Si on te dit tout maintenant, tu vas péter un plomb. »

J'insistai. J'étais en colère. Je m'étais inquiétée pour eux à mon réveil et Jase ne m'avait rien dit alors qu'il savait pertinemment qu'ils étaient sains et saufs. Kaden, qui s'était rapproché de moi, me caressa délicatement l'épaule pour me calmer. Jase leva les yeux en l'air et grogna.

« Bon, commença-t-il, vu que tu veux absolument savoir et que je ne tiens pas à ce que tu actives tes pouvoirs pour me griller sur place, sache que j'ai réfléchi à un plan.

— Un plan ? Et qu'a à voir Jackson et Grace là-dedans ?

— Oui, un plan. On pourrait peut-être se présenter à la BPP, dit-il, éludant ma seconde question.

— Mais, attends. Nous sommes des fugitifs, c'est bien ça ? Tu n'as pas cessé de me dire que la BPP nous cherchait partout. On ne peut pas aller les voir, c'est trop dangereux ! m'emportai-je. Et cette histoire de révolution ? »

Jase passa nerveusement sa main dans ses cheveux blonds. Kaden, quant à lui, était nonchalamment appuyé sur le mur, un sourire amusé se dessinant sur son visage.

« Nous sommes des fugitifs. Nous avons complètement disparu depuis cinq jours, c'est pour cela qu'ils nous cherchent activement. Eux ne sont pas au courant que les aliens se rassemblent, Lili. Nous le savons parce que nous sommes ici. La BPP n'a aucune idée du pourquoi nous avons disparu sans laisser de traces. Peut-être arriverons-nous les duper, lâcha-t-il en se grattant le haut du crâne. Ils ne savent pas que tu es avec le... »

Jase regarda Kaden, semblant hésiter.

« Tu peux dire Teria, cracha Kaden. Je préfère de loin cette appellation à « extraterrestre » ou « alien, » dit-il en faisant une grimace de dégoût. C'est dégradant...

— Enfin bref, continua Jase, décontenancé par les propos de Kaden. Je t'accompagnerai. Ils ont dû retrouver beaucoup de sang sur les rives du lac. Ils savent que c'est le nôtre. Ils doivent se douter que nous sommes blessés. On peut sûrement les rassurer et faire en sorte que les Chasseurs se calment un peu. On en reparle plus tard. »

Jase s'en alla sans dire un mot de plus, me laissant perplexe. Il avait raison, j'étais à deux doigts d'exploser face à tant de révélations. Mais je n'avais pas le temps de m'interroger plus longuement. Je me trouvais maintenant seule avec Kaden. Je soupirai. Je n'étais pas prête à recevoir plus d'informations.

--------------------------------------

Fin du onzième chapitre. On en apprend encore un peu plus sur ce qui est arrivé à Lili.

> Lili va-t-elle résister au charme du mystérieux Teria ?

> Depuis quand les amis de Lili sont-ils présents au Repaire ? Sont-ils au courant pour son statut de Chasseuse ?

> Comment va se passer la fameuse entrevue entre les Clark et Monsieur Reichd ?

***

Votez, commentez, partagez !

N'hésitez pas à vous abonner ;) !

LosUnivers

Publié le 07 janvier 2018 / Modifié le 09 septembre 2021