Cela faisait dix bonnes minutes que je me disputais avec Jase. Il ne comprenait pas dans quel bourbier il nous avait encore fourrés. Depuis que j'étais rentrée de ma réunion à la NASA, il n'arrêtait pas de me contredire.

« 2128...

— Oui, le tsunami, dis-je en roulant des yeux.

— Les Tribots, plus exactement. Tu te souviens d'eux quand même ? me demanda Jase.

— Oui. Ils ont voulu détruire notre planète pour ensuite la coloniser. Mais heureusement, le Gouvernement a réuni tous les Chasseurs du monde entier faisant partie de la BPP pour les exterminer, récitai-je placidement, connaissant cette histoire par cœur. Fin du conte de fée. Tu en as encore beaucoup comme ça à me sortir ?

— Oui ! dit-il en me souriant de manière effrontée, me révélant ses fossettes. Le 25 juin 2131, les Océanses. Ou encore le 13 mai 2132, les Foxites. Et il y en a encore plein... Tous sont venus pour détruire cette planète, pour nous tuer !

— Mais ils ne sont pas tous méchants, Jase. Tu ne cites pas toutes les autres espèces qui vivent avec nous et qui ne nous ont jamais rien fait. Ce n'est pas une guerre intergalactique. Nous ne sommes pas dans Star Wars ! m'emportai-je.

— Eh bien, en quelque sorte, ce bon vieux Georges Lucas avait vu juste, déclara-t-il d'un air pensif, les bras croisés derrière sa tête, affalé dans un des divans du salon. Et dire que ces films des années 1980 à 2020 sont toujours à la mode plus d'un siècle plus tard...

— Arrête de te moquer de moi, Jase. Ce n'est pas le moment ! m'exclamai-je, bouillonnant de l'intérieur. »

Je craquais. Jase faisait tout pour me prouver que ce que nous faisions depuis des années était juste. Mais je n'en étais plus si sûre. Coloniser des planètes ? C'était donc cela que cherchait à faire la NASA depuis le début ? Je fermai les yeux et m'affalai dans le divan en face de mon frère en soupirant bruyamment. Depuis que... Je ravalai mes larmes. Depuis ce fameux événement, je n'étais plus certaine de rien. Je pensais faire le bien. J'en étais persuadée même. Mais maintenant... Je secouai la tête. Il n'y avait pas de temps à perdre en dispute ou en question existentielle. Il fallait agir.

« Jase, on nous a menti. Nous sommes les méchants extraterrestres, déclarai-je avec peine et en insistant fortement sur le « nous ». C'est nous qui détruisons les planètes.

— Lili, tu t'emportes beaucoup trop vite. Laisse-moi t'expliquer et...

— Non ! le coupai-je, au bord des larmes. Tu le savais depuis le début. Peut-être que les aliens sont gentils et que nous sommes payés pour tuer des innocents...

— Mais tu dérailles complètement ! s'exclama mon frère. Il y a des gentils et des méchants partout. Nous tuons ceux qui nous veulent du mal, pas les autres. Tu le sais bien. »

Jase se releva et s'approcha dangereusement de moi. Sa démarche était assurée et ses yeux me lançaient des éclairs. Je me levai à mon tour et reculai doucement en soutenant son regard, le menton haut, malgré mes yeux brillants de larmes.

« Le Gouvernement ne veut pas les tuer mais juste cohabiter avec eux, se justifia-t-il, son ton se radoucissant. C'est ce que Reichd t'a dit. Il ne nous a jamais menti jusqu'ici. Alors pourquoi le ferait-il maintenant ? Nous tuons les extraterrestres qui représentent une menace pour les êtres humains, répéta-t-il. C'est ce que nous avons toujours fait. Rien de plus.

— Et toi, tu les crois ? lui demandai-je, les yeux brillants et la lèvre tremblante. »

Je soupirai, complètement perdue et chamboulée. Je détestais me disputer avec mon frère. Je n'avais plus que lui et je ne voulais pas le perdre. Jase s'approcha de moi et me prit dans ses bras forts et musclés, me caressant doucement le dos, comme il le faisait après chacune de nos disputes. Ses yeux bleus rencontrèrent les miens.

« Tu te souviens de ce que nos parents nous ont toujours dit ?

— Tuer ou être tué... C'était leur crédo favori, dis-je en riant à travers mes larmes.

— Oui, ajouta-t-il, la voix tremblante. Alors oui, je les crois. Et je pense que ce que nous faisons est juste.

— Tu as raison, avouai-je doucement.

— Comme toujours. »

Je ris quelques instants. Ce n'étaient pas de vrais rires. Je n'étais pas heureuse. Mes éclats de joie se transformèrent alors rapidement en sanglots et des larmes coulèrent le long de mes joues. Jase resserra son étreinte et me berça doucement. J'enfouis ma tête dans son cou et humai son odeur si particulière qui me rappelait notre père. J'observai ensuite son visage et y étudiai tous les détails. Je voulais stocker son odeur et son visage dans ma mémoire. Je ne voulais pas l'oublier. Je ne commettrais pas la même erreur deux fois. Jase me regarda avec ses grands yeux tristes et me fit un petit sourire.

« Papa et maman me manquent, tu sais, déclarai-je. Sans eux, je suis tellement perdue...

— Moi aussi, Lili. Moi aussi. »

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Voici le premier chapitre de ma nouvelle fiction !

A bientôt pour la suite des aventures de Lili et Jase !

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Publié le 17 septembre 2017 /  Modifié le 29 juin 2021