Pdv (T/p)

En pleine nuit, je sens quelqu'un me secouer doucement l'épaule. Je me réveille en grommelant un petit peu.

- (T/p), j'ai besoin de ton aide... chuchote Miku

- Hein ? Qu- 

Je suis interrompue par Miku qui pose son index sur mes lèvres pour me faire taire. 

- Il y a un jeu sur les généraux de l'ère Sengoku qui va sortir cette nuit. Tout le monde va se ruer dessus, alors je voulais aller le chercher le plus vite possible, mais je me sens pas trop d'y aller toute seule... 

- Donc... tu voudrais que je vienne avec toi ?

- Oui s'il te plait...

- ... okay, laisse moi le temps de m'habiller

Même dans le noir, je peux desceller de la joie sur son visage. Je souris un peu avant de m'habiller rapidement et silencieusement pour ne pas réveiller ses sœurs.

Une fois que c'est fait, je marche sur la pointe des pieds vers la porte pour rejoindre Miku, mettre mes chaussures, et sortir avec elle.

Il n'y a quasiment personne dans la rue, juste quelques voitures qui passent rapidement et deux trois passant. 

Je sens Miku m'attraper doucement le bras et se coller à moi. Je comprend totalement que cette ambiance soit stressante : il fait noir, il n'y a personne, le moindre bruit fait sursauter, et bordel pourquoi j'ai l'impression que tout le monde nous regarde bizarrement ?!

J'hésite à me retourner pour les suivre du regard, mais je me retient, utilisant simplement l'écran de mon téléphone portable comme un miroir pour regarder derrière mon épaule.

Il y a un gars derrière nous. Je ne sais pas s'il nous suit ou s'il marche juste dans la même direction que nous, mais il reluque un peu trop Miku à mon goût.

Je serre les dents en remarquant un passage piéton droit devant. Si le feu est rouge quand on y arrivera... ce sera l'occasion rêvée pour Mr le pervers.

Malheureusement, le feu est bel et bien rouge. Sur la défensive, je regarde Miku du coin de l'œil pour pouvoir agir si besoin. J'ai bien fais, car je vois une main s'avancer doucement vers Miku, vers un endroit qui n'est pas sensé être touché.

J'esquisse un mouvement pour attraper le poignet de la personne, et Miku, surprise, me lâche le bras, ce qui me laisse le champ libre pour maitriser le gars, bloquant son bras dans son dos, et le maintenant fermement contre un muret proche.

- Ehh ! Qu'est ce 'tu fais putain ?! Lâche moi connasse !

- Oh mais pas de problème, je vais te lâcher. je lui répond calmement, puis, m'approchant de son oreille, je lui murmure, Par contre, si tu t'approches encore d'elle, je te promet que tu vas morfler.

En disant ça, je lui donne un bon coup de genoux dans ses parties. Ca devrait le maintenir au sol quelques temps et lui faire passer l'envie d'approcher Miku une nouvelle fois.

Quelques jours après ça, ma prof principale nous informe qu'on va faire une pièce de théâtre qui se déroulera pendant l'ère Sengoku. Elle ignore totalement les protestations qui fusent lors de la distribution des rôles et se contente de nous dire qu'on va devoir assurer. 

C'est donc comme ça que je me retrouve avec le rôle d'un combattant de type masculin qui tombe amoureux d'une femme appartenant au camp ennemi. En gros, mon personnage c'est un peu un remix de Roméo et la femme c'est Juliette.

Amoureux mais ennemis, ils ne peuvent pas être ensembles blablabla. Comme si une histoire à l'eau de rose ne suffisait pas, il y a une scène de baiser.

C'est affalée sur ma table que je déprime en attendant la fin du cours, désespérée. Le théâtre, c'est pas tellement ma spécialité, loin de là.

A la pause midi, je retrouve les quintuplées à la cantine et leur expose mon problème. S'en suit différentes réactions ; Nino qui éclate de rire, Yotsuba et Itsuki qui m'adressent un regard compatissant, et Ichika qui me patpat la tête pour me consoler.

Miku, quant à elle, a l'air assez intéressée par la pièce de théâtre, pas étonnant vu le thème.

- Si tu as besoin d'aide pour répéter ton texte, je suis là, me dit soudain Miku

- Vraiment... ?! 

Ravie, je lui saute au coup pour l'enlacer, la remerciant mille fois. Quand je la lâche, après quelques secondes, je peux voir ses joues légèrement - pas mal - rouges.

Dans ma tête, quand on allait répéter, je ne pensais pas qu'on répèterais aussi la scène de la déclaration - aka la scène du baiser. Mais Miku m'a sortit tout un discours sur l'importance de cette scène, de la jouer avec du cœur etc, que je devais être le plus sincère possible.

Le problème c'est qu'avec elle je perd tout mes moyens. Mon texte disparait soudain de mon cerveau dès que je pose les yeux sur elle.

Au bout de six ou sept essais, je tombe à genoux sur le sol, complètement découragée par mes échecs successifs. Je songe sérieusement à abandonner, quand je sens quelque chose se poser sur mes yeux.

- M-Miku... ?

- Tu y arriveras peut être mieux si tu ne vois rien... essaie d'imaginer la personne que tu aime quand tu déclame ton texte, ça te rendra plus crédible

- O-okay...

Si seulement elle savait... c'est elle que j'aime, depuis bien des années, et me déclarer comme ça, même si c'est pour une pièce de théâtre, ça me stresse grandement.

Malgré tout, cette fois, j'arrive plus ou moins à sortir mon texte correctement, de mon point de vue en tout cas. 

C'est à ce moment là que je suis sensée m'avancer vers elle et l'embrasser, mais les yeux bandés, je suis presque sure de tomber si j'essaie d'avancer à l'aveuglette.

Alors que je suis toujours en pleine réflexion, je sens Miku - enfin je suppose - poser ses main sur mon torse, au dessus de ma poitrine. Avant que je puisse réaliser ce qu'il se passe, je sens quelque chose se poser sur mes lèvres et repartir aussitôt.

Je m'apprête à enlever le bandeau de mes yeux quand Miku m'attrape les mains pour m'en empêcher.

- Miku... t-tu n'étais pas obligée d- enfin... on pouvait s'arrêter à la déclaration...

Seul un silence me répond, mais je sens ses mains trembler un peu. Est ce qu'il se pourrait que... ?

Je me dégage doucement de son étreinte, enlevant le bandeau d'une main, et prend Miku par la taille de l'autre, avant de venir l'embrasser à mon tour.

- Je t'aime Miku...

Elle vient contre moi, me faisant un câlin, et me murmure un "moi aussi" à l'oreille, faisant apparaitre un sourire sur mes lèvres.