III🌪️Et de son fils

III

Et de son fils

🌪️☠️🌪️

Palais impériale d'Egami, 
Quartier privé du prince hérité

Le prince se leva du petit banc en pierre sous l'arbre, il lui tendit la main. Son sourire était solaire.

– Je vais te montrer, on va commencer par des choses simples.

Wu prit la main du jeune homme et le suivit dans les jardins jusqu'à sa demeure. Son esprit était toujours embrumé. Le prince lui fit une visite très rapide. En bas se trouvait son grand bain privé, l'impératrice en possédait un aussi, ainsi qu'une pièce vide.

– Par facilité, je vais demander à ce qu'on emménage aujourd'hui cette pièce pour toi, tu pourras loger ici, ce sera mieux. Comme ça, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu me le diras.

Voyant que Shan semblait attendre une réponse, Wu se contenta d'acquiescer d'un mouvement de tête.

Il se tourna vers lui sans lâcher sa main. Il déposa une main sur la joue du jeune garçon. Un geste doux qui lui était si étranger, ce n'était pas désagréable. Le prince affichait une mine triste.

– Comprends que tu es libre de parler autant que tu le souhaites quand nous ne sommes tous les deux. Je refuse de te voir comme un esclave.

Ses yeux noirs étaient encrés dans les siens. Ils brûlaient de conviction. Il parlait avec maladresse, faisant tomber toutes les conventions sociales, les protocoles stricts et les hiérarchies. Mais il était le prince héritier de l'empire, il avait presque tous les droits. Les seules personnes au-dessus de lui étaient sa mère suivit de son père tout en haut. Il était l'empereur, personne n'avait le droit de le contredire ou à le bafouer. Il en était de même pour son successeur.

– Je ne sais pas grand-chose sur le monde extérieur, tout comme toi. J'ai moi aussi grandit dans ses lieux et dû apprendre tout un tas de règles. Mais pour une fois, je voudrais me sentir égale à quelqu'un. Nous avons des choses en commun et c'est le plus important.

Wu n'avait jamais réfléchi aux conditions des autres occupants du palais impérial, ceux qui y vivaient et n'étaient pas esclave, le haut du panier qui ne sortait jamais non plus à l'exception de quelques cérémonies et l'empereur évidemment.

– Que voulez-vous que je fasse ? Fit faiblement le cadet.

Il était dans l'incompréhension la plus totale. Il n'avait jamais agi autrement qu'en suivant les ordres donnés ou ce qu'on lui avait appris. Même très souvent, on faisait à sa place les choses. Comme pour s'habiller, se coiffer, il était loin le temps où il devait le faire lui-même. Il n'avait jamais eu le droit au choix. On ne lui demandait jamais son avis. Il n'en avait pour dire pas ou alors sur très peu de choses, il n'avait jamais eu ce droit. Le prince lui y avait droit au moins. Leur condition était similaire mais aussi radicalement différente.

– Et bien, commençons par quelque chose de facile... Tu vas me citer ce que tu aimes par exemple. Mais passons à la pièce de vie à l'étage, nous y serons mieux.

Toujours en le tenant par la main, il se dirigea vers la porte d'entrée et sortit avant de prendre les escaliers extérieurs juste à côté, il l'emmena dans le restant de la demeure. Dans un coin se trouvait des escaliers pour monter à l'étage dans la chambre du prince. Cela ressemblait fortement à la demeure de l'impératrice mais tout y était différent, la décoration comme le mobilier, jusqu'à l'encens qui parfumait légèrement la pièce. Il préférait ici. Où ils se tenait, c'était la pièce principale. Une table basse pour manger, des armoires et pas mal de décoration. Des paravents se tenait face à une petite partie délimitée incessible depuis la porte coulissante qu'ils avaient pris. Ils servaient au prince à recevoir sans être vu. Et donc il n'avait pas besoin de son fameux voile. Un tapis se trouvait expressément devant.

Il l'invita à s'asseoir en face de lui à la table. Il l'imita.

– Alors, qu'est-ce que tu aimes ?

Il dû réfléchir un long moment. Il comprenait vaguement ce concept. Que pourrait-il aimer ? Sa vie était très simple et peu dédier à lui.

– Euh... La poudre blanche.

C'était tout ce qui lui était venu à l'esprit. Le jeune homme assis en face de lui baissa le regard d'un air triste. Avait-il dit quelque chose de mal ?

– Je vois... Et ce que tu n'aimes bien ? Tu peux être franc.

– Je ne sais pas... Mais je ne te connais pas...

Shan eut un petit sourire en coin avant de se redresser en se reprenant.

– Je suis sûr qu'il y a au moins une chose autre que tu dois aimer.

– Euh... Les banquets... Ce qui se trouve entre les jambes des femmes...

Il se surprit lui-même à autant parler. Tout semblait venir toute seule, il ne pouvait plus s'arrêter. Cependant le prince avait toujours cet air inquiet.

– J'aime bien votre étang.

– Ça j'avais remarqué, sourit le prince amusé. On va mettre au clair, entre nous, pas de cérémoniales ni de majesté et vouvoiement. Mon nom c'est Shan.

Il acquiesça. Il connaissait son nom mais là, c'était différent. Il se sentait assez déstabilisé par ses nouvelles règles qui n'étaient rien avoir avec tout ce qu'il savait.

– Est-ce qu'on t'a appris l'escrime ?

– Non.

Cette réponse étonna l'aîné. Wu savait que c'était légitime comme réaction. Tous les esclaves masculins apprenaient au strict minimum l'utilisation d'une épée pour pouvoir protéger leurs maîtres. Ils devaient être capable de donner leur vie pour eux.

– Je n'ai jamais compris pourquoi, il avoua.

Shan baissa la tête, un air coupable.

– Je ne veux pas te mentir, je pense en connaître la raison. Mais je n'ai pas le droit de t'en parler.

Pour la première fois de sa vie, il sentit la curiosité montrer le bout de son nez au plus profond de son être. Il ne put s'empêcher de lui demander.

– Est-ce que tu sais des choses que j'ignore sur moi ?

– Oui... Je suis au courant mais je ne peux rien te dire, je suis vraiment désolé Wu. Je sais comment et pourquoi tu es un esclave.

Il y avait donc une raison à sa condition ? En tout cas, cela semblait bien ennuyer son nouveau propriétaire.

– Ce n'est pas grave, fit le plus jeune.

Il semblait accepter parfaitement cette version des choses. De tout façon, Wu n'avait eu le choix pour lui. Il n'avait jamais imaginé que son existence était plus que celle d'un simple esclave, élevé dans le palais impérial, dans le but de servir. Il n'y avait simplement jamais songé. Cela lui paraissait trop impossible. Pourtant il savait intimement que le prince ne lui mentait pas. Il en était convaincu même. Le jeune homme était peut-être bien trop honnête avec lui au final. Il parlait de chose qu'il ne pouvait pas comprendre. Une réalité semblait d'ailleurs peut ravir Shan.

– Moi non plus ne n'aimait pas les banquets. D'après mon père, c'est un don de pouvoir y participer, mais moi je te le dis, c'est une vraie calamité. Je vois si facilement leurs mensonges, même les meilleurs. Et tous ses nobles excellent dans ce domaine, ça me répugne. Mes parents y sont compris, ils s'inquiètent tous des apparences, ils soignent les moindres détails. Mais les restes...

Il se stoppa et sourit à Wu.

– Tu sais, ils m'y obligent à me poudrer et maquiller pour les événements officielles. Mais en dehors, ici, je préfère faire plus simple.

Il attendait encore une réponse de lui qu'il ne pouvait pas donner. Il ignorait ce que le prince attendait.

– Ce que je veux dire c'est que tant que, toi aussi, tu es dans mon domaine privé, tu n'es en rien obligé de suivre les restrictions habituelles.

Wu porta instinctivement une main à sa peau.

Il était interpellé par le monologue du prince. Sa vision des choses semblait complètement à l'opposé des enseignements qu'il avait reçu. Il voulait agir différemment des autres, ce qui lui semblait étrange vu que tous semblaient heureux de la sorte.

Le bout de ses doigts touchait cette poudre si spéciale qui semblait bien tenir sur sa peau. Rien ne partait de la journée. Pourtant elle partait toute seul quand il se lavait le soir avant d'aller se coucher. Il ne savait pas dire si l'idée de Shan lui plaisait ou non. Cependant, essayer était tentant. C'était nouveau à ses yeux. Il lui offrait quelque chose qu'il ne connaissait pas.

Le droit de choisir.

– Je... Il hésita. Je peux tout retirer ?...

– Oui, le bain est encore plein et chaud.4"

– Maintenant ?

– Ou un autre jour, c'est toi qui vois...

– Euh... Non... Aujourd'hui... Ça me va.

Le prince acquiesça. Il se leva et passa près de lui pour lui tendre la main. Légèrement tremblante, il la déposa dans la sienne et se leva avec son aide. Le prince devait avoir remarqué. Son esprit était moins embué par la poudre qu'il avait pris au matin. Il sentait qu'il en avait besoin, mais il ne disait rien. Puis il y avait tous ses changements, Wu avait difficile d'accepter cette toute autre vie. Il avait l'impression de se noyer face à ce qu'on lui proposait. Le jeune esclave se laissa emmener à la salle d'eau où ils étaient passés un peu plus tôt. Shan le lâcha et se dépêcha de prendre un tabouret pour le poser devant le grand miroir. Il prit un saut d'eau qu'il remplit avec l'eau du grand bain.

– Assieds-toi, il l'invita avec un grand sourire.

Il obéit sagement. C'est tout aussi étrange d'être entre ses mains. Il ne cherchait pas à le dévêtir, à faire ce qu'il voulait de lui. Au contraire, il était prévenant, doux et délicat. Il lui demandait la permission pour dégager un peu son cou de ses vêtements, pour passer un linge sur son visage. Wu observait ses gestes élégants dans le miroir. Il fit partir une partie du maquillage, lui dévoilant sa vraie peau en dessous, cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas vu ainsi, son reflet sans aucun artifice. Sa peau semblait tirée, elle avait un petit côté naturellement granuleux, légèrement sec. Elle était très pâle. Peu à peu, il se redécouvrait, sans le maquillage ses yeux paressaient bien plus petit. Ils étaient long, fin et bridé. Il avait de fines lèvres, un nez assez petit et fin aussi. Ses joues étaient un peu creuses. C'était impressionnant tout ce que cette poudre et le travail de Miso pouvait le transformer. Il ne se reconnaissait pas.

Shan s'arrêta et déposa entre ses mains l'éponge. Il posa les siennes sur ses épaules d'un geste qu'il ne connaissait pas, un mouvement amical. Cela était aussi très étrange mais il ne s'y attarda pas.

– Tu aimes ce que tu vois ?...

– Je... Il hésita. C'est vraiment moi ?

– Au naturel, il sourit.

– C'est étrange...

Il voyait seulement un étranger dans son reflet. Il lui faudrait du temps pour s'y faire.

– Je vais te laisser terminer. Pendant ce temps-là, je vais demander à ce qu'on t'apporte des vêtements plus pratiques et un baume pour ta peau. Elle a besoin d'être nourrie et protéger du soleil. Ce serait idiot que tu attrapes des coups de soleil.

Le prince l'avait regardé sans perdre son sourire, même alors qu'il lui retirait l'épaisse couche blanche, laissant sa peau pâle légèrement rougie à l'origine jaune doré apparaître. Il avait pour la première fois, peur de ne pas plaire. Ce n'était pourtant que lui, même si c'était difficile d'y croire. Le prince semblait vouloir le fuir. Est-ce qu'il le trouvait affreux ? Son ventre s'en tordait. Il n'avait plus été aussi angoissé depuis longtemps.

Il prit le poignet du jeune homme instinctivement. Quand il se rendit compte de son geste, il retira de suite sa main et baissa la tête, honteux de ce geste des plus inappropriés. Il n'avait pas le droit de faire ça et encore moins avec l'héritier impérial.

– Excusez-moi... Votre majesté...

Shan se plaça à croupis devant lui. Il lui fit relever la tête comme s'il était en porcelaine, en posant un doigt délicatement et sans force, sous son menton. Il plongea son regard dans le sien. Ils étaient à nouveau proche, très proche. Mais aussi, il avait cette impression d'être l'égale de ce dernier. D'être un humain, d'être précieux.

– Qu'est-ce qu'il y a Wu ? Sa voix était pleine de tendresse.

– Je... Je ne veux pas que tu partes.

Ses mots étaient étranges mais pourtant, si naturel à la fois. Il ne savait plus ce qu'il disait, cela venait naturellement.

– Wu... Tu as le droit à ton intimité et puis, si je reste, je ne voudrais pas faire quelque chose que je vais regretter. Je sais ce que mère t'as fait subir. Mais aussi ce qu'elle attend que je fasse avec toi. Et, je refuse de me comporter comme elle et mon père, je ne veux pas devenir eux.

Le prince prit une profonde inspiration et continua, parlant à cœur ouvert.

– Si c'est ton apparence qui t'inquiète, je te trouve magnifique Wu. Tu n'as besoin de rien pour l'être. Peut-être que je ressens quelque chose pour toi mais s'il doit se passer quelque chose entre nous, ce sera parce que tu le désires aussi. Je ne veux pas sauter les étapes, et tu as autant le droit au respect, plus qu'à n'importe qui. Tu dois te faire ta propre opinion, d'accord ?

Il acquiesça fébrile. Shan était un être divin, il lui parlait de toute ses choses auquel il ne pouvait avoir droit et mieux, il faisait de son mieux pour les lui offrir. Il se découvrait un peu plus chaque fois.

– Je ne serai pas loin, promis.

– D'accord...

– Alors pour l'instant, je te laisse terminer, le bain est tout à toi, de même que les savons et je t'apporte de quoi te changer et soigner ta peau.

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Shan semble bien intentionné envers Wu, est-ce le début d'une nouvelle vie malgré sa condition d'esclave pour lui ?

Que pensez-vous du prince ?

On se retrouve lundi :

Celui qui lui montre son vrai visage...

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A très vite mes pirates...
Bizzzzz
Anarsis ❣️

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