5 octobre: Danse avec les squelettes
Les vieux de mon village répètent tous les 31 octobres, qu’il ne faut traverser le cimetière cette nuit-là… J’en ai eu peur toute mon enfance, mais aujourd’hui, je suis un homme, qui ne croit plus aux superstitions d’antan… Assez de ces croyances inutiles, qui provoquent des peurs toutes aussi inutiles…
Alors, pour rejoindre la maison de mon père, ce soir-là, alors que la Lune brillait, accrochée à la girouette du clocher, j’ai traversé le cimetière en sifflant.
Rien, rien ne me fera peur cette nuit. Et je ris en imaginant les visages déconfits des petits vieux demain matin quand ils sauront…
Mais alors que je tournais au coin du cimetière, des formes blanches attirèrent mon regard. Sortant de leurs tombes, les squelettes secouaient la terre sur leurs vieux os, avant de rejoindre une ronde folle, rythmée par le cliquetis de leurs corps sans chair.
Alors que je tentais de m’éclipser en silence, espérant regagner la sortie du cimetière, un squelette me prit le bras :
« Attends gamin ! S’exclama le mort. Viens danser avec nous !
- Euh, non merci ! On m’attend ! »
Mais aussitôt, une marée de squelettes m’entraîna dans leur ronde :
« Danses avec nous ou meurs !
- Non ! Protestai-je de toutes mes forces, persuadé d’avoir plus de force qu’un tas d’os, en vain. »
Bientôt la ronde se mit à tourner, tourner, sans fin… C’est alors, qu’un squelette d’homme fit cesser la ronde, mais je ne pus m’enfuir, fermement maintenu par mes « camarades » d’un soir. Le mort annonça, sous des applaudissements et de vifs hourras, le concours de danse du 31 octobre…
C’est alors que l’on me poussa parmi les participants volontaires, et alors que je protestais, la foule se mit à hurler : « Danse ou rejoins-nous ! »
Alors, le concours de danse commença, je fus projeté dans des rondes, des valses, des menuets, des danses que je ne connaissais pas… Et, par hasard, je fus nominé pour la grande finale, contre un bébé squelette... La foule s'écriait : « Gagne ou meurs ! ». Alors commença une ronde folle, à deux, qui dura des heures… Mon adversaire ne pouvait être fatigué, et ce fut au moment où je sentis mes pieds saigner, que je compris que ma mort n’allait pas tarder… Je dansais, jusqu’à voir le monde devenir flou, jusqu’à vomir mes tripes… Sans attirer la sympathie de mon adversaire ou du public... À un moment, au lever du soleil, je me crus sauvé. Malheureusement, mon adversaire continuait à danser, ses mains fermement accrochées à mes poignets… Alors, pendant que les premiers squelettes commençaient à rejoindre leur funèbres demeures, mes yeux commencèrent à se fermer. Mon coeur m'a alors lâché. Mort, à quelques secondes du jour, enterré le lendemain, et condamné ainsi à me relever pour danser, chaque nuit du 31.
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