19 octobre: Recherche chaudron ou bocal
Élisa avait fêté ses quinze ans la veille... Et comme toute fille de sorcières, elle avait donc l'âge d'acheter son premier chaudron... Sa mère avait tout prévu : aujourd'hui, elle achèterait son chaudron à l'antiquaire du coin, et demain, elle lui donnerait sa première leçon...
Alors, ce jour-là, elle franchit la porte de l'antiquaire, stressée mais heureuse... Elle trouva de suite son chaudron, un petit chaudron en métal noir, gravé d'une Méduse hurlante, ses serpents dressés sur sa tête... Elle passa donc le reste de l'après-midi à farfouiller la boutique, attendant que sa mère vienne la rejoindre... Au fond d'une allée, elle tomba nez à nez avec une jolie poupée, de taille humaine, à la peau d'un noir profond : elle avait de longs cheveux noirs lisses, un joli petit nez, une bouche rouge, et était vêtue d'un simple pagne, dévoilant ses seins... Mais alors qu'elle fixait la grande poupée, la poupée bougea le regard. Surprise, Élisa recula d'un pas, se cognant contre l'antiquaire :
« Ohla Mademoiselle ! Vous vous intéressez à ma poupée ?
- Elle est magnifique...
- Elle n'est pas à vendre...
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle est basée sur le physique de ma femme... La pauvre est morte l'année dernière...
- Je suis désolée...
- C'est pas grave... »
C'est alors que la mère d'Élisa franchit la porte d'entrée, mettant fin à la discussion...
Intriguée, Élisa revint souvent voir la poupée les jours suivants... À chaque fois, elle eut l'impression que la poupée vivait...
Alors, un soir, elle commit l'impensable : elle vola la poupée... Grâce à une amulette, elle la fit réduire de la taille d'une pièce de monnaie, et la glissa dans sa poche, avant de partir, l'air de rien...
Le soir, elle lui fit reprendre sa taille initiale, puis elle fixa attentivement la poupée, pour savoir si elle rêvait... C'est alors que la poupée cligna des yeux, trois fois vite, trois fois lentement, et encore trois fois vite... Élisa n'était pas bonne à l'école des non-sorciers, mais dans sa grande détresse, elle avait appris à dire SOS en morse, qu'elle tapotait à chaque heure de la journée... Elle sut donc ce qu'il se passait avec la poupée...
Alors elle commença à chercher dans son grimoire, une potion pour lui rendre la parole...
Mais pour la finir, il lui fallait la clé qui manquait, dans le dos de la poupée... Clé qui ne pouvait être que chez l'antiquaire...
Alors, un soir, après la fermeture, elle s'engouffra chez l'antiquaire, par une petite fenêtre.
Mais alors qu'elle farfouillait dans l'arrière-boutique, l'antiquaire alluma la lumière. Ce fut à ce moment-là qu'Élisa remarqua les runes sur lesquelles elle était debout... Mais c'était trop tard, elle se sentit soudainement paralysée... Alors l'antiquaire s'approcha, triomphant :
« Je savais que c'était toi ! Alors je te poserai une seule fois la question : où est ma femme ?
- Vous êtes un monstre ! Cette pauvre femme ne méritait pas d'être ainsi transformée !
- Vous comprenez bien que maintenant que vous savez, je ne peux vous laisser partir ? »
L'antiquaire avait un sourire terrifiant :
« Vous allez être ma nouvelle poupée... » Se réjouit-il en passant une amulette au cou d'Élisa, qui sentit aussitôt ses membres se rigidifier.
Quand elle regarda ses bras, ils s'étaient transformés en porcelaine. Elle tenta de crier, mais sa bouche ne s'ouvrait plus. Elle jeta un œil au miroir caché au fond de la pièce : Elle ressemblait désormais à une vieille et fragile poupée.
Alors que tout semblait perdu, quelqu'un ouvrit avec fract la porte de la boutique. L'antiquaire se précipita vers la porte de l'arrière-boutique, mais fut aussitôt projeté en arrière : Dans l'encadrure de la porte se tenait une femme aux beaux cheveux crépus, portant une robe, blanche en haut, et à carreaux jaune et orange en bas. À son cou reposait une amulette en forme de poupée.
« Ma chérie... tenta l'antiquaire.
- Tais-toi fumier ! Comment as-tu osé ? Et en ton fantasme en plus ?
- Mais tu étais magnifique !
- Regarde-moi ! Regarde mes cheveux que tu voulais cacher ! Les cheveux de mes ancêtres... Tu sais, les parents des parents de mes parents, ceux que tu ne veux pas voir car ils seraient « trop communautaires »... Et maintenant, regarde-moi bien, car je vais emporter cette jeune fille loin de toi, mais avant ça, marche sur ces runes...
- Plutôt crever... »
La femme de l'antiquaire lui pointa une baguette sous le nez :
« Ne me tentes pas... »
Terrifié, l'homme prit la place de Violet, et sa femme mit l'amulette d'Élisa autour du cou de son mari. Elle enleva alors l'amulette de poupée autour de son cou et le mit au cou d'Élisa, qui retrouva aussitôt la mobilité de son corps.
« C'est ta mère qui m'envoie... Lui assura la jeune épouse.
- Tu t'appelles comment ?
- Tissia...
- Enchantée... »
Les deux femmes franchirent la porte de l'arrière-boutique, et, Tissia se retourna une dernière fois vers son mari, à présent éternellement immobile, et lui jeta un :
« Ovwa, Connard... »
Avant de partir, Tissia tira les rideaux, et afficha un « fermé » sur la porte de l'antiquaire.
Tissia passa quelques semaines auprès d'Élisa, assistant à ses cours de sorcellerie d'un œil attentif, avant de repartir chez ses parents, sur son île natale...
Après quelques mois d'impayés, l'état saisit le magasin, et l'antiquaire fut vendu à des habitants de la région voisine, qui ne savait rien, ni sur les amulettes, ni sur la sorcellerie, ni sur la véritable nature de leur poupée grandeur nature.
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