« Encore... »

Tatie Ginette, cette fois-ci, avait marmonné tout haut sa réflexion…

Elle était encore assise là, dans le bureau du notaire, assistant sa nièce dans la signature de ses papiers de divorce.

Bérénice se retourna, le visage grave, vers sa tante qu’elle fusilla du regard.

Encore un divorce… Son quatrième…

Et sa tante décidément, ne comprenait pas ce qu’il clochait avec sa nièce, si gentille, charmante…

Et ses maris ne semblaient pas être non plus des mauvais gars ! Elle se souvenait encore des fous rire du mois d'avant, avec le dernier ! Comment tout avait pu dégénérer ?

Mais Ginette se doutait bien, du pourquoi du comment…

L’obsession des guêpes…

Bérénice nourrissait depuis ses dix ans, une obsession maladive pour manger ce qui n’est pas mangeable : clés, pots de fleurs… Mais son addiction tournait à l’obsession quand il s’agissait des guêpes… A chaque fois qu’elle emménageait quelque part, elle faisait tout son possible pour que son met favori la suive… Elle plantait fleurs et arbres fruitiers, juste pour les attirer…

Mais ça, elle ne l’avouait jamais… Et le jour du mariage, le nouvel époux devait se rendre à l’évidence : elle préférait les guêpes à sa compagnie…

Le premier avait divorcé le jour où, piqué par un des repas de sa femme, il développa une allergie aux piqûres des-dits guêpes… Et quand elle dût choisir entre son mari et les guêpes, le choix fut vite fait.

Le deuxième, c’est elle qui l’a viré… Quand il a essayé de tuer le nid à grands coups d’insecticide : cela résonna à Bérénice, comme une déclaration de guerre… Elle divorça dans l’année, en prenant soin de trouver toute loi capable de le dépouiller…
Le troisième avait, lui, bien accepté les « folies » de sa femme, mais un jour qu’elle rentrait du jardin, après son repas, elle comprit pourquoi : à tant s’échapper dans son jardin, elle n’avait même pas remarqué que son époux couchait avec la voisine…

Quant au dernier, tout semblait aller bien, lui avait une fascination étrange pour les vers : le couple parfait. Tout deux rapportait à l’autre des assiettes de leur met favoris… Mais l’homme était violent, et à la suite d’une dispute, où il lui avait coupé une phalange, il la trouva si ressemblante à un ver, qu’il la mangea… Par vengeance, alors qu’il se soulageait aux wc, Bérénice avait alors pris son nid de guêpe, et, après avoir forcé la porte et l’avoir lancé sur son mari, elle avait bloqué sa sortie avec une chaise…

Après un long séjour d’une semaine à l’hôpital, il l’avait donc envoyée devant le notaire…

Malheureusement pour lui, ses piqûres avaient disparue… Mais pas la phalange en moins de Bérénice. Elle pluma donc son ancien mari en se vantant de sa générosité à ne pas le faire juger pour cannibalisme…

Aucun homme ne peut remplacer le véritable amour, surtout si il s’agit d’un nid de guêpes…